Une citation d'Edmond de Goncourt reprise dans cet ouvrage :
Voici le peintre universel qui, avec le dessin le plus vivant, a reproduit l'homme, la femme, l'oiseau, le poisson, l'arbre, la fleur, le brin d'herbe; voici le peintre, qui aurait exécuté 30 000 dessins ou peintures; voici le peintre qui est le vrai créateur de l'ukiyo-e, le fondateur de l'école vulgaire [...]; voici enfin le passionné, l'affolé de son art, qui signe ses productions : fou de dessin...
"Depuis l'âge de six ans, j'avais la manie de dessiner les formes des objets. Vers l'âge de cinquante ans, j'ai publié une infinité de dessins; mais je suis mécontent de tout ce que j'ai produit avant l'âge de soixante-dix ans. C'est à l'âge de soixante-treize ans que j'ai compris à peu près la forme et la nature vraie des oiseaux, des poissons, des plantes,etc. Par conséquent, à l'âge de quatre-vingt ans j'aurai fait beaucoup de progrès; à quatre-vingt dix j'arriverai au fond des choses; à cent je serai décidément parvenu à un état supérieur, indéfinissable, et à l'âge de cent dix, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant. Je demande à ceux qui vivront aussi longtemps que moi de voir si je tiens ma parole."
Mahâkâla, aspect bouddhisé d'une forme terrible du dieu hindou Shiva est l'un des grands protecteurs de la doctrine bouddhique (dharmapâla) dans le tantrisme, et fait l'objet au Tibet d'un culte très important.
Il apparaît là accroupi sur le corps d'un ennemi vaincu, tenant le couperet et la coupe crânienne, ses attributs habituels, auxquels s'ajoute ici un bâton magique posé dans le creux de ses bras.
Les ténèbres s'étendent entre les nuages déchirés, on aperçoit même un courant d'air tourbillonnant s'élevant de la partie inférieure du kakémono. Un dragon fend le ciel à une vitesse prodigieuse, comme s'il avait soudain surgi du cœur de cette spirale.
Certaines des Trente-six vues du mont Fuji comptent parmi les œuvres les plus connues de Hokusai, et, au-delà, au nombre des plus célèbres estampes japonaises. Lorsque l'on parvient à s'abstraire de ce sentiment de presque trop grande familiarité pour poser sur ces œuvres un regard autant que faire se peut objectif, les traits abondent qui en soulignent l'audace comme l'extrême pertinence, réitérées pour chacune des quarante-six estampes qui en réalité, composent cette série.
Réaliser une peinture est un acte religieux qui doit apporter des mérites (punyasambhâra) aussi bien au commanditaire qu'à l'exécutant. Chaque phase de la fabrication est assortie de macérations, de prières et de rituels spécifiques, plus ou moins longs et complexes qui peuvent varier en fonction de la divinité concernée et de lafiliation spirituelle de maître à disciple de l'officiant.
Avecle temps, les caractères originaux du style «post-pâla » paraissent se fondre avec d'autres traditions d'origine indienne, népalaises entre autres (xve etmême xvie siècle). Les œuvres ici exposées présentent entre elles de nombreuses différences stylistiques qui laissent sous-entendre une aire de diffusion extrêmement large et un réel échelonnement dans le temps. L'influence pâla est l'une des composantes majeures de l'art tibétain.