le tic tac des horloges,on dirait des souris 🐭 qui grignotent le temps.
Après ton coup de fil, j'ai pensé que Papy Louis avait eu une belle vie, et puis je me suis dit qu'au fond je ne savais pas très bien. Finalement, je ne connais pas grand chose de sa vie. Pour moi, il n'a jamais été que Papy Louis et, à trente ans, je le vois encore avec mes yeux d'enfant. C'est peut-être ça, perdre son grand-père : perdre un peu de son enfance.
J'ai grandi avec des trous. Je me souviens de la présence de ma mère mais pas de sa voix, de son regard mais pas de son iris, de son éclat mais pas de son rire. Elle s'estompe, elle s'éloigne, elle me quitte à nouveau. Elle devient des photos, elle devient des mots, elle meurt à nouveau. Parfois elle réapparaît, elle tout entière, sa vie, sa silhouette, ses cheveux, ses couleurs, son sillage, ses sandales compensées, ses ongles de pied. Parce qu'au hasard d'une rue j'ai croisé une femme, un homme ou une effluve qui porte son odeur, sa démarche ou sa musique. Alors elle me serre dans ses bras, elle est un peu pressée, elle est là à nouveau. Elle est en chair, elle est en paroles, elle est au futur à nouveau.
...si on ne sait pas, on ne souffre pas. C'est con mais c'est comme ça.
Je pense que nous nous sommes trompés de mots, nous avons trop parlé et nous ne nous sommes rien dit. Nous nous aimons mal.
'ai simplement oublié que partir implique d'arriver ailleurs.
Ton teint a jauni comme une photographie de famille. La jeunesse n'est pas tant à la mode que la nostalgie.
Il y a de l'intimité à refermer un bon livre. On quitte un monde à regret comme on dit adieu à un ami sur le quai d'une gare. De ces personnages que nous connaissions si bien, nous ne saurons plus rien. Mais le bon livre ne se tait pas à son dernier mot. Il se fait matière amoureuse, matière mémorielle, matière grise chimique sanguine. Le livre après la lecture coule dans nos veines comme nos amours passées s'il a su changer ne serait-ce qu'une parcelle indicible de notre regard sur le monde.
Le temps lisse tous les écarts d'âge, sauf ceux entre deux soeurs.
Mais quand une personne meurt il faut bien qu'il se passe quelque chose. Comme les gens ne trouvent pas les mots, ils confient aux curés le soin d'articuler un charabia.