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Citations de Milena Jesenska (27)


Il est deux façons de vivre : accepter le sort, en prendre son parti, le connaître et le prendre avec ses avantages et ses inconvénients, ses bonheurs et ses malheurs, courageusement, honnêtement, sans marchander, avec générosité et humilité. Ou partir en quête de son destin; mais dans cette recherche on perd non seulement ses forces, son temps, ses illusions, son juste et bénéfique aveuglement, ses instincts. On y perd aussi sa propre valeur. On s'appauvrit. Ce qui arrive est toujours pire que ce qui a été.
Et enfin: pour chercher, il faut avoir la foi, et la foi exige sans doute plus de forces que n'en demande la vie.
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Si je ne craignais pas les citations et les grands mots, j'irais chercher dans le souvenir de mes admirations d'enfant la phrase qui dit que si chacun de nous est de granit, alors le peuple, lui, sera de roc.

Phrase du grand poète Jan Neruda (1834-1891) que chaque enfant tchèque connaît par cœur.
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Parfois, j'ai l'impression que l'homme vit au bord d'un gouffre dans lequel se précipite le présent. Nous connaissons exactement le passé et nous nous en soucions en vain puisque nous ne pouvons plus le changer ; nous connaissons non moins exactement l'avenir et nous nous en soucions tout aussi en vain puisque nous sommes incapables de le deviner et de le modeler à notre guise. La seule chose que nous ne connaissons pas, c'est le présent : cet après-midi, l'heure même que nous vivons. Nous thésaurisons sur le passé, nous spéculons sur l'avenir, et nous gaspillons le présent si désespérément que nous prenons à peine conscience de fait que la vie, c'est le présent et uniquement le présent. Par exemple, nous prenons du thé et nous nous disons que c'est juste cela : un intermède entre ce qui a été et ce qui sera. Mais, en réalité, c'est cela même, la vie ; la vie n'est rien d'autre. Elle est sans gloire, sans éclat, pleine de déceptions - en fait elle n'est qu'une seule et longue déception ; nous sommes assis en permanence dans la salle d'attente à guetter un rapide qui ne vient pas. Mais cette lande pleine de bruyère, de sables et de maigres pins dont le soleil illumine les couronnes rouillés - quelle plus merveilleuse beauté que celle-là? Et toi, mon cœur stupide, ne pense pas en ce moment à cet homme qui t'aime trop, ou trop peu, c'est selon. Ne pense pas au manteau neuf, à la doublure de l'an dernier, et à la lettre qu'il faut absolument écrire au percepteur, ne pense qu'à cette lande. Penses-y totalement, embrasse-la à pleine bouche, regarde-la en oubliant tout le reste, ne sois ni triste, ni gai, ni heureux, ni plein de désir, car tout cela est absurde ; sois présent, donne-toi à ce jour, et pour l'amour du ciel, fais un effort, essaye de ne contempler que cette heure et d'en tirer tout ce qu'elle peut donner. Efforce-toi de briser cette chaîne du destin qui fait que les hommes ne voient sous les événements qu'incertitude, douleur, insatisfaction et attente. Sois ! Tout simplement. Personne ne te rendra ce que tu viens de laisser échapper de ta main, mais demain tu riras de la douleur d'aujourd'hui. Tu n'as jamais rien vécu que tu n'aies regardé, le lendemain, sous un éclairage tout autre et sous un autre encore, le surlendemain. Tu peux d'ores et déjà parier que tout ce qui te semble tellement capital ne l'est point. En prenant tes soucis pour des questions de vie et de mort, tu oublies, insouciant que tu es, l'heure présente : pourtant, c'est elle seule qui compte absolument, car elle est perdue à tout jamais, cette part irremplaçable de ta vie que tu as laissé détruire.
L'attente est mauvaise conseillère, 22 août 1926.
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Connaître l'autre est extrêmement difficile. Je crois ne pas exagérer en disant qu'on peut connaître l'autre une première fois après une demie-heure de conversation et une seconde fois après dix ans de vie commune.
Le diable au foyer, 18 janvier 1923.
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Dites-moi, cela ne vous est-il jamais arrivé? Vous êtes couchée dans la nuit, vous regardez le plafond dans le noir, paralysée de terreur et de douleur et soudain, quelque part à l'étage, un enfant pleure et pleure à votre place? Ne vous est-il jamais arrivé qu'au théâtre des hommes meurent, se battent et chantent à votre place? Ne vous est-il pas arrivé de voir à l'horizon un oiseau qui vole à votre place, les ailes déployées, tranquille, heureux, disparaissant au loin pour ne jamais revenir? N'avez-vous jamais trouvé une route dont les pavés sont capables de supporter précisément autant de pas qu'il vous en faut pour vous libérer de la douleur? Je crois fermement que le monde vient à notre secours. On ne sait ni quand, ni comment, ni par quoi. Il survient inopinément, simplement, avec compassion. Parfois, être sauvée est presque aussi douloureux que la douleur elle-même.
Mystérieuses rédemptions, 25 février 1921.
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Je ne sais pas si vous goûtez l'Internationale ou la Marseillaise - n'oublions pas, après tout, que ce sont les hymnes nationaux de nos alliés - mais le fait est que le peuple les aime, car il les considère non seulement comme les hymnes de nos alliés, mais aussi comme des chants de liberté ouvrière. Peu importe qu'ils le soient ou non - ce qui compte, c'est ce qu'ils signifient pour les ouvriers. Peut-être vous a-t-il échappé que la grande majorité des soldats qui ont si magnifiquement fait mouvement vers la frontière sont des travailleurs en uniforme, car la majorité de notre peuple se compose de travailleurs. Et ce sont eux les premiers à endosser l'uniforme...
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Aucune évolution possible, car c'est ici le dépotoir de la camelote de la vie et de l'art ; c'est pour ces rus-ci qu'on écrit des opérettes et des farces de bas étage, des valses à l'eau de rose, excitant la sexualité miséreuse et élimée de gens à jamais conscients de la différence entre le dimanche et la semaine ; c'est ici qu'on écoule des romans à quatre sous, de minables journaux du soir et des illustrés débordant de meurtres, de vols et de viols. Et ce pauvre et accablant dimanche où il faut s'amuser à tout prix ne peut prodiguer d'autres plaisirs que, précisément, les plus misérables.
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