AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Narges Mohammadi (19)


Narges Mohammadi
L’arrestation de mon époux, Taghi Rahmani, le 28 février 2001 aux côtés des membres du « Mouvement pour la Liberté » et des « National-religieux », marque le point de départ de mes activités contre les agissements illégaux du pouvoir judiciaire et des Gardiens de la révolution (pasdarans) en Iran. À cette occasion, j’ai rejoint les familles des détenus qui organisaient des rassemblements devant le Palais de Justice, le Parlement, les bureaux de l’ONU à Téhéran, et prenaient la parole dans les médias nationaux et internationaux, s’adressant aux divers responsables. Suite à ces faits, j’ai été rapidement convoquée à la 26ème chambre du Tribunal de la Révolution sous la direction de Hassan Zaré et interrogée par un membre des pasdarans au sujet des interview que j’avais accordés à la presse écrite. J’ai été ensuite conduite à la 26ème chambre où l’ordre de mon arrestation a été prononcé. Le juge en était absent, mais son remplaçant s’est chargé de la paperasserie. Le responsable du bureau a contacté ensuite le juge pour qu’il vienne signer l’ordre de ma détention. Il a mis une heure à arriver. Il a finalement signé le document sans m’adresser la moindre parole ni me poser de question.
Commenter  J’apprécie          70
Le "voile obligatoire" est la source principale de domination et de répression dans la société visant à maintenir et à perpétuer un gouvernement religieux autoritaire.
Commenter  J’apprécie          40
« Et les mères de Gaza, ne sont-elles pas des mères ? »
Commenter  J’apprécie          40
Lors de mes interrogatoires, il m’arrivait de dire qu’Ali et Kiana me manquaient beaucoup. Un jour ils m’ont fait descendre de deux étages par le monte-charge. « Le maître est là ! » dit l’interrogateur. J’ai pénétré une pièce où étaient installés des caméras et des projecteurs. Je n’ai pas caché mon étonnement. Un homme de grande taille, dans la fleur de l’âge, en costume de ville, s’y trouvait. Si je l’avais rencontré ailleurs, je n’aurais jamais soupçonné son métier. Je crois qu’il méritait vraiment le titre de « maître » en la matière. Son visage était figé et sans expression. Lorsque je lui ai dit que j’étais une mère et que mes enfants se trouvaient en bas âge, il m’a rétorqué sèchement : « Et les mères de Gaza, ne sont-elles pas des mères ? » Cette réponse m’a fait comprendre qu’il était endoctriné et qu’il serait inutile de discuter avec lui.
Commenter  J’apprécie          40
Dès mon arrivée, j’étais choquée par ce comportement éhonté ainsi que par la grossièreté et l’impudence de ces gardiennes. Elles l’exprimaient sans honte et s’en vantaient ensuite avec fierté comme s’il s’agissait d’une prouesse remarquable. Elles m’ont remis un ensemble synthétique composé d’un manteau et d’un pantalon de couleur bleu marine. Je l’ai refusé en rétorquant que j’exigeais des vêtements confortables. « Tu n’as pas le choix », m’ont-elles répondu en y ajoutant un foulard noir aux fleurs blanches, un bandeau pour les yeux et un tchador. Une fois habillée de ces nippes, j’ai été emmenée directement à l’interrogatoire.
Commenter  J’apprécie          20
Ils m’ont mis un bandeau sur les yeux avant de me faire descendre de la voiture. J’ai pénétré le quartier de détention et regagné une toute petite cellule d’isolement. C’était la première fois que je mettais les pieds dans une cellule. Quel étrange endroit ! Une espèce de cube sans fenêtre ni issue vers l’extérieur. Une minuscule lucarne s’ouvrait vers le ciel, mais il était si haut sous le plafond que la lumière n’y passait presque pas. Une petite ampoule de 100 watt nichée en hauteur dans le creux du mur ne s’éteignait jamais.
Commenter  J’apprécie          20
Ce qui ne tue pas rend plus fort.
Commenter  J’apprécie          10
Je n'avais plus l'impression d'être un être humain normal.
Commenter  J’apprécie          10
Un jour, j’ai eu droit à une orange. Je me suis arrangée à la consommer quartier par quartier, pour la faire durer le plus longtemps possible. Je l’ai épluchée d’une seule traite, à l’instar du globe terrestre. Kiana signifie l’essence de la nature, et cette orange évoquait pour moi l’essence de la vie. Je la faisais tourner et priais pour ma petite Kiana qui venait d’être opérée.
Commenter  J’apprécie          10
Il était minuit passé. La ville était calme et silencieuse. Notre voiture et celle qui nous précédait roulaient à toute vitesse en direction de la prison d’Evine. La porte de fer s’est ouverte lourdement et j’ai été livrée aux autorités de la section 209 du ministère des Renseignements. Ils m’ont mise aussitôt un bandeau sur les yeux. Nous sommes entrés dans la section. Ils ont écarté le rideau sale qui pendait à l’entrée pour me laisser passer. La gardienne m’a réceptionnée. Elle m’a conduite dans une cellule et m’a ordonné de me déshabiller. « Comment ça ? rétorquai-je. J’enlève même le linge du corps ? – Absolument, répondit-elle. » Nous nous sommes disputées, mais c’était une femme dure qui connaissait son affaire, alors elle m’y a obligée malgré mes protestations. Dès mon arrivée, j’étais choquée par ce comportement éhonté ainsi que par la grossièreté et l’impudence de ces gardiennes.
Commenter  J’apprécie          10
L’interrogateur m’a fait ensuite sortir du bureau et monter à bord d’une Peugeot. L’ordre m’a été donné de baisser la tête. Nous avons quitté le Tribunal de la Révolution par une sortie dérobée. Nous avons traversé plusieurs rues, franchi un portail et roulé encore une longue distance. Le vacarme des rues s’était sensiblement éloigné. Je sentais avoir pénétré une lointaine forteresse.
Commenter  J’apprécie          10
Je repassais en revue ce que j’avais entendu en matière de torture psychologique et des techniques de lavage de cerveau. A présent, j’expérimentais personnellement ce que j’avais lu ou entendu et sentais l’effroi prendre racine en moi quant à ce qui allait m’arriver. J’ignorais où je me trouvais et quel traitement j’allais subir. L’incertitude qui planait et surtout la peur de l’avenir, agissaient en moi tel un poison mortel. Je me demandais comment peut-on traiter une personne de la sorte.
Commenter  J’apprécie          10
La privation de mes droits les plus élémentaires était plus pénible encore que de penser aux chefs d’accusation, au procès et à la condamnation qui m’attendaient.
Commenter  J’apprécie          10
Narges Mohammadi
Lors de ma première incarcération à Eshratabad, je me mettais farouchement en cause. Je me reprochais de ne pas être assez solide dans mes convictions, sinon je n’aurais pas eu autant de difficultés. Je me disais parfois que ce qui posait problème, c’était que j’étais quelqu’un de sociable, qui aime la compagnie des gens, qui aime rire et passer du bon temps. Si je m’étais contentée de ma solitude, de rester blottie chez moi sans sortir, j’aurais moins de difficulté à supporter la cellule d’isolement. Je culpabilisais en mettant la difficulté de supporter l’isolement sur le dos de mon caractère, mes goûts personnels, mon penchant pour le plaisir et la fête, même si je n’éprouvais aucun regret ou repentir quant à mes convictions personnelles ou mes positions politiques.
Commenter  J’apprécie          10
Les marques de mes plaies datant de la cellule d’isolement sont toujours ouvertes. Elles s’infectent parfois, provoquent une sensation de brûlure, mais font surtout courir l’effroi dans mes veines. Ces plaies ouvertes restent pourtant invisibles.
Commenter  J’apprécie          10
Une nuit, j’ai été amenée chez l’interrogateur. « Prépare-toi, me dit-il, car demain tu vas annoncer face aux caméras ton départ de l’ « Association » et ton repentir pour tes agissements passés ». J’ai refusé fermement, mais de retour dans la cellule, je ruisselais de sueur. Lors de ces confrontations, je déployais toute mes forces pour maîtriser mes nerfs et rester calme, mais ce n’était pas facile de se montrer impassible. J’avais parfois l’impression qu’une fois le seuil de la section 209 franchi, la morale était bafouée, la conscience humaine tombée dans l’oubli et l’humanité reniée. Les responsables n’ont rien à faire de ta personnalité. Ce qui leur importe, c’est de fabriquer un individu selon les critères qui servent leur projet. J’étais persuadée que mon interrogateur ne me considérait pas comme un agent étranger, pourtant il continuait à insister pour que je reconnaisse l’intelligence de l’ « Association des défenseurs des droits humains » avec les puissances occidentales, ce qui me peinait terriblement.
Commenter  J’apprécie          10
Personne n'entendait alors les histoires et les voix des mères endeuillées en quête de justice des années 1980, une décennie d'exécutions, de tortures, de viols et d'agressions dans les cellules et les prisons dont l'actuel président de la république islamique d'iran, Ebrahim Raisi, était l'un des instigateurs et des bourreaux. Parce que la tyrannie, sous le couvert de "religion", faisait régner sur l'Iran, l'oppression, la domination, la pauvreté généralisée et la misère débridée.
Commenter  J’apprécie          00
Être dans une cellule d'isolement, c'est comme vivre dans une boîte de conserve.
Commenter  J’apprécie          00
La victoire n'est pas facile, mais elle est certaine.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Narges Mohammadi (25)Voir plus

Quiz Voir plus

Voyage au centre de la terre

Comment s’appelle le personnage principal ?

Otto
Axel
François
Hans

10 questions
116 lecteurs ont répondu
Thème : Jules VerneCréer un quiz sur cet auteur

{* *}