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Critiques de Maurizio Ferraris (11)
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21 penseurs pour 2021

Un an déjà....

Comme ça passe quand on y repense. C'était même pas hier et ça fait pourtant un an.

Un an déjà, qu'une certaine série philo des années 2020 a vu le jour avec sa première saison : « 20 penseurs pour 2020 ». le principe en est simple, une anthologie des meilleurs articles parus dans la presse internationale l'année d'avant.

L'an dernier, j'émettais l'idée pour la première que l'originalité des concepts les éloignait d'un recueil de brèves de comptoir, bien qu'une forme de philosophie pouvait aussi s'entendre dans les bistros. Je confirme le truc pour cette année encore.

Oui je sais, tous les bistros ont fermé entre-temps.

Voici donc pour cette deuxième, « 21 penseurs pour 2021 », une liste non exhaustive, de résumés (très succincts) d'articles aux concepts philo bien tournés et développés (dans le livre), que vous n'avez pas entendus dans les bistros :

- la possibilité d'une décélération initiée par le politique démontrée par la pandémie

- la limite des systèmes ultralibéraux des USA ou de la Grande-Bretagne pendant la pandémie

- inégalité de la vulnérabilité face à la propagation d'une maladie aux USA

- le télétravail comme vecteur d'évolution de la géographie des centre-villes

- un état mondial ? « Comme si ce minuscule être vivant était venu en messager pour défier notre humanité mondialisée et révéler son impuissance, lui offrant une dernière chance pour prendre conscience d'une communauté de destin »

- le capitalisme favoriserait la zoonose (transmission des maladies d'animaux vers humains)

- débat d'idées autour du dilemme des soins à conditions égales impossibles pour deux patients : l'âge doit-il être le critère sélectif ?

Bon tout ça pour dire, on se doute, il est question de ce que vous savez, comment pourrait-il en être autrement. Ça fait un an que l'on ne parle que de ça. Et de météo peut-être aussi un peu, au creux d'une vague certainement. Ou alors du réchauffement climatique, comme dans l'article de Bruno Latour qui se demande si on ne devrait pas passer d'une lutte des classes sociales à une lutte des classes géosociales  (Ou comment en finir avec le partage des richesses pour préserver l'environnement). On aurait parlé de Trump aussi. le recueil ne l'ignore pas, en interrogeant la survie du trumpisme après le règne de son créateur, mais aussi dans un autre article qui décrypte la révolte de certains dirigeants dont Trump, Bolsonaro ou Erdogan, empruntant à la population la haine des élites en place et dénigrant la démocratie, alors qu'ils proviennent eux-mêmes des élites.

A-t-on réellement parlé de cancel culture dans les foyers ? Peu importe, car le papier d'Helen Lewis se révèle bien intéressant, en mettant en regard la génération des milenials qui coupent le cordon avec Harry Potter et son autrice, sujette à polémique sur la question des transgenres.

Intéressant et surtout accessible, comme tous les articles ou presque d'ailleurs, à picorer au gré des envies et des humeurs.

Néanmoins, le recueil dans son ensemble m'a paru moins passionnant que l'an dernier, sûrement que la répétition de l'axe Covid/économie/politique n'y est pas étrangère.



Un grand merci à Babélio et Philomag pour l'envoi de ce recueil d'articles, dans le cadre de masse critique.

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Documentalité

Après être parvenue à surmonter un sentiment de découragement lié à la difficulté du texte, et être arrivée au bout du cheminement, j'ai trouvé ce livre passionnant. En effet au fil des pages se révèle le propos de l'auteur et l'importance d'avancer par étapes.

Au centre de l'œuvre une constatation : ce n'est pas le langage oral qui précède le monde de l'écrit comme les apparences pourraient nous le faire penser, mais c'est l'écrit, né de la trace, qui est premier. L'écriture est en effet née de ces signes gravés dans la terre puis dans la pierre, destinés à montrer, à compter, à laisser des traces. Et la trace c'est également ce que nous avons de commun avec les animaux. Mais chez l'homme elle s'est développée en langage, ciment des peuples et des civilisations. Le document, inscrit dans la pierre, le parchemin, le papier et maintenant mémorisé dans les ordinateurs est devenu peu à peu indispensable et fondateur de toute notre société, ayant pris une nouvelle dimension avec le numérique.



L'auteur se démarque de la pensée kantienne qui considère que l'homme est le centre de la connaissance et ne peut appréhender tout objet et lui donner réalité qu'à travers son propre esprit. Or pour Maurizio Ferrarris il y a trois sortes d'objets : l'objet naturel qui existe en dehors de la présence humaine, l'objet idéal qui peut exister en dehors de toute autre existence, et l'objet social, création humaine. Les objets sociaux nécessitent une inscription, d'être partagés par au moins deux individus. Ces objets sont aussi divers que peuvent l'être un mariage, une frontière, un ticket de caisse, un billet de banque, une carte d'identité... Nous existons dans une société qui est celle de l'enregistrement, la communication venant en seconde place. L'Europe par exemple doit sa force au fait qu'elle est fondée sur des documents et non animée d'un "esprit" qui serait basé sur des éléments aussi imprécis qu'une culture ou une religion...La bureaucratie, donc l'importance de la documentalité, fonde son pouvoir.



Et aucun domaine n'échappe à cette notion de trace, d'inscription, de l'art à la culture, de nos institutions à notre vie quotidienne, l'ultime mention de notre individualité étant notre signature. La trace, condition de la mémoire, est devenue signe puis réalité sociale. Et finalement toute cette documentalité qui se révèle à travers notre usage quotidien d'Internet est un peu comme le cerveau de l'humanité et continue à se développer à chaque instant en mémorisant son histoire. A chaque instant de notre vie nous laissons des traces et elles font déjà partie de la mémoire...Sans traces, sans inscriptions, sans enregistrements, nous ne serions rien...Nous pouvons mesurer le problème des "sans-papier".

Bref, c'est un livre qui nous amène à réfléchir et à considérer le monde sous un autre angle et peut-être relativiser une certaine allergie à la paperasserie...qui peut aussi devenir paralysante par excès. Mais c'est un autre débat ! Merci aux éditions du Cerf et à Babelio pour la découverte de cet ouvrage très riche bien que d'un abord un peu ardu.

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L'imbécillité est une chose sérieuse

"La bêtise n'est pas mon fort" , susurrait Monsieur Teste. Où il est démontré qu'elle est pourtant le moteur de l'Histoire, le parent pauvre de la folie, l'invitée surprise aux festins philosophiques. Un petit livre richement vêtu des fastes de la bêtise aux mille tours, toujours cachée, toujours victorieuse. MM Bouvard et Pecuchet, nos Saints Patrons : grande est la bêtise, et chacun est son prophète.
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21 penseurs pour 2021

2020 aura été une année « sans précédent », entre l’effondrement écologique, la pandémie mondiale et même l’invasion du Capitole par des partisans de Trump, jusqu’ici impensables. Afin de mieux nous préparer à l’année 2021, de grands textes parus dans la presse internationale l’an dernier ont été sélectionnés par la rédaction de Philosophie magazine pour tenter de relier certains sujets entre eux et donner du sens au présent. L’objectif : (re)penser l’événement qui s’est produit. Ces textes, écrits par 21 philosophes, écrivains, sociologues et historiens, permettent à 21 penseurs de nous livrent leur vision du monde sur les sujets phares de 2020, probablement toujours d’actualité cette année et ainsi, de nourrir notre réflexion.



Bien évidemment, la pandémie de la COVID-19 est au cœur de toutes ces réflexions. En effet, elle a été à la fois le révélateur et l’amplificateur de nos forces et de nos faiblesses, mais aussi de nos fractures et de nos interdépendances. Ainsi, on trouve des articles aussi divers qu’une invitation à ralentir dans nos sociétés, les inégalités soulevées par le télétravail, un hommage poignant à Samuel Paty, la cancel culture à travers Harry Potter… A titre d’exemple, un parallèle intéressant est dressé entre les mouvements Black Lives Matter et #Metoo, dans la mesure où ils évoquent la dévalorisation et la domination des corps et sont décryptés en ce sens. Cela nous permet d’avoir un autre regard sur ces événements, un regard d’expert mais aussi une interprétation différente pour voir le monde autrement. Un article un peu provocateur intitulé « Save the planet » nous interroge sur notre véritable volonté : souhaitons-nous réellement sauver la planète, qui perdure depuis des millénaires bien au-delà des espèces, ou l’environnement qui permet la survie de l’espèce humaine – et par extension, l’espèce humaine ? Il s’agit d’une panoplie d’articles que j’ai trouvé très intéressants et bien choisis pour mieux appréhender le monde qui nous attend en 2021, peut-être avec davantage de philosophie !

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21 penseurs pour 2021

Cet ouvrage publié chez Philosophie Magazine Éditeur regroupe 21 articles écrits par des philosophes, des écrivains, des sociologues ou encore des historiens et parus pendant l’année 2020. Avec la pandémie en cours, la plupart des articles disent un mot sur la Covid-19 et ce qu’elle change dans nos vies.

Ce que j’ai bien aimé, c’est que les articles sont sur des thèmes variés. De plus, ils ne sont pas trop longs ce qui permet de ne pas s’ennuyer, j’ai d’ailleurs préféré les articles où il y avait des interventions des journalistes, cela rend le texte plus dynamique. Je pense que l’article que j’ai préféré est celui sur le télétravail, je l’ai trouvé intéressant et relativement facile à lire. Au contraire, je n’ai pas aimé l’article sur Samuel Paty à cause du parti pris de la philosophe de tutoyer Samuel Paty et de l’apostropher par son prénom.

J’ai reçu ce livre dans le cadre de Masse Critique et j’ai trouvé intéressant d’avoir un résumé de grands articles de l’année passée.
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Documentalité

Voilà un ouvrage particulier qui aborde un sujet ô combien passionnant : la construction de notre monde - saturé d'informations - à travers l'inscription, la trace. Il élabore une règle fondamentale : "Objet (social) = acte inscrit."



Pour celui qui n'est pas familier du langage universitaire, la lecture peut paraître obscure et difficile. Maurizio Ferraris fait appel à des notions complexes et il faut rester concentré pour ne pas perdre le fil de sa réflexion. J'ai dû relire plusieurs fois et reformuler certains propos pour biens les comprendre; et même après ça, j'avais le sentiment de ne pas tout saisir.



Il faut dire que l'on parle ici de pensée métaphysique abordée par un philosophe italien néoréaliste. Il réinterroge notre conception habituelle du monde. Selon le postmodernisme en vigueur, ce sont nos constructions mentales, nos interprétations qui forgent la réalité. Or pour Ferraris, c'est tout l'inverse, l'ontologie (ce qui est, ce qui existe) se distingue de ce que nous pensons, ce que nous concevons (l'épistémologie). Il faut d'abord partir de la réalité, de ce qui existe en dehors de nous, pour parvenir ensuite à des conceptions mentales, ce que nous percevons.



Pour Ferraris, notre monde social se construit à travers les traces, les inscriptions, (documents, archives, enregistrements) ; et non par le langage ou la communication. D'où une importance de la doctrine des traces, l'ichnologie. Car il ne le répète jamais assez : "Rien de social n'existe en dehors du texte."



Il développe ainsi sa réflexion en plusieurs thèses. C'est l'ontologie (la philosophie de ce qui est) qui catalogue le monde de la vie. Le monde lui-même n'est pas construit par le sujet (l'humain) mais bien un espace fait de règles qui lui sont propres; en somme, que la réalité (ce qui existe) précède la vérité (le discours que l'on construit au sujet de ce qui est). Cette réalité se retrouve à travers les objets et non les sujets. Ces objets possèdent des lois immanentes : l'évolution (l'objet est plus facilement reconnaissable qu'un concept), la réification (l'objet, plus clair et délimité, permet d’illustrer et de donner une évidence visible aux concepts, ex : icônes d’ordinateurs), le catalogue (l'objet peut être classifié, collectionné, archivé).



Parmi ces objets, Ferraris distingue les *objets naturels qui existent dans l'espace et le temps indépendamment du sujet (artefacts, éléments physiques, les corps humains ou animaux); les *objets idéaux, qui existent en dehors de l'espace du temps indépendamment du sujet (théorèmes, relations entre individus); et les *objets sociaux qui existent dans l'espace et le temps de façon dépendante du sujet.



Ces objets sociaux sont primordiaux dans la pensée de Ferraris. On parle ici de tout ces objets 'artificiels', créés et conçus par l'homme : les œuvres d'arts, les documents administratifs, les promesses, ou encore les titres de noblesses. Les objets n'ont pas de représentations (contrairement aux sujets) et ils peuvent exister pour plusieurs personnes (alors que les pensées sont uniques à chaque individu). L'objet social est un acte inscrit qui résulte d'acte sociaux or rien de social n'existe en dehors du texte. C'est à dire que l'enregistrement, l'inscription donne forme à l'objet. A ce titre, Ferraris insiste sur l'importance de l'inscription et non de la communication dans la création de notre société. Ce ne sont pas les mots qui forgent notre monde mais leur écriture. Des paroles seules ne suffisent pas à créer un objet social, elles doivent être inscrites et enregistrées afin de laisse une trace.



Cette doctrine de la trace ou ichnologie imagine l'esprit humain comme une table sur laquelle les informations sont inscrites. Les objets sociaux forment ainsi des documents qui fixent les idées et concepts et les inscrivent les actes et les faits. La lettre est donc le fondement de l'esprit : ce sont les inscriptions qui nous forgent comme êtres sociaux. De ce fait, notre individualité se manifeste à travers le style unique et singulier de chacun, une signature personnalisée qui nous différencie de la norme et d'autrui.



Ferraris nous offre ici une réflexion intéressante bien que complexe sur notre rapport à la trace, à l'information et à l'identité. Si nous ne sommes pas 'inscrit' officiellement, nous n'existons pas. Et cette pensée me fait songer, non sans frissons, à cette bureaucratie labyrinthique qu'est l'administration française…
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T'es où ? : Ontologie du téléphone mobile

Un livre que je n'ai pas pu terminer...J'ai lu toute la première partie et parcouru la deuxième. J'ai buté contre le trop plein de "théorisation" et j'ai fini par me sentir totalement "déconnectée" (pour rester dans la thématique). Il y a pourtant des analyses très fines et très intéressantes que j'aurai aimé pouvoir mieux appréhender avec plus de bagage. Le style un peu trop sophistiqué parfois ne m'a pas aidé non plus à poursuivre agréablement cette lecture.

Ce livre ravira sans doute des lecteurs avertis et les philosophes familiers de ce genre d'essai.
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21 penseurs pour 2021

Plus que jamais, l’année 2020 a été marquée par la pandémie de la Covid-19. Au-delà de la crise sanitaire, cette anthologie d’articles de presse a le mérite de nous interroger sur les événements sociétaux susceptibles de transformer durablement notre façon de vivre ou d’appréhender le monde. Terrorisme, racisme, sexisme, écologie, modèles économiques... Cette sélection philosophique est pertinente, facile à lire et propose un retour arrière éclairé sur l’actualité. Quand les penseurs analysent l’actualité, c’est avant tout notre futur qu’ils interrogent...
Lien : https://www.mediathequeouest..
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Post vérité et autres énigmes

Le penseur italien propose une analyse novatrice du phénomène de la postvérité, révélateur de l’époque comme de la nature humaine.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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L'imbécillité est une chose sérieuse

De livre en livre, l'espiègle philosophe italien Maurizio Ferraris ausculte l'époque à sa manière. Rencontre avec un penseur original.
Lien : https://www.lexpress.fr/cult..
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L'imbécillité est une chose sérieuse

L’Italien Maurizio Ferraris s’emploie à démontrer que « L’imbécillité est une chose sérieuse ». Avec un humour féroce.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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