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Critiques de Nicolas Truong (52)
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Une histoire du corps au Moyen Age

"La terreur que l'esprit ressent devant le corps a rendu fous d'innombrables immortels."

(D. H. Lawrence)



Le Moyen Âge est fascinant. Le Moyen Âge est divin, et nul n'est mieux placé que Jaques le Goff (avec, peut-être, feu Georges Duby, in memoriam) pour vous en persuader.

Je me suis jetée sur le "Corps", le l'ai dévoré, et je m'en suis délectée.



Ce livre a un grand avantage - il se lit bien et très facilement. Cela reste pour autant une lecture intéressante et très bien documentée. Le Goff ne vous fait pas bâiller aux corneilles, ni ne vous noie pas dans d'innombrables références - il raconte, et il explique...

Autre avantage est l'originalité du sujet. Le Moyen Âge, ce n'est pas seulement la correspondance de l'abbé Suger et Bernard de Clairvaux, tournois, croisades, hydromel et chanson de geste. Même le corps, ce tas de viande et d'os, a son histoire ! D'un côté, on le condamne et on s'en méfie, et de l'autre on glorifie le corps de Christ.

Sur les contrastes similaires et les tensions entre eux est bâtie la culture médiévale.



Ca parle de la santé et des maladies, des privations du Carême et les bombances du carnaval, de l'attitude de la société envers l'enfance et la vieillesse. Du sport et de la mode. Sans oublier la chambre conjugale et extraconjugale.

Vous regarderez dans les officines des apothicaires et dans les cuisines.

Vous lirez un chapitre sur le rire, les larmes, le sang, sur le péché de la gourmandise, et pour finir, vous rajouterez la partie sur les métaphores médiévales du corps comme une image du monde.



Dites-moi, auriez-vous jamais pensé que le rire dans les monastères n'était pas toléré, parce que dans la Bible, on voit Jésus pleurer trois fois, mais jamais il ne rit ? Oui, parce que vous vous souvenez encore du "Nom de la rose". Mais savez-vous ce qu'a désiré et pour quoi a prié St. Louis, cet idéal de souverain médiéval, mort au milieu d'une croisade ratée quelque part en Tunisie ? Pour quelque chose que l'on a tous, et parfois on le gaspille assez inutilement...



Vous hésitez ? Alors, vite à la bibliothèque, pour chercher le "Corps" !



Comment ne pas donner cinq étoiles au livre qui définit les trois ordres par rapport à leur attitude au corps ? Quel merveilleux sujet à aborder dans les cercles littéraires de nos chaumières !

Vive le Moyen Âge, et gloire éternelle au corps !
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Vivre autrement

"Vivre autrement" contient trois passionnants entretiens de Nicolas Truong avec Claire Marin, dont il est fort probable que les abonnés du "Monde" se souviennent bien.

Parce que la parution de chacun de ces dialogues avait accompagné - dans un cas - le plus récent livre de la philosophe, "Rupture(s)" (2019), et - dans deux autres cas - l'éprouvante année 2020.

Dans la tentative de donner du sens aux expériences que cette année tellement particulière a occasionnées, Nicolas Truong, grand reporter du "Monde", a le mérite de s'adresser à Claire Marin, philosophe étonnamment lumineuse et attachante des processus de transformation que sont les ruptures composant nos vies.

Ainsi, ce petit recueil peut être lu comme un prolongement fertile des "Rupture(s)", qu'il enrichit à travers les questions soulevées par la problématique de la pandémie.

L'isolement du confinement, le rapport à soi et à autrui, le télétravail et la vision belliqueuse des politiques face au coronavirus, les ajustements et les renoncements que ce moment a apportés s'éclairent des nuances d'une justesse revigorante et élégante ; en abordant les ruptures qui nous constituent, Claire Marin nous aide à renouer honnêtement avec le tragique, avec le drame, avec le deuil qui nous traversent et que tout un monde d'injonctions sociales nous dicte de nier, de taire, d'oublier, voire de mystifier copieusement.

Une belle occasion de relire Claire Marin, ainsi que de se rappeler le talent de Nicolas Truong de poser des bonnes questions (à ne pas manquer son cycle de dialogues de cet été : "Les penseurs du vivant" !).

Pour ce moment, je remercie Les éditions de l'Aube et Babelio.
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Éloge de l'amour

Petit essai , moins de 100 pages , sur ce sujet universel , intemporel , qui intéresse tout le monde ' Éloge de l'amour '

L'amour que l'on cherche toute sa vie et qui fait peur lorsqu'on le trouve .

Est ce une illusion , une façon de repousser les limites de notre finitude ? , à chacun sa réponse .

Dans cet essai à la portée de tous , quelques idées super intéressantes .

Dès les premières pages l'auteur m'a séduite avec sa comparaison osée entre l'amour zéro risque et la guerre zéro mort .

Il fustige donc le fameux site Meetic , récemment côté en bourse d'ailleurs ,Meetic avec ses slogans ' Ayez l'amour sans le hasard ' ou ' On peut être amoureux sans tomber amoureux ' '

Pour le premier slogan je ne suis pas d'accord , rien ne vaut le hasard d'une rencontre mais par contre être amoureux sans tomber amoureux , donc sans chute ça me tenterait bien , oki je plaisante .

Maintenant nous pouvons choisir ' sans risques ' notre partenaire mais est ce alors vraiment encore de l'amour s'interroge l'auteur .

J'ai également apprécié la position de Lacan sur l'amour , notion assez intéressante , assez difficile à expliquer , en résumé Lacan dit ' qu'il n'y a pas de rapport sexuel ' , l'amour vient suppléer au manque de rapport sexuel , on va au -delà de soi- même , au- delà du narcissisme , on écoute l'autre .

L'autre vous sert pour découvrir le réel de la jouissance '

Aimer c'est donc aller au- delà du rapport sexuel , les amants sont liés par autre chose que le rapport sexuel ' . Attention il ne parle pas d'amour platonique mais essayer d'expliquer ce que dit Lacan est au- delà de mes compétences .

Phrases donc à lire et à relire , oui comme dans une autre critique , un livre de chevet .

Une dernière phrase à méditer en parlant de la déclaration d'amour ' Les mots les plus simples se chargent alors d'une intensité presque insoutenable .'

Un petit recueil pleins de pépites donc , impossibles de les citer toutes , qui donne envie de lire ou relire Platon , Socrate , Kierkegaard et la merveilleuse déclaration du philosophe André Gorz écrite à sa femme après 58 ans ! de vie commune , je ne peux résister à citer la dernière phrase ' je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien ' .

Magnifique non ?

Le dernier chapitre du livre est consacré à l'Amour et l'Art , avec un beau parallèle entre l'amour et le mouvement surréaliste .

Lecture très enrichissante , à recommander .
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Les chants mêlés de la Terre et de l'Humanité

RESPECT : accorder de la "valeur" à...

Je pense que l'oeuvre de Jean Claude Ameisen est entièrment basé sur cette notion.

Ce petit livre débute par l'admiration de l'auteur pour les merveilles de la Nature, en particulier pour les oiseaux qui voient les ultraviolets et les chauves souris qui entendent les ultrasons ; ensuite il parle de Bernie Krause, qui passe sa vie à écouter les concerts de la Nature, des animaux et des humains, et constate que le vacarme humain fait taire les deux autres. Il écoute l'orchestre des éléphants comme Elli H. Radinger écoute l'orchestre des hurlements des loups.

Et il aborde la pollution humaine, d'abord par le son.

.

Nous avons un devoir collectif de respecter et aider les démunis, mais aussi d'arrêter les dégradations de la Nature.

Il ne s'agit pas seulement du réchauffement climatique, qui a pour conséquence les phénomènes météorologiques extrêmes, mais aussi de la consommation excessive du XXè siècle ( mines, pétrole, forêts), de la pollution de l'air par les particules fines qui font beaucoup de morts prématurées, de la pollution du sol et de la mer, et enfin il faut s'inquiéter des pauvres qui récoltent tous les problèmes de maladies, d'épidémies, de mauvaise hygiène, de non accès à l'eau potable, qui meurent de famines.

L'auteur cite les textes de l'ONU, l'émergence de la Croix Rouge...

.

Bref, malgré le style lissé, il y a une accumulation de faits qui nous submerge ; cependant, ce texte est instructif, j'ai appris des notions, et il rejoint tout ce que je pensais, signalé dans les deux livres que j'ai écrits, à savoir :

"Science sans conscience n'est que ruine de l'âme"

( citation de mon François Rabelais chéri, bien sûr ! )

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Éloge de l'amour

Très belles pensées et réflexions sur l'amour.

Une oeuvre de philo à la portée de tous et toutes pour peu que l'on ai envie de se poser et de réfléchir au sens des choses.

Une critique très juste des sites de rencontres où les gens cherchent un amour garanti sans risque....

De très très beaux passages que bien d'autre que moi ont déjà cités, donc je ne répète pas.

Je l'ai dévoré et il alimente ma réflexion chaque jour.
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Habiter la Terre

Petit volume présenté comme un échange mais pour lequel le journaliste sert surtout de faire-valoir au philosophe en lui permettant de dérouler son discours.

Ce dernier commence par poser la question : qu'est-ce qu'être « Moderne » ? le vingtième siècle qui en est l'acmé, nous a conduit selon lui à un monde qui touche à sa fin car il porte en lui un paradigme de destruction. Il pense que son aboutissement, à savoir « moderniser » la planète est impossible. Si on le fait, elle devient inhabitable et invivable pour nous, humains.

Il s'interroge sur ce qu'il considère comme l'énigme de l'histoire du XXe siècle : l'humain a constamment dénié la situation dans laquelle il se trouvait. « Les Modernes sont inauthentiques. Ils ont la langue fourchue, ils font toujours le contraire de ce qu'ils disent. Ils sont toujours désaxés par rapport à ce qu'ils font, et dans les années quatre-vingt, ils y vont carrément, ils exagèrent dans leur exagération, dans leur inauthenticité. »

Mais alors quelle est l'alternative à la modernité ? Que deviennent l'abondance, la liberté, l'émancipation sans la modernité ?

L'alternative, c'est ce qu'il appelle « écologiser », dont il est difficile de comprendre la signification exacte parce que « c'est un énorme virage à prendre ». de l'ancien « moderniser » à abandonner vers le nouveau « écologiser » à concevoir.

Il prend un exemple : celui des haies. Et bien... Je n'ai pas compris grand-chose à son exemple et donc, par extension, au sens concret d' «écologiser».

Il semble y avoir l'idée de modestie et de controverse induisant la découverte par tâtonnement du « bon chemin »... Doute.

Ses arguments scientifiques procèdent de cette modestie : « Il n'y a aucune raison pour qu'il y ait 30 % d'oxygène dans l'atmosphère ». Exact puisque c'est plutôt 20 % de dioxygène en arrondissant, mais bon...

Certains concepts évoqués sont explorés sans être bien nouveaux : l'habitabilité au sens de notre minuscule marge de manoeuvre dans l'univers. L'anthropocène ou influence des humains industrialisés sur le reste de la planète...

Pour prendre ce virage, il propose une nouvelle classe sociale (puisque les anciennes appartiennent à l'ancien monde et que même la notion de classe sociale...) : la classe géosociale... Fini le progrès, bonjour la prospérité, fini l'autonomie, vive l'hétéronomie... Et qui vient nous y aider ? la religion : le cri des pauvres est le cri de Gaïa...

Le chapitre scientifique est original. Sa description des sciences du climat, faites de physique, de chimie, de nombreux modèles et d'algorithmes, qui dépendent à la fois des bouées dans l'océan, des satellites, des carottages etc... incite à la réflexion. Pour lui, ce puzzle de centaines de millions de données différentes est une science d'assemblage qui a déjà permis d'établir, dès les années quatre-vingt, que le dioxyde de carbone allait faire monter la température de la planète. Mais le savoir n'a rien produit de concret. Pourquoi ? parce que la science n'a pas le monopole du vrai, alors qu'elle le croit. Parce que notre société est faite de droit, de science, de technique, de religion qui sont tous des modes de vérité associés mais souvent incompatibles les unes avec les autres. Et les « modernes » ont mis la science au-dessus de tout, ce qui est une erreur.

Ce livre annonce la fin du monde, d'un monde, de notre monde. Il nous invite à reprendre le processus de civilisation qui a été suspendu dans la période où nous sommes maintenant. Son souhait : dans quarante ans, regarder historiquement la période de déni, d'ignorance, d'incompréhension de la situation écologique dans laquelle on s'est aujourd'hui égaré.

Mais concrètement ? Rien. le philosophe (sociologue selon...) n'est pas habilité à construire, il invite chacun à participer à l'élaboration. Espérons qu'il sera traduit dans la langue de nos maîtres car ce n'est pas ici que se construira (ou pas) le monde de demain.

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Éloge de l'amour

Quand Nicolas Truong, journaliste au monde rencontre le philosophe Alain Badiou, de quoi parlent-ils ? D’amour… Etonnant non ?



Oui, le sujet peut étonner quand on se remémore le trajet d’Alain Badiou : membre du PSU (Parti Socialiste Unifié, créé par Michel Rocard), un des créateurs du groupe maoïste l’Union des Communistes de France marxiste-léniniste (UCF (ml), dont il est un des principaux dirigeants jusqu'au début des années 1980… J’en passe…



En fait, voilà un (des) petit(s) essai(s) retranscrit(s) d’une soirée au Festival d’Avignon (le 14 juillet 2008) dans le cadre du « Festival des idées » ou l’auteur était invité par Nicolas Truong à s’entretenir avec lui en public sur le thème millénaire de l’amour…



Il résulte de cette transcription un petit ouvrage ou l’on disserte autour de thèmes comme « L’amour menacé », « Les philosophes et l’amour », « La construction amoureuse », La vérité de l’amour », mais également, et c’est bien naturel quand on connait Badiou, autour de « Amour et Politique » et enfin d’« Amour et art».

Un petit ouvrage qui, même s’il jargonne quelque peu, parfois, présente une approche originale de l’amour avec un grand « A »…



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Vivre autrement

Ces entretiens reprennent plusieurs thèmes abordés dans d'autres ouvrages, notamment "Ruptures". Et le questionnement sur le mal-être dû au confinement et au Covid paraît maintenant obsolètes . Il se comprenait très bien en 2020 mais plus maintenant. Il en reste des réflexions qui peuvent encore être pertinentes actuellement, mais la présentation sous forme d'entretiens ne me semble plus adaptée. Bien entendu, Claire Marin reste une philosophe dont les questionnements sont essentiels à la compréhension de notre époque.
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Philosophie de la marche

Un petit recueil de textes et d'interviews assez plaisant.

Il n'y a pas beaucoup de philosophie là-dedans mais tout de même quelques aperçus sur des auteurs à découvrir.

On passera sur le snobisme anti-technologique de Sylvain Tesson: pas question de parcourir les sentiers de grande randonnée mais on use intensivement des cartes IGN! croit-il vraiment que ces cartes ont été réalisées sans technologie?

On passera aussi sur les considérations sociologiques qui sous cette forme ramassée consistent à classer les humains dans des cases artificielles (ce qui n'est pas le cas de tout travail sociologique).

Il reste une petite ouverture sur la philosophie et l'envie de lire le livre de Frédéric Gros: Marcher, une philosophie; les aperçus littéraires; et les expériences: celle hors normes de Sarah Marquis (une compatriote de Nicolas Bouvier), et celles plus ordinaires mais bien vues de David le Breton.

Plutôt une porte ouverte vers d'autres lectures.

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Les chants mêlés de la Terre et de l'Humanité

Un entretien entre le concepteur et animateur de l'émission Sur les épaules de Darwin de France Inter, et le journaliste, dont le propos est une mise en garde contre la réduction des enjeux écologiques aux seules questions climatiques. L'ouvrage est publié dans le contexte de l'organisation de la COP21 qui doit se tenir à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015
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Éloge de l'amour

C'est quoi l'amour ?

C'est une bonne question...



Des extraits valent mieux qu'un long discours :



« Un amour véritable est celui qui triomphe durablement, parfois durement, des obstacles que l’espace, le monde et le temps lui propose »



« Dans l’amour, la fidélité désigne cette longue victoire : le hasard de la rencontre vaincu jour après jour dans l’invention d’une durée, dans la naissance d’un monde. »



« La conviction est aujourd'hui largement répandue que chacun ne suit que son intérêt. Alors l'amour est une contre-épreuve. L'amour est cette confiance faite au hasard. »



« Il faut réinventer le risque et l'aventure, contre la sécurité et le confort. »



A l'opposé de « l'amour-assurance-vie » recherché sur Meetic (l'amour « risque-zéro »), ou de « l'amour-coup-de-foudre » qui ne dure que le temps d'une étincelle (l'amour romantique), Badiou nous propose plutôt une construction amoureuse, construction désintéressée, véritable libération, loin des intérêts immédiats, construction qui doit surpasser les obstacles pour triompher. Un idéal amoureux loin des propositions marchandes d'aujourd'hui, loin des versions libérales et artificielles de l'amour que l'on nous vend et vente à longueur de journée dans certaines presses écrites ou images télévisées. Loin d'un discours amoureux conventionnel et rassurant.

« Personnellement, je me suis toujours intéressé aux questions de la durée et de processus, et non pas seulement aux questions de commencement. »

Un livre de sage... un peu trop sage ?

Des réflexions pour éclairer votre lanterne de l'amour ?

Pour préserver votre flamme amoureuse ?

Eviter qu'elle vacille au gré des vents mauvais ?



C'est un petit essai plaisant à lire, discutable, à discuter, à déguster, (il s'agit d'entretiens entre le philosophe et Nicolas Truong, journaliste au Monde), à lire et à relire... un livre de chevet ?
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Une histoire du corps au Moyen Age

Cet ouvrage pourtant prometteur quant à son titre m'a déçu. Probablement n'a-t-il pas fait l'objet de relectures attentives tant les répétitions y sont nombreuses. On parle surtout du christianisme basique et beaucoup de références à des historiens ou à des philosophes y compris contemporains emmènent bien trop souvent les auteurs à déborder le cadre qu'ils se sont eux mêmes imparti ( du Vè au XVè siècle) puisqu'on trouve des références au XVIè,XVIIè,XVIIIè, XIXè, voire même au XXè siècle. Un manque de rigueur?
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Attends-toi à l'inattendu

Le chantre de la complexité excelle à énoncer clairement le désordre du monde. Il relève une crise de la pensée, une inclination à la régression de nos sociétés soumises au fractionnement des idées, à la spécialisation des approches, au diktat du calcul et du profit.

L'intelligence artificielle peut découper le réel en petits morceaux mais elle échoue à relier les éléments du puzzle et à les traiter globalement, de façon à rendre la complexité d'une réalité que l'on prétend univoque.

Les dialogues avec divers interlocuteurs couvrent une période de 2007 à 2021. La pandémie occupe un chapitre. La covid a mis au jour un cortège d'incertitudes qui ébranlent notre confort et nos habitudes. Elle révèle la nécessité de réserver une part à l'improbable dans nos systèmes bien réglés. Une certitude cependant, jamais nous n'échapperons à l'action de bactéries et de virus, capables de s'automodifier pour résister aux remèdes, antibiotiques, antiviraux, vaccins.

Edgar Morin croit une métamorphose possible, plutôt qu'une révolution, en organisant et en fédérant des oasis de résistance de vie et de pensée, de continuer à montrer la possibilité de changer de voie. Le sociologue centenaire est un résistant dans l'âme; il revient sur son engagement contre les nazis en début d'ouvrage, de même que sur sa période communiste. Un exemple transgénérationnel.
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Éloge de l'amour

L'Amour, tout le monde y aspire, il fait passer les hommes par les sommets mais aussi parfois par l'abîme. Meetic promet alors l'amour sans hasard (puisque les prétendants sont sélectionnés sur critères précis) et sans hasard, ce qui est le contraire même de l'amour. Cette conception de l'amour, sécuritaire n'est pas si éloignée des mariages arrangés basés sur des contrats d'antan.

Il existe une conception romantique de l'amour, celle de la fusion, prisée par les artistes mais bien souvent un mythe, une conception juridique (le contrat) et une conception sceptique. Selon cette dernière vision, l'amour ne serait qu'illusion, un oripeau du désir, un ornement du désir sexuel. Alain Badiou ne se satisfait d'aucune de ces trois visions. Il est plus proche de la conception platonicienne, expérience personnelle et de portée universelle (élan vers l'Idée du Beau). Il analyse surtout l'Amour comme l'expérience de la différence, du deux, de la reconstruction du monde à partir de la différence. En ce sens, il est début de construction sociale et certains points le rapprochent de la Politique (passage moins convaincant de la démonstration).

L'amitié a souvent été favorisée par les philosophes car il s'agit d'un sentiment plus intellectuel qui n'a pas besoin de preuve corporelle alors que l'amour se rapporte à la totalité de l'Etre. Cependant, si le sexe fait partie intégrante de l'amour, il sépare (en ce sens qu'il renvoie à ses propres sensations, à son propre plaisir) alors que l'amour en général d'adresse à l'Etre.

L'auteur analyse la place, immense, de l'Amour dans l'Art, la littérature, le théâtre. Cependant, l'Art exalte l'Amour dans la rencontre incertaine et mystérieuse ou dans le triomphe de l'amour face aux mariages arrangés par des parents. Or il y a un travail de l'amour ( et de l'amitié aussi du reste) et pas seulement un miracle. Pour l'inscrire dans la durée, il ne faut pas abandonner au premier obstacle. "L'amour est une aventure obstinée"; L'Amour doit être déclaré et redéclaré car dire c'est fixer le hasard. L'Amour dans la durée, ce n'est pas s'aimer toujours mais réinventer l'Amour.

L'Amour est une reconstruction, une nouvelle expérience du monde à partir de la différence et pas seulement une rencontre, un désir sexuel
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Les penseurs du vivant

Après « Les penseurs de l'intime », voici un nouveau recueil de conversations de Nicolas Truong avec des penseurs d'aujourd'hui, qui ont en commun cette fois le souci du "vivant" au sens large.

Ce recueil est passionnant et éclairant : sa brève introduction précise le vocabulaire et installe le contexte dans lequel travaillent ces intellectuels actuels qui ne sont pas forcément antispécistes mais qui s'attachent à reprendre la réflexion sur la place de l'humain dans la "nature".

Chaque entretien, bien que fort court (trois pages environ), nous donne les grandes lignes de réflexion de chacun, nous incitant à aller le lire plus avant dans ses propres oeuvres.

Le portrait du penseur en question après l'entretien est toujours détaillé et nuancé.

Enfin la postface est passionnante. J'en extrais cet éclairage sur le concept de « vivant », p.104 : « le « vivant », un concept qui gagne en popularité dans la philosophie et les combats écologiques. La notion est plus inclusive que « nature » et « environnement », moins usée que « sauvage » et moins savante que « biodiversité » ou « non-humains », mais aussi critiquée. »

Ce qui m'a passionnée est que ces penseurs nous invitent à écouter, voir, prêter attention. Ce qui me paraît fort précieux dans ce monde de technologies, d'accélération et, précisément, de baisse de l'attention.

Ils nous invitent à nous décentrer, à relativiser notre place sur Terre. À inventer de nouvelles façons de vivre aussi, et c'est vraiment novateur il me semble par rapport aux générations précédentes, qui sont principalement critiques, descriptives, voire dogmatiques.

Certains, on ne peut le nier, ont un côté un peu « perchés », mais c'est rafraîchissant. Cela change des intellectuels aspirés vers l'abstraction. Au contraire, ces « penseurs du vivant » ont des approches souvent similaires à celle d'un artiste : proposant des expériences, ouvrant des possibles, des utopies, mais fondées sur du concret, des expérimentations. Et porteuses d'espoirs, malgré tout, pour les jeunes d'aujourd'hui qui en ont bien besoin pour continuer.

J'ai adoré cet ouvrage grâce auquel je me sens mieux armée pour aller découvrir les écrits de nombre d'auteurs. Baptiste Morizot, Vinciane Despret, philosophes, Nastassja Martin, anthropologue, François Sarano, plongeur, voire Emanuele Coccia sont certainement les plus connus.

Mais il est nécessaire de connaître aussi maintenant Sarah Vanuxem, juriste, Raphaël Mathevet, biologiste et géographe, Pierre Lieutaghi, ethnobotaniste et tous ceux que Nicolas Truong présente avec intelligence et clarté.

Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud, grâce à qui j'ai reçu cet ouvrage dans le cadre de l'opération Masse Critique non-fiction.

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Les penseurs de l'intime

Recueil d'entretiens, de débats philosophiques autour du coronavirus mené par Nicolas Truong, journaliste "Le Monde" auprès de moraliste, écrivain, moraliste et philosophe.



Ouvrage qui s'intéresse aussi bien aux affects qu'aux concepts. L'épidémie du covid a entrainé beaucoup de contraintes, d'incertitudes et de bouleversements dans nos vies. Notre santé mentale va mal.

Infectée ou non, des troubles psychologiques sont apparus, une nouvelle inquiétude contemporaine.

La maladie s'est immiscée dans nos vies, dans nos gestes, dans nos habitudes et notre imaginaire.



Permet de mettre des mots sur les maux...

se lit très rapidement, d autant plus qu il y a beaucoup de références philosophiques, qui m ont peu interpellées.

Après chaque entretien, une biographie précise de la personne est donnée, que j'ai trouvé intéressante mais peut être un peu superflue.



Pour finir, je tiens à remercier Babelio et les éditions de l'Aube pour la découverte de ce précieux recueil de cette pandémie.



Et gardons en tête :

"Il n y a rien de plus fatigant qu'une angoisse et rien de plus défatigant qu'une joie"



Faites en sorte, de garder votre joie de vivre, dans ces temps difficiles qui malheureusement est loin d être révolu....

A vos masques!!!! 😷
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Les penseurs de l'intime

"Un concept qui ne s'articule pas à une vérité affective ne vaut rien", disait Spinoza. La dizaine de penseurs de l'intime privilégient les sensibilités comme marqueurs de la pandémie. Celle-ci redécoupe l'univers des affects. Les auteurs tracent la nouvelle géographie de notre for intérieur au départ de ce qu'ils ont vécu en ces temps confus ; ils tirent également les premiers enseignements d'un phénomène inusité.

Le cheminement touche des domaines aussi variés que le couple, l'éthique du soin, la nostalgie, les relations. Le livre est décliné sous la forme de questions et réponses. Une notice détaillée après chaque entretien renseigne sur le parcours et l'orientation de l'interlocuteur sollicité.

C'est un ouvrage précieux qui, sorti à chaud, réussit néanmoins à cerner avec recul les modifications significatives de notre façon d'être, de gouverner et de se projeter dans un avenir incertain.

Précieux !
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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Éloge de l'amour

Ou quand l'intelligence discrète, sensée et philosophique rend droit de cité au plus beau des sentiments...
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Les penseurs de l'intime

Un ouvrage reçu dans le cadre de la Masse Critique non-fiction grâce à Babelio et les Éditions de l'Aube que je remercie.

Il s'agit d'entretiens de Nicolas Truong avec dix intellectuels en sciences humaines paru en août 2021, après les confinements, tandis que la pandémie est toujours en cours. L'introduction par Nicolas Truong part du constat que cette crise est révélatrice des forces et des faiblesses des individus aussi bien que des sociétés. Elle a aussi "perturbé le délicat équilibre entre le contact et la distance. " (p. 7)

S'interroger sur le thème de l'intimité est donc judicieux à ce moment de bouleversement.

La forme de l'entretien permet de découvrir ces intellectuels et leurs travaux sous une forme plus légère qu'un essai. En contrepartie, les sujets sont parfois effleurés. Mais cela peut donner envie d'aller lire de plus près ceux de notre choix et d'avoir une idée des thèses de ceux dont on ne lira pas les sommes. Ce sont des historiens, sociologues, philosophes et écrivains dont beaucoup sont contributeurs de la revue "Sensibilités."

Hervé Mazurel, historien des sensations, héritier d'Alain Corbin, défend l'idée, tout comme Thomas Dodman, que les émotions et les sensations ne sont pas seulement des réactions neurologiques mais qu'elles s'inscrivent dans L Histoire et évoluent au cours du temps.

Belinda Cannone, avec une sensibilité d'écrivain, insiste sur le fait que "nous sommes des êtres en relation."

Clémentine Vidal-Naquet le confirme en rappelant que les intimités deviennent soudain visibles en temps de guerre.

Pierre Zaoui, philosophe, évoque le couple dont la pandémie a révélé aussi les failles. Chacun ayant sa théorie et/ou sa pratique du couple, je n'ai pas été d'accord avec toutes ses affirmations, mais chacun s'accordera sur le fait qu'il est impératif de "laisser l'autre respirer"...

Eric Fiat parle de l'angoisse, de la joie et de l'importance du sentiment du "travail bien fait", en particulier dans les métiers du soin. L'expérience contraire est une source de fatigue qui conduit à l'épuisement et au burn-out alors que le travail bien fait est source de fierté et entraîne une "bonne fatigue" qui n'a pas ces effets-là.

Mickaël Foessel traite de l'intime dans sa relation avec la liberté, l'un et l'autre bouleversés par les diverses mesures gouvernementales.

Eva Illouz s'intéresse plus particulièrement aux femmes et à la dimension politique de ce que l'on appelle amour.

Claire Marin, avec nuance, précision et clarté, analyse les changements subis dans nos interactions quotidiennes se faisant de plus en plus "à distance" (enseignement, travail, etc.) et la nécessité que nous avons d'apprendre à "vivre autrement."

Ilaria Gaspari, enfin, qui a tenté de vivre concrètement et tour à tour comme le préconisent les philosophes antiques (épicuriens, stoïciens, cyniques, etc.) évoque le bonheur, à réinventer, encore une fois.

Les biographies de chacun en fin de chapitre sont très intéressantes et donnent des repères et des pistes de lectures. C'est donc un ouvrage qui met des mots et des pensées sur des bouleversements qui feront date dans l Histoire comme dans nos vies, bouleversements que avons tous vécus, sinon subis, sans avoir la possibilité de les analyser avec cette finesse et ces connaissances. Il peut donc nous aider à prendre du recul tout en nous instruisant et devenir plus tard un témoin de ce moment de changements.
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Éloge de l'amour

Un court essai sur un sujet universel : l'amour. Il est riche de nombreuses idées et réflexions, mais il reste accessible pour tous. Il a un discours non culpabilisant. Il met bien en avant que son"Deux"reste bien une rencontre, une construction de deux individus qui gardent leur individualité et qu'ils ne deviennent pas "UN". C'est aussi une formidable force créatrice.

Ce petit essai peut nourrir nos réflexions et partages sur le sujet.

Merci à l'auteur.
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