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Critiques de Natasha Brown (51)
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Assemblage

L'encensoir agité lors de la parution de ce roman me plonge dans le doute, méfiant que je suis face à une déferlante de louanges que je sens vaguement sur-écrites. Après lecture et discussion, il semblerait que le talent soit là, que la forme choisie gagnerait à être simplifiée pour une meilleure compréhension du message, si message il y a, et volonté de prouver tant de choses simultanément.

Le milieu social dépeint n'a aucun intérêt en soi, vu et revu, l'inscription du personnage dans ce paysage n'est qu'une épreuve destinée à souligner la condition d'une femme, noire, dans l'Angleterre d'aujourd'hui. Elle s'inflige un parcours sociétal et professionnel, une tentative qu'elle sait désespérée et vaine de se faire accepter même si toutes les situations rencontrées montrent que c'est peine perdue.

Je suis une femme, de couleur, face à un milieu conservateur, blanc, qui vous instrumentalise pour mieux se dédouaner de la responsabilité qu'il porte dans le ressenti que vous portez en vous, ce sentiment permanent d'infériorité et d'humiliation devenu sous-jacent après avoir été l'alpha et l'oméga de la toute puissance de ce pays lors des siècles précédents.

La métaphore d'une pathologie n'en est que plus inutile, la redondance est de trop, nous avions compris votre parcours semé de mille embûches.

La forme littéraire, je ne suis pas spécialiste, est agaçante.

Ouvrage court.
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Assemblage

Quand Get Out rencontre Industry, sous l'oeil percutant de Reni Eddo-Lodge !



Pour son premier roman, Natasha Brown donne voix et corps à une narratrice, jeune femme noire, produit modèle de la méritocratie à l'anglaise, baignant dans les eaux troubles de la City.



Une héroïne coincée entre ses origines et sa terre natale. "Anglaise" pour sa famille en Jamaïque, "noire" pour ses supposément concitoyen·nes. Histoire trop tragiquement commune, mais exprimée avec maestria.

En faire toujours plus, mais jamais assez. Être intégrée jusqu'à être dissoute, mais toujours un corps étranger, à l'exotisme ambivalent, aussi attirant que support à la démarcation.



Colonisation, esclavage, réparations, bonne conscience, sexisme, racisme. Le menu est chargé, la note est salée.

Mais il faudra faire bonne figure, attrapée dans une garden party de tories.

La belle-famille. Les faux-semblants. La bienveillance à durée déterminée.



Harcèlement qui rôde, aggression qui plane.

Micro-aggressions constantes. En attendant pire. Les violences racistes, comme celles sexistes, forment un continuum.



Un court roman percutant, qui ne cache rien, dévoilant les différentes couches de protections, de parades, de parures de son héroïne.

Natasha Brown ressort quelques cadavres du placard de cet empire sur lequel jamais le soleil ne se couche. Les mots claquent et virevoltent. Une réussite.
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Assemblage

Un premier roman prometteur, engagé et d'une grande originalité formelle.



Dans ce roman, nous suivons une jeune femme britannique, noire de peau, qui a réussi professionnellement, qui, avec beaucoup de courage et de sacrifices, a su se hisser au sommet de la boîte pour laquelle elle travaille (finance).

Alors que tout semble lui sourire (son charmant petit-ami blanc est sur le point de la demander en mariage, elle croule sous l'argent), elle prend la décision de ne pas soigner le cancer qu'on lui a diagnostiqué.



Une oeuvre insolite, radicale, tant par la forme que par le fond, qui met en lumière l'hypocrisie institutionnelle et politique du Royaume-Uni en ce qui concerne l'assimilation des populations de couleur.

Elle illustre le seul choix possible : l'effacement par l'abandon de ses racines et revendications pour faire oublier sa couleur de peau, faire tapisserie.



En moins de 200 pages, Natasha Brown livre un roman d'une formidable richesse, concis et percutant.
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Assemblage

Assemblage est un premier roman britannique de petite taille, ce qui ne l'empêche pas d'être un texte fulgurant. La narratrice est une jeune femme noire qui travaille dans la City. Elle est douée, s'est battue depuis toute petite et deux fois plus que les autres pour bien travailler à l'école, faire de bonnes études, avoir un bon travail. Son petit ami est blanc. Son milieu bourgeois ne l'accepte pas totalement. Et elle n'en peut plus justement de cette bataille, de l'injonction permanente à l'assimilation qu'elle reçoit. Sa solution sera très radicale.



En se glissant dans les pensées de son héroïne, Natacha Brown nous offre un texte très abouti nous permettant de nous poser des questions indispensables sur le racisme, la colonisation et ses suites. Soulignons aussi la belle traduction de l'auteure Jakuta Alikavazovic.

Un roman nerveux et nécecessaire à lire d'urgence qui a déjà eu un immense succès en Grande-Bretagne.
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Assemblage

Fragments de vie, celle de la narratrice qui nous raconte le racisme autrement, celui de tous les jours, celui qui ne veut pas faire mal mais touche en plein cœur.

La narratrice est une femme noire issue d'une famille modeste qui a réussi brillamment dans les études avant de se construire une carrière professionnelle sans faute dans la finance à la City. Le récit débute lors de sa promotion, au lieu de fêter ça avec ses collègues la voilà réfugiée dans les toilettes afin d'échapper aux commentaires corrosifs, sa couleur de peau à l'origine d'une telle promotion? Cet avantage serait-il juste une question de respect des quotas?

Mais elle relève la tête, et devient propriétaire d'un bel appartement et effectue divers placements juteux, son compte en banque se porte à merveille. Mais qu'en est-il de son état à elle?

Car depuis que son petit-ami, homme blanc issue de la bonne société britannique, l'invite à assister à la garden party familiale, la narratrice s'interroge sur sa présence en ces lieux, sur sa carrière et sa vie. Elle qui a tout fait pour s'extraire de son milieu et atteindre les sommets, réaliser ce que l'on attendait d'elle sans se poser la question de savoir si c'est ce qu'elle voulait aussi, regarde derrière elle, sur ce chemin parcouru.

Malgré sa réussite, la narratrice se rend compte qu'elle sera toujours l'étrangère, une apparence trompeuse fait d'un assemblage de divers personnages.



Ce récit fait appel à la mémoire de la narratrice pour penser la blessure du colonialisme, rapprocher les privilèges des grandes familles à l'ascenseur social pourtant pas à la portée de tous. Ce qui aurait pu être incisif ne l'est pas, la narratrice se laisse porter sans jamais se révolter. Elle accepte son sort et les reproches du moment que la vie lui offre ce qu'il y a de meilleur matériellement parlant, car la blessure reste.

Trop lisse.
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Assemblage

Si vous cherchez un livre feel good passez votre chemin. Et de l'easy reading aussi. L'écrivaine est cérébrale, complexe, brillante, tourmentée, sûre d'elle et pas du tout, blessée. Il y a dans Assemblage qui porte bien son titre des collages de moments et d'impressions, de scènes et de colères. C'est lisse et tranchant, doux et hérissé : en vérité, ça bouillonne et ça gronde. Assemblage est un livre fort, dérangeant, important, très "dans l'air du temps" (entre Woolf et Fanon dit The Guardian) mais juste, tenu de bout en bout, réussi.
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Assemblage

Racisme, mépris de classe, sexisme. Pour réussir à la City, la narratrice de ce premier roman grinçant, une jeune Britannique noire, a tout encaissé. Jusqu'à casser.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Assemblage

J'avais fait la demande de ce livre grâce à son résumé et la couverture que je trouvais vraiment sympa.

Mais je ne sais pas trop quoi en penser de ce court roman. Il y a beaucoup de thèmes abordés, peut-être un peu trop pour la longueur du roman.

Il m'a aussi manqué un peu de temps pour m'attacher au personnage principal.

Je ne savais pas toujours où j'étais avec ce roman, c'est un peu ce que je n'aime pas trop dans les romans, quand je suis un peu perdue.

Et puis, je ne m'attendais pas à avoir le thème de la maladie dans ce roman, j'aurais aimé savoir, car je ne l'aurais pas demandé.
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Assemblage

« La réponse : l'assimilation. Toujours, cette pression, pile à cet endroit. Assimilez-vous, assimilez-vous. Dissolvez-vous dans le melting-pot. Puis coulez-vous dans le moule. Pliez vos os jusqu'à ce qu'ils craquent, se fendent, jusqu'à ce que ça rentre. Forcez-vous à épouser leur forme. Assimilez-vous, voilà à quoi ils exhortent, à quoi ils encouragent. Puis ils froncent les sourcils. Encore. Et encore. Et toujours, en ligne de basse, sous le vocabulaire insistant de la tolérance et de la convivialité - disparaissez ! Fondez-vous dans la soupe multiculturelle de Londres. »



La narratrice d’Assemblage est une femme noire, anglaise, travaillant dans le milieu bancaire londonien, d’héritage jamaïcain et issue de la classe ouvrière. Elle est invitée à l’anniversaire de mariage des parents de son petit-ami, famille blanche bourgeoise. À travers son récit, elle révèle progressivement l’illusion d’une Angleterre inclusive, tolérante, portée sur la justice et l’égalité.



Ce premier livre de Natasha Brown parle magnifiquement et efficacement de ce que signifie être une femme noire dans les milieux capitalistes et masculins de la finance anglaise. Elle nous parle de la colonisation, de capitalisme, de misogynie. La tolérance prônée n’empêche en rien les micro-aggressions, les insultes, les remarques constantes. Et toujours un mot : l’assimilation. C’est elle qui doit se fondre dans le décor, non pas le décor qui doit changer. Cependant, on ne peut pas faire des compromis éternellement.
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Assemblage

Je reste déconcertée par ce roman qui dépeint, dans la juste lignée de Chimamanda Ngozie Adichie, les maux quotidiens d’une jeune femme noire parvenue, péniblement, à être tolérée dans une société marquée par le racisme ordinaire, un sexisme latent et une condescendance à peine voilée envers ceux qui ont réussi à s’affranchir de leur destinée sociale. Le diagnostic implacable d’un cancer apparaît soudain comme un échappatoire à ces efforts vains d’assimilation. Un premier roman réussi, même si l'on peut regretter sa brièveté et le parti-pris narratif et stylistique qui laisseront parfois le lecteur de marbre.
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Assemblage

Dès les premières lignes j'ai été saisie par la plume. L'écriture est percutante, acérée et brute. Les paragraphes sont courts, comme de brèves photographies de la vie de la narratrice.

Femme noire, ambitieuse, qui a lutté toute sa vie pour obtenir ce qu'elle a, elle arrive à un moment décisif de sa vie. Elle accompagne son conjoint chez ses beaux-parents. Sa belle-famille bourgeoise, blanche et aisée depuis des générations. Elle fait bonne figure malgré une terrible nouvelle qu'elle vient d'apprendre et fait le point sur sa vie.

Elle lutte tous les jours. Contre le sexisme. Contre le racisme. Contre harcèlement moral et sexuel. Elle travaille deux fois plus que les hommes pour grimper les échelons de son entreprise. Elle tente de ne pas montrer qu'elle voit bien que sa belle-famille la prend de haut.

Assemblage de moment qui ont ponctués sa vie, tels des morceaux de puzzle.

C'est un livre qui parle également de la charge mentale qui pèse sur les femmes.

C'est un livre très riche.

Cependant, même s'il est très court, j'ai fini par perdre le fil. C'est un texte très haché et rythmé. On saute de pensées en moments de vies, j'ai trouvé que ça manquait de fluidité. Je n'ai pas été aussi touchée que j'aurai pu l'être.
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Assemblage

"Assemblage" est le premier roman étonnant de Natasha Brown. Sa narratrice est une femme noire britannique d’origine modeste. Elle est la fille obéissante d’immigrants jamaïcains, la petite amie dévouée d’un homme blanc libéral et satisfait de lui-même, et une employée modèle et serviable dans une banque d’affaires londonienne. Elle semble avoir obtenu tout ce à quoi elle aspirait, mais ce n’est qu’une façade.

Elle flotte au-dessus du monde, observant avec effroi les autres vivre leur vie avec espoir et enthousiasme. Sa narration en flux de conscience révèle sa lutte stérile contre le racisme, le sexisme, la misogynie, l’identité, le fait de ne pas être acceptée à cause de la couleur de sa peau ou de son genre.

Raconté de manière fragmentée et elliptique, j’avoue avoir été perdu plus d’une fois dans le récit de Natasha Brown. Mais, comme les morceaux d’un puzzle qui s’assemblent, l’histoire se recompose progressivement avec précision, concision et brutalité. Le récit à la structure inventive est un examen cru, érudit, succinct et incisif de l’histoire britannique, du colonialisme, de l’esclavage, du capitalisme, de la misogynie et de l’interminable série de petites agressions quotidiennes que la narratrice subit.

Pourtant, lorsqu’elle parle d’elle-même, elle est timide, refusant de fournir des informations qui pourraient affiner son autoportrait fragmenté. Elle n’a pas de nom, pas d’émotions, pas d’âge et pas de préférences. Comme si elle était le fantôme d’elle-même et cette absence de proximité et d’affect m’a déplu.

Visage de la diversité et du progrès dans son entreprise, la narratrice est tributaire des projections de chacun. Ses collègues jaloux remettent en question sa place dans la banque et dans le pays. Son petit ami voit dans leur relation la preuve d’un mythe post-racial. Elle supporte ces personnes odieuses, ces situations scandaleuses alors que même dans ses pensées elle les protège et les défend. Elle se sent étouffée par son environnement et s’enfonce chaque jour un peu plus dans la dépression. Lorsqu’un médecin lui diagnostique un cancer, la narratrice y voit l’occasion de reprendre le contrôle de sa vie. Elle refuse gentiment, mais fermement le traitement. « Mais après des années de lutte, à batailler contre le courant, je suis prête à baisser les bras », pense-t-elle. « À ne plus me débattre. À inspirer l’eau. Je suis épuisée. Peut-être qu’il est temps de la finir, cette histoire. » L’homme raisonnable et reconnaissant en la vie que je suis s’est demandé : pourquoi refuser un traitement ?

Ce geste m’a désorienté et a brouillé momentanément ma crédibilité de l’histoire. Et puis, après réflexion, j’y ai vu la métaphore du cancer du préjugé racial ou social que la narratrice ne pourra jamais vaincre. Il infecte chaque partie de sa vie et elle décide de ne pas lutter contre le cancer littéral qui envahit son corps. Elle choisit la mort, comme moyen de « transcender ».

Avec cette décision, "Assemblage" devient un examen touchant de la vie d’une femme noire et une analyse acerbe du paysage social et racial britannique. La prose sobre et rythmée de Natasha Brown rend les expériences de harcèlement de la narratrice avec clarté. En une centaine de pages, le livre avance à une vitesse presque vertigineuse. Mais je me suis demandé si la puissance et l’efficacité de cette sobriété, de cette brièveté n’étaient pas une excuse pour éviter d’étoffer son histoire. J’ai trouvé étrange par exemple que la narratrice n’explique pas comment elle vit avec un petit ami alors qu’elle ne l’aime pas. Pourquoi lui ment-elle sur son état de santé ? Qu’en est-il de la relation avec sa jeune sœur et de l’impact émotionnel que sa mort pourrait avoir ? Pourquoi ne s’interroge-t-elle pas sur son métier de trader qui participe aux inégalités du monde ? Cette femme est malheureuse à s’en rendre malade et je n’ai pas su dire si c’était à cause de sa couleur de peau, de son métier dans la finance ou de l’absence d’amour dans sa vie.

En dehors de ces réserves, je trouve qu’"Assemblage" de Natasha Brown est un livre étonnant qui met brillamment en lumière les inégalités bien ancrées de notre époque. C’est un premier roman intelligent, rapide, percutant et puissant qui marque un début impressionnant pour une carrière d’écrivain que je vais suivre.

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Assemblage

Assemblage est un roman qui porte plutôt bien son titre, et j'aime assez quand le ton est donné d'entrée de jeu.



La narratrice, une jeune femme britannique noire, vient d'obtenir une promotion, peut-être pour respecter les quotas, et d'être invitée à une garden-party organisée par les parents de son aristocrate de petit ami.

Ces deux événements et un troisième concomitants vont la pousser à s'interroger sur sa réussite, sa carrière, sa place dans la société.



Assemblage se compose donc des pensées et réflexions de la narratrice.

Certains passages absolument percutants nous plongent dans la psyché de la jeune femme, dans ce sentiment ancré que sa couleur de peau gouvernera toujours sa vie.

Le style haché, parfois saccadé, reflète son état d'esprit, entre doute, interrogations et décisions irrévocables.



Et puis, il y a d'autres pages, où le propos plus diffus m'a échappé ; il y a aussi ces ellipses alors que j'aurais aimé en savoir plus.

Toutefois, l'ensemble est très intéressant et j'ai hâte de voir ce que l'avenir et Natasha Brown nous réservent.
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Assemblage

A young black British woman has done everything right, with a glamorous job in finance and a wealthy, very British, white boyfriend. Despite being born in the UK, she had to comprehend nonetheless all the codes necessary to integrate and dissolve herself successfully, but at what cost? She is exhausted and can’t do this any more… and is now ready to let go of everything. A touching, heartbreaking novel that hits so close to home. An unsettling reading for me.
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Assemblage

« Découvrir l’âge adulte en pleine crise économique. Rester serviable dans un monde brutal et hostile. Sortir, étudier à "Oxbridge", débuter une carrière. Faire tout ce qu’il faut, comme il faut. Acheter un appartement. Acheter des œuvres d’art. Acheter du bonheur. Et surtout, baisser les yeux. Rester discrète. Continuer comme si de rien n’était. »



En apparence, la narratrice a tout pour être heureuse : une belle promotion dans le secteur de la finance, de bons placements financiers, un bel appartement et un petit ami issu d’une riche famille aristocratique aux penchants politiques. Une ascension sociale qui fait rêver... « Je suis tout ce qu’on m’a dit de devenir ». Pourtant, alors qu’elle est invitée à une garden party, ultime symbole d’un transfuge de classe réussi, elle s’interroge sur sa vie et décide de cesser de jouer le jeu de l'assimilation...



Un roman n’a jamais aussi bien porté son nom. Il est composé de fragments, à priori disparates, de morceaux choisis de la vie de la narratrice. De courts textes dans lesquelles elle épingle le racisme, la misogynie crasse de ses collègues, le mépris de classe et l’hypocrisie née au nom de la diversité. L’écriture fine et précise est parfaitement rendue par le magnifique travail de traduction de Jakuta Alikavazovic. Un texte court, qui requiert tout de même un temps d’adaptation par son style singulier. Mais rassurez-vous, après quelques pages, l'immersion est complète. Il ne reste qu’à savourer chaque mot, chaque tournure de phrases.



Sur la même thématique (un soupçon de romance en plus!), je vous conseille Open water de Caleb Azumah Nelson, un autre auteur très prometteur de la scène littéraire britannique !


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Assemblage

Un livre dénonce le racisme et le comportement post-colonialiste de nos cousins britanniques. Une intention louable, mais il y a tellement de livres actuellement sur ce sujet qu'on a envie de dire "trop c'est trop". On retrouve toujours les mêmes éléments du politiquement correct et cela devient saoulant. Par ailleurs, l'auteure a une écriture à laquelle je n'ai pas accroché : c'est brouillon, sans trame, cela part dans tous les sens. On a du mal à suivre ce fil d'idées. Une lecture intéressante mais qui ne m'a pas emporté. D'où la note moyenne.
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Assemblage

« Assemblage » nous présente le monologue d’une narratrice à qui tout semble sourire : d’excellentes études, un poste très bien rémunéré à la City, un appartement à Londres, et un petit ami issu de la haute bourgeoisie. Pourtant, très vite, on comprend quel a été le prix de la réussite pour cette jeune femme jamaïcaine de condition modeste, constamment renvoyée à ses origines, et obligée de faire profil bas dans un monde dominé par les hommes. Invitée à une garden-party chez les parents de son petit ami, elle prend conscience qu’elle ne sera jamais acceptée, tandis qu’elle apprend qu’elle est atteinte d’un cancer.

Dans ce premier roman remarqué, Natasha Brown dépeint une société touchée par de profondes inégalités, et par les conséquences de la colonisation. Le mépris de classe subi par la narratrice parmi les politiciens de sa belle-famille se double d’un manque de reconnaissance dans l’entreprise où ses collègues considèrent qu’elle est favorisée par les quotas de diversité. Caution progressiste pour son petit ami, elle se sent dépossédée et sait qu'elle n'est pas, comme lui, une héritière. Découpé en vignettes, ce roman sans concession au style épuré et à la narration morcelée revêt une teneur éminemment politique par son constat accablant. La situation de l’héroïne la conduit à faire un choix radical, qui peut se lire à la fois comme un renoncement, mais aussi comme l'affirmation d’une liberté enfin conquise.
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Assemblage

Assemblage est un bon titre pour ce texte-récit. Des paragraphes vont nous raconter la vie, le quotidien professionnel, personnel d'une jeune femme anglaise d’origine jamaïcaine, issue d’une famille modeste. Après de brillantes études dans une université réputée, elle obtient un poste dans la finance et travaille à la City. Elle vit dans un bel appartement et a un petit ami issu de l’aristocratie britannique. Ce tableau idyllique est remis en question lorsque, invitée à une garden party dans sa richissime belle-famille qu’elle rencontre pour la première fois, elle s’interroge sur sa réussite sociale et sur ce que cela dissimule.

Ce texte parle très bien de déterminisme social, peut on changer de classe sociale si simplement. Bien sûr, notre narratrice a réussi professionnellement, elle vient d'avoir un poste prestigieux dans la banque d'affaire (même si elle subit des commentaires sexistes et racistes, une promotion car femme et faisant partie d'une minorité), personnellement. elle vient d'acquérir un bel appartement dans un beau quartier et est fiancé avec un anglais de souche aristocratique (mais est ce une simple touche d'exotisme dans sa future belle famille).

L'air de rien, sans pathos, l'auteure nous parle de la société anglaise, de l'histoire des colonies et de l'empire anglais (Née en Angleterre, pourquoi doit elle refaire ses papiers pour justifier la nationalité de ses parents), de la place des femmes dans de hauts postes de responsabilité (grâce au quota ??!!). Par petites touches, ce texte nous questionne sur le rapport entre les êtres, sur l'histoire des colonies des empires et de cette histoire déniée, non racontée.

C'est aussi un beau portrait d'une femme, qui doit au quotidien se battre, prouver ses valeurs, subir des réflexions racistes, sexistes? Des comportements du quotidien qui font mal (pourquoi ne pourrait elle pas être en classe business plutôt que diriger vers la classe éco, les réflexions d'un jardinier de ses beaux parents alors qu'elle souhaite se balader tranquillement..)

Un texte bref mais efficace.



#Assemblage #NetGalleyFrance
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Assemblage

L Le personnage principal d’Assemblage est le symbole de la parfaite intégration. Jeune femme noire britannique, la narratrice vient d’obtenir une promotion dans le cabinet financier londonien où elle travaille. Son petit ami appartient à une grande famille progressiste purement anglaise. Quand elle donne des conférences dans les lycées, elle fait figure d’exemple.….
Lien : https://www.unidivers.fr/ass..
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Assemblage

"Assemblage" par Natasha Brown.



Le roman britannique de la décennie.



C'est en écoutant les critiques flatteuses du "Masque et la plume" dimanche dernier que je me suis souvenu que ce petit ouvrage était posé sur un coin de ma bibliothèque. Reçu d'Angleterre il y a quelques mois déjà, avec la mention "Tu verras, c'est un choc, c'est le roman britannique de la décennie". "Assemblage", le premier roman de Natasha Brown a connu un succès considérable outre-Manche.



Ça se lit très bien, c'est très court, 100 pages seulement. Écriture ciselée, maîtrisée, pour un propos très engagé. La romancière compose un assemblage de fragments littéraires et esquisse le portrait d'une Angleterre confrontée au racisme ordinaire. La narratrice, d'origine jamaïcaine, est une jeune cadre d'une banque londonienne. Elle semble cocher toutes les cases pour réussir sa carrière. Son boyfriend est issu de l'une des plus chic "public school" du pays. Il est blanc de peau, et on se demande si son choix d'une petite amie antillaise n'est pas bassement opportuniste. Très à la mode de s'afficher avec une copine noire dans son milieu.



"Non, mais à la base, tu es de où ? Tes parents sont de quelle origine, d'Afrique, n'est-ce pas ?" La narratrice range bien soigneusement au fond d'un tiroir son passeport britannique, seule garantie de ne pas être déportée du pays. La France et ses banlieues n'a donc pas le monopole des problèmes d'intégration. Le passé colonial britannique n'est pas digéré. Les graves émeutes de l'été 2011 à Londres et dans les grandes villes anglaises l'ont encore récemment rappelé. Le gouvernement conservateur "brexiteer" populiste d'aujourd'hui exacerbe encore les tensions raciales et les problèmes identitaires au Royaume-Uni.

Si le racisme historique de la société américaine est souvent porté à l'écran et présent dans sa littérature (par exemple, dans les romans de Colson Whitehead), le racisme latent au Royaume-Uni l'est moins, et pourtant, il y a matière !



En lisant Natasha Brown, on pense aux romans de Zadie Smith, mais aussi à "L'étranger" de Camus. Un roman choc, où l'autrice "venge sa race".

Une brillante déconstruction de l'Angleterre blanche, raciste, sexiste, et de son mépris de classe. So shocking !
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