Faire attention aux ondes, que Juliette ne supporte pas, entraînant ses parents à quitter la ville. Traverser la canicule, pour Alex et ses parents. La touffeur de l'été, la condition pavillonnaire, les affres de l'adolescence et les étincelles familiales qu'elle suscite, autant de points communs entre les deux romans doux amers que l'on doit à Mathilde Alet et à Maxime Bultot, nouvelle voix repérée par la collection La Grenade, dont c'est le premier texte.
Je sors mon vélo dans le jour naissant. Les premiers coups de pédales réveillent mes mollets endoloris, le vent m’enrobe de sa fraîcheur. Je parcours les chemins endormis et contemple la campagne qui repose avant les attaques que les rayons du soleil ne tarderont pas à lancer. Je comprends pourquoi le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt : ils sont les seuls à le parcourir. Tout est encore possible, rien ne s’oppose à leurs mouvements. (P.67)
Moi, je me suis rendu compte que personne, et mon père en premier, ne savait rien. Les adultes prétendent connaître la voie. En réalité, ils improvisent, naviguent à vue. Alors, leurs avis sur comment mener ma vie, ça fait longtemps que je ne m’y intéresse plus.
On a longtemps dit que Marko était un imbécile. Une brute tout court, comme s’il se définissait uniquement par sa force. La mère de Jérôme nous a expliqué qu’il est surtout une âme brisée. Il a pris sur lui cette absence de père, cette mère en détresse, un surpoids avec lequel il se bat, et les moqueries qui s’ensuivent. On sait qu’il lutte avec ses fragilités, que la force comble les failles béantes qui creusent son âme. Mieux vaut démontrer sa puissance que de laisser les autres voir à travers vous. Les coups que Marko porte sont des coups contre les vies auxquelles il ne peut prétendre. Quand Marko vous frappe, il frappe ce que vous représentez. Cette famille dans laquelle vous vivez, cette chance que vous êtes étalez sous son nez sans considération. (p.126)
J’aurais pu m’arrêter là, renoncer à ce combat, mais Papa m’a appris à ne pas abandonner avant la bataille. David a gagné contre Goliath, lui. C’était il y a tellement longtemps. En me rapprochant de l’eau, je pense à tous les petits David écrabouillés depuis. (p.46)
Marko et ses amis ont installé un panneau en carton : INTERDIT Propriété de Marko et fils. Je sors un marqueur de mon sac et ajoute de putes à la fin de leur avertissement. Ça les fera causer au moins.