Les penseurs du vivant

Après « Les penseurs de l'intime », voici un nouveau recueil de conversations de Nicolas Truong avec des penseurs d'aujourd'hui, qui ont en commun cette fois le souci du "vivant" au sens large.
Ce recueil est passionnant et éclairant : sa brève introduction précise le vocabulaire et installe le contexte dans lequel travaillent ces intellectuels actuels qui ne sont pas forcément antispécistes mais qui s'attachent à reprendre la réflexion sur la place de l'humain dans la "nature".
Chaque entretien, bien que fort court (trois pages environ), nous donne les grandes lignes de réflexion de chacun, nous incitant à aller le lire plus avant dans ses propres oeuvres.
Le portrait du penseur en question après l'entretien est toujours détaillé et nuancé.
Enfin la postface est passionnante. J'en extrais cet éclairage sur le concept de « vivant », p.104 : « le « vivant », un concept qui gagne en popularité dans la philosophie et les combats écologiques. La notion est plus inclusive que « nature » et « environnement », moins usée que « sauvage » et moins savante que « biodiversité » ou « non-humains », mais aussi critiquée. »
Ce qui m'a passionnée est que ces penseurs nous invitent à écouter, voir, prêter attention. Ce qui me paraît fort précieux dans ce monde de technologies, d'accélération et, précisément, de baisse de l'attention.
Ils nous invitent à nous décentrer, à relativiser notre place sur Terre. À inventer de nouvelles façons de vivre aussi, et c'est vraiment novateur il me semble par rapport aux générations précédentes, qui sont principalement critiques, descriptives, voire dogmatiques.
Certains, on ne peut le nier, ont un côté un peu « perchés », mais c'est rafraîchissant. Cela change des intellectuels aspirés vers l'abstraction. Au contraire, ces « penseurs du vivant » ont des approches souvent similaires à celle d'un artiste : proposant des expériences, ouvrant des possibles, des utopies, mais fondées sur du concret, des expérimentations. Et porteuses d'espoirs, malgré tout, pour les jeunes d'aujourd'hui qui en ont bien besoin pour continuer.
J'ai adoré cet ouvrage grâce auquel je me sens mieux armée pour aller découvrir les écrits de nombre d'auteurs. Baptiste Morizot, Vinciane Despret, philosophes, Nastassja Martin, anthropologue, François Sarano, plongeur, voire Emanuele Coccia sont certainement les plus connus.
Mais il est nécessaire de connaître aussi maintenant Sarah Vanuxem, juriste, Raphaël Mathevet, biologiste et géographe, Pierre Lieutaghi, ethnobotaniste et tous ceux que Nicolas Truong présente avec intelligence et clarté.
Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud, grâce à qui j'ai reçu cet ouvrage dans le cadre de l'opération Masse Critique non-fiction.

Livre lu à haute voix (sa forme s'y prête bien) par temps de canicule dans le cadre d'une opération Masse critique de Babelio. Nicolas Truong, grand reporter des idées au journal le Monde nous offre un recueil passionnant de 17 interview suivies de portraits de philosophes, anthropologues, naturalistes, juristes, ethnobotaniste, journaliste, historienne d'art, géographes, océanographe, écrivain et éditeur qui - dans la mouvance de Philippe Descola, Bruno Latour et Baptiste Morizot (ce dernier présent dans le recueil) - invitent par leurs réflexions à repenser notre manière d'habiter la Terre sans coupure avec la Nature mais au contraire plongé dans le "tissus du vivant". Composé seulement de 100 pages, ce livre a été pour moi un véritable choc intellectuel car, bien organisé par Nicolas Truong (5 pages par contribution, des intro/postface/presentation de partie, des relevés de citations et des titres explicites au sein des portraits), nous plongeons au coeur de pensées ultra contemporaines autour de l'écologie. Ce qui est genial, c'est que, quelque soit notre niveau de connaissances dans tous ces domaines, qu'on ai lu beaucoup ou peu de ces ecosophes (publiés pour l'essentiel chez Actes Sud, collection "monde sauvage" ou chez Wildproject) vous serez nourri.es d'idées inspirantes très loin de la collapsologie ou de l'eco-anxiete. En voici un petit échantillon : un paysage est un spectacle d'art (Emanuele Coccia), les "animaux sentinelles" des pandémies (Frédéric Keck), les "plantes compagnes" (Pierre Lieuthaghi), le rensauvagement (le couple Cochet), le renversement de l'attention (Morizot et Zhong Menghal), le Parlement de la Loire (Camille de Toledo),le projet "Villes Terrestres" (Lanaspeze), Splann! (Leraud), l'écologie sauvage (Matevet), les "alliances terrestres" (Balaud et Chapot) ou encore l'animisme juridique et le droit de déambuler (Vanuxem). le tout dans un encrage fort dans le terrain : de la Bretagne au delta du Rhône, de Marseille à la Drôme ou le Vercors avec des rencontres émouvantes avec des animaux (flamants roses, cachalot, oiseaux), des plantes (la Parmélie des murailles) ou des fleuves. Bref c'est un livre passionnant que vous barbouillerez, comme moi je crois, de fluo et dont vous aurez envie de discuter avec vos proches t/ou vos compagnons de luttes.

L'ouvrage de monsieur Truong consiste en un recueil d'entretiens avec philosophes, naturalistes, écrivains, journalistes qui pensent un nouvel âge de l'écologie , de nouvelles manières d'habiter la terre.

Chaque entretien est suivi d'une présentation de son auteur, de sa biographie, de sa pensée.

L'ouvrage tisse les liens entre ces différents penseurs, confronte leurs opinions et essaient d'esquisser un avenir pour notre monde en finitude.

Méfiez-vous de ce livre. Il bouscule les neurones et la tranquillité d'esprit et, aussi, vous le refermez avec une longue liste de noms, de titres qui alimenteront votre « hamster » quelques saisons, pouvant générer quelque peu d'éco-anxiété, quelques nuits d'insomnie.
Il n'est pas que cela, il peut réveiller la solidarité, la créativité et donner à quelques-uns l'envie de s'associer autour une utopie créant des lendemains heureux pour notre planète bleue et ses « vivants ». Ne lâchons rien !

Les défis sont nombreux, les constats pas toujours optimistes, cependant, à lire cet ouvrage, on se sent moins seul face au nécro capitalisme (j'adore cette expression autant que j'abhorre ce qu'elle désigne).

Piochez vous aussi dans ces pages quelques références pour continuer le combat et inventer de nouvelles manières de cohabiter harmonieusement sur terre.

Debouts !

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