Citations de Nicolas Idier (128)
Elle arrache une feuille de son carnet de notes et écrit, avec un doux sourire flottant sur son visage, une phrase d'Oscar Wilde : «Pardonne toujours à tes ennemis, car rien ne les ennuie davantage.»
La rivière s'agite, la lune remue les pierres ;
Le ruisseau s'éclaircit, les nuages côtoient les fleurs.
Les oiseaux de retour connaissent leur chemin ;
Passe une jonque en quête de sa demeure.
Vers du poète de la dynastie des Tang, Liu Changquing
Extraits de l'Anthologie de la poésie chinoise publiée sous la direction de Rémi Mathieu, Éditions Gallimard « Bibliothèque de la Pléiade », 2015.
Être jeune, c'est avoir plus d'avenir que de passé.
Les livres, tu les ouvres, et le silence doit se faire : les plus grands auteurs sont des musiciens. Chacun d'eux invente un nouveau silence, différent des autres.
Plus je vieillis, plus le désir des mérites et de la renommée s'estompe,
Et sur ma pauvre haridelle, seul, j'emprunte la longue route.
Dans le village isolé, des lampes luisent jusqu'à l'aube
M'informent que toute la nuit quelqu'un a lu des livres.
Extraits de l'Anthologie de la poésie chinoise publiée sous la direction de Rémi Mathieu, Éditions Gallimard « Bibliothèque de la Pléiade », 2015.
Son professeur lui avait recommandé d'apprendre la langue chinoise : «Vous ne pourrez jamais vraiment entrer dans la peinture si vous ne lisez pas les poèmes, qui sont, comme dit Wang Wei, des peintures écrits, tandis que les peintures sont des poèmes peints. »
Derrière ton père, tu aperçois le visage de ta mère. Elle souriait doucement, comme elle faisait quand tu étais enfant. La dernière vision d'un homme qui meurt est peut-être aussi la première vision d'un homme qui naît.
Que sont toutes les actions et les pensées des hommes durant des siècles contre un seul instant de l'amour ?
La poésie naît d'une rencontre entre la joie et la tristesse. Ces deux émotions sont comme le soleil et la pluie. Beaucoup ne s'en rendent pas comte, et laissent s'évanouir l'arc-en-ciel dans la lumière des jours. Quelques-uns ressentent le besoin de transcrire les couleurs de l'instant. Ce sont les poètes.
Les mots sont des flocons de neige qui fondent sur la langue du poète.
Le mouvement, c'est la vie. Si la Terre arrête de tourner, tout s'arrête.
Tant que l'homme érigera des villes et fondra de l'acier dans les grandes forges modernes, c'est le rock qui rugira ses longues plaintes de tristesse et ses appels à la révolte. Le rock est la musique des vaincus, comme disait Feng Lei à Nora dans son interview pour le magazine Rolling Stone.
Et d'un coup me revient l'image de la petite fille qui court, nue, la bouche étendue par un cri de douleur, sur la célèbre photographie de Nick Ut pendant la guerre du Vietnam. Cette Napalm Girl court vers moi, les bras ouverts dans la douleur et l'amour. Je reste là, les yeux fixés sur elle. Je la regarde venir. Je ne recule pas.
C'est quoi, au juste, être jeune? Etre jeune, c'est avoir plus d'avenir que de passé. D'où ce vieillissement accéléré qui vous saisit quand la mort vous approche, qu'elle vous frôle, qu'elle vous caresse.
Après la première pluie dans les montagnes vides, l'air du soir devient automnal
Lumière de la lune à travers les pins, l'eau de source coule sur les pierres
À leur passage, les lavandières agitent les bambous, le bateau de pêche, les lotus
Les fleurs de printemps commencent à faner, le noble de cœur peut rester comme il veut
(Wang Wei, Soir d'automne dans la montagne)
Tu remontes le temps, et tu es à nouveau dans la cour du Temple. Tu lèves le visage vers le ciel orangé qui est le toit des grandes villes. Les flocons de neige se déposent sur ton visage, comme des baisers légers. La solitude retrouvée. Tu aimes le silence. Le silence après le vacarme des guitares électriques, de la batterie et des éclats de voix. Tu te tiens debout devant ta moto. Tu as allumé une cigarette et tu ressens la ville comme une présence ouverte devant toi, dans toute la beauté des premiers soirs d’hiver. Pékin. Tu aspires la fumée. Ta main ne tremble pas. Tu te sens fort, jeune et amoureux, malgré tout ce qu’on dit de toi. Tu remontes la fermeture de ta veste noire et enfourches la moto.
Comme Naipaul, j'étais donc parti vers les zones de ténèbres. Et comme Naipaul, ce voyage en Inde a brisé ma vie en deux. Je me surprends à enfin saisir le mouvement qui me fait et me défait.
D'une écriture fragile, Lili s'adressait au coeur des hommes, et en tirait des pleurs.
Il faut laisser du secret à ceux que l'on aime.
Nos vies sont ainsi comme des pierres, brisures d'un ensemble plus grand dont les fragments ne disent rien de l'immensité, que le passage du temps, des années, le choc des épreuves autant que la caresse du plaisir ont patiné, érodé et donné à ce qui n'était qu'un éclat la singularité de l'unique.