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EAN : 9782914773485
144 pages
Zellige (04/10/2012)
4.48/5   20 notes
Résumé :
Comment vivre dans un espace de quelques mètres carrés ? Son confinement conduit Monsieur Jean à retrouver des petits bonheurs oubliés: le toucher d'une peau aimée, la saveur d'un verre d'eau, l'odeur de l'herbe coupée, la vision fugitive d'un vol de martinets ...

Et puis il y a Axelle, encore alerte, elle, et qui lui rapporte tous les petits potins et événements qui agitent la résidence. Car il refuse de rencontrer les autres pensionnaires, et surtou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Monsieur Jean regarde par delà sa fenêtre le printemps habiller la nature, il aime le melon de Cavaillon pour son joli nom et parce qu'il parfume délicieusement sa chambre. Monsieur Jean attend gentiment la toilette du matin car c'est à peu près la seule visite qu'il reçoit de ses journées. Monsieur Jean est veuf. Depuis près de cinquante ans. « Il y en a qui fêtent leurs noces d'or, avec photo dans la presse locale et bouquet des élus locaux. Moi, je suis un veuf d'or mais ça ne m'a rien rapporté ».
Il aime aussi relire les jolies lettres de son épouse. La belle Hélène était une femme dévouée aux autres, qui voyageait beaucoup pour se rendre utile, pour apporter un peu de bonheur aux plus démunis.

Monsieur Jean a encore toute sa tête. C'est son corps qui ne veut plus. Il perd chaque jour un peu de son autonomie et de ce fait, un peu de sa dignité. Il croupit avec d'autres dans une maison de retraite où certains poussent des cris de gémissement à fendre l'âme.

Monsieur Jean, il n'est pas bien méchant. Il attend que vienne son tour pour l'après. Il ne voudrait pas qu'un jeune s'en aille avant lui, ça lui ferait trop mal.

En attendant, Monsieur Jean se remplit de petits plaisirs gratuits, de doux souvenirs et du peu que l'un ou l'autre accepte de lui offrir, un regard, un sourire, un brin de causette, c'est déjà ça, c'est mieux que rien, ça fait passer le temps, ça l'embellit même un peu. Tout ça, c'est le géranium de Monsieur Jean.

C'est un récit intime, pudique, une parole donnée à un vieux en mal d'amour, en mal de vie, une parole pour une minute de plus dans ce long couloir qui un jour, trouvera sa lumière et son repos éternel.

Un récit qui en écho rappelle que le temps passe très vite, ne revient plus et qu'il sera un jour trop tard pour dire à « nos vieux » combien on les aime.
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Il est de ces personnes qui vivent leurs derniers jours, leurs derniers mois, dans la haine. Il en est qui se laissent aller, dégoûtés de tout, à quoi bon ? Il en est aussi qui acceptent, admettent et vivent.
Monsieur Jean fait partie de cette dernière catégorie.

Monsieur Jean est enfermé dans son corps. Il ne peut presque plus bouger, parle et déglutit avec difficulté, est incontinent. Dans sa chambre de la maison de repos (ah, l'ironie de ce mot...) où il reste cloitré et refuse tout contact avec les autres pensionnaires lors « d'activités » organisées par les soignants, Monsieur Jean vit. Oui, il vit !

Avec une tendresse infinie et une franchise déconcertante, Monsieur Jean se remémore ses êtres chers : ses parents, à qui il s'adresse souvent en regardant leur photo accrochée au mur, sa femme, morte il y a de cela 50 ans, sa soeur, elle aussi prisonnière de son corps, mais pensionnaire d'une autre maison, qu'il ne reverra plus.
Mais Monsieur Jean est bien ancré dans le présent. Ses enfants, ses grands enfants adultes, ne cessent d'occuper son esprit. Il est heureux quand ils viennent, il se tracasse pour sa fille cadette, surtout, très fermée, très obscure. Il écoute avec une résignation amusée les derniers potins de son ancien amour de jeunesse, Axelle, qui par un caprice du sort, se retrouve dans le même endroit.

Il plonge son regard dans les yeux de ses parents, il caresse du regard les dernières lettres de sa femme.
Il goûte avec volupté le bleu du ciel, ses nuages changeants, ses oiseaux turbulents.
Il jouit de la fraicheur d'une gorgée d'eau, d'un légume dont il retrouve la saveur.
Il s'imprègne de la fragilité du géranium posé sur sa fenêtre.

Monsieur Jean est nostalgique mais serein. Il accepte.
Et moi, je suis émue. Car je pense à mes « vieux » parents, qui sont encore là. Et je me dis que je les aime, et que c'est difficile de leur dire. Et que pourtant il faut leur dire. Leur vie n'a pas été vaine. Comme celle de monsieur Jean, elle est lourde de tous ces petits faits qui permettent d'avancer.
Vers la sagesse ? Oui, pourquoi pas...
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Merci à celui ou à celle qui a déposé ce livre sur le comptoir de ma boulangerie afin qu'il continue sa route . Quel bonheur de lecture !
Un vieil homme se retrouve dans une maison médicalisée. Peu à peu sa mobilité s'est réduite, sa dépendance est devenue inéluctable; même s'il a essayé de se rebeller il lui a bien fallu admettre l'évidence. Quelques mètres carrés, les visites de ses enfants, la gentillesse du personnel soignant, les visites d'Axelle, son amie de jeunesse, elle aussi pensionnaire dans la même résidence et puis son plant de géranium si précieux,vital dirais-je. Comment arriver à survivre malgré douleurs et découragement? Les souvenirs bien sûr, ses parents, son épouse Hélène trop tôt disparue et cette volonté impérative : surtout ne pas partir avant d'avoir pu "parler" avec tous ses enfants.
Pudeur, simplicité, absence de tout pathos sont les principales qualités de ce court récit qui a trouvé en moi un écho bouleversant. Bouleversée certes mais heureuse ,Merci Monsieur Torrekens pour ce cadeau .
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Cela fait un mois maintenant que Monsieur Jean a intégré une chambre dans une maison de retraite, Il n'a plus envie de sortir de sa chambre. Si déjà il est là, autant y rester. C'est son dernier sursaut d'intégrité.

Il faut dire que Monsieur Jean n'a plus la possibilité de se mouvoir comme il veut. Peu à peu, son corps le lâche, organe après organe. Sans compter la souffrance. Mais loin d'être larmoyant, il trouve du réconfort dans ses pensées intimes. Tout prend une dimension plus intense, une saveur plus vive. Même l'eau : « …Il y a aussi plusieurs façons de goûter l'eau, je m'y exerce avec un plaisir enfantin. L'eau qui n'était pour moi qu'une boisson d'appoint, diététique sans plus, a pris une place considérable dans mon quotidien. J'aime la boire à petites gorgées, goutte à goutte presque, en appréciant chaque point de contact entre ma peau et le liquide. Elle forme un filet qui glisse dans la bouche, tourne autour de la langue, puis disparaît dans les profondeurs insondables de mon organisme. A d'autres moments, je m'en emplis la bouche, mâche dans cette masse aqueuse, mords à petits coups dans la boule liquide. Elle devient une grosse vague, et quand j'en suis bien imprégné, je la laisse rouler en un dernier reflux vers l'estomac. Je songe au voyage céleste et souterrain que cette eau a accompli avant de se retrouver en moi, qui ne suis qu'un de ses arrêts transitoires, puisqu'elle repartira de plus belle pour son périple infini. Je suis la rivière, le fleuve, la mer, le ciel, le nuage, la pluie. La neige, en final. Mes journées tiennent de l'épopée du buveur d'eau. Et tout cela, malgré la souffrance. Ou grâce à elle."

Quelle dignité, vous ne trouvez pas ?

Une amie, Axelle, qu'il n'a plus vu depuis longtemps, et qui vient d'intégrer elle aussi la maison de retraite, lui rend visite, ainsi que sa famille. Il s'inquiète pour une de ses filles, Pauline, avec qui il n'a jamais trop su comment communiquer. Arrivera-t-il à renouer avec elle avant son départ définitif ?

Au fil de la lecture, on découvre la vie de Monsieur Jean, qui n'a pas toujours été simple. Un livre tout en pudeur et douceur. Je souhaite que ma critique vous donne vraiment envie de le lire. A vous de voir.
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Monsieur Jean, dans sa maison de retraite perd son autonomie, repense beaucoup à ses parents, reçoit la visite de ses filles, France, chef urgentiste, Pauline, plus secrète, de son fils Bernard qui lui rempote un géranium et aussi d'un ancien amour, Axelle.

'Plutôt que de regretter ce qui nous est interdit, mieux vaut nous réjouir de ce qui nous est laissé et l'apprécier à sa plus juste valeur. Il faut faire la fête aux petites choses, comme un fruit, une crème, un légume, savourer une présence, le goût de l'eau.'

Peut-être trouve-t-il également un réconfort en relisant les lettres que son épouse bénévole envoyait des bidonvilles de Lima, de l'amour et une misère bien plus grande que la sienne.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
J’ai vu beaucoup de personnes mourir, et pas mal, plus jeunes que moi. Longtemps, j’ai trouvé cela injuste, un scandale injustifiable. Passé un certain âge, on a accumulé un sacré lot de morts derrière soi. On finirait presque par s’y habituer. Aujourd’hui, je ne supporterais plus le décès d’un plus jeune. J’aurais l’impression de recevoir une gifle. Plus le temps de faire un deuil. Incapable de renouer avec une raison de vivre.
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Je ne peux plus me déplacer qu’avec l’aide de quelqu’un. La plupart du temps, c’est une soignante qui se porte à mon secours. C’est bien le mot : mon secours. Je suis en situation continuelle d’assisté, obligé de me plier au bon vouloir d’une autre personne. Cela m’a appris l’humilité. Bien malgré moi. Après avoir dirigé des années durant une équipe de quinze personnes, je ne suis plus en maître de moi-même. Heureusement cette dépendance est venue progressivement. Insidieusement. Vous avez beau savoir que cela finira par vous arriver un jour, vous vous bercez le plus longtemps possible d’illusions. p. 11
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Je n'ai plus envie de sortir de cette chambre, de frayer avec des inconnus. Surtout je n'ai plus envie de me forcer, d'aller à l'encontre de mes envies. Je m'y suis trop contraint dans mes années antérieures. Sortir de cette chambre me procure plus de frustrations que de satisfactions. p.95
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Mes jours me sont comptés désormais. Mais je veux profiter de chaque instant. Chaque moment, même dans le dépouillement, même avec les restrictions qui me sont imposées, est privilégié parce que je vis avec cette conscience tacite d'une imminence de la mort. Je sens que des choses se détraquent dans mon corps, que rien ne tourne plus rond. Cette fatigue dont on parle si souvent est omniprésente. Vous m'avez connu enfant à l'âge de tous les possibles......p41.....La mort ne m'effraie pas, mais lâcher prise, perdre pied...
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Mon corps se comporte d'une étrange façon. C'est mon complice, celui à qui j'accorde l'essentiel de mon attention et un boulet dont je dois surveiller les moindres comportements. Mon meilleur ami et mon pire ennemi. Il me porte et je le supporte.
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