Michel Morange

Cet ouvrage et né d'une intention de couvrir toute l'histoire de la biologie, ce qu'aucun auteur n'avait tenté jusqu'à maintenant.

Résultat un peu indigeste et très difficile à mémoriser.  Le style n'est pas en cause, il est plutôt fluide et destiné aux non spécialistes. Même si il y a en fin de chaque chapitre une mise en perspective, le déroulement est chronologique et ça manque d'une organisation pédagogique qui pourrait rendre le sujet beaucoup plus agréable à lire et facile à retenir (schémas, organigrammes). il manque peut etre un fil rouge, un résumé par chapitre ou sous-chapitre, des notes plus consistantes, quelque chose qui ancre le lecteur et l'aide à retenir quelques idées forces.

Cela dit on peut retenir beaucoup de choses intéressantes ;  par exemple :de nombreux chercheurs ont permis des découvertes que d'autres après eux ont développées et popularisé (On pense à Pasteur, qui a éclipsé tous ses prédécesseurs), l'approche philosophique est encore plus prégnante en biologie que pour les autres sciences, le lien entre les autres sciences et la biologie... mais c'est peu par rapport à la somme d'information que ce livre contient

Guidés par l'idée des sciences parties intégrantes de la culture dans l'absolu mais dont cette place n'est pas si évidente de fait, les auteurs -rattachés à L Union Rationaliste- proposent un document dont l'objectif est d'associer formalisation des champs scientifiques et accessibilité. Cela me rappelle en partie l'idéal bourbakiste dans sa beauté mais aussi dans certains de ses écueils.

Ce choix de travailler le texte afin de le rendre accessible dès le collège porte ses fruits à différentes occasions. De plus la structuration de la 2ème partie rappelle un documentaire jeunesse dont j'apprécie beaucoup la forme: Les maths qui tuent de Kjartan Poskitt. Les courts paragraphes sont en effet suivis par des liens qui renvoient à d'autres paragraphes. Le lecteur peut dès lors avoir une lecture non linéaire et mieux percevoir les relations et interactions entre les différents champs des sciences.

Là où pour moi le bas blesse est qu'en voulant favoriser une culture scientifique commune sur les bases solides actuelles, l'ouvrage finit par donner une image un peu trop figée des sciences.

Amateur de biologie, j’achète régulièrement des livres sur diverses thématiques de ce vaste sujet. En me promenant dans les rayons de mon bibliothécaire préféré, j’ai tout de suite été attiré par le titre de ce livre fort en promesse. Je me suis rapidement plongé dedans. A la fin de la lecture, je ne dirais pas qu’il a répondu à mes attentes, mais je suis obligé de reconnaître qu’il m’a ouvert l’esprit sur des points important de la recherche en biologie.

« Les secrets du vivant » est un essai très intéressant sur l’essence même de « l’explication », en tant qu’aboutissement d’une recherche scientifique. Michel Morange déroule ainsi un fil de pensée en commençant par définir les notions en jeu. C’est alors que nous mesurons toute la portée et la richesse à laquelle une explication peut prétendre. Ensuite, il montre la coexistence de trois types d’explications qu’il est nécessaire de correctement articuler : mécaniste, darwinien et non-causal. La dernière partie est beaucoup plus ouverte, l’auteur montre notamment la nécessité de pluridisciplinarité, de rigueur dans les recherches et la présentation des travaux.

Ce livre s’adresse principalement aux chercheurs en biologie ou encore aux personnes qui côtoient ce milieu, ce qui n’ai pas mon cas. De ce fait, certains passages m’ont paru longs et sans intérêt pour moi. Cependant, la lecture ne fût pas désagréable pour autant. Tout au long du livre, l’auteur illustre ses propos par des exemples de découvertes en biologie très bien choisis. Les explications sont claires et accessibles à tous. Cette présentation change des thèmes régulièrement évoqués en biologie et fait ainsi découvrir des recherches et résultats moins connus. En dépit de cela, je persiste à dire que le titre du livre est quelque peu trompeur sur son contenu.

J'ai fait cet exercice de relecture à 20 ans d'intervalle -> curieuse de comparer mes annotations avec cette actualisation

Une autre biographie de Pasteur direz-vous, mais celle-ci très documentée tout en restant très lisible restitue bien toute la vie et oeuvre multiple de Pasteur dans le contexte du 19e siècle, ses doutes, son obstination algrè la maladie, ses erreurs, ses victoires. La vie d'un chercheur travailleur et intuitif. Ni hagiographique ni critique anachronique, un must !

De façon surprenante, Louis Pasteur est le premier scientifique invité dans la collection éclectique Biographies-Gallimard, qui compte une quarantaine de volumes et dont nous nous souvenons du remarquable André Breton de Mark Polizzotti.

Les scientifiques sont toujours discrets sur leur vie privée mais il est évident que leurs travaux s’insèrent dans un entrelacs familial, amical et politique. C’est le cas pour Pasteur. Cependant, on nous accordera que nous pisterons en priorité son cheminement intellectuel pour admirer l’implacable détermination volitive de son raisonnement logique face aux résistances archaïsantes.

D’emblée, Michel Morange, en historien aguerri de la biologie, se plonge dans les cahiers de laboratoire du jeune Pasteur et les met en relation avec les cahiers des cours donnés aux étudiants Lillois. Au sujet de la fermentation, ces cahiers « révèlent une recherche de nature exploratoire ». (p. 88) Une recherche… exploratoire, l’expression peut paraître un pléonasme. Mais ce que signifie Morange, c’est que Pasteur, littéralement ébloui par ce qu’il constate dans les éprouvettes, veut absolument relier les divers phénomènes : « Pasteur poursuit trois objectifs en parallèle : trouver les conditions optimales pour les différentes fermentations ; caractériser les produits formés ; observer au microscope les « êtres grouillants » que l’on trouve dans le milieu et tenter de déterminer leur rôle dans le processus. » (p. 92)

On lira avec délectation la narration proposée de cette recherche obstinée par un chimiste de trente cinq ans. Morange va jusqu’à parler de « révolution copernicienne opéré par Pasteur : la mise au premier plan d’un domaine du vivant jusque-là peu exploré » (p. 95) ( En 1857, Pasteur affirme que la fermentation résulte de l’action de « corps organisés micodermiques », d’un « phénomène vital » et d’une « organisation de globules » ). Ce ne sera qu’en mars 1878 que le chirurgien C. Sédillot, listant les nombreux synonymes qui dénomment les « organismes microscopiques », proposera le néologisme « microbe » .

Maladies des vins, du ver à soie, des poules, des moutons, nous ne dévoilerons pas les péripéties pasteuriennes, entre intuitions audacieuses, polémiques perpétuelles, soutiens amicaux, concurrences soudaines, perspicacité des collaborateurs, lutte pour les financements et « rage» de vaincre.

Après s’être échiné à démontrer que l’hypothèse de la « génération spontanée » est chimérique – car certains pensaient encore que les microbes peuvent renaître à partir des restes moléculaires – Pasteur, âgé de 45 ans, subit une attaque d’apoplexie dont il gardera toute sa vie une paralysie partielle du bras gauche qui l’empêche de se servir de sa main. Vient alors le « temps du doute » après la guerre de 1870 et jusqu’en 1876, malgré les honneurs : « L’idée de retraite virait à l’obsession : le temps était-il venu d’abandonner la bataille scientifique et de se contenter de donner des conseils aux jeunes savants ? » (p. 207)

Soudain, un article de Robert Koch provoque une réorientation des recherches aboutissant quelques années plus tard à l’invention des vaccins par atténuation de la virulence des germes.

Michel Morange explique en épilogue qu’il a tenté de raconter le « vrai » Pasteur. Un vrai roman !

Pourquoi faire une histoire des sciences ?



C’est une très bonne question et je trouve que l’auteur apporte des réponses très intelligentes. Il est vrai qu’au premier abord, Histoire et Science peuvent avoir parfois du mal à s’allier. Pourtant, comme le dit l’auteur, c’est essentiel. Et c’est dommage que l’histoire des sciences ne soit pas plus enseignée dans les universités (et pourquoi pas un peu dans les lycées). Après tout, comme le dit l’auteur, les étudiants en art passent forcément par l’histoire de l’art ; de même que j’ai eu des cours de l’histoire de l’archéologie.

Je sais que ma sœur, ornithologue, a souvent remarqué le manque de connaissance historique de sa matière chez elle ou encore chez certains collègues.



Ceci dit, j’ai trouvé le livre parfois difficile d’accès. Quand l’auteur est dans « le général », il n’y a pas trop de soucis de lecture bien qu’il faille avoir quelques notions scientifiques et de philo. Mais dès que l’on rentre dans les exemples, là c’est fini. Un non scientifique comme moi n’y comprend plus rien. Perso, je suis parfois arrivée à faire abstraction de certaines choses et ainsi j’ai pu comprendre là où l’auteur voulait en venir. Mais la vache, ce n’est pas toujours évident.



J’ai trouvé ce petit livre très intéressant même si je ne suis pas le public visé : scientifique dans les « sciences dures » (biologie, chimie, physique…), je dirais (l’Histoire et l’Archéologie sont des sciences elles aussi).

Je pense donc qu’il n’est pas vraiment conseiller pour les gens qui n’appartiendraient pas à ces filières et qui ne seraient pas intéressés par ce sujet.

Un petit livre intéressant qui est la retranscription d’une conférence. Comme je m’intéresse de plus en plus à l’histoire des sciences, je trouvais que la question de l’utilité pouvait être instructive. Je pense qu’il va me falloir un moment pour intégrer un peu le message et la réflexion de la conférence, car je ne l’ai pas trouvé très facile d’accès. Le reproche que je ferai, c’est qu’on à une conférence faite par « un littéraire » (bien que scientifique aussi), et que si, comme moi, on est néophyte en histoire et surtout philosophie, il y a des concepts qui m’échappe. C’est dommage.



Pour un public déjà un peu expérimenter sur ce genre de questionnement.