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Citations de Miri Yu (58)


Juste au milieu de l'arrière-jardin s'élevait un plaqueminier qui semblait délimiter les territoires des deux maisons. Le long de l'étroit sentier menant à l'arrière-cour fleurissaient, rouges, roses ou blanches, des impatientes plantées par mon père. Dès qu'on les touchait, leurs capsules éclataient, pour projeter leurs graines au loin. (p.21)
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Il m'arrivait ainsi, d'arracher la tête d'un criquet pour, de la main droite, la donner à dévorer à une mante religieuse qu'immobilisait ma main gauche. Ou bien de faire tenir à mon petit frère une autre mante religieuse afin d'organiser une petite séance de cannibalisme. Ce doit être la raison pour laquelle les mantes religieuses restaient toujours bien vigoureuses alors que les autres insectes mouraient d'inanition les uns après les autres. Déposant alors les petits corps à proximité d'une fourmilière, je restais jusqu'au coucher du soleil à contempler les efforts désordonnés des fourmis tirant les carcasses à hue et à dia pour les faire entrer dans leur trou. D'autres fois encore, courant prendre la loupe à la maison, je me divertissais à rôtir quelques fourmis que j'avais affaiblies en les écrasant légèrement du doigt. Il s'en élevait un mince filet de fumée accompagné d'une odeur de cheveu brûlé, puis je prenais beaucoup de plaisir à envoyer voler au loin ces petites carcasses de fourmis calcinées et allégées.

Je me souviens aussi d'un jour - c'était certainement l'été - où une chatte de gouttière avait mis bas en dessous de la véranda. Mon père, ayant repéré de petits miaulements, prit une lampe de poche et se leva. Il fit déguerpir la maman-chat de quelques coups de balai, attrapa les chatons dont les yeux n'étaient pas encore ouverts, les fourra dans un carton et disparut. Mon frère pleurait, moi je suivis subrepticement mon père et vis qu'il abandonnait les chatons dans le terrain aux herbes folles, devant la maison. Lorsque j'allai voir le carton le lendemain, les chatons étaient morts. Quelques jours plus tard, j'allai examiner une nouvelle fois le carton, probablement déformé et, ramolli par la pluie tombée la veille ; les corps des chatons qui en dépassaient grouillaient d’asticots. Je ne sais pourquoi, mais les cadavres d'insectes ou de chatons ne m'ont jamais fait un effet macabre, ils n'ont même jamais suscité en moi la moindre peur. (p.22-3)
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Genkainada : mer au nord-ouest de l’île de Kyüshu, parsemée de nombreuses îles posées comme des pierres de jardin permettant le passage entre le Japon et la Corée et se prolongeant à l’ouest par le détroit de Tsushima et le Chenal d’Iki ; redoutable l’hiver pour ses tempêtes et ses vagues furieuses. Clandestinement, légalement ou recrutés de force comme travailleurs, des millions de Coréens ont dût franchir cette mer dans le courant du XXème siècle pour venir chercher fortune au Japon. (note en bas de p.20)
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Ce que nous avions loué n’était en fait qu’une petite bâtisse sans étage, à vocation de remise, construite sur le terrain occupé par la maison du propriétaire.
Par un grand trou béant dans le mur de la salle d’eau entraient des limaces qui allaient se coller sur le petit bac à savon et de gros grillons aux longues pattes que l’on retrouvait inertes, flottant dans l’eau de la baignoire. Mais murs et plafonds étaient aussi criblés de trous dans les autres pièces et à chaque grosse averse c’était un véritable branle-bas de combat. Nous dormions avec tout ce que nous possédions de récipients, bouilloires, casseroles et bassines, disposés aux points névralgiques et quand la pluie s’intensifiait, le martèlement des gouttes tombant dans tous ces récipients devenait une cacophonie si lancinante que nous n’arrivions pas à nous endormir. (p.21)
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Une volée de moineaux vint se poser sur un des saules et le cerisier pleureur voisin, comme une poignée de graines semées par le ciel.

Page 132.
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Ce matin là, l'air ne sentait rien.
J'entendais des gouttes tomber du toit.
Je me suis dit qu'il pleuvait fort.
J'ai ouvert les yeux et regardé le plafond.
La lumière qui filtrait par les rideaux teintait l'intérieur de pluie.

Page 117.
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Je croyais que la mort résoudrait quelque chose. Je pensais qu'à l'instant final, le sens de la vie et de la mort m'apparaitrait nettement, comme lorsque le brouillard se lève.

Page 103.
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Aujourd'hui, il n'y a que le silence.
Entendre.
Parler, c'est trébucher sur les mots, hésiter, s'interrompre : entendre, c'est aller tout droit - je peux toujours entendre.

Page 94.
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Personne dans la trentaine de personne n'a soufflé mot, et la pendule a sonné sept fois comme pour souligner le silence.

Page 70.
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Quand la dernière vibration s'est éteinte, la maison est devenue aussi silencieuse que si elle avait sombré au fond de l'eau.

Page 65.
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Personne n'a de parapluie. L'asphalte est sec à présent.
Le temps est changeant...
Aujourd'hui...
Un jour...
Ce jour là, il pleuvait. La tête baisée pour éviter les gouttes glaciales, le regard tourné vers la pluie qui rebondissait autour de mes chaussures trempées, j'avançais sous la pluie la tête dans les épaules.

Page 44.
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Depuis que je l'ai rencontré,je me fais vraiment l'effet d'un enfant en train de creuser dans un bac à sable.L'enfant creuse-t-il parce que sa mère l'a encouragé? Parce qu'il l'a voulu,ou pour imiter les autres enfants? Tout ça n'a pas d'importance. L'enfant se contente de creuser.
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Après ma première visite, je ne retournai pas dans la maison de mon père pendant un mois. Je ne voulais pas le voir parce que j'avais beau lui expliquer cent fois pourquoi je ne pouvais pas vivre avec lui, il ne me comprenait pas. Après le départ de ma mère, de dix à seize ans, j'avais constamment fait le va-et-vient entre la maison du quartier ouest et l'appartement qu'elle partageait avec son ami. Ensuite, j'avais vécu dix ans sans mes parents. Mon père avait peut-être bâti cette maison pour renouer les fils de notre famille, mais en ce qui me concernait, la page était déjà tournée.
Ce jour-là, ma soeur m'appela :
- J'ai pas l'intention d'y vivre ! Ça lui suffit si toi tu y habites. T'as toujours été sa préférée. Dis, va plutôt voir mon film. Bon, il passe dans une seule salle à Shinjuku, c'est dans un cinéma porno. C'est pas terrible mais vas-y, d'accord ?
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Le bruit des vagues s'est amplifié.
J'étais seul dans les ténèbres.
La lumière n'éclaire pas.
Elle trouve seulement des endroits à illuminer.
Moi, elle ne m'avait pas trouvé.
Je resterais toujours dans la pénombre.
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Une volée de moineaux vient se poser sur un des saules et le cerisier pleureur voisin, comme une poignée de graines semées par le ciel.
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Je n'ai pas eu le sentiment de vivre, seulement celui d'avoir vécu.
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Je m'étais habitué à tous les emplois que j'avais occupés, mais jamais à la vie. A ses souffrances, à ses chagrins, à ses joies.
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Je croyais que la mort résoudrait quelque chose. Je pensais qu'à l'instant final, le sens de la vie et de la mort m'apparaîtrait nettement, comme lorsque le brouillard se lève.
Mais je me suis rendu compte que j'étais revenu dans ce parc. Je n'étais arrivé nulle part, je n'avais rien résolu.
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Après le séisme, le piédestal de la statue de Saigô Takamori était couvert d'avis de recherche de famille en quête des leurs. L'empereur Hirohito, qui n'était encore que prince impérial, était venu dans le parc, en tenue militaire, afin de constater l'étendue des dégâts. Il avait compris à quel point cet espace vert était important pour la capitale en cas de catastrophe, et c'était pour cela qu'il en avait fait don à la ville en janvier 1924. D'où le nom officiel du parc : "Parc d'Ueno, cadeau impérial".
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Depuis qu'on m'avait annoncé la mort de Kôichi, je n'avais pas arrêté de faire des efforts.
Avant, ils étaient axés sur mon travail , à présent je devais en faire pour rester en vie.
Je n'avais pas envie de mourir, mais j'aurai voulu ne plus faire d'efforts.
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