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Citations de Mickaël Koudero (182)


Un rapide calcul lui rappela que cela faisait huit ans qu’il avait traversé le périphérique et tourné le dos à son ancienne vie. Une sortie de route forcée, en partie maîtrisée. ...
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Raphaël remontait l’axe principal de la ville, cerné par des bâtiments de cinq étages aux architectures éclectiques. Des blocs de béton et de pierre où s’entassait autrefois la classe ouvrière. Le déclin économique des dernières années avait rebattu les cartes, aidé à changer les visions. Longtemps délaissée – comme de nombreuses villes étouffées par la capitale –, Clichy connaissait un sursaut d’intérêt aux yeux d’une population aisée, souhaitant profiter des prix encore attractifs pour investir.
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Les vendredis soir, le boulevard Jean-Jaurès drainait sa faune d’habitués. La musique crachée par les établissements se répercutait sur les trottoirs pour se confondre aux conversations. Ici, les enfants de l’immigration restaient légion. Les dialectes se mélangeaient aux couleurs de peaux quand les prophètes changeaient de nom au rythme des croyances et des traditions. Une idée du bien vivre ensemble.
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Un étrange sentiment le gagna. Éteindre l’appareil, c’était infliger une seconde mort à la victime. Une sensation comparable à la perte d’un proche dont on se refuse à supprimer le numéro de téléphone de son répertoire.
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Du coin de l’œil, une lumière attira son attention.
Le cadre numérique.
À la découverte du corps, personne n’avait jugé utile d’éteindre l’appareil. Les autorités, la famille, lui.
Une dizaine de pas et le sourire de la victime le cueillit. Plutôt grande, encore bien faite, les pommettes saillantes. Ses cheveux cendrés épousaient avec douceur les angles de son visage. Ses deux billes vertes lui procurèrent une charge magnétique, le figeant sur place.
Il suffisait d’un geste pour que l’écran plonge dans son sommeil. Un jeu d’enfant. Il n’arrivait pas à se décider. Cinq années qu’il se trouvait dans la partie et cette situation lui était encore inconnue.
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Quelques pas en arrière le placèrent à bonne distance de la scène. D’un regard clinique, il observait l’aboutissement de son travail.
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Deux heures et demie filèrent entre ses doigts. L’odeur mentholée de l’antiseptique gommait celle du sang. À genoux sur le sol, ses dernières forces se concentrèrent sur le plancher.
Une infime tache persistait : une injure à ses yeux.
Une grimace obstinée, de longues minutes d’efforts, un constat d’échec. Pour en venir à bout, il devait soulever les lattes du parquet. Cette opération ne pouvait se faire sans l’accord de sa cliente. Le règlement est ainsi, il l’applique.
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L’insecticide chassa un noyau d’asticots. Il désinfecta ensuite les surfaces à l’aide de peroxyde d’hydrogène, un liquide clair à l’efficacité inégalée. Dans une cadence vive, il frotta les murs avec sa brosse en sifflotant une mélodie dont le nom lui échappait. Il appliqua le même soin pour les fenêtres et le canapé.
L’overdose de sang s’estompa à mesure de ses charges répétées et de l’efficacité des produits chimiques. Il répéta l’opération dans chaque recoin du salon. L’énergie dépensée, la touffeur des lieux. Il expectorait des souffles rauques, proches de ceux de Dark Vador.
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(...)la société CleanUp, spécialisée dans le nettoyage et l’assainissement des lieux après décès.
Homicides, suicides ou morts naturelles.
Son quotidien.
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Méthode et discipline – les mots d’ordre de cette profession.
Après avoir purifié l’air chargé de bactéries et s’être prémuni des virus comme le VIH, la tuberculose et autres saloperies, il jeta tout ce qui était irrécupérable. Coussins, rideaux, tapis, magazines, documents divers. Même sentence pour le sang, les fluides et les tissus humains, qui échouèrent dans des sacs Biohazard, identifiables par leur couleur rouge et ce symbole : un cercle embrassé par trois croissants.
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Trois jours plus tôt. Aux alentours de vingt heures, les habitants de cet immeuble entendent une lourde détonation. Trente minutes plus tard, la police se présente au domicile, suivie par une ambulance.
Un suicide.
C’est écrit noir sur blanc sur son ordre d’intervention. Bernadette Laroche approchait la soixantaine quand elle s’est tiré une balle dans la bouche. Une fin aussi rapide que violente. Seule option pour prendre de vitesse ce cancer qui la rongeait depuis de longs mois.
Encore sous le choc, sa fille Chloé avait fait appel à la société CleanUp, spécialisée dans le nettoyage et l’assainissement des lieux après décès.
Homicides, suicides ou morts naturelles.
Son quotidien.
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D’autres stigmates imprégnaient le canapé. Il souleva le tapis. Constata que le liquide avait traversé les tissus pour se répandre sur le parquet : nouvelle pression sur le détonateur.
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Il resta de marbre, enfila une paire de gants en latex et sortit de sa poche son appareil compact Nikon.
Mode automatique. Le vif du sujet.
Il immortalisait la zone sous tous les angles. Les crépitements résonnaient, s’intensifiaient, écorchaient le silence. Sa focale se resserrait sur les meubles, s’élargissait sur les sols, zoomait sur les détails.
Sur la table basse Airborne en verre et acier noir, des courbes de sang séché. Les arabesques, couleur marron, lui firent penser au vernis que l’on utilise pour teindre le bois. Il retrouva ces particules d’horreur sur les chandeliers posés sur la table, comme sur ce trousseau de clefs laissé à l’abandon.
D’un clic, il figea la scène à tout jamais.
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D’ABORD, LE DÉCOR.
Lignes pures et perspectives tranchantes.
Cœur vivant, la cuisine se composait d’un mobilier blanc articulé autour d’une table de travail. Crédence en verre, hotte en inox et accessoires design. Des trajectoires de soleil fusaient sur les matières pour se répandre en halos généreux.
En retrait, deux piliers structuraient l’espace et ouvraient sur la partie séjour. Belle hauteur sous plafond, moulures, cheminée et parquet en point de Hongrie. Tradition et modernité se complétaient dans cet intérieur niché au quatrième étage, rue Louis-le-Grand, à deux pas de la place Vendôme.
Par les trois fenêtres, le soleil surchauffait les lieux. Son mètre quatre-vingt-huit et ses quatre-vingt-douze kilos accusaient le coup. Il poissait sous sa combinaison intégrale blanche et son masque à cartouche. Le réveil de l’été lui rappelait combien il préférait septembre et la douceur de son arrière-saison.
Cinq pas le placèrent à hauteur d’un canapé d’angle aux formes travaillées. Le coin-repas dans son dos, ses iris bleu pétrole se concentrèrent sur le salon.
Un réflexe devenu nécessité. Il devait prendre le pouls des lieux. S’imprégner des détails pour cerner le sang et la tragédie.
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Aujourd'hui encore, il est coutume chez les roumains de parler d'un Nosferatu pour désigner un non-mort, un démon ou celui qui apporte la peste.
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L'exocannibalisme consiste à manger la chair de l'ennemi. Nous sommes dans une démarche guerrière. Une férocité contre l'adversaire. En consommant son corps, on cherche à s'approprier ses vertus. Arrive ensuite l'endocannibalisme. Cette coutume se pratique à l'intérieur d'un groupe. On ingère les restes d'un proche pour qu'il continue de vivre en nous. Le cœur ou le cerveau sont les pièces les plus appréciées. Elles se rapportent à l'âme. La nécrophagie est une forme de cannibalisme à bien des égards. Sans oublier l'hémophagie, qui consiste à boire le sang de l'homme. Là aussi, c'est une coutume qui a existé en tout temps et tous lieux.
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Des enfants rois sans cesse connectés, sollicités à coups de pushs et parasités par des images venues du monde entier. Ils ne tolèrent pas l'attente et encore moins la frustration qui peut en découler. Tout leur est dû, que ce soit sur le plan personnel ou professionnel. Abreuvée d'émissions de télé-réalité, elle se berce d'illusions, convaincue que la réussite existe sans travail ni courage.
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Un peu de recul sur l’histoire suffisait à comprendre que la barbarie demeurait la principale constante de ce monde. Haine, dégénérescence, destruction totale, déviance, et bien d’autres hantises…
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De toi à moi. Ce n’est pas tant le visage de l’ennemi qui m’intéresse mais ses motivations profondes à agir. Je veux comprendre sa faim et sa soif. 
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consommer jusqu'à consumer les fondamentaux.Dicter les biens pour mieux cannibaliser les esprits.
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Les psychologues et sociologues le savent, la génération Y est celle du "tout, tout de suite". On la dit impatiente, peu aimable, impertinente, en manque de repères. Des enfants rois sans cesse connectés, sollicités à coups de pushs et parasités par des images venues du monde entier. Ils ne tolèrent pas l'attente et encore moins la frustration qui peut en découler. Tout leur est dû, que ce soit sur le plan personnel ou professionnel. Abreuvée d'émissions de télé-réalité, elle se berce d'illusions, convaincue que la réussite existe sans travail ni courage. Les enfants de la médiocratie.
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