Elle était presque à sec, et était responsable de l’espèce de manège vertigineux qui n’arrêtait pas de tourner dans sa tête où les idées se chevauchaient les unes les autres, sans qu’il pût arriver à en fixer une seule. D’ordinaire, l’alcool lui procurait une sensation agréable que, pour l’heure, il ne ressentait pas du tout. Et dans sa soulographie, il était froissé de se voir ainsi avachi.
Longtemps elle admira dans le miroir en pied son corps nu sur lequel elle éprouvait un vif plaisir à promener ses longs doigts effilés. Ses propres caresses sur sa peau si douce, lui faisaient infiniment plus d’effet que celles que pouvait lui prodiguer son mari. C’était au point que, pourtant mariée depuis deux ans, elle se considérait comme toujours vierge. Elle éteignit la lumière de la salle de bains et revint dans sa chambre. Revêtue de sa seule beauté, elle continua à flâner encore pendant quelques instants et se décida enfin à se coucher. Le contact des draps frais sur sa peau la fit frissonner agréablement ; elle n’avait jamais pu s’habituer à porter la moindre chemise de nuit pour dormir.
Elle avait horreur des mouvements affectueux de son mari, car il appartenait à cette catégorie de gens qui mélangent les sentiments avec les leçons de morale.