Citations de Michel de Montaigne (959)
« Tous les jours vont à la mort,
le dernier y arrive. »
Quand on me contrarie, on éveille mon attention, non ma colère ; je m'avance vers celui qui me contredit, qui m'instruit. La cause de la vérité devrait être la cause commune à l'un et à l'autre. Que répondra-t-il ? La passion du courroux lui a déjà frappé le jugement, le trouble s'en est saisi avant la raison ...
Certes, c'est un sujet merveilleusement vain, divers, et ondoyant, que l'homme. Il est malaisé d'y fonder jugement constant et uniforme.
Nous ne sommes jamais chez nous, nous sommes toujours au-delà. La crainte, le désir, l'espérance nous élancent vers l'avenir, et nous dérobent le sentiment et la considération de ce qui est, pour nous amuser à ce qui sera, voire quand nous ne serons plus.
(En V. O. : Nous ne sommes jamais chez nous, nous sommes toujours au delà. La crainte, le desir, l'esperance nous eslancent vers l'advenir, et nous desrobent le sentiment et la consideration de ce qui est, pour nous amuser à ce qui sera, voire quand nous ne serons plus.)
Chapitre III : Nos affections s'emportent au-delà de nous.
Le pire que je trouve dans notre situation présente, c’est l’instabilité, et le fait que nos lois, pas plus que nos vêtements, ne peuvent prendre aucune forme arrêtée. Il est bien facile d'accuser d'imperfection un système de gouvernement car toutes les choses mortelles en sont pleines ; il est bien facile de faire naître chez un peuple le mépris de ses vieilles coutumes : jamais homme n’entreprit cela sans y parvenir. Mais y établir ensuite de meilleures institutions à la place de celles qu'on a ruinées, à faire cela, beaucoup de ceux qui l'avaient entrepris ont pris un refroidissement.
La connaissance et la vérité peuvent loger chez nous sans le jugement et le jugement peut y être aussi sans elles : [je dirai] même [que] le fait de connaître son ignorance est l'un des signes de jugement les plus beaux et les plus sûrs que je trouve.
Il est incertain où la mort nous attende, attendons la partout. La préméditation de la mort est préméditation de la liberté. Qui a apris à mourir, il a desapris à servir. Le sçavoir mourir nous afranchit de toute subjection et contrainte. /// Il n’y a rien de mal en la vie pour celuy qui a bien comprins que la privation de la vie n’est pas mal.
Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent la raison de mes voyages que je sais bien ce que je fuis, et non pas ce que je cherche
Qui a sa pensée à prendre ne l'a plus à ce qu'il a pris. La convoitise n'a rien si propre que d'être ingrate.
J'estime tous les hommes mes compatriotes.
Enseigner, ce n'est pas remplir un vase, c'est allumer un feu.
Que philosopher c'est apprendre à mourir.
Titre du chapitre 20 (livre 1)
« Tu ne meurs pas de ce que tu es malade ; tu meurs de ce que tu es vivant. »
Les choses ne sont pas si douloureuses, ni difficiles d'elles-mêmes ; mais notre faiblesse et lâcheté les fait telles. Pour juger des choses grandes et hautes, il faut une âme de même, autrement nous leur attribuons le vice qui est le nôtre. Un aviron droit semble courbe en l'eau. Il n'importe pas seulement qu'on voie la chose, mais comment on la voit.
Au plus élevé trône du monde,on n'est jamais assis que sur son cul.[De L'expérience,Essais]
Nous n'aimons pas la rectification [de nos opinions] ; il faudrait [au contraire] s'y prêter et s'y offrir, notamment quand elle vient sous forme de conversation, non de leçon magistrale. À chaque opposition, on ne regarde pas si elle est juste, mais, à tort ou à raison, comment on s'en débarrassera. Au lieu de lui tendre les bras, nous lui tendons les griffes.
La colère l'agite avec une telle violence et une telle fureur [ comme lorsque le bois enflammé fait un grand bruit sous les flancs d'une chaudière d'airain, et que l'eau bouillonne sous l'action de la chaudière, la masse liquide, furieuse et fumante, fait rage et déborde ; elle ne se contient plus ; une épaisse vapeur s'élève dans les airs. ]
NDL : Montaigne prend une belle image de Virgile pour illustrer "la colère".
Je ne cherche aux livres qu'à m'y donner du plaisir par un honnête amusement ; ou si j'étudie, je n'y cherche que la science qui traite de la connaissance de moi-même, et qui m'instruise à bien mourir et à bien vivre.
Qui craint de souffrir souffre déjà de ce qu'il craint.
Un suffisant lecteur découvre souvent ès écrits d'autrui des perfections autres que celles que l'auteur y a mises et aperçues, et y prête des sens et des visages plus riches.