Mia Carre

J’aime bien pouvoir partir quand je veux. Je mets un matelas par terre et je me sens comme dans un palace.

Chaque partie de vous vous appartient. Votre peau, vos entrailles, votre cœur, votre cerveau… Sans vous, il n’y aurait rien de tout ça, conclut Terry à presque vingt-deux heures. Alors pour quelle raison quelqu’un d’autre que vous aurait des droits sur votre corps ou votre esprit ? Le droit de vous toucher quand vous ne le voulez pas ? Le droit de vous prendre votre cœur quand vous ne le voulez pas ? Le droit de vous posséder quand vous ne le voulez pas ? Tant que vous laissez quelqu’un d’autre gérer ce que vous ressentez, qui vous êtes, ce que vous pensez, votre corps, vous êtes son otage. Libérez-vous, aimez-vous.

Votre corps est comme il est, aimez-le comme il est, prenez-en soin. C’est votre corps, c’est à vous de dire si vous l’aimez, pas aux autres ! Et c’est aussi à vous de décider de ce que vous faites de ce corps. Il vous appartient. Il n’appartient à personne d’autre que vous.

D’abord, on commence par la liberté de l’esprit, quand ton esprit est libre, tu libères ton corps. Et à partir du moment où tu fais ce que tu veux de ton corps, tu gagnes une certaine liberté !
« Tu fais ce que tu veux de ton corps… »

Je n’ai jamais vécu avec une fille et je n’ai pas l’intention de le faire. Les filles avec qui je couche d’habitude, ce ne sont pas des petites amies. Donc avoir une relation avec ma coloc, c’était pas franchement dans mes plans, tu vois. Et… je ne sais pas d’où tu sors Hope, apparemment d’une autre planète, mais je suis connu, très connu même… et je ne veux pas que tu répètes qu’on a passé la nuit ensemble car, puisque tu vis ici, ça ferait de toi de facto ma petite amie, le bruit se répandrait, dans les cercles que je fréquente, sur les réseaux sociaux, dans la presse… Je ne veux pas.

Je suis subjuguée par sa prestance, son élégance dans son costume noir, son charisme. Ses cheveux sont légèrement décoiffés et les rayons de soleil rendent ses mèches blondes plus dorées ; ses yeux bleus sont un appel à se noyer dedans sans retenue. Il est si séduisant que ça me semble désormais logique qu’il soit un mannequin archidemandé. Je ne pensais pas un jour fréquenter ce genre d’hommes…

Ce n’est pas parce que nous ne sommes pas encore convaincus par une idée que nous sommes forcément contre.

Je plombe l’ambiance aussi sec, en étant en plus complètement injuste. D’habitude, j’aime que chacun puisse se sentir libre de faire des objections, c’est comme ça qu’on avance et qu’on teste une idée. Mais je ne suis pas de bonne humeur et, soyons honnête, je sais bien que ça n’a rien à voir avec cette réunion.

En un an, je n’étais plus ridicule dans des costumes, ils m’allaient même parfaitement. L’idée de marque de luxe devenait de plus en plus précise dans mon esprit : des costumes faits sur mesure. Il n’y a rien de plus élégant qu’un homme impeccablement habillé.

L’important est de ne jamais être pris au dépourvu. J’ai donc suivi son conseil et j’ai décidé, un jour, alors que je ne parvenais pas à m’endormir dans un vol interminable qui me ramenait d’un voyage en Asie, que je me créerais un empire.
Ou un royaume, puisque j’en suis le roi.

Je voulais être quelqu’un, créer ma propre marque de luxe, fonder ma propre agence de mannequins pour donner leur chance aux plus jeunes et venir en aide aux personnes démunies.

Si j’ai appris quelque chose dans la vie, c’est qu’on doit toujours se laisser un moment pour paniquer – peu importe si c’est une seconde ou une heure – mais qu’il faut se remettre en selle tout de suite après.

Comment expliquer à une nana, inexpérimentée, vierge, avec qui tu vis au quotidien, que tu voudrais coucher avec elle mais qu’elle ne doit surtout pas se faire des films et imaginer une relation suivie ? Je serais le pire des connards si je lui faisais ça.

Elle est parfaite, tranquille, réservée, drôle quand elle est à l’aise. Et tu n’auras plus de restes moisis dans ton frigo. C’était ta principale inquiétude, si je me souviens bien ? En plus, ton bonzaï est entre de bonnes mains maintenant. Il l’a échappé belle, le pauvre.

En général, je n’ai pas de remords à dire « au revoir » à une nana avec qui j’ai passé la nuit. Enfin ça se produit rarement, car je n’amène aucune conquête ici et je me tire le plus souvent après avoir baisé, avant même de « passer une nuit ». Pourtant ce matin, j’ai regretté qu’elle ne soit plus là, mon inconnue, j’aurais bien voulu la revoir.

Avec la décharge de plaisir que je viens de prendre, je n’aurais pas pu faire la course, à moins d’être en danger de mort, et encore. Je m’allonge sur le lit, laissant mon cœur se calmer. Je ferme les yeux. J’ai encore chaud. J’ai encore l’empreinte de sa main sur moi, de ses lèvres sur les miennes.

Cette fille est différente de toutes celles que j’ai rencontrées ces dernières années, effrontées, avides, ambitieuses. Elle s’est retrouvée ici par erreur et je ne veux pas que cet incident la marque de manière négative. Je veux lui faire du bien, lui donner du plaisir, la faire jouir. J’écarte délicatement les pans de son jean. Elle presse son front contre le mien ; sa poitrine se soulève rapidement, elle me semble à bout de souffle.

Je ne suis qu’un putain d’égoïste qui, au lieu de tout arrêter, l’embrasse de nouveau, la serre contre moi, joue avec sa langue. Ses mains tirent le bas de mon tee-shirt. Je me détache d’elle, juste assez pour me débarrasser de mon haut. Elle inspire profondément.

Je suis un peu perdu. Elle est toujours aussi désirable, mais je ne suis pas sûr de vouloir lui prendre sa virginité. Pas ici, pas alors qu’il y a une fête de l’autre côté de cette porte, alors qu’elle ne sait même pas qui je suis et que nous ne nous reverrons jamais. Certaines filles se fichent de se trouver dans les toilettes d’une boîte de nuit, de se faire entendre, de ne jamais revoir le mec qui leur a pris leur virginité, mais je n’imagine pas la première fois de mon inconnue comme ça.

Je veux toucher sa peau, découvrir si elle est aussi douce qu’elle le paraît, si elle devient chaude à force de rougir. Je veux goûter chaque petite surface de son corps, chaque courbe, chaque repli.