Cette soi-disant voyante pense à tout, apparemment. Elle n’en est pas à son coup d’essai pour arnaquer les gens. Je lève les sourcils d’un air exaspéré. Lusio ne s’affecte pas de mon agacement et continue de marquer un rythme imaginaire avec son pied. Je profite de ce temps d’attente pour explorer le rez-de-chaussée. Sur ma gauche, je découvre une pièce assez grande aux allures fantomatiques où les meubles sont recouverts de draps jaunis et la cheminée envahie par une large couche de poussière. Rien de très intéressant. Je continue mon chemin jusqu’à la cuisine. Lorsque je rentre dans la pièce, une forme allongée glisse le long du mur. Je frissonne à l’idée que ce soit un rat. Je déteste ces bestioles !
J’ai peur que mon ami ne m’imagine bientôt avec la paire de seins dont il est devenu amoureux. J’ai envie de rire face à l’incrédulité de Lusio. Il serait prêt à faire n’importe quoi du moment qu’une partie de baise est à la clé.
J’amène le goulot de ma bouteille au bord des lèvres. Je ne sais même plus ce que je bois, mais à ce stade de la nuit, je m’en moque. J’espère juste pouvoir me réchauffer les veines. Une goutte de mon breuvage se dissipe rapidement sur ma langue. Ma bouteille est vide et ma mauvaise humeur se réveille aussitôt.
Les filles étaient toutes magnifiques… ou alors mon filtre d’ivresse les édulcorait d’une beauté éphémère. Dans tous les cas, elles étaient ouvertes aux propositions scandaleuses et même Lusio avait bénéficié de cette chance. Nous accumulions les actes d’insouciance et de débilités profondes. Je ne me souvenais donc pas pourquoi nous en étions arrivés là…
Lusio était mon meilleur ami. Il était con et moche, mais j’aimais sa manière de vivre au jour le jour, sans se poser de questions. Depuis que j’avais quitté la réserve, je m’éloignais du mode de vie dans lequel j’avais grandi. Avec satisfaction, je dois l’admettre ! Mais Lusio restait mon ancrage, une des rares personnes de mon passé que j’acceptais encore de voir.