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Critiques de Michael-Avon Oeming (36)
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Red Sonja, Tome 3 : Le retour de Kulan Gath

Ce tome 3 fait suite à Red Sonja la malédiction de Gaihia et les archers, écrits par Michael Avon Oeming, et constitue l'avant dernier tome d'une tétralogie qui ne restera malheureusement pas dans les annales.

S'il reste assez plaisant de suivre Red Sonja dans des aventures épiques, les mises en scène ainsi que les mises en page ne font pas honneur à la guerrière rousse.

Le scénario revient a grand coups de flashback sur son passé douloureux, l'époque où elle perdit toute sa famille et bien plus, et sa rencontre avec la déesse qui lui permit de devenir celle qu'elle est et qu'on connait.

Malheureusement le scénario est plus qu'alambiqué, l'auteur s'évertuent à placer des obstacles sur sa route rien que pour retarder le moment où elle goûtera enfin sa vengeance. Il lui fait vivre un tel nombre d'événements qu'on a du mal a suivre et tout cela est desservi par des graphismes plus que moyens et une mise en page bordélique, tellement bordélique qu'on finit par s'y perdre.

Ce n'est clairement pas ce qui s'est fait de mieux sur la guerrière hyrcanienne.

J'espère que le dernier tome redressera un peu la barre...
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Red Sonja, Tome 4 : Les animaux

Tout cela reste bien moyen. Ce quatrième tome des aventures de la Diablesse à l'épée, réunissant les épisodes 19 à 24 de la série originale, écrit par Michael Avon Oeming, ne m'aura pas convaincu plus que les tomes précédents.

Commençons par les graphismes qui passent entre les mains d'un certain Homs, et qui sont un léger niveau au dessus de son prédécesseur, mais qui demeurent inégaux. Quand certaines planches sont très correctes, d'autres sont vraiment très moyennes. Quand certains visages sont expressifs et dégagent une certaine émotion, d'autres sont complètement ratés ou fades. mais dans l'ensemble, on ne va pas se mentir, le résultat est relativement satisfaisant au regard de cette tétralogie.

Tétralogie qui n'en est pas réellement une, si ce n'est qu'elle regroupe uniquement les tomes écrits par Avon Oeming. L'histoire contenue dans les tomes qui sont réunis ici n'est ni un début ni une fin en soi. Car son coeur réside dans le retour de Kulan Gath, et l'attente de sa confrontation avec Red Sonja, qui ne viendra encore malheureusement pas.

Tout comme pour le tome précédent, celui ci fait des apparitions notoires, histoire d'allécher le lecteur, mais brille par son absence, et pendant ce temps, la diablesse est détournée de son objectif par de multiples épreuves et autres évènements qui ne font qu' agacer le lecteur.

Alors cela présente le mérite et l'intérêt de développer toute la mythologie autour de Red Sonja, de nous faire voyager dans le monde où elle vit, mais tout cela manque de profondeur et d'ampleur.

On réalise alors que les auteurs qui se succèdent sur cette série ne sont là que pour faire perdurer la série et la faire vendre un maximum, sans vraiment raconter quelque chose.

C'est bien dommage avec un personnage aussi charismatique...!
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Sinergy

Ce tome comprend une histoire complète et indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 5 de la minisérie du même nom, initialement parus en 2014/2015, coécrits par Taki Soma et Michael Avon Oeming (en abrégé MAO), dessinés et encrés par MAO, avec une mise en couleurs de Taki Soma.



À Portland dans l'Oregon, un gros monstre anthropoïde tout vert consume l'énergie vitale d'un être humain. En banlieue, Jess (diminutif de Jessica) est en train de perdre sa virginité dans les bras de Leaf, dans sa chambre. Jesse, son père, fait irruption, juste au moment où Leaf lui apparaît sous une forme bizarre. Jesse vire Leaf manu militari, et Jess attend le savon qui ne va pas tarder à s'abattre.



Jesse (le père) fait une drôle de tête quand sa fille lui fait part de la vision qu'elle a eue. Contrairement à toute attente, le père ne rabroue pas la fille sur la perte de sa virginité, mais lui parle de son vrai métier : tueur de monstres. Julia, la mère, vit dans l'ignorance de l'activité réelle de son mari. 2 inspecteurs de police (Zach Miller & Bret Wieseler) enquêtent sur les meurtres mystérieux de Portland.



Une fois qu'on a goûté aux dessins mi-cartoon pour enfants, mi-noir à l'ambiance hardboiled de Michael Avon Oeming, il est difficile de résister à la tentation d'en lire plus, avec cette apparence enfantine très séduisante, et cette noirceur très adulte. Ce dessinateur met en images les aventures de Deena Pilgrim et Christian Walker dans la série Powers de Brian Michael Bendis, à commencer par Who killed Retro Girl?.



"Sinergy" est une collaboration avec sa compagne. Cela raconte l'histoire d'une jeune femme qui découvre qu'elle dispose du pouvoir de voir les monstres qui se sont intégrés à la société. Elle découvre également que son père est un pourfendeur de monstres redoutables, et que même Fry le chien de la famille n'est pas si innocent que ça. La narration n'est quand même pas si enfantine, puisqu'il est question d'une première relation sexuelle qui déclenche tout, de meurtres, et d'une menace d'invasion de notre Terre par ces monstres venus d'une autre dimension.



Malgré tout rapidement, le lecteur constate qu'on est loin d'un polar aux petits oignons comme en mitonne Bendis. Les atermoiements de Jess (pour savoir si elle doit trahir Leaf, son petit ami qui est un monstre) font long feu. L'invasion par les monstres repose sur le fait qu'ils se nourrissent de l'énergie vitale des espèces vivant sur la Terre où ils arrivent. C’est-à-dire qu'ils sont méchants parce qu'il s'agit de prédateurs, mais ils ne présentent aucune personnalité, et se font battre à plate couture quasiment à chaque affrontement.



Jesse (le père) manipule sa femme régulièrement pour lui faire oublier les preuves qu'il mène une double vie, dans un exemple de manque de confiance entre époux, pouvant servir de modèle pour prendre la direction d'un divorce. D'ailleurs quand celui-ci finit par pointer le bout de son nez, il est traité avec désinvolture et finit par se perdre entre 2 scènes d'action.



D'un point de vue visuel, le lecteur commence par prendre de plein fouet le choix des couleurs, vraiment très tranchées. Taki Soma affectionne particulièrement le vert et le violet (n'hésitant pas à donner la couleur verte à la peau), soit comme couleur dominante d'une case, soit encore plus moche les 2 dans la même case. Certes cela confère un côté pop aux dessins. Il est même possible d'y voir une forme d'approche conceptuelle puisqu'aucun éclairage ne vient justifier ces teintes. Mais esthétiquement ce parti pris chromatique très tranché ne peut pas plaire à tout le monde. D'un point de vue de la narration, il est très difficile de trouver un sens à ces couleurs, de savoir ce qu'elles peuvent exprimer, si ce n'est un goût adolescent pour les couleurs vives et décalées.



Le lecteur retrouve les dessins d'Oeming, avec leurs formes simples et les aplats de noir massifs. Les traits appuyés du dessinateur n'arrivent toutefois pas à faire oublier le choix des couleurs. Le découpage des séquences présente une fluidité sans faille. Les personnages sont aisément reconnaissables et les expressions des visages sonnent juste.



Toutefois l'association de ces dessins avec ces couleurs et la tonalité de l'histoire finit par surtout faire ressortir les éléments enfantins, et l'humour involontaire qui se dégage d'un scénario très linéaire, opposant le bien contre le mal, avec des bons qui veulent passer pour des durs, et des méchants vraiment très méchants sans raison. Le lecteur a du mal à s'investir dans les héros à la personnalité trop superficielle, il n'a pas de doute quant à l'issue du récit. Il n'y a pas l'ombre d'un second degré de lecture. Enfin le traitement réservé à Julia par sa fille et son mari désamorce tout envie de se reconnaître dans Jess ou Jesse. À la fin du récit, le lecteur se dit que les 2 enquêteurs de police n'ont rien apporté à l'histoire et qu'il aurait été possible de supprimer leurs scènes sans que l'histoire en soit changée.



Après 2 scènes d'introduction provocatrices et la promesse de l'utilisation d'un pouvoir de devin (seer), le lecteur se désintéresse progressivement d'une intrigue plate, de personnages dégommant facilement des monstres sans coup férir, de héros au comportement manquant de noblesse et d'éthique (vis-à-vis de Julia). Il se lasse vite des couleurs pop qui n'apportent rien au récit, et il finit par déceler dans les dessins de Michael Avon Oeming une forme de dérision involontaire qui finit de saper le peu d'intérêt qu'il portait encore à découvrir l'issue du récit. Il reste le plaisir de se laisser porter par les dessins si personnels d'Oeming.
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The Saga of Beta Ray Bill : Stormbreaker

Ce tome contient une histoire complète relativement indépendante de toute autre, ne nécessitant qu'une connaissance superficielle du personnage. Il comprend les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2005, coécrits par Dan Berman & Michael Avon Oeming, dessinés et encrés par Andrea Di Vito, et mis en couleurs par Laura Villari. Ce récit a été réédité dans Thor: Ragnaroks , avec Thor: Blood Oath & Avengers Disassembled: Thor, également écrits par Oeming.



Sur la planète de la Nouvelle Korbin, à la chambre du Grand Conseil, le grand prêtre Rogotta a pris la parole et revient sur la capacité de leur race à s'amalgamer avec des machines, sur l'avènement de Beta Ray Bill comme leur sauveur, tout en leur rappelant que ce dernier est devenu trop puissant menaçant d'usurper le pouvoir de la prêtrise et du Conseil. Or le peuple Korbin a à nouveau besoin d'un champion car Ashta, le dieu déchu, s'approche de leur planète, détruisant des royaumes entiers sur son passage. L'un des généraux présents dans l'assistance lui demande où il veut en venir. Rogotta continue : Beta Ray Bill s'en est allé pour prêter main forte à ses nouveaux dieux, ceux d'Asgard. Le temps est donc venu de réveiller son prédécesseur : Alpha Ray, un être entièrement automatisé, guidé par le Conseil. Beta Ray Bill a prêté serment à des faux dieux et il n'est pas là pour défendre son peuple. Le général l'interrompt : Ashta arrive dans l'espace de la Nouvelle Korbin et les tentatives pour établir contact avec lui ont échoué. Il est temps de gagner les positions de combat.



Sur Asgard, le temps de Ragnarök est arrivé et les dieux se battent contre les géants du gel et une armée de démons. Malgré tout, Thor renvoie Beta Ray Bill dans l'espace lui indiquant que cette bataille n'est pas la sienne et qu'il doit rejoindre son propre peuple. Bill s'exécute à contre cœur et retourne vers la Nouvelle Korbin. Pendant ce temps-là, les troupes ont engagé le combat dans l'espace, mais rien n'entame le vaisseau d'Ashta. Le grand prêtre Rogotta prend sur lui d'ordonner la réactivation d'Alpha Ray. Bill arrive alors que le vaisseau d'Ashta a pris la forme d'une gigantesque étoile de mer avec des bras titanesques détruisant tous les vaisseaux passant à leur portée. Il s'approche et porte un coup à la surface du vaisseau, sans laisser de marque. Il est soudain attaqué par derrière, Alpha Ray vient d'être réactivé et il s'est jeté sur lui. Ils sont tous les deux pris dans le feu d'un énorme rayon destructeur émanant du vaisseau d'Ashta. Pendant ce temps-là, la guerre fait des ravages en Asgard.



Les 2 coscénaristes poursuivent leur collaboration initiée avec le Ragnarök raconté dans la série Thor. Beta Ray Bill était effectivement apparu le temps de quelques pages dans la série de Thor, et le lecteur découvre ce qu'il est devenu ensuite. Il ne faut pas longtemps au lecteur habitué de l'univers partagé Marvel pour comprendre qui peut être ce destructeur de mondes qui a l'apparence d'un dieu pour le peuple qui le contemple. Il suppose donc que l'enjeu de cette minisérie sera de se défaire de cet encombrant glouton, mais en fait deux personnages viennent occuper le devant de la scène : tout d'abord Alpha Ray comme ennemi jetable (le lecteur aurait dû s'attendre à ce qu'un créateur relève le défi contenu dans un nom contenant la deuxième lettre d'un alphabet grec), puis Stardust le héraut du ravageur de mondes. Ce dernier commet une grosse bourde qui libère un ennemi autrement puissant, et finalement le dernier épisode propose une alternative à Thor, en ramenant l'action sur cette bonne vieille Terre. Les coscénaristes ramènent donc un personnage créé par Walter Simonson en 1983, dans l'épisode 337 de la série Thor. Ils le dépeignent comme un guerrier expérimenté, sans attache personnelle, sans famille, avec un sens de l'amitié et de l'altruisme qui l'amène à aider Thor, puis à défendre son peuple contre ce ravageur. Il se bat pour la survie de son peuple, et sa seule amitié (en dehors des asgardiens) va à l'intelligence artificielle du vaisseau spatial Skuttlebutt.



Le lecteur comprend donc vite qu'il va en prendre plein les yeux avec un récit enchaînant des combats cosmiques, et plus si affinité, avec Bill faisant un usage libéral de son marteau Stormbreaker contre tous ses ennemis. S'il a lu Ragnarök, il éprouve peut-être quelques appréhensions à savoir si l'artiste va se montrer à la hauteur d'un tel déchaînement de violence dans les combats, et s'il va savoir composer des décors cosmiques. Il constate très vite qu'en tout cas, la coloriste se lâche et s'amuse pour donner de la flamboyance aux décharges d'énergie, des camaïeux somptueux pour les phénomènes spatiaux, une très belle texture pour Stardust le héraut du ravageur. Le lecteur est aux anges : il en prend plein les mirettes comme il est en droit d'attendre d'une aventure cosmique avec un combattant de la trempe de Beta Ray Bill. Il sait qu'il peut aussi compter sur l'artiste pour des personnages représentés de manière détaillée. C'est effectivement le cas pour Bill avec un corps musculeux massif, un costume un petit moins superhéros que celui de Thor, mais juste-au-corps avec une cape quand même, sans oublier le casque ailé. La forme à la fois aérodynamique et biscornue du marteau Stormbreaker est respectée dans chaque coup asséné avec force. Certes les Korbinis ont tendance à tous être dessinés de la même manière, avec quand même une différence entre femelle et mâle, mais Stardust a une apparence remarquable, ainsi que Asteroth et bien sûr Ashta.



Alors que les influences superhéros étaient un peu trop appuyées dans Thor: Ragnarök, elles sont ici moins pesantes. Le lecteur se sent vraiment projeté dans un environnement d'opéra de l'espace, avec certes une race extraterrestre générique (les Korbinis), mais aussi des lieux avec un minimum de particularités, que ce soit la salle monumentale du Grand Conseil ou les autres bâtiments de la planète Nouvelle Korbini, le vaisseau du ravageur (conforme à ses apparences précédentes), la forme extérieure du vaisseau Skuttlebutt, et enfin les gratte-ciels de New York. Mais ce qui impressionne le plus est le rendu de l'espace lui-même, avec quelques astéroïdes bien placés, et l'apport essentiel de Laura Villari. Alors qu'il pourrait craindre une suite de cases avec un fond vide pour chaque séquence dans le vide de l’espace, le lecteur est pris dans les décharges d'énergie mortelles, les mouvements élégants, la force des attaques, Andrea Di Vito s'avérant un réalisateur remarquable, et un metteur en scène d'une grande intelligence spatiale pour concevoir ses plans de prise de vue, différents et pertinents à chaque fois, pour en tirer le meilleur parti sur le plan spectaculaire.



Le lecteur suit donc bien volontiers Beta Ray Bill dans ces aventures hautes en couleurs, brutales, avec un enjeu élevé : rien moins que la survie de tous les habitants de la Nouvelle Korbini, et donc de sa race. Il affronte tout d'abord un héraut sans une once d'état d'âme, suivi par une créature en provenance d'une dimension des ténèbres et prête à tout détruire comme il va de soi pour sa nature. Le héros fonce dans le tas, encaisse les coups, se retrouve sur la touche de temps en temps, et repart de plus belle, sans coup férir. L'aventure avance rapidement, les coups de théâtre sont de bon aloi, et le spectacle prend aux tripes. Le lecteur se laisse donc bien volontiers emmener dans cette aventure sympathique. Il découvre que de temps à autre, les coscénaristes interrompent ce fil narratif principal pour montrer ce qu'il advient de Ven un Korbini du peuple, marié à Sala qu'il aime. Lorsque les autorités de la Nouvelle Korbini comprennent que la destruction de leur planète est inéluctable, ils décident d'implémenter une évacuation de la planète pour un exode massif. Mais il faut que quelques habitants restent en arrière pour protéger la fuite du vaisseau emportant l'esprit des Korbinis. Parmi les individus sélectionnés d'office, sans leur consentement, se trouve le pauvre Ven qui voit son épouse partir. C'est un choix consenti a posteriori, Ven ayant conscience de la nécessité d'assurer cette protection. Par les yeux de Ven, le lecteur vit alors les événements à l'échelle de l'individu normal, se retrouvant dans une situation sur laquelle il n'a aucune prise : une créature qui est peut-être son dieu vient détruire toute sa planète, leur défenseur est de retour avec une force de frappe démesurée par rapport au commun des mortels. Les vaisseaux Korbini se font détruire de manière arbitraire en fonction des mouvements imprévisibles de l'ennemi qui semble tout puissant. Ces séquences apportent une profondeur humaine à un récit qui n'aurait pu être qu'une aventure spectaculaire premier degré.



S'il a apprécié le Ragnarök de Thor, ou s'il apprécie l'écriture d'Oeming, il y a de forte chance que le lecteur soit tenté par cette minisérie. Il découvre qu'Andrea Di Vito ait beaucoup plus à l'aise dans l'espace, que sur Asgard et qu'il réalise des planches spectaculaires, formidablement complétées par la mise en couleurs. L'aventure est inventive et visuellement impressionnante et elle est complétée par le point de vue d'un habitant ordinaire qui, par comparaison, fait ressortir la dimension quasi mythologique de tels combats.
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The United States of Murder Inc., tome 1 : ..

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 6, initialement publiés en 2014/2015 par Marvel Comics (dans la branche icon), écrits par Brian Michael Bendis, dessinés et encrés par Michael Avon Oeming, et mis en couleurs par Taki Soma. Il comprend les couvertures originales d'Oeming, ainsi que les couvertures variantes réalisées par Brian Michael Bendis (*3), David Marquez, Ray Fawkes, Matt Kindt, David Mack (*6), ainsi que le script pour l'épisode 1 accompagné de sketchs d'étude. Ce premier tome a été suivi par un deuxième : United States vs. Murder, Inc. Vol. 1 publié par DC Comics, et réalisé par les mêmes auteurs.



Valentine Gallo a revêtu son plus beau costume. Sa mère réajuste sa cravate à la perfection. Il pénètre dans la loge de la famille Bonavese où se tiennent une dizaine d'hommes en costume dans la pénombre. Le don de la famille lui indique que le temps est venu de la cérémonie d'introduction. Valentine Gallo prend la dague qu'il lui tend et s'entaille la lèvre supérieure : du sang coule sur le crâne posé sur la table. Puis le don reprend la dague et pique l'auriculaire de la main gauche : du sang coule sur une image pieuse. Enfin le don enflamme l'image pieuse et elle achève de se consumer dans la paume de la main de Valentine Gallo. La cérémonie est terminée : Valentine Gallo est intronisé dans la famille, et tout le monde peut passer au buffet. Celui-ci se tient dans la salle attenante avec une centaine d'invités. Le lendemain, Valentine Gallo se rend à la jetée, la résidence newyorkaise de don Bonavese. Il y est reçu par M. Bloom et M Tuzo, les adjoints du don pour les affaires courantes. Ils lui expliquent que sa première mission pour la Famille est d'apporter une valise au sénateur Idis Fuller à Washington DC. Il a le droit d'emmener une personne avec lui.



Le lendemain, Valentine Gallo se retrouve dans le train pour Washington DC en compagnie de son cousin Dino. C'est la première fois qu'ils quittent le territoire de la famille Bonavese. Ils se font chahuter par un groupe de jeunes. Dino est prompt à en envoyer un au tapis d'un coup bien placé dans la mâchoire. L'un des autres remarques l'insigne sur le revers de veste de Gallo et tous les autres se calment et vont au bar où ils asticotent la serveuse, une belle rousse dans une combinaison moulante. Ils ont, eux aussi, mal choisi et elle les débarque alors que le train roule encore. Puis Jagger Rose va s'assoir à la place libre à côté de Valentine Rose et engage la conversation. Elle explique qu'elle est le porte-flingue chargé de veiller sur lui pendant sa mission. Une fois à Washington, ils arrivent sans encombre devant l'hôtel où se trouve le sénateur. Valentine Gallo y pénètre, se fait reconnaître de l'hôte d'accueil grâce à son insigne de la famille. Il se rend jusqu'à la suite du sénateur. Le sénateur avise l'insigne sur le revers de veste. Il prend la valise et l'ouvre : à l'intérieur des liasses de billets et une statuette en forme d'oiseau. Ayant accompli sa mission, Valentine Gallo redescend et sort dans la rue. Le sénateur referme la valise en la claquant. Une explosion de grande ampleur se produit soufflant tout l'hôtel et projetant des débris dans la rue, tuant Dino.



En 2000, Brian Michael Bendis & Michael Avon Oeming se font connaître avec le début de leur série au long cours : Powers - Volume 1: Who Killed Retro Girl?, une série mêlant 2 genres polar et superhéros avec une esthétique unique en son genre. Le lecteur part donc avec un a priori positif, très curieux de découvrir ce qu'ils ont pu concocter comme nouvelle série. Il retrouve d'emblée les caractéristiques graphiques très marquées des dessins : une apparence très déconcertante de dessin animé pour la jeunesse, évoquant un peu celle de la série Batman (The Animated Series, 1992-1995) mais avec des contours de forme plus angulaires, des aplats de noir plus conséquents et plus pâteux, des visages grossiers évoquant des posters Pop-Art, une mise en couleurs psychédéliques (avec par exemple des visages verts). S'il n'a jamais plongé dans la série Powers, il est certain qu'il faut un temps d'adaptation au lecteur pour pouvoir se faire à ces caractéristiques visuelles très marquées, ainsi qu'à certaines spécificités de l'écriture de Bendis. Il utilise à nouveau ses outils favoris : dialogue naturaliste avec réponse du tac au tac, case photocopiée une ou deux fois, conventions et clichés du genre polar. Mais ici il le fait sans le systématisme industriel et automatique de ses productions de la fin des années 2000 et début des années 2010. Il utilise également d'autres outils, la narration ne sentant pas le moisi ou le radotage par rapport à ses productions de 15 ans en arrière.



Le lecteur est happé par cette atmosphère noire et poisseuse dès la première séquence. Bendis & Oeming déroulent une scène d'intronisation cruelle, ritualisée, mêlant des éléments sadiques (l'automutilation), symboliques (le sang qui coule), et viriles (la résistance à la douleur). La mise en scène est incroyable : une pièce plongée dans la pénombre, des personnages dont on ne devine que la silhouette noire, une teinte violet qui contraste avec les aplats de noir massifs et la teinte grise de la peau. C'est littéralement à couper au couteau. Tout du long de ces 6 épisodes, le lecteur éprouve la sensation de plonger dans des atmosphères d'une rare intensité immersive. D'un prime abord, il constate que la mise en couleurs y est pour beaucoup. Taki Soma fait baigner chaque scène dans une couleur principale ou deux, ce qui donne l'impression au lecteur de baigner dans la même luminosité que les personnages, donc par voie de conséquence de se trouver au même endroit qu'eux. Ensuite, les mises en page et l'esthétique des dessins déstabilisent le lecteur qui du coup est plus attentif et plus sensible à ce qu'il regarde. Il éprouve la sensation que le souffle de l'explosion projette de la poussière dans ses yeux, qu'il est dans la tête de Jagger Rose quand elle rentre dans son appartement plongé dans une lumière rouge Cinabre, alors qu'il n'y a pas un seul mot. Il se tient juste derrière Don Bonavese à son pupitre regardant les têtes des autres parrains sur les écrans géants devant lui. Il est agressé par les lumières au néon dans le casino à Las Vegas. Il est assis sur la banquette arrière d'une voiture avec Valentine Gallo et Carmela (à tenir la bougie).



Le lecteur se retrouve donc fasciné par la narration visuelle si personnelle et directe. Il se laisse porter par la narration globale, diverti par les scènes surprenantes, sans avoir à s'inquiéter de la trame générale de l'intrigue. Suivre les péripéties de Valentine Gallo et Jagger Rose suffit largement à son divertissement, procurant un plaisir de lecture immédiat. Le fond de l'intrigue devient presque un bonus sans être indispensable. En scénariste aguerri, Brian Michael Bendis dispense les informations historiques en les répartissant en début de chaque épisode, sous forme de 3 ou 4 pages, pour lesquelles Taki Soma prend la peine de changer de palette de couleurs, afin de donner une impression noir & blanc, alors que si le lecteur y prête attention il se rend compte qu'il y a également des nuances de gris. L'histoire globale qui a conduit les familles à une position de pouvoir apparaît par touches successives. Le scénariste procède par sous-entendus, sans nommer les choses, comme s'il s'agissait vraiment d'événements tenus secrets pour des raisons d'état. Le lecteur identifie sans peine l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, ou encore un élément clé de la préparation des attentats du 11 septembre, mais ils ne sont pas nommés explicitement. Le lecteur pénètre ainsi dans la clandestinité d'événements dont les détails n'ont pas été portés à la connaissance du grand public. C'est très habile : la forme de narration est un élément narratif porteur de sens.



Petit à petit, le lecteur découvre la situation globale : comment les familles sont parvenues à cette position de pouvoir. Le scénariste réussit à jouer sur les 2 tableaux : le caractère spectaculaire et frappant de cette histoire qui a divergé, mais aussi sa plausibilité quand on pense au pouvoir du crime organisé à différents moments du vingtième siècle aux États-Unis. Cela conduit à des moments de dingue, où là encore la narration visuelle fait des merveilles. Il ne fait aucun doute que les familles ont besoin d'agents très spéciaux et que dans ce contexte Jagger Rose peut tout à fait exister, avec son allure flamboyante et ses talents mortels. Il est logique que Madonna Gallo dispose d'une pièce secrète dans sa maison comme le montre les dessins. Il est évident que la famille Sangiacomo peut se permettre de faire intervenir un service d'ordre très incisif dans son casino pour se débarrasser des petits malins qui ont mis au point une martingale. C'est épatant comment scénario et dessins sont en phase et rendent plausibles des moments énormes.



En modifiant ainsi un ou deux paramètres historiques à la marge, Brian Michael Bendis développe une situation où le suspense tient le lecteur sur le bord de son siège. La paranoïa règne en maître dans une société où l'équilibre des pouvoirs ne tient qu'à un fil, où l'union fait toujours la force, mais les familles ne peuvent aucunement se faire confiance entre elles, et chaque Don ne peut compter que sur sa paranoïa pour anticiper un coup fourré. Dans ces conditions, la vie humaine ne vaut pas chère : chacun est prêt à faire exécuter un gêneur quel qu'il soit, à faire disparaître un ennemi, et même à sacrifier un pion de sa famille pour conserver l'équilibre précaire, dont la destruction conduirait toutes les familles à leur perte. Le récit se fait alors thriller tendu comme une corde à piano, la paranoïa des personnages engendrant celle du lecteur dont le cerveau se met à gamberger, pour essayer d'anticiper, de détecter les enjeux cachés, de décortiquer les alliances. Le plus fort est que les auteurs n'en sacrifient pas leurs personnages pour autant. Ils pourraient très bien se contenter de cette mécanique implacable, mais en fait ils réussissent aussi à faire de Valentino Gallo et de Jagger Rose des individus avec une personnalité spécifique, des aspirations, et des talents uniques. Le lecteur a bien compris qu'il ne peut pas lire dans leur esprit et qu'il est vain d'essayer de déterminer l'évolution de leurs convictions et de leur allégeance. Mais par contre, il les observe agir selon lesdites convictions, réfléchir pour ne pas se faire coincer, passer à l'action en fonction de leurs compétences, sans qu'ils ne puissent être interchangeables, échappant au moule du héros d'action générique prêt à l'emploi.



15 ans après le lancement de leur série emblématique Powers, Michael Avon Oeming & Brian Michael Bendis remettent le couvert : une réussite saisissante de plus à leur actif. Ils réalisent un polar sous forme de thriller, dans un monde alternatif des plus plausibles. La narration graphique rend visuelle la paranoïa ambiante, des lieux d'où on ne peut pas s'échapper, des individus vivant sur le fil du rasoir, se débattant pour éviter les coups tordus qui pleuvent en pagaille. Une grande réussite bien noire, bien tendue, envoûtant visuellement le lecteur dès la première séquence.
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The Victories Volume 1

Ce tome est le début d'une série indépendante de toute autre. Il contient une histoire complète en 5 épisodes, initialement parus en 2012, écrite, dessinée, et encrée par Michael Avon Oeming (en abrégé MAO). La mise en couleurs est réalisée par Nick Filardi.



Dans un futur proche, dans une grande cité américaine sans nom (qui pourrait être New York), un superhéros contemple la ville depuis le haut d'un gratte-ciel. Il s'agit de Faustus. Il déplore que la ville soit aux mains de politiciens corrompus et de policiers pourris. Il sent bien que lui-même est guetté pour une forme de corruption insidieuse. Dans un parc, un juge vendu se promène en calèche avec son épouse. Le cocher est brutalement égorgé par un être anthropomorphe qui se fait appeler le Chacal (Jackal) et qui arrache la tête du juge après lui avoir dit ses 4 vérités, sous les yeux de sa femme. Faustus arrive sur ces entrefaites et le combat s'engage entre ces 2 individus dotés de superpouvoirs. Par la suite Faustus collabore avec les autres membres du groupe de superhéros The Victories (Sleeper, Sai, D.D. Mau, Lady Dragon ; seul Metatron manque à l'appel, étant en mission dans l'espace) pour mettre hors d'état de nuire des revendeurs d'une drogue baptisée "the float".



Michael Avon Oeming doit sa célébrité dans le monde des comics à sa collaboration avec Brian Michael Bendis sur la série Powers (à commencer par Who killed Retro Girl ?, et les suivants nettement meilleurs). Il lui arrive également régulièrement d'assurer les fonctions de scénariste comme sur Thor ou Red Sonja.



Dès les premières pages, le lecteur reconnaît facilement le style brut de décoffrage de Michael Avon Oeming. Les immeubles sont représentés par des traits qui ne sont pas tracés droits. Les contours des personnages, des décors et des ombres portées sont systématiquement à base de lignes brisées (à croire que la ligne courbe est l'ennemi du dessinateur). À l'extrême de ce style, le lecteur peut avoir l'impression qu'il s'agit de dessins bâclés, avec de gros pâtés en guise d'ombre. À condition de pouvoir dépasser cette apparence nature et pas très séduisante, le lecteur découvre une efficacité redoutable et une mise en page très vivante. Les apparences sont trompeuses, et Oeming composent ses images avec soin leur donnant un aspect vite fait qui leur confère une forme de spontanéité rafraîchissante. Chaque scène est composée avec soin pour coller au plus près à l'action en cours. Il n'y a pas de mise en page toute faite collée systématiquement quelle que soit la scène.



De manière plus surprenante, le style rapide et sauvage d'Oeming lui permet de faire coexister différentes ambiances sans rupture de ton dans la narration. Avec le même style, il est capable de montrer l'horreur de la situation d'un couple de jeunes adultes sous l'emprise de la drogue, et le comportement enjoué et déplacé de D.D. Mau se réjouissant de casser du criminel. Dans la même case il arrive à dessiner un chacal-garou parodique (canines démesurées, langue trop longue pendant entre les dents, morve coulant du nez), et le rendre terrifiant parce que l'approche graphique le rend intensément présent, dégoûtant et menaçant. Il en va de même pour le personnage de Faustus, qui est à la fois un ersatz de superhéros avec un costume simpliste (une grande cape, et une cagoule hérissée de 4 oreilles pointues), et un personnage mystérieux nimbé d'ombre masquant les détails de sa silhouette.



Oeming conçoit des découpages de planche sur mesure pour chaque scène, allant de la double page avec le héros contemplant la ville, à la page comprenant 12 cases pour une action très rapide et saccadée. Il contrôle la vitesse de lecture avec un art consommé.



L'histoire commence par un stéréotype usé jusqu'à la corde : celui du superhéros masqué pourchassant le crime dans une cité corrompue jusqu'à la moelle. L'apparition du Chacal souffle le chaud et le froid entre parodie de monstre baveux, et actions brutales, sanguinolentes et sans concession. À plusieurs reprises, le lecteur va hésiter entre prendre le récit comme une franche parodie (le maître des arts martiaux sévère et sage, enseignant à une classe, un criminel plaisantant sur les pratiques sexuelles non consenties entre codétenus en prison), ou au premier degré comme un roman noir, un peu dérivatif de beaucoup d'autres, avec des oscillations de grande amplitude entre les cambrioleurs débiles servant uniquement à apporter une touche comique, et les effets irrémédiables de la drogue "floater". Il faut donc prendre un peu de temps pour découvrir le véritable objet de l'histoire dans ce récit qui s'achève sur une résolution satisfaisante, qui laisse la place à une suite (en cours de réalisation en 2013). Au final, la lecture est divertissante, surprenante, mais toutefois un peu dénaturée par le recours à de trop nombreux clichés.
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The Victories Volume 3: Posthuman

Ce tome fait suite à Transhuman (épisodes 1 à 5). Il faut absolument avoir commencé la série par le premier tome : Touched (minisérie initiale en 5 épisodes). Il contient les épisodes 6 à 10 de la série mensuelle, initialement parus en 2013/2014, écrits, dessinés et encrés par Michael Avon Oeming (en abrégé MAO), avec une mise en couleurs de Nick Filardi. Chaque épisode comprend 18 pages. Ils sont complétés par 6 histoires courtes (5 pages chacune) écrite par MAO, regroupées en fin de volume. Le tome se termine avec 3 articles de 2 à 3 pages (en petits caractères écrits par Oeming, suivi de quelques esquisses préparatoires.



Suite aux événements survenus dans le tome précédent, la situation n'est pas joyeuse. Le gouvernement a dû instaurer des rationnements (en nourriture et en énergie). Les Champions (superhéros et supercriminels) sont recensés et parqués dans des camps. La situation ne s'améliore pas pour autant. Sleeper (détenu avec les autres) réussit à contacter D.D. Mau (libre mais prostrée dans une cachette) pour qu'elle vienne les libérer. Dans l'ombre, un groupe de nantis tirent les ficelles, préparant le retour des Visiteurs (aussi appelés Nephilim, des extraterrestres ayant fait joujou avec l'ADN de quelques terriens). Après l'évasion des Victories, le récit amène quelques superhéros au site dit Georgia Guidestones (voir The Georgia guidestones: America's most mysterious monument) pour essayer de trouver la trace de ces manipulateurs de l'ombre.



À l'évidence après les bouleversements majeurs du tome précédent, Michael Avon Oeming allait avoir du mal à faire plus fort. Il est donc légitime qu'il exploite le potentiel narratif de ce nouveau paradigme. Dans ces aventures grand spectacle, les personnages sont un peu à l'étroit pour exister. Par la force des choses D.D. Mau dispose d'un épisode et demi en tant que premier rôle. Elle est assez émouvante, si le lecteur se souvient du tome précédent. Dans le dernier épisode, Lady Dragon (Chelsea Pendragon) occupe le devant de la scène, sans que le lecteur n'en apprenne beaucoup sur sa personnalité (plus sur son histoire personnelle).



En surface du récit, le lecteur a l'impression qu'Oeming se contente de faire avancer son intrigue, en y insérant quelques éléments convenus (comme le complot vieux de plusieurs millénaires). L'environnement qu'il a créé est original et bien développé, l'intrigue est rapide, bien fournie, violente, et le statu quo n'a pas sa place dans cette histoire. Le divertissement est au rendez-vous, avec un bon niveau de violence.



Le lecteur doit cependant faire un effort pour prendre conscience que de place en place, MAO intègre des réflexions qui dépassent le simple récit d'aventures. Il y a la réflexion de Master Mark (le tuteur de Faustus et de Strike) qui énonce clairement les limites de l'action des superhéros. Ces derniers n'ont pas la capacité d'écrire des lois, ils sont juste là pour pallier les manques de la justice vis-à-vis des crimes commis. Tout aussi cynique et conscient, il y a le cheminement de Strike. Ce dernier dispose de superpouvoirs mais a décidé de ne pas s'en servir. Il préfère prêcher la non-violence comme moyen pour parvenir à une cohabitation pacifique entre êtres humains. Les événements en cours l'obligent à repenser ses moyens d'action et sa philosophie de vie. Oeming n'hésite pas à montrer que quand le camp adverse ne respecte pas les règles du jeu, il est temps de les modifier et que les bons ne sont plus astreints à les respecter.



À première vue, l'intégration d'une forme de théorie du complot déçoit un peu. Oeming s'était montré très inventif jusqu'alors et voilà qu'il insère un groupe de gugusses manipulant l'évolution de la société en cachette pour préparer le retour des Visiteurs. À la lecture, ce dispositif semble singulièrement plat, juste présent pour nourrir l'intrigue, sans aucune réflexion. Il ne prend un peu de relief que grâce à la visite du site Georgia Guidelines (site réel, un mégalithe dressé en 1980 grâce à un donateur anonyme, ayant pris un étrange pseudonyme Christian Rozenkreutz, ou Rose-Croix).



Côtés dessins, le lecteur retrouve le graphisme si marqué et si personnel d'Oeming, à gros traits, influencé par la force graphique de Jack Kirby, sans volonté de séduction, avec une belle inventivité, mais aussi des codes graphiques empruntés aux publications pour la jeunesse (personnages grossièrement esquissés, postures exagérées et artificielles, visages aux expressions caricaturales, etc.). Il faut un peu de temps pour s'habituer à ce mélange hétérogène de silhouettes brutes de décoffrage, de décors simplifiés comme dans un dessin animé pour la jeunesse, et de situations adultes.



Sous des apparences simples et spontanées, les dessins d'Oeming représentent des situations adultes, dans le sens où elles relèvent de sentiments complexes, de dilemmes moraux difficiles, et d'horreurs très primales. MAO ne recherche en aucun cas le réalisme, il préfère l'expressionisme qui transcrit l'émotion sans filtre. Il est facile de trouver qu'Oeming dessine avec les pieds et beaucoup trop vite. Il est moins facile d'oublier les difformités de Strike (pourtant juste un amas de bourrelets d'un point de vue concret de ce qui est dessiné), ou la silhouette plus "Batman que Batman lui-même" de Faustus, ou encore la détermination farouche de D.D. Mau.



Après la lecture de ces épisodes, le lecteur en ressort satisfait du niveau de divertissement et des quelques thèmes abordés, en se disant qu'il aurait suffit de pas grand-chose pour que MAO transforme son récit en une histoire indispensable. 4 étoiles.



Viennent ensuite 4 histoires courtes consacrées respectivement à Sleeper et son chat (une variation subtile sur le chat de Schrödinger), à Lady Dragon (découvrant la vraie nature des actions de son père), à Metatron (ce qu'il a vraiment découvert sur la Lune), et à Link (un supercriminel au service forcé de la pègre). Ces histoires viennent étoffer chacun de ces personnages dans de courtes séquences qui auraient alourdi le fil du récit principal. Elles apportent toutes une valeur ajoutée réelle aux personnages concernés. Elles sont dessinées par Victor Santos (pour Sleep et la dernière), Taki Soma (pour Lady Dragon), Mike Hawthorne (pour Metatron). Ces artistes s'ingénient tous à dessiner à la manière d'Oeming pour des résultats satisfaisants.



Il ne reste plus qu'à lire la dizaine de pages de textes écrits par Oeming, placés à la fin du volume. Par acquis de conscience, le lecteur commence la première et découvre une analyse pénétrante et intelligente sur le concept de théorie du complot, beaucoup plus intelligente que son utilisation dans le corps du récit. Non seulement Oeming démonte les mécanismes de ce genre de théorie, mais en plus il explique avec simplicité pourquoi il est fasciné par les réactions que déclenchent ces théories (plus que par les théories diverses et variées en elles-mêmes). Le lecteur découvre une écriture alerte et drôle, dans un texte prouvant qu'Oeming a réfléchi à ce dont il parle et qu'il connaît son sujet.



Le deuxième texte est tout aussi enlevé avec quelques pointes d'humour, et encore plus renseigné. À partir d'un postulat ironique (tout est de la faute des nazis), Oeming évoque le projet MK-Ultra (et ses projets dérivés, tels que le projet Monarch), dans une course à la manipulation mentale et au lavage de cerveau. Il s'agit d'un texte didactique, dépourvu de pédanterie, rédigé par un auteur ne manquant ni d'humour, ni de connaissances en la matière.



Enfin, le troisième texte évoque la capacité de l'humanité à faire évoluer le corps humain, à ne plus attendre l'évolution naturelle. À nouveau Oeming se révèle un conteur habile, convaincant, en citant des exemples vérifiables et pertinents. C'est aussi intelligent que les projections de Warren Ellis dans sa série Transmetropolitan (à commencer par Back on the street).



Après la lecture de ces trois textes, le lecteur regarde d'un autre œil les épisodes des Victories, voyant les thèmes développés par Michael Avon Oeming comme la partie émergée de sa réflexion. 5 étoiles.
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The Victories Volume 4

Anunnaki

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Ce tome est le dernier de la série à laquelle il apporte une résolution claire et définitive. Il comprend les épisodes 11 à 15, initialement parus en 2014, écrits, dessinés et encrés par Michael Avon Oeming (en abrégé MAO) et mis en couleurs par Nick Filardi. Il faut impérativement avoir commencé par le premier tome : Touched.



Les événements du tome précédent ont permis au gouvernement de mettre en place un état d'urgence, fortement policé. Strike (un ancien superhéros) est dans la rue à la tête de citoyens pour manifester pour le rétablissement des droits civils. Faustus, Sleeper et Sai observent les événements par écran de télévision interposé, et ils décident d'intervenir.



Du côté de Mexico, Lady Dragon a décidé d'accepter l'héritage que lui réserve son père et d'intégrer l'élite de ce monde, le groupe de puissants qui est intervenu sur l'évolution des gouvernements pour préparer le retour des visiteurs, les Anunnaki.



Ce tome commence par une introduction de Jason Martell qui explique ce que sont les Anunnaki, des déités dans le panthéon sumérien. Puis le lecteur plonge dans la résolution de cette série, qui se termine de manière claire et satisfaisante. Michael Avon Oeming avait révélé dans le tome précédent que tous les événements depuis le premier tome étaient liés à une conspiration de grande envergure à l'échelle de nombreuses générations. C'est donc sans surprise qu'il résout son intrigue sur cette base.



Le lecteur assiste donc à la fois aux révélations que le père et son équipe font à Lady Dragon, et à la course entamée par les Victories survivant pour stopper cette machination avant qu'elle n'arrive à son terme. MAO a concocté un récit sans temps mort, avec des destructions massives, des révélations énormes, des combats désespérés, et un enjeu à l'échelle de la survie de la race humaine.



Le lecteur en prend plein les mirettes grâce aux dessins toujours aussi personnels d'Oeming. Il continue à donner du poids à ses dessins par l'entremise de gros blocs de noir. Il dessine ses personnages à gros traits (littéralement avec des traits de crayon bien gras), leur donnant une apparence spontanée qui participe à la vivacité de la narration. Cette apparence n'est pas antinomique avec un bon niveau de nuances dans les expressions des visages, et dans la justesse du langage corporel. Elle participe grandement à la spontanéité des comportements, à et la force des coups portés.



À plusieurs reprises, Oeming prouve qu'il maîtrise le vocabulaire graphique de Jack Kirby, soit dans la posture d'un personnage, soit dans la dimension cosmique d'un dessin. Il s'agit plus d'un hommage à une influence assumée, que d'un plagiat. Oeming (l'artiste) est donc à la hauteur d'Oeming (le scénariste), transformant les éléments les plus échevelés du scénario en des visions participant à la fois du dessin animé pour enfants (pour les formes simples) et de la conception graphique pour adultes (pour la violence, et les apparences agressives ou dérangées). Ses dessins sont complétés et mis en valeur par la mise en couleurs savante de Nick Filardi qui ne cherche pas pour autant à se mettre sur le devant de la scène. Il s'agit d'une complémentarité intelligente, plutôt que d'une surenchère stérile.



Du point de vue de l'intrigue, MAO lève le voile sur cette conspiration, en s'inspirant de la mythologie sumérienne. D'un côté, il mène à son terme logique son récit, avec un lot de révélation, une tension dramatique importante, au vu des enjeux et du rythme de la narration. D'un autre côté, le lecteur peut ressentir une pointe de déception, en constatant qu'il ne s'agit que de la conclusion logique du récit. En particulier, MAO avait développé dans le tome précédent un argumentaire écrit, perspicace et érudit sur les théories du complot, leur valeur, et leur réelle signification au regard de notre société, et le lecteur ne retrouve rien de tout ça dans ce final qui reste premier degré.



Le tome se conclut avec 2 histoires courtes écrites par Oeming, et dessinée l'une part Agnes Garbowska, et l'autre par Taki Soma. La première montre les effets de la drogue The Float (voir le tome 1), la deuxième évoque la relation entre Sai et Shabang (une autre superhéroïne). Elles sont sympathiques, mais sans rien d'indispensable.



Enfin le lecteur découvre la postface d'une page d'Oeming. Ce dernier évoque son regret de ne pas avoir mieux annoncé l'ampleur de la série dès le premier tome (qui se focalisait surtout sur l'histoire personnelle de Faustus). Effectivement, l'intrigue a pris des dimensions insoupçonnables dans les 3 tomes suivants.



Au final, "The Victories" est une série qui vaut le coup d'être lue. Le premier tome propose un récit bien noir sur un superhéros, avec quelques raccourcis pour tout faire tenir dans le nombre d'épisodes alloués. Les tomes 2 et 3 constituent une lecture ébouriffante du fait de l'ampleur de l'intrigue, de la personnalité des superhéros (de leurs drames personnels), et de la manière dont le scénariste joue avec les théories du complot. Le quatrième tome vient clore le récit de manière toujours aussi vive, mais avec moins d'ambition que les 2 précédents. Ces 4 tomes sont un régal pour l'amateur des dessins de Michael Avon Oeming qui est en pleine forme, avec un metteur en couleurs de très bon niveau.
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The Victories: Transhuman

Ce tome fait suite à The Victories Volume 1 (épisodes 1 à 5 de la minisérie initiale parue en 2012) qu'il vaut mieux avoir lu avant. Il contient les épisodes 1 à 5 de la série mensuelle, ainsi que les chapitres parus dans l'anthologie "Dark Horse presents" 20 à 22, en 2013. Cette série est écrite, dessinée et encrée par Michael Avon Oeming (en abrégé MAO), et mise en couleurs par Nick Filardi.



Jackal (langue toujours aussi pendante de manière obscène) s'est emparé d'un camion de régie télévisée et délivre une intervention inspirée sur la véritable origine de la NASA, ses liens avec l'occultisme, les scientifiques de l'Allemagne nazie, le site de fabrication des V2 à Peenemünde, et Jack Parsons (ingénieur spécialisée en fusées, avec d'étranges convictions occultes). Megatron et Sai étant occupés avec un monstre à six tétons, Faustus, Sleeper et Lady Dragon vont s'occuper de Jackal (D.D. Mau étant également occupée ailleurs). Faustus en fait une affaire personnelle (normal, voir le tome 1). C'est le début d'une histoire incroyable dans laquelle les actions de Jackal vont provoquer un bouleversement à l'échelle de la planète, tel que voulu par ses commanditaires. Le lecteur en apprendra également plus sur les origines de Jackal, ainsi que sur les origines et les névroses de D.D. Mau. Megatron va faire des découvertes peu plaisantes sur sa nature qui a rapport avec une conspiration à l'échelle de la planète s'étendant au moins sur 2 générations.



Le premier tome laissait une impression étrange d'histoire pour adulte, brassant beaucoup de conventions de genres différents, et donnant l'impression de tâtonner pour trouver sa voix propre en termes d'intrigue. Par contre le lecteur retrouvait le parti pris esthétique très marqué d'Oeming, déjà très tranché sur la série Powers écrite par Brian Michael Bendis. Avec ce deuxième tome, le lecteur retrouve le même style de dessins, vraiment très particulier, un mélange de simplification de type dessins animés à destination de jeunes enfants, et de détails violents, sanglants, dérangeants. En feuilletant ce tome sans le lire, le lecteur peut donc repérer des images simplistes et très épurées qui ne dépareraient pas dans une bande dessinée pour la jeunesse (< 10 ans) : la tête bandée d'un superhéros (tel un homme invisible générique avec lunettes de soleil), un vaisseau en forme de V (pour Victories) qui fend le ciel en laissant une large traînée jaune derrière lui, le contenu d'une poêle jeté dans une poubelle de cuisine, un gros poids lourd américain (de type truck) s'avançant directement vers le lecteur, une espèce de gros robot appelé "Robocalyspe" dans un ciel rougeoyant au dessus de gratte-ciels générique lançant des rayons de la mort, etc.



Toutefois, toujours en parcourant rapidement ce tome, rien qu'en regardant les images, l'attention du lecteur est retenue par plusieurs images qui dénote de thèmes adultes, voire d'une forme de second degré plus référentiel que parodique. Il y a ce père mettant une tête de chien ensanglanté sur la tête de son fils. Il y a cette femme obèse observant sa silhouette dénudée dans une glace, avec un dégoût affiché de soi sur le visage. Il y a cet individu (The Strike) au corps déformé par la maladie. Il y a ces éventrations sanglantes perpétrées par Tarcus ayant perdu tout contrôle de lui-même. Oeming introduit une dimension adulte visuelle qui ne se limite pas à plus de violence ou plus de sang, il montre des adultes dans des postures traduisant des préoccupations d'adulte, autres que de frapper plus fort que l'ennemi dans un affrontement physique. Dans le registre référentiel "superhéros", le lecteur peut détecter Metatron arrêtant à main nue la chute d'un satellite (dessin pleine page), ou ces aréopages de superhéros dont les contours sont doublés d'un trait rouge décalé pour évoquer un processus primaire de dessin en 3D (celui nécessite de chausser des lunettes avec un verre rouge et un autre vert ou bleu). Mais ces moments référentiels ne sont que des clins d'œil en passant, pas une thématique à part entière du récit.



Et quel récit ! Le premier tome montrait un superhéros dont l'apparence évoquait de loin celle de Batman, en proie à ces démons intérieurs que le lecteur découvrait petit à petit, plongeant le récit dans un roman noir, vraiment noir. D'une certaine manière, Oeming reproduit le même schéma en accordant une place importante à D.D. Mau qui, elle-même, souffre de névroses plus ou moins prononcées. Il y a donc une dimension psychologique dans le récit d'Oeming, habilement mise en scène, sans simplisme. Le lecteur retrouve également le personnage Jackal, moralement des plus ambigus, souffrant franchement d'un traumatisme d'enfance, à l'apparence dégénérée (cette langue démesurée et baladeuse) introduisant un élément qui échappe à la dichotomie Bien / Mal propre aux récits de superhéros. En se focalisant sur le développement de quelques personnages, Oeming se montre conscient qu'il ne peut pas tout aborder en seulement 6 épisodes, et déjà le récit semble parfois un peu morcelé. Le lecteur se doute que les autres membres des Victories auront droit à leur moment sous les projecteurs dans les épisodes à venir.



La narration d'Oeming peut déconcerter au départ. Les enjeux ne sont pas très clairs. Le nombre de personnages introduit un doute sur qui sont les personnages principaux. Il y a plusieurs composantes diverses qui sont intégrées au fur et à mesure qui finissent par empêcher de distinguer une direction générale (une conspiration ténébreuse, un dédoublement de Metatron, un personnage apostolique, etc.). À condition d'accepter de se laisser porter par cette narration riche et de naviguer à vue de séquence en séquence, le lecteur se laisse surprendre à plusieurs reprises par des rebondissements inattendus qui tissent petit à petit une tapisserie complexe et cohérente.



Avec ce deuxième tome de superhéros complexes, le lecteur plonge dans une intrigue qui révèle sa saveur au fil de surprises étonnantes, suivant des personnages attachants dans leurs imperfections, très humains, dans un univers d'anticipation de plus en plus original, avec un fond de roman noir.
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Thor & Iron Man

• « ʟᴇs ɢʀᴀɴᴅᴇs ᴀʟʟɪᴀɴᴄᴇs, ᴛᴏᴍᴇ 𝟼 : ᴛʜᴏʀ & ɪʀᴏɴ ᴍᴀɴ » , ᴘᴜʙʟɪé ᴄʜᴇᴢ ᴍᴀʀᴠᴇʟ ᴘᴀɴɪɴɪ.



• Surprise dans la lecture de ce sixième tome dont je n'attendais absolument rien, comme quoi cette collection Marvel à peut-être quelque chose à présentée..



[ʟᴇ ʟɪᴠʀᴇ]



• J'ai entamé ce livre consacré à l'alliance de Thor et Iron Man sans conviction, ne m'attendant à rien de spécial si ce n'est d'en apprendre un peu sur ces héros qui en dehors du cadre cinématographique me sont quasiment inconnus. J'ai tenté une fois un Iron Man, où je me suis arrêté au premier chapitre, et j'ai pu entrevoir quelques aventures du dieu du tonnerre dans ses collaborations avec la franchise des X-Men que je lisais en anglais à l'époque et dont la traduction m'était difficile, n'ayant pas appris à lire de manière fluide cette langue sous une forme plus ancienne. Le passage au français leur a été bénéfique, et j'ai pu apprécier les deux récits sans difficultés.



• C'est le premier récit ouvrant le bal qui est le plus remarquable, concentrant de nombreuses qualités, que cela soit scénaristiques ou graphiques. Le récit revisité du Ragnarok par Marvel est grandiose, une véritable épopée racontée dans ses débuts à la façon des grands mythes pour une immersion des plus fluides. On y retrouve de nombreux éléments et personnages de la mythologie nordique d'une manière nouvelle, plus moderne, loin d'être parfaite, mais franchement agréable à découvrir. La fin de cette histoire en six chapitres est d'ailleurs époustouflante et inattendue. Pour les amateurs d'adaptations super-héroïques, on retrouve ici les inspirations de certaines productions récentes du MCU (Marvel Cinematic Universe). Une très bonne histoire.. Mais qui n'a pas vraiment sa place dans ce livre puisqu'en réalité Iron Man n'y est que très peu présent et n'est pas représentative d'une véritable collaboration entre les deux héros. Un récit qui a été glissé pour surfer sur le succès des films donc et n'est pas tellement pertinent pour celles et ceux qui cherchais réellement à voir les deux héros dans une grande collaboration.



• Le second récit est en revanche bien plus proche de ce que l'on appelle une collaboration, les deux hommes ayant travaillé main dans la main pour vaincre la menace leur faisant face. On y découvre les doutes respectifs de nos deux surhommes, ceux-ci ayant toujours une certaine méfiance l'un envers l'autre malgré les années de partenariat. L'aventure est plutôt sympathique, avec de très bonnes idées et un plot-twist intéressant, mais ne marquera pas non plus l'esprit durablement et peinera à égaler les qualités du récit précédent.



• Des deux côtés, le dessin est très beau, mention spéciale au récit du Ragnarok qui est tout bonnement sublime, avec des décors incroyables, des traits plus précis et une colorimétrie plus sombre et grave.



[ʟᴀ ᴘᴇᴛɪᴛᴇ ᴠᴏɪx ᴅᴇ ʟᴀ ғɪɴ]



• J'ai adoré le récit du Ragnarok, qui marque durablement et exprime tout le potentiel d'histoire mettant en scène des dieux. L'histoire de l'évolution était plus classique dans sa narration, mais reste très efficace. Enfin, un tome qui vaut véritablement la peine d'être lu dans cette collection, même si en contrepartie, le principe même d'éditer une collection sur les alliances entres héros est en grande partie foirée avec ce numéro..



ʟᴇ ᴍᴀʀᴛᴇᴀᴜ ᴅᴜ ᴅɪᴇᴜ ᴅᴜ ᴛᴏɴɴᴇʀʀᴇ s'ᴀʙᴀᴛ sᴜʀ sᴇs ᴇɴɴᴇᴍɪs ᴀᴠᴇᴄ ᴘʟᴜs ᴅᴇ sᴀɢᴇssᴇ.

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Thor - Best Comics, tome 1 : Ragnarök

Et voilà, on retrouve une nouvelle fois, Thor, qui fait des boulettes à la chaine et qui vient pleurer au près de ses potes Avengers. Ok, j’y vais fort, mais c’est un peu ça.



J’aime bien le personnage de Thor, le soucis, c’est qu’a moins d’avoir de la chance on tombe toujours sur le même type d’histoire. On a donc Thor, qui se croit plus fort que tout le monde, et donc il veut le prouver par tous les moyens, quitte a rentrer en guerre. Et de l’autre on a Loki, le sournois par excellence qui fait ses petits coups vicieux dans son coin.



Du coup, c’est toujours pareil. Je suis lassé par ce personnage, j’ai le sentiment que les auteurs n’ont pas vraiment d’idées et on a toujours l’impression de lire du réchauffé.



Le final se veut émouvant et catastrophique pour notre super-héros, mais bon, ça ne prends pas. Dommage.



Je tenterais un dernier test sur ce personnage avec Thor Renaissance, mais si lui aussi s’avère aussi mauvais, je délaisserais ce super héros, pour d’autres bien plus intéressant !
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Thor - Best Comics, tome 1 : Ragnarök

Si Thor est un personnage que j'aime beaucoup, notamment grâce aux run de Jason Aaron qui a réinventé le personnage, les anciens récits sur le dieu du tonnerre sont pour la plupart un peu moins à mon goût.



S'il m'arrive d'apprécier le côté fantaisie du lore entourant le panthéon nordique, bien souvent le côté très théâtrale qui alourdit le récit à raison de moi.



Malheureusement, ici, c'est un peu ce qu'il s'est passé.

Le Ragnarok étant un évènement majeur de la mythologie nordique, c'est avec beaucoup d'enthousiasme et d'attentes que je me suis lancé dans ce récit.

Et si j'ai trouvé quelques qualités, les défauts cités plus haut m'ont un peu gâché la lecture.

En me lançant dans Ragnarok, comprenez la mort des dieux, je m'attendait à ce que ça se tape !

Et si en effet les dieux meurent, les combats sont au final peu nombreux et on va plutôt suivre Thor dans une sorte de quête de rédemption.



En bref, une lecture assez mitigé pour moi.



Petit mot de la fin pour le dessin qui est magnifique, qui nous offre de belles scènes et qui colle très bien avec le côté divin.
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Thor : Blood Oath

Ce tome contient une histoire complète qui ne nécessite qu'une connaissance très superficielle de Thor et d'Asgard pour la comprendre. Il contient les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2005/2006, écrits par Michael Avon Oeming, dessinés et encrés par Scott Kolins, et mis en couleurs par Wil Quintana. Cette histoire a été rééditée dans Thor: Ragnaroks qui contient Blood Oath, Thor Disassembled, Stormbreaker: The Saga of Beta Ray Bill.



Il y a des années de cela à New York, Thor (Odinson) est en train de combattre Absorbing Man (Carl Creel) qui a absorbé la force de la ville, lui donnant des muscles d'acier et de béton, et une stature d'immeuble de grande hauteur. Thor s'apprête à arrêter la boule de démolition de son ennemi, avec son marteau Mjolnir quand il prend conscience que cela pourrait permettre à Creel d'absorber la force du métal Uru. Il se laisse donc aplatir comme une crêpe par la boule, puis repart à l'attaque en conjurant les forces de la tempête, que Creel ne peut pas s'empêcher d'absorber, ce qui finit par le disperser aux quatre vents. Thor reprend sa forme humaine de Donald Blake dans une petite rue tranquille et aide les secours à emmener les victimes sur des brancards. I travaille ensuite dans l'hôpital qui les accueille, avec l'infirmière Jane Foster. Ils soignent un jeune adolescent qui a l'air un peu embêté, surtout quand les deux soignants se rendent compte de l'état de ses jambes, et qu'il prend la poudre d'escampette parce qu'il est un mutant et qu'il ne veut pas se faire repérer. Puis Jane et Donald vont prendre un café à la cafétéria, et elle lui parle de sa vision de la génétique, de l'importance de l'éclair, de la manière dont cela s'apparente aux anciens mythes sur la création de la vie.



Donald Blake passe une nuit agitée en pensant au temps que son père a passé suspendu à Yggdrasil, l'arbre-monde, quand il a donné un de ses yeux. Il a la vision de la tête des Warriors Three réduites à des crânes posés sur des piquets. Enfin, il se réveille et comprend que ce rêve était une prémonition et qu'il doit se rendre en Asgard, ce qu'il fait sans plus attendre, au milieu de la nuit. Il y est accueilli par Heimdall à l'extrémité de Bifrost. Le gardien lui apprend que les Warriors Three sont en ce moment-même devant une assemblée qui doit les juger, car ils sont accusés de meurtre. Thor se rend immédiatement en Thingvellir où Odin préside la cour de justice. Il relate comment ils ont tué Holth lors d'une partie de pêche ne l'ayant pas reconnu dans sa forme de serpent de mer. Gnives, un géant de Jotunheim, le père de Holth, prend alors la parole. Il n'aimait pas particulièrement son fils, mais il exige réparation. Toutefois, il ne souhaite pas la mort des responsables, il préfère leur infliger des épreuves : ramener trois pommes des plus hautes branches d'Yggdrasil, la peau d'un cochon se trouvant en Olympe et gardé par Hercule, la lance appelée Massacre ayant appartenu à Chulain, et gardée dans un chaudron, l'épée appelée Grasscutter se trouvant au Japon, et enfin hurler à plein poumon à trois reprises depuis le sommet de la tombe de Toth.



Avant tout, Michael Avon Oeming est connu comme dessinateur de la série Powers écrite par Brian Michael Bendis. Il a également réalisé des séries en solo, assurant scénario et dessins, comme The Victories . Il a continué de collaborer avec Bendis plus récemment sur The United States of Murdrer . Ici il ne réalise que le scénario, travaillant avec un autre dessinateur. Scott Kolins est un artiste avec une forte personnalité graphique qu'il peut choisir de mettre avant comme sur les épisodes The Flash écrits par Geoff Johns, ou qu'il peut choisir de mettre en veilleuse pour une narration plus classique, comme pour Avengers Earth's Mightiest Heroes, écrit par Joe Casey. Par la suite, Oeming a encore écrit 2 autres histoires consacrées à Thor, puis à Beta Ray Bill, regroupées dans le recueil Ragnaroks. Le lecteur entame cette histoire. Il ne se passionne pas pour un énième combat contre Absorbing Man, vite réglé sans grande originalité. Il s'interroge sur le point de vue e Jane Foster rapprochant génétique et mythologie, vite oublié dès que Thor se retrouve sur Asgard. Il a donc l'impression que l'histoire ne commence vraiment qu'une fois que la sentence en forme de quête est prononcée par Gnives qui exige en plus que Thor ne se serve pas de son marteau pour triompher dans les épreuves, car bien sûr il accompagne ses trois amis Hogun, Fandrall et Volstagg. Le scénariste maîtrise bien les caractéristiques de chacun des personnages, mais le lecteur se rend vite compte que le personnage principal est bel et bien Thor. Chacun des trois guerriers a droit à une scène dans laquelle il est mis en avant, avec quelques petites réparties supplémentaires pour Volstagg qui bénéficie visiblement d'un traitement de faveur du fait de son potentiel comique.



La quête est clairement énoncée dans le premier épisode, et Gnives a même indiqué en quoi chaque étape va être difficile. Outre qu'elles se trouvent au sommet des plus hautes branches d'Yggdrasil, les pommes sont jalousement gardées par un aigle monstrueux, le cochon par Hercules lui-même, la lance par Cúchulainn, la tombe par Toth ou ses avatars. Il n'y a que pour l'épée qu'il ne nomme pas les gardiens à affronter. Visiblement, Oeming aime bien la mythologie et s'amuse avec. C'est visible dès la première épreuve quand il rappelle que les racines d'Yggdrasil sont rongées par un dragon, et qu'un aigle mâche son sommet, leur rencontre devant provoquer la fin du monde. Le lecteur retrouve la version Marvel d'Hercule, toujours sympathique et vantard, avec Dionysos dépassé par les événements, et une poignée de dieux pariant sur l'issue de l'affrontement. Il comprend facilement que Thor et ses amis passent dans la terre de Tír na nÓg, pour aller chercher la lance de Cúchulainn. Le scénariste intègre des éléments de mythologie qui dépasse les simples lieux communs habituels dans les comics. Ces épreuves sont rendues savoureuses par une mise en images qui allie les capacités descriptives de l'artiste avec une exagération qui sied bien aux aventures de dieux nordiques.



Scott Kolins se trouve donc entre ses deux phases professionnelles. Dès la scène d'ouverture, le lecteur est frappé par le niveau de détails, à commencer par le style des façades des immeubles, les briques, les fenêtres, les piliers. Même si de temps à autre, le dessinateur se focalise sur les personnages en plein combat, et laisse le coloriste remplir le fond de case, la fréquence de ce type de case est faible, et Wil Quintana s'acquitte très bien de sa tâche. Il utilise une palette de couleurs relativement claires, apportant une touche d'entrain à ces aventures, sans aller jusqu'à la joie. Il fait un usage modéré et pertinent de l'infinité d'effets spéciaux permis par l'infographie, en ajoutant des reliefs discrets par le jeu des nuances de couleurs, ainsi que des effets de lumière pour les superpouvoirs, comme la la tornade et les éclairs déchaînés par Thor. Le lecteur constate que Kolins met à profit les petits traits secs pour ajouter des plis, des marques d'usure et des textures dans les surfaces détourées par un trait de contour. Une fois passée la séquence sur Terre, l'artiste prend visiblement plaisir à donner voir les paysages de contes et légendes : la grande cour de justice avec le trône massif d'Odin, le tronc encore plus massif d'Yggdrasil et son feuillage généreux, une belle prairie en Olympe, ou encore le désert de sable autour du tombeau de Toth. Le lecteur prend pleinement conscience de la complémentarité du dessinateur et du coloriste lors du bref passage en Tír na nÓg, avec une magnifique herbe, et une couleur émeraude d'une rare justesse.



Au fur et à mesure des quêtes, il est visible que Kolins s'inspire de la source : Jack Kirby et les Contes d'Asgard. Il ne copie pas sa manière de dessiner, mais le lecteur retrouve un peu de l'exubérance de Kirby et de son énergie. De temps à autre, il peut déceler une autre influence fugace dans un personnage secondaire, par exemple celle de John Buscema dans une demoiselle de l'aéropage d'Hercules, ou de Barry Windsor Smith dans une autre. Le dessinateur sait donner vie et insuffler de l'énergie dans chaque séquence, avec des environnements bien établis et des personnages pleins d'énergie. Du coup, même si certains endroits manquent d'originalité dans l'idée, ils évitent de devenir générique, même quelque chose d'aussi bateau qu'un désert de sable. Le lecteur ressent du plaisir à découvrir des moments empreints de merveilleux : Thor parlant à un écureuil, Hercule enivré et entouré de demoiselles pas farouches, Volstagg avec la tête tranchée, ou encore une magnifique baleine en plongée vue du dessous. Michael Avon Oeming se fait également plaisir avec ces épreuves hautes en couleurs où les 4 héros doivent faire usage de leur force, mais aussi réfléchir pour trouver la bonne tactique. Comment séparer Hercule d'une rivière de vin ? Pas facile comme mission.



Le lecteur ne sait pas trop à quoi s'attendre en entamant cette histoire qui commence d'une manière très banale par un affrontement contre un supercriminel sur Terre. Il se dit que le bel exposé de Jane Foster ne sert qu'à remplir quelques cases, puis il entame enfin la partie intéressante. Scénariste et dessinateur sont sur la même longueur d'onde, avec le coloriste : un conte amusant et inventif, plus mythologique que superhéros, pour des épreuves hautes en couleurs, requérant plus que de la force et du courage pour réussir. En prime, la conclusion boucle avec le discours de Jane Foster, de manière pertinente, sans être forcée ou artificielle. Une histoire sympathique avec un entrain communicatif.
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Thor : Ragnarok

Ce tome fait suite à Thor: Gods & Men (épisodes 68 à 79), la fin des histoires écrites par Dan Jurgens qui avait relancé et écrit cette saison avec le premier épisode. Il n'est pas nécessaire de l'avoir lu. Celui-ci comprend les épisodes 80 à 85, initialement parus en 2004, coécrits par Michael Avon Oeming & Daniel Berman, dessinés et encrés par Andrea Divito, et mis en couleurs par Laura Villari. Il s'agit des derniers épisodes de cette saison de la série. Ils sont concomitant à Avengers Disassembled, mais sans lien direct.



À Nidavellier le pays des nains, Odin et ses frères Vali et Vi abattirent le géant Ymir qui donna naissance à l'univers. À partir de son corps, ils créèrent les cieux et la Terre. Son crâne devint le ciel, son cerveau les nuages, son sang les mers, ses cheveux les arbres, ses os les montagnes et les rochers.Odin insuffla la vie dans les asticots présents dans la chair en décomposition d'Ymir et leur donna de l'esprit et la forme des hommes : Brok, Buri et Ertri. Ils forgèrent une arme tellement puissante que le moule en est encore chaud de colère et de pouvoir. Ils durent le protéger car il était convoité par Loki. Puis Odin commanda une autre arme aux nains et Eitri forgea un marteau : Mjolnir. Eitri utilisa le cœur d'un soleil pour forger le moule du marteau et la force des coups pour le forger envoya des scories jusque sur la Terre provoquant l'extinction de plusieurs espèces. Odin lui-même utilisa le marteau pour tuer le géant Laufay qui menaçait de détruire Asgard. Beaucoup lus tard, il adopta Loki et eut un fils Thor, privilégiant régulièrement ce dernier. C'est à lui qu'il confia Mjolnir, générant ainsi une jalousie irrépressible chez Loki, devenant alors le fléau de Thor. Les nains durent également protéger le moule ayant servi pour forger Mjolnir qui finit englouti dans une rivière. Un jour alors qu'il scrutait les neuf mondes, Loki découvrit cette rivière bouillante et mis la main sur cette récompense inespérée.



Un mois plus tard, les nains et quelques asgardiens sont réunis à Mir Krul pour rendre hommage au défunt Eitri, Thor prononçant son eulogie, en présence de Hogun, Volstagg, Fandral, Balder, Sif, Amora et des valkyries. Soudain, des morceaux de plafond tombent sur l'assistance : Surtur est en train de forger une nouvelle arme avec le moule ayant servi pour Mjolnir. Thor s'élance dans les cieux pour intervenir, mais il retombe bien vite : un drakkar volant est apparu avec à son bord Loki, Ulik, Fenris et Hyrm. La bataille s'engage. Hoggun prend le corps inanimé d'Amora pour aller la mettre à l'abri. Uik s'élance sur Thor et le coup porté est d'une violence inouïe. Il a tout juste eu le temps d'écarter Sif hors de la trajectoire d'Ulik. Elle a quand même été touchée et son bras gauche a été sectionné. Balder s'empresse auprès d'elle pour lui porter secours. Thor se jette sur Ulik et Fenris, mais Hyrm se jette à son tour dans la bataille, tombant droit sur Thor. Il se produit un choc dégageant une énergie détruisant tous les alentours. Après quelques instants, Thor se relève au fond d'un immense cratère, mais Loki est indemne. Il le bombarde d'une énergie provenant d'un autre marteau, et son demi-frère se retrouve projeté au fond de la mer. Il va être englouti par un énorme serpent de mer, quand il reprend ses esprits, et utilise Mjolnir pour se rendre aux côtés des Avengers, afin de requérir leur aide.



Le titre original de cette histoire est Ragnarök : les coscénaristes promettent donc rien de moins qu'une fin du monde prophétique avec entre autres un hiver de trois ans sans soleil (Fimbulvetr), et une grande bataille sur la plaine de Vígríd. D'un autre côté, il s'agit d'un comics de superhéros Marvel, et le lecteur familier du personnage a déjà eu droit à quelques presque Ragnarök, revus et corrigés à la sauce de la mythologie Marvel. Quand il commence sa lecture, il constate que Thor porte toujours son costume moulant de superhéros et que les autres asgardiens (Balder, Amora, Sif, Loki) aussi. Thor va chercher l'aide de Captain America (Steve Rogers) et Iron Man (Tony Stark) qu'il ramène en Asgard, pour se battre avec usage du bouclier et des rayons destructeurs. Andrea Di Vito réalise des dessins dans un registre descriptif et réaliste très consensuel, avec plusieurs caractéristiques propres aux comics comme les musculatures impeccables, les costumes justes au corps, un intérêt tout relatif pour les décors en arrière-plan, et des combats physiques très spectaculaires, déconnectés de la réalité. La mise en couleurs de Laura Villari ancre également le récit dans le registre superhéros en rehaussant systématiquement le relief de toutes les surfaces détourées par un trait encrés, et en faisant un usage libéral des effets spéciaux pour les décharges d'énergie, mais aussi pour les flammes, les sources lumineuses intenses, et même la neige tant qu'on y est.



D'un autre côté, le récit commence avec un prologue de 6 pages, retraçant la création de la Terre, de Mjolnir, avec des cellules de texte posées sur des illustrations, et une approche de la mythologie plus rigoureuse que d'habitude, éloignée des poncifs américanisés, et plus fidèle aux légendes. Captain America et Iron Man ne restent pas bien longtemps dans le récit, et même un autre porteur de marteau ayant un temps remplacé Thor (Odinson) est renvoyé chez lui parce que le récit concerne avant tout les asgardiens et les neuf mondes, plutôt que l'univers partagé Marvel. Oeming & Berman s'acquittent de leur obligation de rattacher leur récit audit univers partagé Marvel, mais ils auraient très bien pu ne pas le faire sans changer le cours de leur histoire. Très vite, il se produit des événements qui sortent de l'ordinaire du train-train des superhéros : Sif perd un bras, Volstagg perd sa bonne humeur et son embonpoint et ce n'est que le début. En plus, il ne se produit pas de retour à la normale. Finalement, peut-être que les co-auteurs ne plaisantent pas avec le titre Ragnarök. Surtur est bien de la partie. Loki parvient à se hisser à une position de pouvoir durable. Le bras de Sif ne repousse pas. Le conflit prend une ampleur encore plus grande avec l'apparition de Ceux qui siègent dans les Ténèbres, les dieux des dieux.



Si la narration visuelle continue de rester dans un registre descriptif très pragmatique, l'artiste représente un monde très cohérent, avec ces personnages bizarrement habillés et ces paysages passant de zones naturelles à des cités entre moyen-âge et science-fiction. Le lecteur finit par s'habituer à l'apparence d'Ulik et Fenris, un peu supercriminels sur les bords, avec Fenris en loup garou pas très crédible. Ils cohabitent plutôt bien avec les géants habillés uniquement d'un pagne, avec les démons cornus, les boucs Toothgansher et Toothgrinder, l'écureuil Rattatosk, Mangog, et les autres. C'est vrai que cette mythologie nordique comporte beaucoup de créatures disparates et que les dessins de Di Vito les font cohabiter sans heurt. Certes, le dessinateur se repose sur les compléments du coloriste sous forme d'effets spéciaux ou de camaïeux pour nourrir ses cases. Il n'empêche qu'il investit du temps pour représenter les décors remarquables : pont en pierre au mince tablier, drakkar volant, immeuble en flammes, forêt de troncs calcinés, Asgard en ruine, statues monumentales à terre, forteresse dans les monts enneigés. Oui, le lecteur aurait bien aimé que Di Vito lui en donne plus à voir que ce soient les espaces naturels d'Asgard ou le royaume souterrain de Hel. Mais Laura Villari parvient à faire oublier l'absence de décor la plupart du temps.



Au bout de deux épisodes, le lecteur a bien pris conscience qu'il découvre une aventure de Thor qui s'écarte du schéma habituel : les signes d'une fin des temps continuent de survenir, et Thor ne peut rien y faire. Il se dit que tout ça va donc déboucher sur un affrontement physique dantesque dont le héros sortira vainqueur grâce à sa force et sa volonté indomptable, ou par un événement extérieur que le méchant n'avait pas pris en compte. En filigrane, il voit bien que les événements emmènent Thor dans un chemin qu'il n'a jamais emprunté, l'amenant à remettre en question une partie des ingrédients immuables de sa série : les intentions réelles de son père, le rôle de Ceux qui siègent dans les Ténèbres, la relativité de l'immortalité des asgardiens. En outre, il a plus besoin de nouvelles connaissances pour vaincre, que de plus de puissance physique. Voilà qui change de l'ordinaire. Le récit entraîne donc ainsi le lecteur vers des territoires vierges pour le superhéros Thor, et vers une réflexion sur la nature des légendes, et par extension sur la pérennité des superhéros.



Le lecteur vient pour une histoire de plus de Thor, dont le titre promet un affrontement final titanesque, mais sans penser un seul instant qu'une fin du monde pérenne puisse se produire. Il est conforté dans cette idée par les dessins appliquées d'Andrea Di Vito, dans un esprit très superhéros. Il constate pourtant que le récit prend une direction inhabituelle, avec des événements troublants. Effectivement l'intention et l'ambition de Michael Avon Oeming & Daniel Berman ne sont pas d'écrire un récit de superhéros, ou même un récit de Thor à la sauce Marvel, mais bel et bien un conte abordant la notion de changement de manière dramatique.
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Thor : Ragnarok

Ah j'attendais ces épisodes.



Ragnarok représentant un élément essentiel de la mythologie scandinave, il fallait quand même bien que Marvel s'en empare.

Ce n'est pas la première fois, d'ailleurs. Il me souvient d'un rapide épisode de l'époque John Buscema (dessinateur) qui l'évoque. Mais ici, Marvel, au travers de Michael Avon Oeming et Andrea di Vito, se l'approprie, le malaxe et en font autre chose.



La plupart des personnages du drame de la fin des dieux sont là : Thor, Loki, son fils le loup Fenris, et Surtur. Et la fin est effectivement en route, il meurt une star de l'entourage de Thor par page.

Mais Ragnarok est avant tout un passage de cycles, le franchissement de la ligne de changement de date. Tout est détruit pour renaître une nouvelle fois.

L'histoire conte la fin, la résistance de Thor et, finalement… cherche les dessous de cette éternelle destruction-renaissance. Thor doit acquérir une sagesse au-delà du sublime, faire son Siddhartha Gautama et casser le cycle des réincarnations.



L'histoire est contée avec un lyrisme tragique, comme il convient à ce genre d'épopée. le dessin est à la hauteur de la saga. Seules les étapes d'accession à cette fameuse sagesse m'échappent un peu, mais je suis peu sensible au mysticisme. Mais dans l'ensemble, j'ai retrouvé le plaisir des meilleurs arcs mythologiques de ce comics, du temps De Lee, Kirby et Buscema.



Ne croyez pas en revanche que l'histoire se rapproche du film Thor – Ragnarok. Ce dernier, très drôle au demeurant (je m'éclate de le regarder), ne conserve que peu de choses du mythe originel.

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United States vs. Murder, Inc., tome 1

Ce tome fait suite à The United States of Murder Inc. Vol. 1: Truth (épisodes 1 à 6) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les 6 épisodes de la deuxième saison, initialement publiés en 2018/2019, écrits par Brian Michael Bendis, dessinés et encrés par Michael Avon Oeming, avec une mise en couleurs réalisée par Taki Soma. Oeming a réalisé les couvertures originales. Ce tome comprend également une couverture variante réalisée par David Mack, ainsi que 7 pages de recherches graphiques d'Oeming.



Un homme chute depuis un étage élevé d'un immeuble : le père de Jagger Rose vient d'être défenestré par un assassin. Il constate que sa vie ne défile pas devant ses yeux. Peut-être espère-t-il qu'un souffle de vent le pousse vers une fenêtre ? Ou peut-être pense-t-il à sa fille ? Toujours est-il qu'il s'écrase plusieurs dizaines d'étages plus bas, son corps explosant sous l'effet de l'impact. Il y a 11 ans, oncle Jack (un tueur de la famille Bonavese) vient chercher sa nièce Jagger Rose dans sa classe à l'école. Il l'emmène dans un des repères de la famille Bonavese. Il lui explique que l'individu ligoté sur une chaise est l'homme qui a assassiné son père. Il est déjà un peu amoché, et sur une petite table devant lui se trouvent un couteau, une grosse paire de ciseaux et un tournevis. Il lui explique d'une voie douce et posée qu'il s'agit d'une tradition de la famille, que lui-même a achevé l'assassin de son père alors qu'il avait 17 ans. Il continue : il s'agit d'un moment décisif car si elle n'a pas le courage de l'attaquer maintenant, elle ne l'aura jamais. Il est en train de parler quand elle s'élance en avant, se saisit du couteau et dans le même mouvement le plante sauvagement dans l'œil gauche de l'individu ligoté. Oncle Jack est obligé de la saisir pour la détacher de l'assassin et pour la calmer. L'éducation de Jagger par Jack peut commencer.



À New York, au temps présent, Jagger Rose et Valentine Gallo se retrouvent et échangent quelques mots, se demandant ce qu'ils vont devenir. Le temps est venu pour la présidente Erica Sanchez de prononcer un discours, suite aux agents du FBI assassinés et mis en croix au pied des marches du Capitol. Elle déclare d'un ton ferme et assuré qu'en tant que présidente des États-Unis elle estime que ces meurtres constituent une déclaration de guerre. Quelques temps plus tard, Don Bonavese s'adresse aux membres les plus influents de la famille, rassemblés dans leur quartier général à Pier Park, dans le New Jersey. Il brandit le petit insigne métallique de la famille (un couteau) en parlant des valeurs de la famille. Il demande à Tommy un enfant de 6 ans présent dans l'assistance, ce que ce symbole signifie pour lui : il répond par le mot Loyauté. Le service de sécurité a été organisé par Jagger Rose. À l'extérieur, elle supervise une flotte de drones qui quadrillent l'espace aérien. Valentine Gallo se tient à ses côtés, observant comment elle s'y prend tout en écoutant les paroles du Don. D'un seul coup, tous les drones tombent au sol.



Dans le premier tome, Brian Michael Bendis avait proposé une Histoire alternative au cours de laquelle le crime organisé avait réussi à supplanter le gouvernement dans plusieurs états dont celui de New York. Le titre de ce deuxième tome annonce que l'équilibre des pouvoirs est remis en cause. Mais avant de plonger dans cette opposition, les auteurs consacrent les 2 premiers épisodes à l'histoire personnelle de Jagger Rose. Le lecteur se doute bien qu'elle n'a pas mené une vie tranquille pour devenir la tueuse émérite de la famille Bonavese. D'entrée de jeu, Bendis ne fait pas semblant avec un assassinat sur 5 pages, et Oeming se montre à la hauteur. Il réalise toujours des dessins aux pourtours à la fois simplifiés comme pour un dessin animé tout public, à la fois un peu grossiers comme esquissés par moment. L'épisode s'ouvre avec un dessin en pleine page, donnant la sensation au lecteur de se pencher par la fenêtre juste après voir poussé Mister Rose dans le vide et le regarder tomber. Dans les 2 pages suivantes, le dessinateur a opté pour 2 cases verticales par page, accompagnant la victime dans sa chute, jusqu'aux deux pages suivantes avec un dessin en double page montrant le moment de l'impact avec le corps fracassant le capot d'une voiture, le parebrise qui éclate, la peau qui explose sous la force du choc libérant les entrailles, et les façades des immeubles dans une contreplongée inclinée.



Cette première séquence remet tout de suite en tête la force de la narration visuelle de Michael Avon Oeming. En surface, les aplats de noirs fluides et massifs apportent une solide consistance à chaque page, à chaque élément, et confèrent un aspect tranché entre ces zones impénétrables et les éléments qui s'en détachent. Cet effet esthétique s'avère très séduisant donnant une sensation de lecture facile et immédiate, une apparence visuelle tout public à la gratification instantanée. Taki Soma utilise une palette de couleurs pop des années 1970, flirtant avec le psychédélisme, ajoutant encore à l'immédiateté du plaisir de lecture. Très rapidement, le lecteur se rend compte que cette accessibilité n'est en rien synonyme de simplisme ou d'économie pour dessiner. Il constate que les compositions de pages et les prises de vue sont très inventives, à l'opposé d'une grille paresseusement reproduite de page en page. Lorsque Jagger Rose se bat contre un grand balèze, les cases s'inclinent sous l'effet de la force des coups, jusqu'à décrire un arc de cercle. Lorsque Jagger et Valentine ont une conversation en tête à tête, les cases se rétrécissent pour rendre compte de l'intimité née de la familiarité. Lorsque Gallo et Bonavese se trouvent dans une suite dans un immeuble de Tokoy, les cases sont de la largeur de la page, montrant le reflet des immeubles sur la baie vitrée et les silhouettes des 2 personnages derrière. Lorsque Gallo et Rose s'enfuient dans les ruelles de Tokyo le fond de la page devient un labyrinthe pour montrer qu'ils progressent dans un dédale. Lorsque le président Gary Gordon effectue sa déclaration fracassante, la narration visuelle prend la forme de cases de la largeur des 2 pages en vis à vis, à raison de 2 cases par double page.



Le principe de simplification des personnages permet au lecteur de plus facilement se projeter en eux, et à l'artiste d'exagérer leurs expressions. Cela offre également d'autres possibilités que l'artiste utilise avec un savoir-faire consommé. Le lecteur ressent toute la rage irraisonnée de la fillette (Jagger) qui se jette sauvagement sur l'assassin de son père sans aucune retenue, de façon primale. Cette scène échappe à tout cliché grâce à sa force crue. Il en va de même quand elle affronte le colosse quelques années plus tard. Oeming se montre tout aussi convaincant dans les moments plus intimistes, par exemple quand Valentine Gallo tient la main de sa mère à l'hôpital, alors qu'elle ne peut toujours pas sortir de son lit. Le lecteur peut voir la sollicitude du fils pour sa mère, ainsi qu'une sensation diffuse de malaise qui trouve son explication à la fin de la séquence. Bien sûr le lecteur remarque beaucoup plus facilement les qualités de la narration visuelle lors des scènes énormes. Un assassin doit abattre une femme politique importante : elle se trouve dans une suite d'hôtel en train de se faire faire une gâterie par un de ses gardes du corps. À l'évidence, Bendis s'est fait plaisir dans la provocation, et Oeming s'amuse bien à mettre ça en scène avec une rigueur épatante, tout en retenue. Le lecteur n'est pas près d'oublier cette prise de vue qui n'a rien de pornographique ou d'érotique, ce qui ne la rend que plus efficace.



Une fois qu'il a donné une histoire personnelle à Jagger Rose, Brian Michael Bendis reprend le cours de son intrigue principal et tient les promesses du titre. L'assassinat à la bombe d'un sénateur dans le premier tome a détruit l'équilibre précaire entre les pouvoirs (les États-Unis d'un côté, Murder Inc. de l'autre). Le lecteur un peu habitué se dit que le scénariste va tirer profit de la situation qu'il a créée : l'enjeu de la série va être cet affrontement entre le gouvernement élu et les Familles du crime organisé. Alors qu'on peut reprocher à Bendis d'être un peu tiède dans ses séries de superhéros pour Marvel ou pour DC Comics, quand il écrit ses séries personnelles, il va de l'avant. Le lecteur découvre qu'il est hors de question de jouer le jeu des oscillations autour d'un statu quo vers lequel on revient toujours. Ce n'est pas une guerre froide entre les États-Unis démocratiques et Murder Inc. : c'est une guerre ouverte. Le lecteur a peine à croire à l'ampleur des changements qui interviennent, tout en se disant qu'il s'agit de 2 superpuissances entrant en guerre. Il sourit en se rendant compte que Brian Michael Bendis bouscule la sensation d'immuabilité des États-Unis. En effet, l'idée de plusieurs états sous la mainmise du crime organisé n'est pas si délirante que ça, et même plausible. En effet, l'idée d'une femme présidente aussi dominante qu'un homme fait sens. Effectivement un fils (Valentine) peut juger durement les choix de sa mère (Madonna), jusqu'à estimer qu'elle n'est pas une personne à admirer. Brian Michael Bendis n'a rien perdu de son mordant, de sa verve, de sa capacité à concevoir et à mettre en œuvre des situations choc et choquantes qui font sens et qui décoiffent.



En ayant entamé cette série, le lecteur avait croisé les doigts pour retrouver la verve du duo Oeming/Bendis des débuts de leur série Powers. Le premier tome l'avait plutôt rassuré sur l'adresse graphique du dessinateur, et sur la capacité du scénariste à dérouler une trame rapide et rentre-dedans. Ce deuxième tome confirme ce bon départ, et va beaucoup plus loin que le premier tome, comme si ce dernier n'avait été qu'un tour de chauffe. Michael Avon Oeming épate toujours autant par ses dessins à la lisibilité facile, par ses mises en scène sophistiquées, et par une forme de ton pince-sans-rire qui montre qu'il s'amuse bien. Brian Michael Bendis surprend le lecteur qui a suivi sa carrière chez DC et Marvel, en revenant à une écriture adulte, en fouaillant sans pitié des recoins de la société, en révélant les ténèbres sous le vernis de la civilisation. Il a imaginé une situation dans laquelle des états des États-Unis sont en guerre en eux, une guerre au sein du pays, pas très éloignée des formes d'affrontement entre groupes de pression ou factions politiques sur le terrain.
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