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Citations de Nasim Marashi (35)


L'automne

Shabaneh

-Écoute-moi, Shabaneh.La solitude, c'est très dur.Beaucoup plus dur qu'une vie sans rêves. On ne peut pas toujours vivre dans les nuages.On finit toujours par redescendre, peu à peu, et alors la solitude, c'est ce qu'il y a de pire.Tu comprends ce que je dis ?
(...)Non, je ne comprends pas.La vie est difficile de toute façon. Chaque jour est plus dur que le précédent. Je vis dans les nuages.Je suis devenue mélancolique. À cause de tous ces livres, je le sais.Ces livres remplis de héros. Des héros vénéneux que j'ai façonnés dans ma tête, que j'ai modelés à ma façon, à qui j'ai attribué telle ou telle qualité, jusqu'à en créer un, rien que pour moi, et qui n'existe nulle part ailleurs.(...)
Pourquoi ces héros ne me lâchent-ils pas? Pourquoi ne me laissent-ils pas redescendre de mon nuage pour poser le pied dans la vie
réelle ?

( p.207)
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Été

Leyla

Je voulais devenir institutrice, libraire, pianiste soliste ou journaliste.Et je ne laisserais tomber aucun de ces rêves. Dès que j'aurais réalisé le premier, mon coeur s'envolerait vers le suivant et celui-ci à peine accompli, je brûlerais déjà pour le troisième et le quatrième.

( p.48)
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Été

Rodja

-Mais tu n 'aimes même pas ça, les études.
Je n'aimais pas ça, mais je n'arrivais pas à me sortir cette maudite université de la tête. Ça me taraudait, comme une sorte de convoitise, d'envie frénétique. Non que je sois envieuse de nature.Non ! C'était plutôt un défi que je me lançais à moi-même, et à tous ceux qui avaient un master.Quand je l'ai obtenu, on aurait dit que le courant m'avait emportée. Je ne pouvais pas m'arrêter là. Je devais émigrer pour ajouter le doctorat à mon tableau. C'était comme un jeu.Chaque niveau franchi en ouvrait un autre.Mes rêves ressemblent à des mirages.Aussitôt comblés, je désire autre chose.Il fallait que je quitte l'Iran.Je n'en démordais pas.
J'étais ambitieuse et malheureuse. C 'était ça le problème. Je ne pouvais pas dire comme Shabaneh:" Pas d'études, pas de problèmes !" (...)
Se contenter de si peu m'écoeurait, me faisait me sentir vieille.J'avais toujours un train de retard sur moi-même. Il me fallait courir. Mettre un but contre mon camp.

( p.133)
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Je n’ai pas bougé. Je suis entrée dans notre chambre et j’ai fermé la porte. Tes habits étaient encore sur le lit, derniers éclats de ta présence dans la maison en ton absence. Je suis restée là à écouter, la porte d’entrée s’est ouverte et refermée, le bruit des roulettes s’est éloigné. Il ne fallait pas que je pleure. Tu allais revenir. J’en étais sûre. Tu ne pouvais pas vivre heureux sans moi. Tu rentrerais très vite. Peut-être même de l’aéroport. Peut-être demain ou après-demain.
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Été

Rodja

C'est la loi de la nature.Depuis des milliers d'années, les enfants quittent le nid et les mères restent seules.

( p.104)
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Été

Shabaneh

J'aurais envie de lui parler de Mahan, qui fait partie de moi, bien qu'il vive en dehors de moi.J'aimerais pouvoir penser à voix haute, lui dire combien je suis inquiète de ce qu'il deviendrait si papa et maman mouraient et s'ils m'arrivait malheur à moi aussi.J'aimerais lui parler de Leyla qui me répète que Misagh était sa clef de sol et que sans lui, elle n'est plus qu'un paquet de notes éparpillées flottant dans l'air dans l'attente d'un arrangement. Lui parler de Rodja qui s'apprête à abandonner sa mère sans que cela lui pose problème, et combien j'aimerais que cette mère soit la mienne et celle de Mahan pour que nous puissions aller vivre avec elle et que plus personne ne soit seul.J'aimerais pouvoir lui dire tout ça mais Arsalan n' a pas la patience d'écouter. Il détournerait la tête et dirait : " Tu vis dans tes rêves " (...) ou encore " Tu es d'une sensiblerie" !
( p.91)
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Automne

Shabaneh

Les épaules de ce gabarit ne devraient pas pleurer. Jamais.Même s'ils sont " handicapés mentaux " ou quel que soit le foutu nom qu'on leur donne.Si les grands costaux se mettent à pleurer, c'est le monde qui vacille.

( p.183)
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On est des sortes de monstres, Shabaneh. On n’est plus du même monde que nos mères mais on n’est pas encore de celui de nos filles. Notre coeur penche vers le passé et notre esprit vers le futur. Le corps et l’esprit nous tirent chacun de son coté, on est écartelées.
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L'automne

Rodja

- Tu sais, Rodja, alors que tu es presque au bout du processus, c'est un peu tard pour avoir des doutes.
Ton visa va arriver d'un jour à l'autre et tu vas partir.Une fois là-bas, tu n'auras plus qu'à profiter de ta nouvelle vie.Je crois que tu ressembles beaucoup à Misagh.Toi non plus, tu ne sais pas pourquoi tu veux partir.Comme lorsque nous avons passé le concours d'entrée à l'université. Tout le monde le passait, nous avons fait pareil. Comme si un train arrivait, et que nous sautions tous dedans sans bien savoir pourquoi.

( p.251)
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L'Automne

Leyla

Perdre.Se perdre.Pourquoi, quand nous étions enfants, nous a-t-on d'abord appris le verbe " perdre" avant le verbe " trouver"?

( p.172)
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Été

Leyla

Et toi, tu n'avais qu'une idée en en tête : nous devions changer de vie et émigrer. (...)
Tout ce que je voulais, c'était d'avoir un boulot à moi.J'avais besoin de savoir où je serais demain, dans dix ans.Je voulais nous voir, toi et moi, comme des arbres plantés dans cette terre, solidement enracinés, pour que tu ne puisses plus aller nulle part sans moi.

( p.46)
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Je me demande comment on a pu en arriver là, où nous nous sommes trompés, à quel moment de notre histoire et sous quelle pression nos fondations ont commencé à se fissurer sans que nous sachions pourquoi, si bien qu'au premier coup de vent, nous nous sommes effondrés sur nous-mêmes sans pouvoir nous relever. Même si nous en avions été capables, cela n'aurait jamais plus été comme avant. La faute à quel ingénieur, qui n'a pas su calculer correctement nos forces, qui nous a fourni une structure susceptible de s'écrouler à tout moment ?
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L'automne

Shabaneh

Maman m'avait pris dans ses bras.
" Si tu n'aimes pas ton petit frère, le vent va l'emporter." J'étais terrifiée. J'ai toujours eu peur que le vent emporte ceux que je n'aimais pas assez.Comme si les aimer revenait à leur attacher une grosse pierre aux pieds qui les cloue au sol.

( p.195)
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Ses soupirs me pèsent sur le cœur. Les soupirs, c'est aussi contagieux que les bâillements. Ils se répandent dans l'air avant de s'écraser sur le cœur des gens comme moi qui ont des récepteurs pour le chagrin.
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- Il s'est passé quelque chose ? me demande Roja. Il a l'air un peu stressé.
- non, ça va. Et leyla ? Elle es allée au journal ?
- Oui. Mais elle n'était pas en grande forme. Elle s'est remise à parler de Misagh. Tiens c'est pour toi. C'est des lasagnes.
- Misagh ?
- Oui. Elle pense encore à lui.
- Elle y pense tout le temps.

p.59
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La solitude, c'est très dur. Beaucoup plus dur qu'une vie sans rêves. On ne peut pas toujours vivre dans les nuages. On finit toujours par redescendre, peu à peu, et alors la solitude, c'est ce qu'il y a de pire.
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— On est des sortes de monstres, Shabaneh. On n'est plus du même monde que nos mères mais on n'est pas encore de celui de nos filles. Notre cœur penche vers le passé et notre esprit vers le futur. Le corps et l'esprit nous tirent chacun de son côté, on est écartelées.
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Été

Shabaneh

Quand papa saura que j'ai une assurance, il va sauter de joie.Le seul problème qu'il a avec mon job, c'est que je n'ai pas encore d'assurance.Sans quoi, sa fille a coché toutes les cases: aller à l'université, devenir ingénieure. Pour compenser la maladie du fils.(...)
Papa ignore à quel point je suis incapable du moindre changement. Je n'oserais jamais changer de boulot, même s'ils s'arrêtaient de me verser mon salaire.(...)
Papa ne sait rien de tout ça. Il me voit seulement partir au boulot, en revenir, et il me croit heureuse. Il s'imagine que sa fille est une ingénieure qui réussit dans la vie, qui pourrait déplacer des montagnes, et dont l'avenir est assuré. Papa ignore bien des choses.


( p.77)
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On est des sortes de monstres, Shabaneh. On n'est plus du même monde que nos mères mais on n'est pas encore de celui de nos filles. Notre cœur penche vers le passé et notre esprit vers le futur. Le corps et l'esprit nous tirent chacun de son côté, on est écartelées. Si nous n'étions pas ces monstres, à l'heure qu’il est, on serait chacune chez soi à s'occuper de nos enfants. On leur consacrerait tout notre amour, nos projets, notre avenir, comme toutes les femmes ont toujours fait à travers l'histoire. On ne serait pas en train de poursuivre des chimères. Leyla aurait courbé l'échine comme les autres pour suivre son mari. Moi, je m'emmerderais pas avec l'argent, les emprunts, le boulot... Je resterais ici bien tranquille à mener ma petite vie. Toi, tu aurais un mari, des enfants, tu serais heureuse. Au lieu de servir de mère à Mahan, tu aurais tes propres enfants. p. 217
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J’aimerais lui parler de Leyla qui me répète que Misagh était sa clé de sol et que sans lui, elle n’est plus qu’un paquet de notes éparpillées flottant en l’air dans l’attente d’un arrangement.
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