Citations de Megan Hunter (18)
"J'ai mal aux yeux d'avoir poussé pendant trois heures. Mon châssis est en pulpe."
"Parfois les mères développent des pouvoirs surhumains quand leurs enfants sont en danger. On appelle ça la force hystérique."
"Quand tu as un enfant, la peur est transférée, aurait pu dire ma mère."
"Je pose mes mains sur mon ventre, sur mes seins, pour une fois légers, dérivant dans l'eau telles des anémones."
Il existe tant de silences différents, et seulement un mot pour les désigner. le silence dans la maiosn a mûri, de silence comme absence de bruit à autre chose, un silence texturé, granuleux, une épaisseur à traverser en trébuchant.
Du sang, jamais elle n’en aura fait couler autant. Sous ses ongles. Sous sa langue, allez savoir. De ses doigts à sa bouche.
C’est la dernière fois. Il s’allonge, il faut nuit, chaud – il a relevé son tee-shirt, détourné la tête. c’est une soirée semblable à celles qui, autrefois, faisaient monter en moi une furieuse envie de m’élancer à travers le ciel – de celles qui donnent envie de croire qu’il ne fera plus jamais noir.
Les gens peuvent bien penser ce qu’ils veulent, je suis comme tout le monde. J’ai toujours voulu bien faire, être quelqu’un de bien, comme il faut, sous tous rapports, recevoir les tapes sur l’épaule, les signes d’approbation. Je ne m’imaginais pas faire de mal à qui que ce soit.
Longtemps, je me suis couchée en priant la harpie d’attraper ceux qui me faisaient du mal, de les punir, de lacérer leur visage, leurs mains. J’imaginais leur surprise, quand ils la verraient arriver : une ombre envahissante, qui prendrait forme en vol.
J'étais donc devenue l'une de ces femmes . Ces femmes que j'avais croisées dans les livres, qui se sont retirées du monde , qui ne vibrent plus que de mépris, se murent dans leur propre cellule de condescendance.
On nous dit de ne pas paniquer, la consigne la plus susceptible de provoquer la panique que l'homme connaisse.
Les lignes solitaires sur les tests de grossesse avaient des airs d'échec, une simplicité singulière. J'ai pensé être enceinte chaque fois. Je testais la douleur de mes seins, les pressant du haut de mes bras, au travail, tout en tapant sur le clavier.
Un mois, la ligne la plus fine qui soit sur un test de supermarché. Puis, dix jours plus tard, le sang, comme une maladie, un enterrement.
Je l'ai pleuré, ai posé une main sur mon ventre stérile.
Le troisième jour, ils nous mettent à la porte. Je suis tout juste intacte mais le garçon est entier, complètement fabriqué, auréolé d’un nom qui le portera jusqu’à sa tombe
il existe tant de silences différents, et seulement un mot pour les désigner
Ce n’est plus un pantin que l’on traîne dans le chaos. Il a une forme
On nous dit de ne pas paniquer, la consigne la plus susceptible de provoquer la panique que l’homme connaisse.
Il me semble aujourd’hui que la grossesse était la grande aventure. La grande bravoure. Permettre que mes poumons doublent de volume, comme c’est écrit dans les livres. Se soumettre au placenta qui avale.
Il n’y a que les humains et les singes qui laissent le fœtus se nourrir de leur propre réserve de sang, ai-je lu.
Se frayer un passage entre les mots de l’autre, tels des clients dans un magasin trop petit.
Pardons polis, et tout ce qui vit au-dessous.
Elles sont mauvaises, les nouvelles. Mauvaises nouvelles comme elles l’ont toujours été, à jamais, mais pires. Plus pertinentes. C’est ce qu’on ne veut pas, nous nous en rendons compte. Ce que jamais personne n’a voulu : que les nouvelles soient pertinentes.
Nous avons prévu un accouchement dans l’eau, avec le chant des baleines, de l’hypnose, et peut-être même un orgasme.
La peur de la douleur a chassé mon cynisme habituel, la peur de perdre le contrôle, de toutes ces choses qui saignent et s’étirent.
Ce que nous nommons le commencement est souvent la fin.
Faire une fin c’est commencer.
La fin est là d’où nous partons.
T. S. ELIOT