Tu ne perds pas la vue, elle change de place.
Ton regard sera bientôt au bout de tes doigts ...
- Maman.
- Oui ?
- Pourquoi est-ce que tu défends si bien notre bonheur... et si mal le tien ?
Elle lui adresse un rire mélancolique.
- Mon amour, c'est ce que j'ai de mieux à offrir.
Tu n’as pas besoin de parler, Maman. Toi et moi, on le sait. Ce n’est pas avec des mots que tu fais parler ton cœur. C’est tout autour. Le moindre de tes gestes est un torrent d’amour.
Camille, ma petite fée. La seule qui connaît la recette magique pour transformer un sanglot en éclat de rire. Semeuse de miel dans le sel de mes larmes.
Il y a de l’amour dans ses yeux. Un amour immense. Mais il y a plus. Elle le scrute avec une précision maternelle, douce et implacable. Elle scanne sa position, chacun de ses membres (...). Elle dissèque les expressions successives de son visage assoupi. (...)
Derrière les regards dont elle le caresse, son âme exprime autre chose : « Je me dévoue à toi, au service de ton bonheur. » Oui, c’est bien cela, cette lumière qui anime ses yeux à cet instant.
Le soleil cligne des yeux, comme ébloui par son propre éclat.
J’ai couru sous la pluie au hasard, lentement, pour laisser aux gouttes le temps de cacher mes larmes.
Toute cette histoire est un long chemin de joie, n'est-ce pas ?
Au beau milieu de la nuit la plus sombre, nos cœurs reconnaissants s'inclinent au passage de cet acharnement au bonheur.
Au loin s'agitent mollement les hélices cuivrées des nombreuses éoliennes qui encerclent la ville. J'ai toujours eu une affection particulière pour ces grandes créatures presque surnaturelles, comme tombées du ciel pour venir nous parler d'avenir.
Ma mère adore les chants de Noël et profite de chaque fête familiale pour les mettre en musique de fond. Nous, ça nous plaît moyennement. Mais on ne dit rien. Parce que cette ambiance de veillée nocturne la fait virevolter dans le salon. Et regarder ma mère valser toute seule, c'est une manière de comprendre sa grâce sans parole. Une fleur silencieuse qui danse.
Au beau milieu de la nuit la plus sombre, nos cœurs reconnaissants s'inclinent au passage de cet acharnement au bonheur.
- Tu apprendras un jour, mon cher Eliott, que certains combats sont importants à mener même si nous savons que nous ne les gagnerons pas.
- Tant de temps, pour aucune victoire ?
- Peut-être celle de simplement devenir meilleur.
Oscar se rend compte de son étourderie. Mais il est trop tard. Mon prénom clamé haut et fort fait l'effet d'une grenade lancée au-dessus de toutes les têtes. Les conversations s'arrêtent net, comme pour laisser à la voix d'Oscar le temps de résonner encore un peu dans le silence, uniquement coloré désormais par la frêle ritournelle du lecteur vinyle.