Nick Cutter

Les murs du placard étaient recouverts de papier peint. Qui diable posait du papier peint dans un placard ? Il était déchiré en minces lambeaux. Tim serra une spirale entre ses doigts. Elle s'arracha du mur avec un adorable bruit de fermeture Eclair. Il déposa la bande de papier peint sur sa langue. La vieille colle avait un goût légèrement sucré. Il l'avala goulûment.

Ils n'avaient pas songé à l'homme de la journée, mais son ombre avait rôdé à la périphérie de leurs pensées.

Les gens sont réellement désespérés. Vous n'avez pas entendu parler du régime du ver solitaire ? Certaines personnes mangent délibérément du bœuf avarié pour faire entrer des vers dans leur corps. C'est plus commun que vous ne le croyez – cette méthode est bien entendu illégale en Amérique du Nord, mais des cliniques d'amaigrissement au Mexique ont développé un véritable business autour de cette pratique.

Cette sortie avait failli ne pas avoir lieu. On annonçait une tempête pour la fin de semaine ; le bulletin météorologique prévoyait qu’elle arriverait du nord, un de ces monstres déchaînés à têtes multiples qui s’abattent de temps à autre sur la province insulaire, mi-tempête, mi-tornade, arrachant les bardeaux des toits et sectionnant les arbrisseaux à la base. Toutefois, les dernières images satellites indiquaient que la tempête virerait à l’est, vers l’Atlantique, où elle épuiserait ses forces sur les vastes étendues désertes.

En guise de précaution, Tim s’était assuré de la charge complète de la radio marine ; si les cieux devenaient menaçants, il ferait en sorte qu’on vienne les chercher plus tôt. À vrai dire, il détestait avoir besoin de la radio à ondes courtes. Tim avait établi des règles strictes pour cette sortie. Pas de téléphones. Pas de consoles de jeux. Il avait obligé les garçons à vider leurs poches sur le quai à North Point pour être certain qu’ils ne passent pas en douce un objet qui les relierait à la terre ferme.

Compte tenu du temps, la radio était un mal nécessaire. Comme disait le manuel des scouts : Toujours prêt.

Il savourait cette sortie annuelle. Certains auraient pu trouver ce raisonnement étrange. Ne jouissait-il pas déjà assez de la solitude de sa maison du cap, traversée de courants d’air ? Mais il s’agissait d’un autre type d’isolement. Pendant deux jours, les garçons et lui seraient seuls. Une cabane, quelques sentiers. Un bateau les avait déposés avec leurs provisions plus tôt ce soir-là. Il repasserait dimanche matin.

L’AFFAMÉ DE PRINCE COUNTY !
par Huntington Mulvaney

Chers lecteurs, nous venons de recevoir des nouvelles effarantes en provenance de l’un de nos avant-postes les plus isolés, la petite communauté de pêcheurs de Lower Montague, sur l’Île-du-Prince-Édouard. Une morne pointe rocheuse et inhospitalière émergée des eaux de l’Atlantique.

Ai-je tort de croire qu’il s’agit de l’endroit idéal pour un brin de diablerie ? Heureusement pour vous, nos yeux et nos oreilles sont partout. Nous voyons tout, nous entendons tout.

Cette nuit, Sadie Adkins, serveuse au Diplomat Diner à Lower Montague, s’est fait dérober son vieux pick-up de marque Chevrolet dans le parking du diner par un voleur anormalement émacié. Adkins a appelé à notre ligne sans frais après que la flicaille du cru eut cruellement et malicieusement rejeté ses supplications, les jugeant, et nous citons, « ridicules » et « insensées ».

« Moi, je peux vous dire qui a piqué mon foutu pick-up, a déclaré Adkins. Un vrai crève-la-faim ! »

Un homme non identifié aux cheveux taillés ras et aux vêtements amples est entré au Diplomat à 21 heures. D’après Adkins, l’individu souffrait de malnutrition avancée.

Mais la plupart des êtres vivants ne veulent pas mourir. Il en fallait beaucoup pour les tuer. Les événements prennent souvent une tournure violente.

«  De la poudre d’os, leur avait dit le grand-père de Max. C’est magique, les garçons, rien de tel pour faire pousser les plantes. »

À ces paroles, Max s’était demandé pourquoi les cultivateurs ne plantaient pas leurs champs de pommes de terre dans les cimetières…

Les adultes sont des enfants obsolètes.

L'information n'est pas toujours une source de pouvoir. Elle peut faire autant de dommages que l'ignorance.

Il ne dit pas à Newton que tout irait bien, parce que ce n'était pas vrai; rien ne serait plus jamais comme avant. L'avenir ne pourrait jamais aspirer à la perfection du passé.

La peur est un gage d'honnêteté. La peur nous garde en vie. Mais il ne faut pas qu'elle l'emporte sur le reste.

Il existe une émotion qui évolue dans un registre au-delà de la pure terreur. Elle se situe au-dessus de la limite de l'entendement humain, comme les ultrasons d'un sifflet à chien. Son existence même constitue une découverte horrifiante, comme lorsqu'on balaie les fréquences à ondes courtes au beau milieu de la nuit et qu'on capte par hasard un signal extraterrestre : un murmure sourd, à peine distinct du grésillement, des voix qui marmonnent dans un langage brutal qu'aucun humain ne pourrait jamais inventer.

Chers lecteurs, nous venons de recevoir des nouvelles effarantes en provenance de l’un de nos avant-postes les plus isolés, la petite communauté de pêcheurs de Lower Montague, à l’Île-du-Prince-Édouard. Une morne pointe rocheuse et inhospitalière émergée des eaux de l’Atlantique.

Ai-je tort de croire qu’il s’agit de l’endroit idéal pour un brin de diablerie ? Heureusement pour vous, nos yeux et nos oreilles sont partout. Nous voyons tout, nous entendons tout.

- "Loi scoute numéro deux : Un scout est toujours loyal envers ses pairs.
Loi scoute numéro trois : C'est le devoir d'un scout d'être utile aux autres et de leur venir en aide, et il doit accomplir ce devoir avant tout le reste au détriment de son plaisir, de son confort ou même de sa propre sécurité.
Loi scoute numéro quatre : Le scout honore et protège la nature dans toute son abondance.
Loi scoute numéro sept : Un scout obéit à son chef sans poser de questions.
Loi scoute numéro huit : Un scout est l'ami des animaux."

~ Les Lois Scoutes ~

- "Savez-vous à quel point c'est difficile de tuer quelque chose ? Rien ne veut mourir. Les êtres s'accrochent à la vie même quand y a plus d'espoir. C'est comme si la fin était toujours là et qu'on pouvait pas y échapper, mais qu'on se battait le plus fort possible. Donc une fois la ligne d'arrivée franchie, on a plus rien. Ni corps, ni joie, ni espoir. Les êtres ne savent pas quand mourir. [...] C'est la nature humaine, non ? C'est la nature de tout être vivant. On s'accroche à la vie jusqu'à ce qu'elle nous soit arrachée. Même s'il en reste que des lambeaux, on s'accroche tout de même."

- "Dieu ne vous donnait qu'un seul corps. Ce que vous en faisiez ne regardait que vous."

- "Disparu, c'est encore pire que mort. C'est comme lire un livre où il manquerait les dernières pages ou regarder un film sans la fin. On ne peut pas savoir comment l'histoire se termine."

- "Il suffit de caresser son chien. Si votre chien s'est roulé dans un tas de merde plus tôt ce jour-là, comme les chiens ont l'habitude de le faire, vous pouvez vous retrouver avec des particules microscopiques de ladite merde sur vos phalanges sans même vous en apercevoir. Un millier d'œufs coincés entre les crêtes papillaires sur le bout de vos doigts. Et après avoir flatté le bon vieux Spot, disons que vous mangez une poignée de popcorn et léchez ensuite le sel sur vos mains. Bingo ! Vous avez des vers."

- "Nous sommes les chiens de berger. Notre boulot, c'est de garder le troupeau, de mordiller les pattes des bêtes pour qu'aucune ne sorte du rang. Il faut leur mordre les pattes, jusqu'à ce qu'elles saignent, au besoin, ou même déchirer leurs tendons si elles refusent d'obéir. Dans un premier temps, les brebis nous détesteront - après tout, nous les empêchons de gambader, de suivre leurs plus bas instincts -, mais à terme, elles finiront par nous respecter et bien assez vite elles ne pourront s'imaginer vivre sans nous."