Mina Zadig

Chapitre 5 :
Frak
«… Je relève la tête et découvre un Angus hilare alors qu’Enea semble sur le point de rendre tripes et boyaux.
— Je me casse, je vais faire la vaisselle, tâle le lutin avant de sortir de la salle du pub.
— Petite nature ! lui lancé-je.
Je me prends un doigt d’honneur magistral en retour.
— Cette petite me plaît de plus en plus.
— Pourquoi ? grogné-je, tout en avalant une nouvelle bouchée de haggis.
— Parce qu’elle va t’en faire voir de toutes les couleurs.
— T’es devin toi, maintenant ?
— Non, j’ai simplement des yeux pour voir.
— Voir quoi ? Que c’est la même chieuse que toutes les autres.
— Houlà ! T’as une dent contre Enea ou contre toutes les filles en général ?
— Disons que je vais rester loin de la gente féminine un petit moment.
— Nom d’un petit bonhomme ! J’aurai vraiment tout entendu !
Ouais ben c’est comme ça. Je reste loin des meufs qui ne m’apportent que des emmerdes depuis quelques semaines. Je me branlerai, c’est plus sûr. Et comme je suis déjà marié avec ma main, je suis à peu près certain qu’elle ne me demandera rien de plus. … »

Mon âme soeur, mon amie, mon amante, mon barbier sexy... Ma femme un jour, la mère de mes enfants sûrement, et la dernière de toutes, sans aucune hésitation.

Chapitre 5
Mads
«… – Et tu visais quel métier ? demandé-je. Bibliothécaire ?
J’éclate de rire. Je n’arrive pas à m’en empêcher. D’accord, ce n’est pas très pro, mais franchement, avec ce look, c’est exactement le boulot qu’il lui aurait fallu. Je suis rappelé à l’ordre par un coup de pied d’Antonia qui invite Mlle Matthys à poursuivre.
– Non, rétorque-t-elle, cachant difficilement une pointe d’agacement. Mes parents voulaient que je fasse de hautes études mais je crois que je n’étais pas faite pour ça. J’ai préféré arrêter pour travailler.
– Que des extras en tant que barmaid ? reprend Dani en me jetant un coup d’œil.
– Pas seulement. J’ai été serveuse dans différents bars, je faisais les extras le soir ou le week-end. Je me suis rendu compte que j’appréciais le monde de la nuit. On y joue souvent un rôle, on peut devenir quelqu’un d’autre et j’aime ça.
– Quelles sont tes autres passions, Valentine ? l’interroge encore Antonia d’une voix douce accompagnée d’un grand sourire encourageant.
Je dirais bien le tricot, le macramé, la broderie, nourrir ses chats…
Putain, je suis vraiment un abruti parfois.
Je garde en tête ce que Valentine vient de dire parce que ça rejoint la première impression qu’elle m’a faite. Je suis certain que ce n’est pas tout à fait la vraie Valentine qui est assise avec nous à cet instant et j’ai toujours cette envie étrange de gratter un peu pour découvrir celle qu’elle cache sous son camouflage.
– J’aime lire, faire la cuisine, être avec mes amis. Je fais de l’escrime aussi même si je n’y accorde plus autant de temps qu’avant.
– Tu déconnes, ne peut s’empêcher de réagir Danilo, alors qu’Antonia éclate de rire en me dévisageant.
Je dois faire une tête de cent pieds de long. Un point pour elle. …»

Chapitre 4 :
Valentine
«… Mais bon, au moins j’aurai essayé.
– Bon, nous n’allons pas vous faire poireauter plus longtemps, clame Antonia qui est revenue vers nous. Nous avons nos deux finalistes. Je tiens à vous remercier d’avoir joué le jeu et d’avoir pris du temps pour venir au club.
Je récupère mes affaires et m’apprête à me lever pour partir.
– Nous demandons à Dominique Paoli et à Valentine Matthys de rester avec nous. Les autres, merci encore d’avoir participé et bonne chance pour vos recherches futures.
Je reste scotchée. Je demanderais bien à Antonia de répéter les noms qu’elle vient d’annoncer pour être bien certaine d’avoir entendu le mien mais je n’ai pas envie de passer pour une débile. …»

Voilà, mes enfants, ce dernier moment ensemble touche à sa fin. N’ayez aucun regret, ils sont trop durs à assumer au moment de partir. Soyez heureux, osez, ne vous laissez pas engourdir par la monotonie, prenez soin de vous et buvez quelques verres de notre bon vieux whisky à ma santé.

Chapitre 3 :
Fark
«… — T’as encore un truc à dire, sale con, ou je peux en placer une ? m’invective-t-elle, ses poings fichés sur ses hanches.
Putain, je viens de me faire traiter de sale con par une meuf miniature ! Petite, peut-être, mais avec des putains de courbes, une belle poitrine, une taille fine et des hanches rondes.
—Je…
— Est-ce qu’il ne t’es pas venu à l’esprit que j’avais juste besoin d’aller aux toilettes ?!
— Je…
— Tu penses réellement que j’aurais envie de baiser avec un mec qui saute sur tout ce qu’il bouge ! Pour ta gouverne, je ne rêve pas d’avoir de petit-ami, et même si c’était le cas, ce ne serait certainement pas un mec comme toi. En ce qui concerne le petit coup vite fait, je vais passer mon tour. Pas besoin de Farquhar Mathieson pour prendre son pied. Tu te crois si irrésistible que ça ?
— Affirme celle qui m’a maté comme une groupie, lui craché-je, pouvant enfin en placer une.
— Parce que je le suis, pauvre crétin ! Je ne pensais pas que ta connerie serait proportionnelle à ton talent.
— Hein ?…»

C'est insidieux parce que moins on se lie avec les autres, moins on a envie, et plus il est difficile d'accorder notre confiance.

C'est donc à l'allure d'un escargot sous anxiolytiques que je parcours mes premiers kilomètres.

Un chic type, quoi, que j'ai pris pour un prince charmant alors qu'il n'était rien de plus qu'une espèce de crapaud que j'aurais dû laisser dans sa fange.

« – Vous pourriez peut-être m’expliquer ce qui vous passe par la tête à m’embrasser et à m’affubler de petits mots doux complètement idiots.
– Vous n’aimez pas ?
– Non !
– Pourtant c’est bien ce style de petits surnoms que donne un homme à celle qu’il aime, non ? »

Chapitre 7 :

Cameron

«… Mais je m’égare… encore.

– Vous voulez que je traduise une autre lettre ?

– Non.

– Alors, quoi ?

– Je veux que vous m’épousiez.

Elle ouvre la bouche sans qu’un seul mot n’en sorte. Elle me dévisage avec des yeux ronds, les sourcils levés essayant d’assimiler ce que je viens de lui dire. J’aurais peut-être dû y aller plus doucement. En gros, je commence par la fin. Heureusement que je ne traite pas tous mes dossiers de cette manière, sinon je conduirais la boîte droit à la faillite.

– Vous pouvez répéter ? demande-t-elle.

– Je n’ai pas besoin de le faire, vous avez très bien compris.

– Vous avez bu ?

– Non.

– Vous vous droguez ?

– Encore moins.

– Vous êtes sujet à des crises de démence ?

– Jeanne !

– Quoi ? Vous vous rendez compte que votre demande est complètement dingue !

– Quelle est votre réponse ?…»

Chapitre 1 :

Jeanne

«…Ce type m'insupporte d'emblée.

– Non.

– Comment ça, non ?! crie-t-il tellement fort que tout l'immeuble a dû l'entendre. Vous êtes là pour faire ce qu'on vous demande, bordel !

– Absolument pas ! je réponds avec aplomb.

– Ah oui et en quel honneur ? demande-t-il doucereux.

Il est appuyé sur le bureau. Ses deux grandes mains aux doigts nerveux à plat sur le plan de travail, il me domine de sa haute taille. En même temps, il n’a pas grand-chose à faire puisque je suis plutôt menue et pas très grande. Par contre, si je ne mesure qu'un mètre soixante-cinq, je n'ai jamais eu ma langue dans ma poche et celui qui me clouera le bec n'est pas encore né, tout patron richissime soit-il.

– Alors, pour vous la faire courte : premièrement, je ne sais absolument pas qui est Suzanne et deuxièmement, vous avez oublié les mots magiques.

– Comment ça, vous ne savez pas qui elle est et putain, c'est quoi ces mots magiques ?

– Si vous ne les connaissez pas, je vous plains, mais je comprends mieux pourquoi vous êtes obligé d’aboyer tout le temps.

– Je n’aboie pas ! se défend-il vigoureusement.

– Oh que si et si fort que toute votre boîte a dû vous entendre.

– Contentez-vous de faire ce pour quoi on vous paie et fermez-la !

– Allez chercher votre Suzanne vous-même et parlez-moi autrement !

– Vous êtes virée, me crache-t-il au visage.

– Impossible !

– On va voir ça tout de suite !

– Mais c'est tout vu, espèce de butor ! Vous ne pouvez pas me virer parce que je ne bosse pas pour vous.

Il ouvre la bouche puis la referme. Maureen choisit cet instant pour revenir des toilettes et nous découvre de part et d'autre de son bureau, aussi tendus l’un que l’autre.

– Monsieur Galloway, il y a un problème ? Vous aviez besoin de quelque chose ?

Je crois que nous l'avons perdu. …»

Je découvre un petit déjeuner de malade. Un monceau de nourriture totalement alléchant. Je me tourne vers lui et mes yeux s'accrochent aux siens.
- J'ai pensé qu'on avait eu pas mal d'émotions et que, c'est bien connu, les émotions ça creuse. Il a l'air penaud, mais mon cœur fait des soubresauts dans ma poitrine. Comment fait-il pour être attachant, si exaspérant, si détestable, si bandant, si gentil, si méchant et j'en passe ? Comment peut-il être tout ça à la fois ? Finalement pourquoi est-ce que je reviens toujours vers lui, comme ça, à cet instant où il m'invite à le rejoindre ?

– Je ne cherche pas de petite amie. Il n’y aura pas de sentiments, seulement de la baise.
Pourquoi je n’arrive pas à parler ?

Il ne veut pas de petite amie, pas d’amour. Il veut seulement coucher avec moi. Au moins, il est clair sur le sujet.

Malgré tout, je prends une décision. Je fais un pas en avant. Il y a eu l’anniversaire de Mel et j’ai survécu après l’avoir revu. Alors, il y aura les deux ans du salon de tatouages. J’irai, et même si mon cœur saigne encore un peu, lui seul peut le panser et le réparer.

Après tout, aimer, c’est ça, non ? C’est laisser l’autre faire ses expériences, c’est le laisser se casser la gueule, l’aider à se relever et à remonter la pente, discuter, écouter, comprendre. C’est aussi faire des concessions, accorder de l’espace et des libertés. Mais surtout, aimer, c’est faire confiance et croire en l’autre. Alors voilà, je lui accorde tout ça.

Fyfe est entré dans ma vie comme on défonce une porte. Il a bouleversé toutes mes certitudes, et surtout, il m’a montré que je pouvais être celle que j’ai toujours voulu être.

Je crois que lui, plus que les autres, a tout fait pour me donner l’impression que je n’étais capable de rien.

Je le laisse faire de moi ce qu’il veut. J’ai toujours rêvé de cette passion qui embrase les corps et les laisse vides et si pleins de sensations. Je sais que Fyfe m’offrira tout ça, et j’espère être à la hauteur.

Je sais bien qu’on ne peut pas affirmer « fontaine, je ne boirai jamais… », mais une chose est certaine : mon cœur battra sûrement encore pour un homme, un jour, mais jamais plus comme il le fait à présent.