On me pousse à me séparer de l'amour
On me dit "débarrasse toi de l’amour"
Seigneur! Je te jure devant ta Divinité,
Et encore devant ta Déité
Relève-moi jusqu’au bout de l'amour,
Que ne finisse pas ce grand amour,
Abreuve mon âme à la source de l’amour
Ne me prive pas du kohol de l’amour
Je suis aviné par le vin de l’amour
Assoiffe-moi pour du vin de l’amour.
De la composition du livre
Par un jour de bonne fortune et d’allégresse,
– j’étais en félicité l’égal de Kay Qobâd –
Mes sourcils en arc paisibles étirés,
le divan de Nezâmi, ce mien recueil, devant posé ;
Le miroir de Fortune à mon visage tendu,
Prospérité ayant réglé mes apprêts ;
Tôt matin, un bouquet de roses à la main,
le sort à mon respir rendu fortuné ;
Phalène du cœur une lampe à la main,
moi, rossignol du jardin, et le jardin ivre ;
Au zénith de la parole la bannière dressée,
de l’ouvrage, cet écrin, la plume tirée –
Bec de plume pour percer les rubis,
langue de francolin pour énoncer un point –
En moi-même disais : « Il est temps d’entreprendre :
Fortune m’est alliée et le sort ami.
Jusqu’à quand souffle vide choisirai-je,
et de l’emploi du monde resterai-je vacant ?
La course du temps, qui fait la joie du nanti,
laisse de côté celui ventre creux.
Au chien efflanqué à l’écuelle vide
ne revient pitance ni garde du troupeau.
À l’instrument du monde le chant peut s’accorder :
le monde appartient à qui au monde s’accorde.
Il élève haut le col dans l’air
celui qui, avec tous, comme l’air s’ajuste.
Tel le miroir, en quelque lieu que soit,
un genre avec mensonge il fait surgir.
Toute nature qui va à contre-courant
tel un mode défectueux s’oppose à l’harmonie.
Ah, Fortune ! si tu es magnanime,
enjoins-moi de me mettre au travail ! »
Comme je jetais les dés en pareil augure,
l’astre étant en favorable conjonction –
Celui que Fortune touche, d’autant gagne en trésor,
Fortune autant qu’elle emporte dispense
en largesses –
Sur l’heure, un messager surgit du chemin :
il apportait un ordre de l’auguste souverain.
De la composition du livre :
"Dès qu'intimation me parvint à couvert
de l'enceinte royale de Salomon,
je pris mon vol, tel l'oiseau ailes déployées,
afin de me présenter au seuil magnifique.
Dans l'intimation le messager signifiait :
"La nuit de la Fête, fais surgir croissant de lune tel
que, de finesse, au travers le voile des ténèbres,
le premier venu ne puisse le voir.
Et pour que ton sortilège fasse sa proie
des magiciens par le jeu de ton imagination,
verse à foison le poivre sur le feu ;
fais crépiter la flamme ; attise la braise.
La cire froidie, en pareille fournaise
rends souple et douce, dictame pour le coeur.
Ta litière, pousse-la hors de la sente étroite ;
assez de cabrioles sur l'âne boiteux !"
[...] sans l'aiguillon de l'abeille, il n'est guère de miel.
Applique-toi à être, par nature, satisfait;
de ce qui est, sois content et réjoui.
A part l'homme, tous les êtres vivants
se rangent au côté de Frugalité.
Quand fut tracé le contour de fidélité,
au mot "femme" la plume se brisa.