Je dois avouer qu’il est pour moi difficile de rédiger cette chronique tant mon avis est confus et partagé… et donc c’était d’autant plus nécessaire! Il y a eu des choses que j’ai adoré dans l’ouvrage… et d’autres qui m’ont carrément rebutée. Le verdict peut paraître plutôt négatif dans l’ensemble, mais se conclut par des notes d’espoir!
Commençons par le positif. L’écriture de l’auteure est fluide, les phrases bien construites, les mots choisis bien que simple. Bref, un style parfait, d’autant qu’il est destiné à un public Young adult. Les descriptions surtout m’ont beaucoup plu, très visuelles, elles permettent de se projeter immédiatement dans l’univers de l’héroïne:
"Assia n’avait gardé presque aucun souvenir des lieux. Elle découvrait donc la pièce et ses hauts murs aux caissons moulurés ; sur sa droite, une antique horloge en bois se tenait droite entre deux fenêtres encadrées de lourds rideaux couleur ivoire. Devant elle, un canapé semblait inviter à des occupations tranquilles – discussions en famille, tasse de thé le soir et lecture. Une bibliothèque occupait tout le mur du fond, ses étagères chargées de livres d’art, de fins ouvrages de poésie et de guides pratiques de jardinage."
L’histoire en elle-même n’est pas intéressante. La découverte de secrets de famille, la possibilité de pouvoirs, la construction d’une nouvelle vie… Ces éléments d’intrigue sont certes classiques, mais plutôt bien menés. J’ai aimé les hésitations d’Assia. Face à une existence qu’elle ne maîtrise plus, elle fait des erreurs, a des doutes, et c’est crédible. Cela change des sempiternels héroïnes super fortes qui semblent être nées avec un didacticiel intégré à leur cerveau, et qui savent toujours quoi faire. La personnalité de ce protagoniste principal est réfléchie et cela se sent. Après, la demoiselle a beaucoup de qualités. Trop en fait. Belle, intelligente, sportive mais geek aussi… Ca fait un peu beaucoup, mais passons, cela ne m’a pas gênée outre mesure.
Dans l’ensemble, j’étais plutôt bien partie dans ma lecture, mais le souci est que l’auteure a fait des choix scénaristiques qui ont fait en sorte que j’ai décroche de l’ouvrage. Attention spoilers, Assia revient à la maison familiale et apprend que sa mère et sa tante sont décédées depuis des années et que personne n’avait songé bon de la prévenir. Déjà, la situation manque de crédibilité. Mais surtout, au lieu de… pleurer, gémir, repartir vite à son école ou tout simplement hurler contre les crétins inconscients qui l’ont laissée ainsi dans l’ignorance, et bien la demoiselle part courir.
Parlons en un peu plus de cette fascination envers la course à pied. Assia est fâchée? Assia court. Assia est triste? Elle court. Fatiguée? Court. De super humeur? Court. Alors si je conçois l’intérêt d’une bonne séance de sport pour se vider la tête, lire une dizaine de paragraphes dans un ouvrage sur des pieds frappant le sol et des litres de transpiration n’est pas vraiment ce qui m’enthousiasme.
Autre problème, le duo amoureux. Je crois que je dois admettre que j’ai passé l’âge. Les histoires caricaturales du genre « ils s’aiment mais tout les sépare, et notamment leurs familles ennemies », cela me fait lever les yeux au ciel. Les scènes romantiques coupent les scènes de jogging, et quand l’héroïne a fini de suer elle se retrouve hélas en train de baver devant la beauté hallucinante de Monsieur. Plus de cerveau ni de réflexion, la demoiselle est subjuguée et se comporte comme un carnivore forcé de manger des légumes pendant 6 mois qui se retrouverait subitement devant un steak de bœuf. Le personnage masculin en lui même, Alec, n’a guère de consistance et semble trop parfait pour être crédible, du moins dans son célibat!
Le rythme pêche dans l’ouvrage. Si le début est efficace, l’alternance jogging – conseil de guerre – ronronnements avec Alec – pouvoirs – jogging est lassante et prévisible, et cela a hélas aussi contribué à me faire un peu décrocher de l’ouvrage.
On se croirait dans un épisode de Charmed, série déjà chroniquée sur le Baz’Art, et oui, je me fais de la pub toute seule en glissant des liens dans mon article! Finalement, à mes yeux c’est un compliment, et c’est ce qui a fait que je ne garde pas un si mauvais souvenir de cette lecture, une fois l’ouvrage terminé. J’ai aimé les clins d’œil à cette série certes atroce, mais que j’adore. On sent que l’auteure a été biberonnée comme moi à ces séries du samedi soir, bourrées de clichés comme Charmed donc ou « Witches of East End »… et ce genre de référence fait toujours sourire.
Malgré tous les défauts cités précédemment, je ne peux nier le fait que je me suis attachée à Assia, et que je voulais savoir comment l’auteure allait terminer ce tome. En creusant un peu sous la couche de niaiserie, on peut trouver de belles qualités à ce livre, dont notamment le style d’écriture dont je vantais les mérites au début d’article.
Disons en conclusion que je pense simplement que l’auteure manque peut être un peu de maturité dans ses récits, et qu’en évitant le romantisme cul cul et en retravaillant la notion de rythme, elle sera capable d’écrire de grands romans! Si je n’ai donc pas été convaincue par ce récit, l’auteure en elle même est prometteuse, et je compte surveiller ses prochaine parutions!
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