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Critiques de Nadège Erika (61)
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Mon petit

Comme l’écrit si justement Vanessa Caffin éditrice de Livres Agités, maison d'édition indépendante dédiée aux primo-romancières et qui publie Mon Petit de Nadège Erika, ce livre est « un cri, celui des invisibles ».

Nous entrons dans ce premier roman, directement dans Belleville sur les pas de la narratrice, une femme de quarante-cinq ans.

Elle vient de démissionner de la fonction publique. Si elle a plaqué la structure qui accueillait des mères adolescentes, des ados et des postados en danger ou en difficulté après avoir bossé dans un foyer d’accueil d’urgence pour enfants, c’est que « dans ce secteur, il se passe des choses que je ne veux plus voir ni savoir. »

Elle est donc revenue à Belleville sur les traces de son enfance et de sa jeune vie d’adulte pour écrire. Écrire pour mettre des mots sur ce qu’elle a vécu, « pour emballer ses tourments », une sorte de rempart à la douleur et à l’injustice.

Le récit de sa vie est en effet loin d’être anodin et elle vivra un drame sans nom, un drame qui n’a pas de fin.

Même si ce Belleville qu’elle retrouve a été gentrifié comme l’avait prédit sa grand-mère, s’il est tout autre, il est pour elle toujours comme avant.

Elle se retrouve bientôt dans la rue Piat devant l’appartement de sa grand-mère. Plantée devant le paillasson, Naëlle ferme les yeux, et entre comme dans un rêve, revient dans les années 90 et revoit…

C’est donc dans cette cité HLM, rue Piat, chez Grand-Maman, que Naëlle, son frère aîné et ses deux petites sœurs vivaient durant la semaine. Le week-end, ils allaient chez leur mère Porte de Montreuil.

C’est ainsi que Naëlle a navigué toute son enfance entre l’escalier E (rue Piat) et l’escalier 12 (Porte de Montreuil). Deux univers complètement différents, deux modes de vie diamétralement opposés, la rigidité du cadre chez la grand-mère la semaine, et la bohème chez Jeanne, la mère, le week-end, Jeanne et ses quatre mômes de quatre couleurs et quatre pères différents. « c’était ça ou la DDASS ».

Naëlle n’était jamais là où elle voulait, sa mère lui manquait tout le temps en semaine et elle ne pensait qu’à sa grand-mère le week-end…

Elle grandit et aux questions qu’elle pose, pas ou peu de réponses. Elle rencontre des hommes jamais comme il faut, puis tombe amoureuse de Gustave, le plus beau gars du quartier, de Belleville aussi, mais pas du même Belleville… Elle devient mère à dix-neuf ans.

La vie continue avec ses éclats de rire et ses silences mais le drame guette et sera d’une terrible férocité.

Le titre Mon Petit fait référence à cette enfant, Naëlle, propulsée dans la vie adulte bien trop tôt et qui adorait que sa grand-mère l’appelle ainsi parfois. Le « mon » voulait dire qu’elle était vraiment à elle et le « petit » qu’elle avait le droit de ne pas toujours être une grande sœur, une personne raisonnable devant montrer le bon exemple.

Avec ce premier roman, Nadège Erika nous offre un récit absolument bouleversant, poignant et tragique.

L’auteure nous conduit depuis l’innocence de l’enfance, jusque dans les pas effrénés d’une jeune fille décidée à vivre plus tôt que les autres, avec un appétit de vivre délirant, paralysé brutalement. Seule la force qu’elle a pu trouver en elle lui a permis de s’arranger avec la réalité, mais quelle force !

J’ai été captivée par ce roman, par l’écriture alerte, rythmée et imagée de Nadège Erika.

Il est une ode magnifique à ce quartier de Belleville et la description faite avec humour des Gentrificateurs et de la boboïsation du quartier très réaliste et savoureuse.

Ardéchoise et ne connaissant pas ce territoire, je n’ai sans doute pas saisi toutes les subtilités de cette vie parisienne et me suis parfois perdue dans certaines rues…

Mais j’ai avant tout été touchée et bouleversée par la douleur éprouvée par cette jeune maman, victime par ailleurs de violences conjugales, l’impossibilité et l’interdiction d’évoquer la mort de son bébé ayant encore aggravé cette douleur extrême.

J’ai été indignée et révulsée par l’attitude ignominieuse de ce médecin appelé en urgence, un comportement injustifiable.

Les séquelles psychologiques sont toujours là vingt-six ans plus tard, et elle éprouve encore régulièrement une forme de culpabilité et de la honte à ne pas avoir réussi à mener sa grossesse jusqu’à son terme. Terriblement poignant.

Plus que tout, j’ai admiré cette force, cette vitalité, cette énergie dont a fait preuve cette femme pour faire face à tous les évènements auxquels elle a été confrontée. Malgré toutes ces épreuves, elle est restée debout !

Dans ce roman, en partie autobiographique, Nadège Erika démontre les pouvoirs de l’écriture.

Avec des mots, elle crie la douleur de ses maux, elle écrit ses joies, ses peines, ses incompréhensions, ses peurs, sa douleur, sa colère. L’écriture, comme une sorte de thérapie, un moyen d’aller de l’avant et de refuser le statu quo.

Ce roman est également un moyen de s’intéresser à tous ces gens dont les histoires ressemblent peu ou prou à celle-ci. Dans son quotidien d’éducatrice spécialisée dans le médico-social, Nadège Erika en a croisé beaucoup...

Mon Petit de Nadège Erika, un roman contemporain, percutant, sombre mais enjoué, a été pour moi un véritable coup de cœur que je vous incite vivement à découvrir.

Tout comme pour Biche de Mona Messine aux mêmes éditions, une magnifique couverture augure déjà d’un contenu passionnant.

Un grand merci aux éditions Livres Agités pour leur confiance.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Mon petit

« J'écris pour emballer mes tourments dans un corps de papier et mettre des mots sur une histoire qui en a manqué. Au même titre que d'autres fluides corporels, l'écriture, chez moi, est une sécrétion. »



Naëlle, la narratrice, 45 ans, vient de quitter son travail de travailleuse sociale dans un foyer d'accueil pour enfants, besoin d'écrire, raconter sa vie pour la raconter en face. Dans une urgence maîtrisée qui joue avec la pudeur, elle se livre sans réserve : sa fratrie de toutes les couleurs, tous de pères différents, tous déserteurs ; ses aller-retours entre Belleville et Montreuil, entre une mère débordée par sa vie amoureuse et une grand-mère jouant la maman bis, « deux ventricules d'un même cœur » ; son premier amour, sa grossesse précoce sa première expérience conjugale et maternelle.



La première partie est remarquablement à hauteur de l'enfant et de la jeune fille qu'a été Naëlle. J'ai été immédiatement charmée par l'écriture affûtée et directe de Nadège Erika, son flow entre énergie et douceur, pleine d'humour aussi, enveloppe le récit d'une tonalité juste, un peu à la Renaud, qui dit à merveille l'insouciance désinvolte de la jeunesse. Les passages sur sa grand-maman compose un magnifique portrait de grand-mère, elle la bretonne rigide qui ne comprend pas sa fille toute blonde qui fait des gosses à la pelle dès ses seize ans avec des Noirs alors qu'il y a plein de Blancs disponibles, mais dont l'amour inouïe qu'elle porte à ses petits-enfants corrige naturellement son racisme initial.



« Même si je n'ai plus le désir d'y vivre, même si j'ai oublié certains lieux et certains repères, même si le quartier a changé et a subi une gentrification de plus en plus marquée, Belleville, ça reste chez moi. Belleville, c'est à moi. Je pourrais me coucher là, par terre, et ne plus en bouger. Je ne sais pas si c'est la proximité avec l'enfance qui me procure cette sensation, mais dans ce quartier, j'ignore toute notion de temporalité.



De Renaud, on passe à Modiano pour déambuler dans le Paris populaire de l'Est des années 1990 avant la gentrification. On parcourt les rues en pente de Belleville aux côtés de Naëlle, chaque lieu réveille un souvenir précis, géographie émouvante qui est au cœur du récit, un cœur palpitant. On a envie de parcourir toutes les rues décrites, mais en fermant les yeux pour faire disparaître les juice bars de bobos et leurs cheese-cakes au tofu, pour retrouver le pouls bellevillois et capter un peu de sa saveur d'antan.



Au mitan, le récit prend une tournure tragique que je n'avais pas vu venir. Avec l'irruption d'un terrible drame qui bouscule tout sur son passage, l'écriture évolue et se fait cri pour mettre des mots sur les silences, sur l'absence de mots pour dire une telle descente aux enfers. Assurément un rempart à la douleur et à l'injustice, une façon de dire, d'énoncer et de réguler les coups durs de la vie, pour survivre.



A chaque page, on sent l'engagement de l'autrice et l'intensité qui va avec. Mon petit est un roman politique qui parle l'air de rien de la France d'aujourd'hui et sur ce que c'est d'être une femme métisse née dans un milieu social populaire. Il est question de racisme, de mépris, domination et violence de classes avec la maltraitance institutionnelle qui peut en découler, de la précarité des vivants et des morts au confluent de ces luttes qui touchent les plus vulnérables de notre société. Jamais Nadège Erika, dont on sent qu'elle a mis beaucoup d'elle et de son intimité dans son texte, ne tombe dans un excès de larmoyant impudique.



Sa sincérité touche direct jusqu'au dernier chapitre, bouleversant par la pureté de son propos, point final qui conclut avec force ce premier roman très convaincant : il donne un sens au parcours de la narratrice en sublimant la porosité entre son activité professionnelle et sa vie personnelle.



Lu dans le cadre de la sélection 2024 des 68 Premières fois #3

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Mon petit

Entre l’escalier 12 et la rue Piat, Nana, qui évoque parfois la fleur des ruisseaux que fût l’héroïne de Zola, vit une jeunesse aussi agitée et désinvolte, tourmentée cependant par les réponses qui ne viennent pas. Dans sa famille, on ne dit pas les malheurs, qu’ils soient présents ou juste occupés dans les silences qui en disent long. L’adolescence sera brève, une grossesse inopinée à dix neuf ans cèlera le destin de la jeune femme.



Dans ces lignes transparaissent l’amour inconditionnel pour ce quartier de Belleville, et surtout pour ce qu’il était avant que les bobos fassent surgir d’on ne sait où les kebabs à l’épeautre et à la betterave, et plus sérieusement rendent inaccessibles les prix des loyers.



La suite des événements aurait-elle été différente si Grand maman n’avait pas été contrainte à s’expatrier à cent cinquante kilomètres de Paris ? Nul ne le sait et probablement non.



Il y a beaucoup d’amour partagé au sein de cette famille qui ne coche pas les cases requises pour ne pas s’attirer d’ennuis administratifs de toutes sortes. La mère de Nana est un cas d’école.

Un amour peu exprimé, délégué à la grand-mère, mais indiscutable.



Beaucoup de vie dans ce roman, à l’image du quartier polychrome que fût Belleville, grâce à l’écriture directe, aux dialogues sans artifices, et à la vivacité des phrases pour exprimer la diversité des sentiments et émotions qui traversent le texte.



Premier roman poignant et réussi



280 pages Livres agités 24 août 2023


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Mon petit

Merci à Babelio et aux éditions Livres Agités pour cette belle lecture d’avant publication.



Mon Petit est un livre à double détente. C’est aussi un premier roman (mais je crois que c’est la marque de fabrique des Livres Agités) manifestement autobiographique. Nana, la narratrice, est représentée sur la première de couverture en jeune fille métisse sur fond de couleurs fulgurantes. Cela donne parfaitement le ton du récit.

Nana, donc, va faire la chronique de son enfance et de son adolescence chahutées jusqu’au drame qui va survenir, qu’on voyait venir, qui enfle, qui gronde et qui va nous submerger.



Mon Petit est d’abord le récit d’un quartier, le Belleville du haut, celui qui vit et résonne entre les Buttes-Chaumont et Ménilmontant, et que Nana/Naëlle/Nadège sillonne, arpente en passant le plus possible par un épicentre qui l’aimante : la place Gambetta. Je connais bien ce coin-là et lorsque l’autrice décrit finement le processus de gentrification en cours, j’ai le sourire un peu crispé et me reconnais parmi les Gentificators en Stan Smith, buvant du rooibos et du vin naturel, cherchant la meilleure burrata et le Biocoop le plus proche.

Nana est pauvre. Et dans les années 80, Belleville c’est l’entrecroisement du cosmopolitisme et de la zone.

Elle vit la semaine chez sa grand-mère (Grand-Maman, rigide, bourgeoise et bienveillante) et le week-end chez Jeanne (sa mère, fantasque et négligente). Elle a un grand frère et deux petites soeurs, tous de couleurs et de pères différents !

Rien de bon ne sortira de cette éducation asymétrique mais rien d’abominable non plus. C’est ce qu’elle dit, en tout cas.

Nana connaitra la violence ordinaire, volera, fuguera et sera rapidement déscolarisée. Elle sera enceinte de jumeaux à dix-neuf ans. Le géniteur, Gustave, ne sera ni un conjoint fiable ni un père bienveillant…

Ce qui m’a beaucoup plu dans ce récit c’est sa tonicité, sa tendresse, sa vérité en somme : celle d’une chronique douce-amère mais d’années difficiles.



Et puis le drame surgit et la narration se transforme en un long cri d’effroi et de peine On passe des Allumettes Suédoises 3.0 à une écriture impulsive, enragée, marquée par la culture rap. Et cette scansion est une grande réussite.

« Mon Petit » est aussi la façon dont sa grand-mère l’appelle, tout comme elle appelle l’un de ses jumeaux.

Difficile d’en dire plus ici, évidemment.

Le personnage de Nana est particulièrement touchant, on voudrait l’aider, la câliner, la réparer un peu. Mais elle n’a pas besoin de nous, l’écriture a été un formidable exutoire.

Je pense que ce livre peut plaire aux jeunes adultes . Il peut être lu par tout le monde bien sûr (la preuve )mais il y a un ton, un flow inspirant et ultra -contemporain qui peut attirer un lectorat ardent.





On ressort de ce récit lessivé, impressionné et très ému.

Et du coup on a envie d’aller boire un coup au Moncoeur Belleville pour voir les touristes s’émerveiller et se prendre en selfie devant la plus belle vue de Paris.

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Mon petit

Tout d’abord, je tiens à remercier Babelio ainsi que les éditions Livres Agités pour m’avoir fait parvenir ce roman dans le cadre de cette Masse Critique privilégiée !



Suite à la quatrième de couverture, je pensais lire les mots d’une narratrice adolescente, or pas du tout… ! On découvre une Naëlle largement adulte qui se remémore des souvenirs...! Je ne m’attendais pas à cela, mais finalement on s’habitue vite et nous voilà plongé dans l’ambiance des rues de Belleville et le récit de la protagoniste.

Il ne m’a fallu que quelques pages pour réussir à accrocher à cette lecture. J’ai de suite aimé sa manière de raconter, le détail de ses anecdotes… On découvre ainsi une atmosphère un peu mélancolique tandis que Naëlle se remémore son enfance et adolescence. Un quotidien pas toujours des plus faciles en réalité, à naviguer entre chez sa mère et sa grand-mère dans deux univers complètement opposés, sa mère galérant pour subvenir à ses besoins à elle et ses frères et soeurs, un père absent de sa vie…



J’ai aimé le personnage de Naëlle. Elle m’a très vite touchée, sans que je ne sache dire pourquoi. Le fait qu’elle soit une jeune fille banale, qui se pose des questions (dont elle a parfois les réponses, parfois non…) et qui a envie de vivre, fait qu’on peut facilement s’y attacher et s’y identifier, même si je n’ai pas du tout grandi dans une situation similaire à la sienne.

J’ai aussi rapidement apprécié le personnage de Grand-Maman, que Naëlle aime énormément. On sent son affection pour elle, et cette affection se communique à nous lecteur.ice.



Ainsi, la Naëlle adulte évoque des souvenirs de manière non chronologique. On peut se dire qu’il ne se passe rien de dingue en terme d’intrigue, mais j’ai beaucoup aimé la suivre au fil des pages ; elle est attachante, la plume est agréable, la lecture est fluide.



Et puis… Ce n’est pas tout, non, bien sûr.

Quelque part au milieu de cette histoire de vie, il y a un drame.



Un drame auquel je ne m’attendais pas vraiment.

Un drame qui ne peut laisser indifférent.e.

Un drame qui fait que cette lecture est si marquante.



Quelque part dans ce roman, il y a toute une partie qui m’a fait ressentir des émotions fortes et indescriptibles.

J’ignore si ce drame-là avait été dit avant, dès le début du livre. Peut-être. Peut-être que je n’avais pas été assez attentive en lisant les premiers chapitres. Peut-être avais-je manqué l’info. Ou que je le savais déjà et que je n’y pensais juste plus. Enfin bon, je ne sais plus.

Toujours est-il que je ne m’attendais pas à ce que cela soit si brutal.



Un moment si atroce et si tragique a été parfaitement bien raconté et écrit par l’autrice. En tant que jeune lectrice, qui n’a jamais vécu cette souffrance-là, j’ai malgré tout ressenti beaucoup d’émotions, ces émotions-là que les mots ne peuvent décrire.



Ce roman dégage énormément de douleur, une douleur terrible et indicible.

Mais de ce roman se dégage aussi tellement de force…



Il m’est difficile de décrire cette lecture, mais ce qui est certain, c’est que je ne m’attendais pas à en ressortir autant touchée, autant chamboulée.

Ce livre ne peut laisser indifférent.e. Je trouve qu’il s’en dégage énormément de choses, et je ne m’en doutais pourtant pas du tout en le commençant…



On y trouve tellement de brutalité, de dureté, mais aussi tellement d’émotions et d’humanité…



Enfin bon. Merci Babelio pour cette belle, très belle découverte ! Je recommande !
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Mon petit

Naëlle grandit dans le Belleville des années 90 entre deux adresses et deux quartiers. Côté pile, Jeanne, sa mère fantasque qui a eu 4 enfants de plusieurs pères différents, chez qui c'est liberté à gogo, visites régulières des huissiers et vie cahotique. Côté face, sa grand mère adorée qui recueille les enfants de sa fille quand celle-ci n'arrive plus à gérer et tente vaille que vaille de leur inculquer bonnes manières et cadre de vie plus structuré. Mais Naëlle est pressée de grandir et de tomber amoureuse et avec toute l'insouciance de sa jeunesse va se trouver confrontée à la plus grande des épreuves.



Mon petit est un roman qui démarre fort avec un ton et une langue bien à lui, nous racontant une enfance pas comme les autres dans un quartier plein de vie et haut en couleurs avant la gentrification en cours. Certains passages, notamment sur la manière dont le quartier se normalise et devient petit à petit "branché" avec l'arrivée d'habitants plus riches, sont juste désopilants et on s'attache très vite à la jeune Naëlle qu'on aimerait protéger des coups durs qui l'attendent. L'auteure trouve les mots justes et le ton adéquat pour nous narrer cette histoire, qui m'a semblé être en partie autobiographique puisqu'il existe beaucoup de correspondances entre elles et son personnage principale, loin du misérabilisme ou de la fausse compassion pour cette enfance un peu cahotique. D'ailleurs de la compassion Naëlle n'en veut pas, elle est prête à croquer la vie à pleines dents et à affronter toutes les galères et son énergie traverse les pages du livre, rendant cette lecture très agréable.



Néanmoins il m'a manqué un petit quelque chose pour que ce livre soit un vrai coup de cœur. J'ai peut-être été mal influencée par la 4e de couverture qui me laissait attendre un récit sur l'enfance de Naëlle alors qu'en fait celle-ci n'occupe que le début du livre, l'auteure passant très vite à sa vie d'adulte et surtout consacrant l'essentiel du roman au drame qui l'a frappée et à ses conséquences. J'ai trouvé que ce livre souffrait parfois d'un manque de rythme et d'un certain déséquilibre, la première partie étant finalement très vite expédiée (alors que j'aurais aimé passé plus de temps avec l'extraordinaire grand-mère de Naëlle, dont on ressent tout l'amour et l'impuissance à protéger sa petite fille) alors qu'au contraire dans la seconde moitié du roman certains chapitres sont très détaillés et parfois un peu répétitifs. Encore une fois peut-être est-ce juste un malentendu parce que ce livre ne correspondait pas à ce que je m'étais imaginé mais malgré certains passages poignants sur le deuil impossible de la jeune femme et sa difficile reconstruction j'ai trouvé cette seconde partie un peu inégale. Il m'a semblé que le roman aurait pu trouver encore plus de force en étant un peu plus travaillé et construit.



Malgré ces petites réserves qui m'ont empêché de conclure ma lecture par un franc "waouh", Mon petit reste un livre que j'ai beaucoup apprécié avec un ton bien à lui, une vraie franchise dans le propos qui n'hésite pas à frapper fort loin de toute langue de bois ou politiquement correct et une liberté de penser qui fait du bien ! Une auteure que j'aurai plaisir à suivre en espérant qu'elle publie bientôt un second titre.



Merci beaucoup à Babelio pour cette Masse Critique privilégiée et aux éditions Livres Agités pour avoir publié ce titre et m'avoir donné l'occasion de le découvrir.
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Mon petit

Mon petit ou Comment dans le Belleville des années 90, un jeune métis va devenir maman de jumeaux à 19 ans, et que la pression du système de domination social et économique va conduire à la mort d’un de ces nourrissons.



Mon Petit nous entraîne dans les rues de Belleville, dans les pas frénétiques d’une jeune décidée à vivre plus tôt que les autres.



Zéro pathos, jamais tire-larme, c’est le livre d’une femme forte, c’est même souvent drôle, toujours bien vu. L'écriture est impulsive, engagée,nourrie aussi à la culture hip-hop



Un livre à la fois drôle et touchant qui nous taquine pour mieux nous émouvoir au débusqué, tout au long de cette vie tragique décrite sans mélodrame
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Mon petit

❤ Coup de cœur ! ❤

C'est un premier roman, autobiographique. Magnifiquement écrit.

C'est une histoire de (sur)vie fracturée géographiquement, sentimentalement, éducativement, socialement mais pleine de tendresse par les souvenirs de la narratrice, le drame subit et la description de ce quartier populaire gentrifié de Belleville.

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Mon petit

Un livre que je n'avais pas envie d'ouvrir. Cette couverture colorée ne me disait rien, mais il était dans la sélection des 68 premières fois. J'allais donc devoir le lire, forcément.



Une fois la première page lue, impossible de m'arrêter.

Prise à la gorge, au cœur, à l'émotion, en lisant ces lignes, en tournant les pages.



Nana a poussé entre Belleville et la porte de Montreuil. Entre la vie de bohème et sans le sous chez Jeanne, sa mère, et celle plus rigoureuse et joyeuse malgré tout chez sa grand mère. Avec sa fratrie, quatre enfants, une mère, mais aucun père connu, même si chacun a eu un géniteur différent.



Nana grandit et devient cette belle jeune femme attirée par Gustave, le beau blond, le beau gars que toutes aimeraient bien séduire. C'est elle qui remporte le gros lot, mais la fête n'aura qu'un temps.



Et à dix-neuf ans, l'école est finie et la voilà enceinte puis maman. Des jumeaux prématurés, un père totalement absent. Un drame et toute une vie chamboulée, un avenir éteint, l'espoir et la joie qui s'effacent.



Un premier roman magnifique qui dit l'enfance, les joies et les peines, la façon quasi irréelle qu'ont les enfants de s'adapter à tout ou presque

La difficulté qu'il y a d'être femme. A vivre parfois sans amour, sans soutien, ou si peu. À grandir et évoluer malgré tout, malgré les douleurs les épreuves le deuil impossible et l'absence du tout petit.



Je n'ai pas réussi à lâcher ce roman, émotion et surprise, tendresse et révolte, tant de sentiments diffus et intenses m'ont touchée au fur et à mesure de ma lecture.
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Mon petit

Naëlle et ses trois frères et sœurs, tous métis issus d’un père différent, ont grandi entre Belleville et la Porte de Montreuil, la semaine chez Grand-Maman, tellement aimante et surtout si raisonnable et le weekend chez Jeanne, la maman insouciante et fantaisiste.

Naëlle, adorable narratrice de cette vie en pointillé, raconte avec émotion et humour son enfance protégée dans ce cocon familial, son adolescence tourmentée, sa volonté d’échapper à un futur qu’elle ne maîtrise pas, sa vie de jeune femme amoureuse d’un gamin immature et enfin son existence de très jeune maman qui porte en elle un horrible drame en préparation.

Dans ce très émouvant roman qu’on devine en partie autobiographique, Nadège Erika évoque les jours heureux de sa jeunesse malgré les difficultés, puis les heures sombres du drame immense qui a obscurci sa vie mais aussi le Belleville d’avant sa gentrification par les bobos parisiens.
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Mon petit

Naelle est une enfant du bitume et des pavés, une enfant de Belleville. Pas de Paris non, mais de ce quartier de l’est parisien où elle grandit dans les années 90. Deuxième de quatre enfants, d’une fratrie métissée, de peau et de père. Bien avant que ce ne soit la norme, elle vit en garde alternée : la semaine chez grand-ma, rue Piat, le week-end chez Jeanne, sa mère bohème, Porte de Montreuil. Deux modes de vie aux antipodes entre lesquels elle développera un caractère affirmé et une détermination farouche. Chez l’une c’est col Claudine, devoirs et repas à heure fixe, respect et politesse. Chez l’autre, c’est survêt et baskets, repas Banania et biscottes à la lueur des bougies à chaque coupure de courant pour facture impayée. Une vie simple et heureuse cependant, en dépit de la pauvreté et de l’absence criante de pères et encore moins d’explication. Parce que la religion première de cette famille c’est le silence. Pour tout. Tout le temps. Taire les difficultés, taire les traumatismes, taire les souffrances pour ne pas les affronter ou pour ne pas s’effondrer. Mais à l’adolescence Naelle s’enflamme, elle veut s’émanciper, elle veut voler de ses propres ailes et quand à 19 elle affronte l’indicible, elle étouffe sous ce silence assourdissant. Ce livre, c’est le cri qu’elle aurait aimé pousser alors. C’est le hurlement salvateur pour se libérer d’années de souffrance enfouies, c’est les mots qui la délivrent d’un passé qui l’emmure dans une forteresse de douleur.

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Attention pépite! Ce livre est superbe et il est bouleversant. C’est la peinture tendre et un brin impertinente d’une famille modeste dans le Belleville des années 90, avant que ce quartier ne soit « boboïsé » ou gentrifié, comme il est de bon ton de le dire. Un quartier métissé et multiculturel, un village dans la ville, qui pour toujours restera pour l’auteur « sa maison ». C’est une tendre déclaration d’amour à sa grand mère qui elle seule l’appelait « mon petit ». « Mon » qui voulait dire qu’elle était à elle. « Petit » car avec elle, elle avait le droit de ne pas être seulement une grande sœur. Une grand mère qui servait de tuteur à cette fratrie, dans tous les sens du terme, pour qu’ils poussent droit, contre vents et marée.

Mais ce livre c’est surtout une seconde partie bouleversante. Je n’en dévoilerai rien, sinon qu’elle est plus sombre, plus grave. Elle devient cri de colère, cri de rage face à une société à deux vitesses qui fait comprendre aux plus pauvres qu’ils n’ont pas les mêmes chances, qui les fait se sentir indigents même dans les moments les plus difficiles. Elle est poignante mais surtout révoltante, car encore aujourd’hui je crains de penser que la situation reste inchangée pour les plus fragiles d’entre nous.

Mais ne pensez pas que ce livre soit triste. Il est vif, enlevé, rythmé, débordant d’émotions et pourtant résolument lumineux. On l’imagine largement autobiographique, et je le referme rempli d’admiration pour cette jeune auteur au talent éblouissant. Lisez-le sans tarder. Je suis sure que vous ne le regretterez pas
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Mon petit

A quarante cinq ans l’auteure choisit d’écrire parce dit-elle, les mots libèrent et qu’elle ressent un besoin irrépressible de le faire, Elle nous livre ces pages comme un long travelling arrière pour nous faire partager ce qui l’a constituée au fil des années. Son phrasé comme la construction du récit, s’apparentent à un élan vital, sensible et sincère, qui donnent au livre une très grande force.

Elle raconte une vie difficile sans porter de jugement sur la réalité sociale qui a déterminé son parcours. Elle réussit pourtant à décrire le milieu familial dans lequel elle a grandi, sans rien cacher de ses aspects précaires, en l’inscrivant toujours en opposition à ce qu’elle a pu côtoyer de confort et de facilité sans y avoir accédé. Il n’y a dans son récit ni rancoeur ni amertume, elle n’écrit pas pour « venger sa race ». Elle se libère dans les mots pour dire au contraire comment elle a pu se perdre, comment le non-dit y a contribué, malgré tout l’amour dont elle a été entourée, entre une mère qui a délégué le cadrage maternel à une grand mère, devenue ainsi une grand maman, au sens propre et au sens figuré. Cette dualité familiale est évoquée dans les situations racontées mais aussi dans la géographie du nord-est de Paris, entre Belleville et la porte de Montreuil, en passant par Ménilmontant, quartier qui a perdu sa gouaille passée en s’enfonçant dans un embourgeoisement branché. Pourtant, l’auteure réussit à nous faire partager toute la tendresse de l’enfance à travers les gestes, les situations, mais aussi les rues, racontées comme un théâtre rassurant, une sorte de campagne dans la ville, où elle a vécu heureuse, balancée entre ses deux maisons et les bras de ses deux mamans.

Au-delà du drame dans lequel bascule sa jeune vie, elle réussit à dégager de ses années d’enfance un récit lumineux dans lequel l’amour tient une place essentielle. Elle montre aussi qu’il a pu lui manquer autre chose, elle en paye le prix fort à l’adolescence, sur ces fragilités, sa vie d’adulte se met doucement en place.

J’ai beaucoup apprécié ce récit, pour la lucidité des propos, la sensibilité à fleur de peau, la précision de la construction qui s’attache au cheminement du temps passé. Le style vif et rapide emporte le propos et l’auteure réussit à nous mener exactement là d’où elle écrit.

Un livre réussi, qui inscrit le témoignage personnel dans une dimension littéraire. Je remercie Babelio et les Livres Agités de m’avoir permis de le découvrir.
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Mon petit

"Mon petit", c'est ainsi que Grand-Maman surnommait Naëlle, la narratrice. Naëlle a passé son enfance entre l'appartement de sa grand-mère dans la cité HLM de la rue Piat et celui de sa maman, Jeanne, porte de Montreuil. A 20 ans, elle va vivre un drame bouleversant. Son récit commence 26 ans plus tard. Elle déambule dans les rues de Belleville, le quartier de son enfance. Et elle commence à raconter au lecteur son histoire.

Deux temps narratifs se conjugent dans son récit, celui du présent et celui du passé.

Naëlle a eu 4 frères et sœurs, tous de pères différents. Aucun papa n'est présent dans la vie des enfants, la maman les élève seule. C'est pourquoi pendant un temps, les enfants vivent la semaine chez Grand-maman et le weekend chez leur maman. Deux modes de vie bien différents : chez Grand-maman, on ne dit pas de gros mots, on se tient correctement, on s'habille comme il faut, on mange proprement. Grand-maman est gentille avec ses petits-enfants, mais elle tient à leur donner une belle éducation. Chez Jeanne, la maman, c'est une autre affaire. Factures impayées, huissiers qui débarquent, malnutrition. Mais il y a de l'amour entre eux. Naëlle raconte la vie dans l'un des appartements puis l'autre, les péripéties lorsqu'elle se rend toute seule de l'un à l'autre alors qu'elle n'est qu'une enfant, ses révoltes contre l'injustice. Déjà petite, son caractere de battante se fait sentir. Puis elle grandit et tombe enceinte à 19 ans. Ensuite c'est le drame.

A l'évocation de ce drame, qui occupe le dernier tiers du livre, je ne peux m'empêcher de penser que ce récit contient une très large part autobiographique. Les éléments décrits, les sentiments ressentis sont rapportés avec une telle précision et une telle intensité qu'ils n'ont pu qu'être vécus.



Ce récit, c'est le témoignage d'une écorchée vive, une femme blessée dans sa chair, dans ses entrailles, mais une femme qui a finalement su se relever.



Je remercie beaucoup Babelio et la maison d'édition Livres Agités, que je découvre par la même occasion, pour l'envoi du roman.
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Mon petit

« J’écris pour emballer mes tourments dans un corps de papier et mettre des mots sur une histoire qui en a manqué. » (P. 13)

Naëlle, la narratrice est une jeune femme métis, noire de peau, née dans l’un de ces quartiers périphériques de Paris. Oh pas ceux des grandes avenues aux bagnoles étincelantes ! Non ! ces quartiers pauvres dans lesquels se mêlent ces parisiens issus de l’immigration, peu visités par les touristes, les quartiers HLM de Belleville des années 90.

Ce n’est pas le luxe, loin de là. La mère est infirmière, abonnée aux huissiers. La gamine a deux lieux de vie, l’appartement de la grand-mère et du grand père amputé des deux jambes et celui de sa mère, entre lesquels elle fait la navette. Selon les semaines, ils vivent la semaine chez les grands-parents et le week-end chez leur mère, aide soignante qui suit des cours pour devenir infirmière. Elle doit élever seule ses 4 enfants, nés de plusieurs pères, et affronter les coupures d’électricité pour non paiement, les courriers de la DDASS, les huissiers…et nourrir sa tribu

Quant au père de Naëlle , cela fait bien longtemps qu’il a mis les voiles sans se préoccuper des siens….On se perd un peu dans les récits et les époques car la narration n’est pas chronologique. Qu’importe, l’atmosphère générale constitue l’essentiel du livre !

Et puis, il y a les garçons, rencontres de hasard, qui laissent, eux aussi, des traces indélébiles de leur passage rapide dans le ventre des gamines.

Cette atmosphère générale constitue l’essentiel du récit, familles cabossées, pauvreté, éducation, familles recomposées, place des femmes, amour des enfants et drames. Car drames il y aura ! Drame pénible, difficile à affronter.

Une lecture qui nous transporte bien loin de nos fauteuils de lecture, dans un monde mal connu…..cette vérité des mots et des situations que connaît très bien Nadège Erika semble-t-il….. en tout cas elle en donne l’impression.

Un drame qui sent le vécu, tant il est précis. Ce texte sort des tripes, du cœur, de l’amour pour cette maman et ces grands parents.

Un texte dans lequel certains peuvent retrouver certaines situations vécues dans l’enfance, surtout quand on a vécu dans une famille nombreuse dans laquelle les rentrées d’argent sont irrégulières du fait de l’activité artisanale du père, de la longueur de ses chantiers, des délais de règlement des clients, du chômage ….tant de lecteurs peuvent de ce fait, sans aucun doute, se reconnaitre dans ce texte.

J’ai reçu la vérité de ce texte, comme une claque, tant elle était réaliste et vraie.

Oui, elle sait partager ces repas simples, et surtout cette solitude face aux problèmes familiaux, ce poids qu’elle portait seule, cette gêne pour solliciter les grands parents, cette angoisse qu’elle tente de cacher.

Bref un texte à lire sans modération, un texte qui nous confronte à des réalités de notre monde, femmes seules, familles nombreuses, froid hivernal, embarras des parents qui font tout pour cacher leur détresse à leurs enfants…Détresse qui malgré tout est perçue par les enfants.

Je n’avais pas entendu parler de cet éditeur « Livres agités »…il mérite d’être découvert et connu.

Hasard d’une rencontre sur les rayons de la médiathèque, alors que déjà les décorations de Noël font leur apparition. Oui la lecture nous permet de recevoir des claques, d’avoir le cœur gros quand elle fait remonter certains souvenirs personnels…et de rappeler à tous que notre monde n’est pas celui des Bisounours.

Merci à cet éditeur et à cette auteure
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Mon petit

Voilà un livre que je n'ai pas remarqué lors de la rentrée littéraire. Est ce moi qui ai été distraite ? ou est ce la presse qui n'a pas orienté ses projecteurs sur lui ? Je ne sais mais ce que je sais, c'est que voilà une pépite à ne pas laisser passer.



Je l'ai emprunté un peu par hasard. Je cherchais un livre à télécharger sur ma liseuse en attendant de me rendre à la médiathèque. C'est pratique, comme cela je rapporte la totalité de mes emprunts sans risquer de rester une journée sans livre à lire. Je cherchais donc cette fois un petit livre.

Celui ci m'a paru intéressant, la note babelio m'a confortée dans mon choix mais je ne savais pas trop à quoi m'attendre.



Ou plutôt, j'avais une idée du contexte, du milieu dans lequel les personnages évoluaient et des difficultés rencontrées. Je dois dire que l'autrice décrit avec beaucoup de tendresse l'enfance de Naëlle et des ses frères et soeurs, entre deux adresses dans le Belleville des années 90. Celle de sa grand mère qu'elle adore à la fois aimante et sachant fixer des règles et sa mère, plus fantaisiste.



J'ai aimé cette première partie qui raconte l'enfance puis l'adolescence de cette jeune fille...jeune fille qui verra sa vie basculer dans l'âge adulte trop rapidement.

Je peux dire que la suite m'a submergée. Je n'avais pas lu de critiques précises et la mère que je suis ne sort pas indemne de ce genre de sujet.



Mais quelle émotion, que de phrases coup de poing, un roman qui me hantera longtemps. A lire absolument.







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Mon petit

Une enfant...

Deux appartements...

Deux modes de vie opposés...



Une enfant...

Une grand-mère...

Une mère...

Des frères et soeurs...

Pas de père(s)...



Une enfant qui grandit...

Belleville...

Porte de Montreuil...

Deux mondes reliés par des déambulations souvent solitaires et parfois effrayantes...



Une adolescente...

Des questions...

Pas de réponses...



Une toute jeune adulte qui tombe enceinte...

Des jumeaux...

Un père absent - présent...



Une mère...

Un drame...

Plus jamais le bonheur....



Un roman dévoré en apnée...

Un roman qui m'a surprise... Ce drame, je ne l'avais pas imaginé... Il m'a frappée de plein fouet... Il m'a fait verser tant de larmes...



Ce drame bouleversant qui donne une nouvelle dimension au roman...

Une vie bouleversante faite de cris étouffés... de cris silencieux... de silences...

Un roman (récit ?) bouleversant de cette rentrée littéraire à côté duquel il serait vraiment dommage de passer. Un coup de coeur et surtout un coup au coeur !

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Mon petit

Belleville dans les années 90.



La narratrice Naëlle, son frère aîné et ses petites sœurs, partagent leur vie entre deux domiciles, celui de leur mère porte de Montreuil et celui de leur grand-mère, Grand-Maman, dans la cité HLM de la rue Piat. Ils s'adaptent à deux modes de vie diamétralement opposés. A la rigidité du cadre imposé durant la semaine par leur grand-mère, leur "mère adjointe", succède la vie de bohème le week-end chez Jeanne, leur mère. La jeune femme est infirmière et libre, les passages des huissiers et les coupures d'électricité pour impayés sont monnaie courante chez cette mère de 4 enfants de 4 couleurs différentes et de 4 pères différents.



Les enfants ne connaissent rien de leurs pères respectifs, c'est un sujet tabou pour Jeanne.



Naëlle va tomber amoureuse de Gustave, le plus beau du quartier, et devenir mère à dix-neuf ans. Mais un drame va bouleverser sa vie.



Les Livres Agités est une toute nouvelle maison d'édition qui ne publie que des textes de primo-romancières. "Mon petit" est un roman d'inspiration autobiographique.

Naëlle/Nadège grandit au sein d'une famille singulière, enfant métisse dans une famille blanche de classe populaire, elle a longtemps été le parent de sa mère et de ses frères et sœurs jusqu'à sa brutale propulsion dans la vie adulte et son choix de devenir mère à dix-neuf ans. Nana n'a pas eu conscience de la pauvreté dans son enfance car l'amour prédominait et la liberté dont elle bénéficiait une partie du temps lui était savoureuse. " Nous avons manqué de tout sauf de vie et d'espoir."

L'auteur nous fait découvrir la personnalité très sympathique de Naëlle, son amour pour son quartier refuge, " la mixité ethnique ne laisse pas de place à l'insipide ", pour sa ville qu'elle aime parcourir à pied, son désarroi devant la gentrification de son cher quartier qu'elle ne reconnaît plus, le quartier est un véritable personnage du roman.

Le récit prend toute son ampleur au milieu du récit quand un drame frappe Nana, tout juste âgée de vingt ans, prend en pleine face le fracas d'une mort suivie d'un deuil impossible, "j'étais sidérée, j'ignorais encore à quel point j'allais mourir de cela ma vie entière". Le texte devient alors bouleversant sans jamais être larmoyant. Un cri de colère, un cri de révolte contre l'injustice dont les plus pauvres sont victimes.

L'écriture évolue au fur et à mesure de l'histoire, Nadège Erika la résume ainsi : " Mon écriture est comme moi, héritière de violences. Donnez-moi la mort et la haine, j'écrirai la mort et la haine. Donnez-moi l'amour, montrez-moi des coquelicots, j'écrirai leur beauté, leur douceur et leur vulnérabilité."

Un texte très fort avec une héroïne marquante. Un premier roman très réussi.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Mon petit

Entre l’appartement de sa mère à Belleville et celui de sa grand-mère Porte de Montreuil, Nana a vécu, avec son frère aîné et ses deux sœurs cadettes, une enfance pauvre mais heureuse où l’amour, l’entraide et le respect étaient omniprésents.

Faite de débrouilles et de privations, leur vie sans père a fait évoluer ces enfants en toute liberté, dans ce quartier de l’Est parisien qui fut leur refuge. « Nous avons manqué de tout sauf de vie et d’espoir.»

A 45 ans, quittant le foyer d’accueil d’urgence pour enfants dans lequel elle travaille, Nana revient sur ses souvenirs de jeunesse, se désolant de la gentrification qui a gagné leur quartier autrefois habité par les classes populaires.

Mais ce retour sur son enfance heureuse, la conduit inévitablement au malheur qui s’est abattu sur elle, alors qu’à peine sortie de l’adolescence, elle perd son fils jumeau d’à peine un an.

Un roman émouvant, à la fois débordant de la joie de cette famille monoparentale mais aussi profondément déchirant de la détresse de cette jeune mère qui « a donné la vie et reçu la mort ».

Le contraste entre ces deux périodes de la vie de Nana est saisissant et Nadège Erika, pour son premier roman, fait preuve d’une grande maîtrise de l’écriture, tirant les ficelles de nos sentiments comme une marionnettiste et nous touchant droit au cœur.

Plongé dans un bain d’amour, Mon petit nous parle de classes sociales, de pauvreté et de boboïsation mais également du difficile sujet de la perte d’un enfant. Sa sensibilité, son naturel et sa résilience en font une lecture enrichissante qui porte en elle une immense envie de vivre.



Merci à Babelio et aux éditions Livres Agités pour l'envoi de cette masse critique privilégiée.
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Mon petit

Je remercie Babelio qui m’a confié la lecture et la critique de ce livre.

Si je l’ai choisi parmi d’autres romans c’est à cause de Belleville. Belleville, tout comme Ménilmontant dont il est question dans ce récit étaient des quartiers très populaires, en partie réhabilités aujourd’hui. Dans les années 1970, je rendais visite à mes grands-parents qui vivaient dans un petit logement de la rue Lesage et qui avaient le sentiment d’appartenir à un village. C’était l’époque des petits commerces où les gens se croisent, se reconnaissent. Loin d’une image d’Epinal, ces quartiers étaient aussi limitrophes de la zone, ces terrains vagues entre Paris et la banlieue, lieux de rendez-vous du banditisme. Belleville et Ménilmontant c’est aussi pour moi deux auteurs qui racontent, à l’instar de Nadège Erika et sans aucune complaisance, la misère, la débrouille, le déterminisme et l’exclusion sociale : Romain Gary et La Vie devant soi, Nan Aurousseau avec son Quartier Charogne.

Alors que certaines personnes répètent à l’envi que « quand on veut on peut » les deux romans autobiographiques que je cite, comme Mon Petit, montrent des gens qui, malgré tous leurs efforts, ne parviendront jamais à se sortir d’une spirale néfaste. Quand on naît dans une famille de parents non diplômés et qui n'ont ni pas d’argent pour sortir leurs enfants au cinéma ou au théâtre ou qui n'ont tout simplement pas la présence d'esprit de le faire, qui pensent que les musées, les expositions ou les bibliothèques ne sont pas faits pour eux, l’éducation intellectuelle de l’enfant va être très limitée. Si, par chance, il s’en sort dans son travail scolaire, ses choix d’études seront restreints. Travaillant avec des jeunes, je vois beaucoup d’élèves de lycée choisir leurs études en fonction du niveau social et professionnel de leurs parents, de leur lieu d’habitation. Comme dans Mon Petit, la plupart ont aussi un besoin urgent de travailler pour aider leur famille. En général, ces jeunes choisissent un BTS et les filières proposées dans leur ancien lycée ou au plus près de chez eux car ils n’ont pas les moyens de se payer la location d’une chambre et des transports. Ainsi, ils embrassent les formations déterminées par leur région, en fonction du bassin d’emplois inhérents. Il est donc très difficile de sortir de ce cercle. A côté de cela, j’ai des amis qui payent des appartements à leurs enfants, qui cherchent avec eux la formation qui les intéressent le plus, en France ou à l’étranger et payent tout cela pour eux, sans parler des stages de langue à l’étranger et autres vacances culturelles. Dans certaines familles, il y a celles et ceux qui font des études et les autres, qui apprennent un métier et si c’était à 50 % le cas dans les années 80 avec des formations au niveau CAP ou BEP, aujourd’hui cette injustice se retrouve au niveau d’un diplôme sans réelle valeur, le baccalauréat. Cette impossibilité de choix, la narratrice en fait le point de départ de son roman : en fin de troisième, elle quitte le collège pour pouvoir travailler car les enfants de cette fratrie se retrouvent éduqués à la fois par la grand-mère et par la mère, ballottés dans deux logements sociaux où l’on compte sa menue monnaie pour manger. Et comme sa mère, la narratrice deviendra mère très jeune et vivra, après son mariage, en logement social ne partant jamais en vacances.

L’injustice sociale est aussi liée aux soins médicaux et la déconsidération de certains médecins pour les pauvres. Et à cause de l’un d’eux, la narratrice perd un enfant. Le roman évoque dans la deuxième partie, le tragique d’une destinée, par la mort et le chemin du deuil. Sans pathos et avec lucidité, ce roman rappelle que la misère n’appartient pas qu’aux banlieues et qu’elle est partout, parfois invisible et silencieuse et qu’elle finit par tuer tout espoir de progrès.

Ce roman est construit comme une tragédie en cinq actes : I – Lieu familial et environnement, cadre II – la rencontre amoureuse III – Amour et vie commune IV – délitement de la vie de couple V – Deuil.

Je recommande chaleureusement ce récit qui nous rappelle ou nous apprend, pour ceux qui n’en ont pas conscience, combien il est difficile de s’extraire de son milieu social défavorisé pour accéder à une liberté de penser, une liberté de choisir et surtout, d'acquérir le sentiment de légitimé, celui de ses actions et de sa place dans la société
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Mon petit

Tout d'abord merci à la "Masse critique" de m'avoir fait découvrir ce premier roman d'une auteure généreuse.



Pour nous dire le quotidien de Naëlle qui grandit entre les domiciles de sa grand-mère et de sa mère Jeanne, N.Erika nous fait profiter de son verbe nature.

Jeanne c'est la maman, l'infirmière foutraque et bohème, reine de l'impro, de la débrouille et du compte en banque à découvert. Elle peine à gérer seule sa smala, issue de quelques amours sincères mais provisoires (ou vice-versa, comme on voudra).

De l'amour, oui elle en donne.



Grand-maman c'est celle qui prend le relai quand Jeanne est au boulot ou en galère, c'est à dire souvent. Chez Grand-maman, pas de pagaille comme chez Jeanne. Son amour à elle est un repère plus stable, peut-être, comme l'autre face d'une pièce, un côté pile qui brille comme une balise.

La balise pile qui n'efface pas la balise face.



Vite grandie, vite amoureuse, Naëlle se retrouve jeune maman de jumeaux et encombrée d'un mari dont elle mesure d'abord combien il est peu fiable, et puis de moins en moins fiable, et enfin carrément un danger.

Tout ça fonctionne vaille que vaille et ça irait quand-même, si le destin ne s'en mêlait pas.

Car le destin frappe un des deux jumeaux, la maladie s'en mêle, un mauvais médecin s'en mêle...



Ça sent le vécu ce parcours, ça envoie des odeurs épicées et parfois aigres derrière lesquelles l'auteure écrit "je" pour nous dire la douleur d'une mère, et son cri sonne comme si c'était elle qui avait perdu un enfant.

De Nadège à Naelle il n'y a que deux consonnes et on comprend vite, bien sûr, que ce roman-cri est un cri du cœur autobiographique...



On peine parfois un peu à s'y retrouver dans son capharnaüm mais il faut encaisser son désordre jusqu'au bout, notamment jusqu'aux trois dernières pages du final qui m'ont fait oublier mes agacements d'un peu trop de foutoir.

Car ce final, qui claque sur une porte fermée, je l'ai trouvé très réussi.



Et d'ailleurs la vraie vie c'est souvent du bazar... 



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