Maxime Rovere

Pour Leibniz, lorsque le rationalisme devient une théologie, il se transforme de fait en une insulte généralisée à ceux qui ne comprennent pas Dieu et qui tâchent pourtant de l’aimer. En ce sens, il considère que l’ambition spirituelle des rationalistes, si louable qu’elle soit, met en danger l’équilibre social et juridique de la société ; et que leur optimisme intellectuel, qui consiste à croire que rien n’est inconnaissable en soi, prend une consonance arrogante qui peut nuire à la science elle-même.


p. 533.

Pourtant, la mort n’emporte pas si facilement un philosophe. Spinoza a soutenu que l’on meurt seulement au sens où l’on s’imagine vivre – au sens où nous croyons que vivre consiste à se mouvoir, à respirer, à avoir conscience de soi, à opérer certaines fonctions organiques, etc. Mais ce n’est pas seulement cela, vivre. C’est aussi, c’est même, essentiellement, participer d’un enchaînement éternel de causes et d’effets qui font varier à l’infini une seule et même substance. Vivre, c’est précisément s’inscrire comme une variation singulière dans cette réalité mobile et immuable, dont les articulations dépendent de règles si complexes qu’on peut les dire à la fois ordonnées et désordonnées, constantes et chaotiques.

p. 516

{ … ] Ce que les philosophes fabriquent – les livres – avec la complicité des imprimeurs et des libraires ne sont pas des produits de consommation culturelle destinés aux moments où l’on prend du temps pour soi. Ce sont des impulsions violentes données au destin de la collectivité, au risque de lui faire perdre ou gagner l’Éternité. En ce sens, les philosophes du XVIIe siècle ne sont pas des écrivains ; ce sont des hommes d’action.

{ … ]

P. 329

Il a compris que l’ignorance vide la liberté de son sens, et a vu là une occasion splendide de faire bénéficier les autres de sa connaissance du judaïsme.

A cet instant, Spinoza se dit peut-être que, lorsqu'on cherche des adversaires, il n'est pas utile d'aller chez l'ennemi : les amis y suffisent.

Les testaments sans fin.
p. 486

Oldenburg reste médusé. En plus de ces réponses cassantes, Spinoza a affirmé au détour d'une phrase que les rois n'aiderons jamais à lutter contre la superstition, la monarchie étant l'alliée de l'ignorance.

Les testaments sans fin
p. 485

Devinette du Hollandais Jean Second :
Dites-nous, grammairiens
Pourquoi le con est masculin ?
Pourquoi la verge est féminin ?

Réponse de Giacomo Casanova :
C'est que toujours l'esclave a le nom de son maître

Qu'est-ce ce que cela signifiait pour lui, aimer être prof ?
Transmettre ce qu'on ne comprend pas, voilà. Enseigner sans comprendre.

Autrement dit, j’ai pleinement conscience qu’en tant que problème moral, politique et social, la connerie doit avant tout être prévenue.

page 196

Dans tous les cas, les cons vous apprendront toujours plus que vous ne leur apprendrez, parce que c'est vous qui souhaitez apprendre. Et je rappelle que, pendant ce temps, l'équilibre cosmique restera, lui, parfaitement indifférent aussi bien à la paix qu'à la guerre.

Page 189

En revanche, il est exacte de dire que la majorité est presque toujours conne, puisqu'elle incline nécessairement à suivre le principe de configuration minimale d'énergie. Voilà. Ce n'est rien d'autre que ça : paresse, incurie, incompétence et conformisme. Tous ces mots reviennent toujours en définitive à la même chose, au bon vieux principe d'inertie. En ce sens, les cons gagnent presque toujours du fait d'une pente naturelle de la Nature.

Il n’y aura pas de peuple libre rant qu’il n’y aura pas d’éducation pour tous.Redistribuer les savoirs c’est donc exactement travailler pour la liberté.

Personne ne semble reconnaître ce désir, celui qui les a fait devenir profs et qui devrait pourtant sauter aux yeux de tous : il n'y a rien qu'ils aiment autant qu'apprendre, et qui les nourrisse mieux que d'apprendre à apprendre.

Conformément à la Loi, le Mahamad a frappé Menses de hérem pour bigamie caractérisée, et le dévergondé a accepté la repentance. Aj mais, mon coquin les conditions sont sévères : malcut e casadinho, autrement dit flagellation avec prosternation. Abraham Menses est contraint de lire en public un texte de rétraction; puis il reçoit trente-neuf coups de fouet, attaché à un pilier de la synagogue; puis il doit s'allonger sur le parvis donnant sur l'un des canaux les plus fréquentés d'Amsterdam, pour que les membres de la congrégation l'enjambent les uns après les autres, manière de le fouler aux pieds symboliquement.

Les Enfants de l'Histoire
*Mort d'un Marrane

Est-ce qu'il ne faut pas un lieu pour la bêtise, comme pour l'intelligence ? N'est-ce pas la volonté de Dieu, que les idiots vivent à leur guise ?

Les Enfants de l'Histoire
*Trois frères et trois rabbins

Lorsque Saul Morteira apprend qu'Uriel Da Costa est sur le point d'arriver à Amsterdam, une sensation désagréable le saisit. Uriel Da Costa...Des images croupissantes, que l'oubli n'a pas encore achevé de vider, refoulent dans son esprit en gargouillements nauséabonds : des visages tirés, des cierges noirs, des livres déchirés, des flammes menaçantes et des voix, un brouhaha de voix ténébreuses vomissant des imprécations...Le rabbin ouvre en hâte sa fenêtre pour prendre une grande inspiration. Uriel à Amsterdam. Il avait espéré que cela n'arriverait jamais.

Les Enfants de l'Histoire
*Le météore incandescent

Dans cette communauté, les disputes sont si permanentes et les publications si nombreuses qu'avec toute cette agitation nul ne peut distinguer à l'oeil nu qui est orthodoxe et qui ne l'est pas. (...)
Parmi ces hommes et ces femmes marqués par la violence, ceux qui ont pratiqué activement le cryptojudaisme, las de se cacher, sont arrivés à Amsterdam avec une soif intense de pratiquer leur religion. Leur piété est un moyen de donner un sens aux tragédies qu'ils ont vécues, mais aussi d'effacer les fautes dont ils estiment s'être rendus coupables -mensonges, trahisons, impiétés, hérésies...

Les Enfants de l'Histoire
*Les juifs en troisième personne

Au cours des quinze dernières années (2001-2016), des dizaines de chercheurs et de chercheuses travaillant partout dans le monde ont tiré de l'oubli des figures jusqu'alors peu connues. Les archives, les correspondances, les manuscrits, les livres imprimés, ayant acquis sur Internet une disponibilité jusqu'alors inédite, ont permis aux historiens d'étudier ce que les précédentes biographies de Spinoza laissaient seulement deviner : la présence a ses côtés d'hommes et de femmes exceptionnel s, dont les élans sont inséparables des siens.

Préambule

Vous n’êtes pas le prof des cons.
Changez les situations pas les personnes.

Là où la connerie advient, votre valeur doit survenir.

Prenez l’initiative de paix.

Ne luttez pas contre l’émotion, épuisez la.

Quittez la posture moralisante. Cessez de juger. Tout de suite.

Renoncez aux jeux de langage. Ils ne veulent pas comprendre.

Partagez vos récits, encouragez leurs narrations.

Valorisez vos adversaires, votre lutte se fera politique.

N’imposez pas vos normes.
Négociez celle des autres.

Faites la paix et laissez les en guerre.

Le grand défi moral ne consiste pas à rendre la connerie plus savante, mais, plus modestement, à empêcher les cons de nuire dans la pratique.

Lorsque vous faites la morale à un con, vous lui parlez dans un dialecte qu’il ne comprend pas.

La connerie engendre la connerie : si vous êtes en colère, vous trouverez d’autres gens en colère.

( Que faire des cons ? )