Citations de Michel Torrekens (72)
Personne, disent les indigènes, ne devrait avoir faim quand les autres ont de quoi manger.
Ah si on pouvait s'endormir chaque soir sans regret, ni remords.
Tout part de la même envie : l'instinct de survie, le dur désir d'exister contre vents et marées, de se prolonger, de donner une suite à un bout d'histoire, aussi court soit-il.
La nature, pourtant polluée et confinée, rappelle son omniprésence, même là où les hommes se sont entassés et se sont avancés sur les plages de grand renfort de béton.
J’ai vu beaucoup de personnes mourir, et pas mal, plus jeunes que moi. Longtemps, j’ai trouvé cela injuste, un scandale injustifiable. Passé un certain âge, on a accumulé un sacré lot de morts derrière soi. On finirait presque par s’y habituer. Aujourd’hui, je ne supporterais plus le décès d’un plus jeune. J’aurais l’impression de recevoir une gifle. Plus le temps de faire un deuil. Incapable de renouer avec une raison de vivre.
http://lesplaisirsdemarcpage.skynetblogs.be/archive/2016/09/22/roulades-litteraires-corsees-une-rencontre-avec-michel-torr-8651536.html
Dix fois, onze fois, je devrai lui rappeler que je suis son fils, "je zon", ce fils qu'il a nié, renié, oublié. oublié toute sa vie et oublié définitivement depuis que la maladie a irradié son cerveau.
Fuir les humains, ne m'empêche pas de les aimer.
Serait-ce cela vivre, grandir ? Infliger des défaites à l'autre sans vraiment les avoir souhaitées ?
J'ai toujours joué contre lui pour être avec lui. Peut-être que ceci s'achève.
Pourtant, je ne me suis jamais senti l'égal de mon père que sur cette surface de terre battue, orangée, où il voit en moi un adversaire digne de lui. Là où la brique pilée n'a pas été trop remuée, apparaissent nos traces de pas. mes empreintes ressemblent de plus en plus aux siennes.
Parfois, on traîne tellement à dire une vérité qu'on finit par la taire. C'est ce qui nous est arrivé.
Tous ces points blancs et noirs formaient une nuit étoilée où se dessinait une constellation à laquelle il se sentait lié, à laquelle il allait consacrer désormais sa vie.
Le visible et l'invisible appartenaient à cet homme, capable de transformer la banalité en rêve, de m'ouvrir à des émotions insoupçonnées.
Les sentiments sont bien plus forts que les décisions de justice.
Faire et défaire et refaire, c'est toujours vivre.
Je prends conscience pour la première fois qu'un de mes enfants va vivre quelque chose d'important et que je pourrais ne plus être là. Etre là, tout simplement.
Tu as fait tout ce que tu as pu, c'est évident. Mais il faut croire que cela ne suffit toujours. La vie serait trop simple sinon. Il y aurait bien un mode d'emploi et on se bornerait à le suivre.
Il y a finalement peu de personnes qui ont traversé l'existence à mes côtés.
Elle a débroussaillé des sentiers que la nature avait ensevelis et leur a rendu leur raison d'être.