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Critiques de Nicole Caligaris (18)
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Le paradis entre les jambes

En 1981, Nicole CALIGARIS a 22 ans. Elle a quitté sa province pour venir étudier à Paris. Entre les cours, les conférences et les soirées entre amis, sa vie lui plaît et s'écoule avec insouciance. Un soir de juin, une petite bande, tous étudiants du séminaire d'Henri Béhar sur le surréalisme, dîne à la terrasse d'un restaurant de la rue Mouffetard. Parmi eux, entre autres, Renée Hartevelt, une étudiante hollandaise et Issei Sagawa, un étudiant japonais, peu bavard mais souriant, qui invite tout le monde chez lui un soir de la semaine d'après pour goûter à sa cuisine. C'est sur ce projet que la bande se disperse mais la soirée n'aura jamais lieu. Le 11 du même mois, Issei Sagawa reçoit Renée dans son appartement, sous prétexte de lui faire lire un texte en allemand. Puis il la tue d'un coup de carabine dans la nuque, la découpe, cuisine et mange certains morceaux de son corps. Très vite il est arrêté et incarcéré.

Nicole lui écrit en prison, ils échangent quelques lettres puis elle met un terme à cette correspondance.

Trente ans plus tard, elle éprouve le besoin de se replonger dans ce sordide fait divers sur lequel elle avait jusqu'à présent préféré jeter le voile de l'oubli. Comment une telle chose a-t-elle été possible? Qu'y a-t-il à comprendre dans cet acte de cannibalisme? La femme est-elle destinée à être mangée par l'homme? Quel impact cela a-t-il eu sur sa vie?





Un bref séjour en prison suivi d'une hospitalisation en psychiatrie et Issei Sagawa est retourné dans son pays natal où il fait commerce de son acte de cannibalisme à coup d'expos de peinture et de conférences. Nicole CALIGARIS ne voulait surtout pas tomber dans ce sensationnalisme, pour elle, se repencher sur cette affaire est plutôt l'occasion d'une introspection, d'une réflexion sur sa condition de femme, d'une analyse de ce qui a changé dans sa perception du monde après cet acte. Le souci c'est qu'à force d'intellectualiser les faits, elle perd son lecteur dans le méandre de ses références mythologiques, artistiques, littéraires, sociologiques, etc. Le résultat est intéressant mais tient plus de l'essai que du roman, et s'avère difficile à suivre.

Un texte érudit qui s'adresse à des érudits.
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La scie patriotique

En une centaine de pages l'auteur nous raconte l'histoire d'une troupe de guerriers confinée à l'arrière sans savoir pourquoi ni si un jour ils montront au front.

Une compagnie affublée du nom de ultième, tout comme comme certains de ses membres, Sévère, Livide complètent un tableau peu optimiste de l'âme humaine en temps de conflit.

Des passages difficiles où l'on se retrouve au bord de la nausée devant tant d'inhumanité .
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Les Samothraces

"Je me dépars ainsi de ce pays peuplé de couleurs immobiles".

Nicole Caligaris cite, d'entrée de jeu, cette phrase de l' Equipée de V. Segalen pour narrer le douloureux voyage de migrants en quête d'Eldorado avec "pépètes et vie de château", des "affaires qui tournent", des "fiancés avec de l'esprit et des mains douces". Ils fuient "les lois sombres", l'être "rien", "leur vie en série",leur manque de "grandeur". Mais pour aller vers où? Du plus sombre? Vers la mort? Ou la victoire dont le titre Les Samothraces indique un combat quotidien à mener contre des géants?

Dans le car surpeuplé des "avec tampon" ou des sans papiers, puis dans le train de la dernière chance, puis la soute du bateau aux marins corrompus et à quai où "les vrais emmerdements commencent", Nicole Caligari s'engage en faveur de tous ces migrants de l'impossible et dénonce leurs cruelles conditions de voyage. Trois femmes en particulier, émergent quelque peu des corps et angoisses entremêlés: Madame Pépite (la plus âgée), Sambre (la jeune femme de chambre), Sissi la tsarine (l'"étincelle").

En espérant du mieux, elles abandonnent toutes "un petit quelqu'un" et ce chagrin là s'ajoute à leurs épreuves.

Ecrit dans une douloureuse prose poétique, d'où surnagent de manière incantatoire les mots "nous partirons" comme un chant funèbre de boat-people sur un Radeau de la Méduse pour surmonter les multiples épreuves, ce roman fort s'élève contre l'absurdité de la vie et des lois et clame les droits de l'homme.

Comment ne pas être bouleversé par le surcroit d'émotions qui accompagne ce convoi maudit?

Les Samothraces évoque les fils partis de Celles qui attendent de Fatou Diome et le désespoir des boat people parqués dans le bateau du Ru de Kim Thuy en fuite vers le Canada et la liberté.

Nicole Caligari, auteur de livres aux thèmes douloureux, a également écrit (entre autres): La scie patriotique.
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UBU roi

Telle une oulipienne accomplie, Nicole Caligaris a su relever le défi des éditions Belfond pour nous pondre le remake de la pièce d'Alfred Jarry sous la forme d'un roman.

Avant de le commencer, il peut être fort intéressant de lire ou relire cette œuvre ou de se la remémorer en lisant le bref résumé que l'auteur a bien voulu rajouter au rabat de la quatrième de couverture.

Ainsi l'on retrouve le père Ubu, alias Urbain Burn Urbier, man(a)geur d'hommes d'une holding, dans cette redite qui utilise aussi bien le vocabulaire de l’œuvre dont elle s'est inspirée que celui plus actuel de la "phynance".

Dans cette prose lyrique, Nicole Caligaris nous raconte de nouveau l'ascension d'Ubu jusqu'à sa chute, dans un style frénétique, que l'on lit comme on écouterait du jazz, avec de longues phrases parsemées de nombreuses virgules et de trouvailles linguistiques assez épatantes.

Bref, l'auteur a réussi à tenir le pari et à faire de son roman une œuvre originale.
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Les Chaussures, le drapeau, les putains

Dans ce court texte, Nicole Caligaris fait le procès du travail, qui incarne à la fois le désir et la hantise de l'homme, lié dans notre culture au péché originel et irrémédiablement assimilé à une punition divine, que nous nous infligeons pourtant de notre plein gré.

Mais pourquoi s'imposer ce qui ressemble à une torture, pour le confort, la nation ou les femmes, ou simplement par masochisme ?

Le travail est ainsi la marque de notre appartenance à la communauté humaine, la condition de l'homme moderne est paradoxale dans le sens où il subit le travail autant qu'il le recherche.

« Travail, le lieu de notre humanité, le lieu de notre barbarie. (p. 47) »

Analysant certaines figures littéraires, Mordo Nahum ou Sisyphe vu par Caillois et Camus, Nicole Caligaris pointe du doigt ce paradoxe hérité de la seconde guerre mondiale : l'homme croit que la liberté doit se mériter, ainsi le travail est désormais "cette condition que la société met à la vie".

Le travail serait ainsi le devoir de l'homme libre, il faut prouver sa valeur par le travail, cette philosophie de l'homo faber est à l'origine du sentiment de culpabilité qui nous étreint, à l'idée d'être considéré par les autres comme un parasite, un imposteur ou un assisté.
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La scie patriotique

Critiqué sur Un dernier livre.



Dès le départ, quelque chose de définitif. L’imparfait renforce la sensation d’un temps gélatineux, comme si la fin était déjà advenue et le début imprécis. [...] Le sang-de-bœuf des titres de chapitre recèle déjà de la cruauté, le noir du texte saute aux yeux, à la gorge, on ne peut pas en réchapper.
Lien : http://www.undernierlivre.ne..
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UBU roi

Merdre alors ! j'ai apprécié ce remake d'Ubu que j'avais lu au lycée et ADORE. Un peu effrayée au début par le fait que c'est un roman je me suis habitué et ai habituer de voir cette histoire transposée à notre époque. J'ai aussi beaucoup apprécier tout ce vocabulaire inventé qui faisait parti des choses qui m'avaient le plus intéressée dans l'oeuvre initiale.

Bref pari réussit !

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Le paradis entre les jambes

« Le 11 juin 1981, l’étudiant Issei Sagawa, trente-deux ans, a commis un meurtre suivi d’actes cannibales sur notre camarade d’université Renée Hartevelt, Hollandaise de vingt-trois ans, qu’il avait invitée dans son appartement du 10 rue Erlanger, Paris XVIe, lui demandant d’enregistrer en allemand la lecture d’un poème de l’auteur expressionniste Johannes Becher. J’ai vécu la proximité de l’événement. Ce livre est une empreinte laissée sur ses marges par cet acte et une tentative d’en affronter l’opacité.

Ma vie s’est trouvée prise là-dedans à un moment crucial de son histoire et, bien que l’autoscopie me répugne, je dois me regarder au contact de ces circonstances. » Nicole Caligaris



C'est un livre qui vous brûle les mains, et pourtant, vous ne parvenez pas à le lâcher. C'est un livre qui parle du corps autant qu'au corps. Rien ne vient contredire son propos, aucun relâchement, aucun débordement de l'écriture pour atténuer ou embellir l'effroi et le dégoût suscités par l'évènement, mais toujours cette grande attention au mot juste, et peut-être bien plus encore à la musicalité et au rythme de la langue. L'écriture tourne autour de l'évènement comme autour d'un puits sans fond pour mieux en appréhender les bords. Et comme l'ombre tant aimée de Tanizaki, projetée sur les objets et les êtres, les rend à leur mystère, le livre tout entier brille de cette lumière ombrageuse et sublime.
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Okosténie

L'ancien otage d'un régime de terreur imaginaire revit les heures les plus sombres de sa captivité. Durant sa détention au sein d'une mystérieuse "villa", il a partagé sa cellule avec un étrange prisonnier soumis aux pires séances de torture. De cet homme, il ne connaît que le matricule, 53, et les quelques souvenirs, fidèlement reproduits ou reconstruits a posteriori, que celui-ci lui livrait, comme pour échapper au silence, à la folie et à la mort. Dans la pénombre de cette minuscule prison, la connivence se fait compassion, sympathie, amitié parfois. Une conversation unilatérale qui constitue un témoignage déroutant, tout en jouant sur plusieurs niveaux d'identité et de temporalité.



Un roman glaçant, bouleversant, au style sublime, même si certaines pages se révèlent difficiles et déroutantes à la lecture. Ce livre ne vous laissera vraiment pas indifférent. Un cauchemar éveillé, écrit tout en finesse et en subtilité.
Lien : http://ars-legendi.over-blog..
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Dans la nuit de samedi à dimanche

Lecteur passe ton chemin !



Recueil de sept nouvelles qui se déroulent dans une même unité de temps à savoir la nuit du samedi au dimanche et dont l’axe central est la beuverie et les excès qui s’en suivent.



La première nouvelle est… incompréhensible : les phrases sont interminables et alambiquées…. Ce qui n’augure rien pour la suite…mais il n’en est rien : l’auteur cultive la diversité des styles pour mieux coller à ces différentes histoires.



Les différents protagonistes ne m’ont guère touchée, pas plus que leur histoire.



Je préfère tout simplement écrire que je n’ai pas aimé cet ouvrage, plutôt que de disserter plus longtemps…

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UBU roi

J'ai bien aimé ce remake burlesque d'Ubu Roi. La transposition de la pièce dans le monde des Finances et du chacun pour soi a été très bien réalisé et décrit selon moi cette sphère de manière tout à fait réaliste (non pas au sens littéraire mais concret). L'écriture tourne bien en dérision ce monde, si loin de nous et pourtant si proche, qui mélange égoïsme profit sans fin, lâcheté et absurdité. Un bon roman en somme, plein de vérités qui font mal aux yeux.
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Le paradis entre les jambes

Nicole Caligaris a cotoyé le mal absolu. Durant sa vie étudiante, elle a croisé Issei Sagawa. Ce jeune japonais, venu en France parfaire ses études littéraires, a tué dans sa chambre une jeune femme, puis, et là est sans doute la plus grande des transgressions, mangé certains morceaux de sa chair crue, des fesses au clitoris. Issei Sagawa est rapidement pris et emprisonné. Nicole Caligaris échange alors avec lui, sans trop savoir pourquoi quelques lettres, avant d’arrêter brusquement. Trente ans plus tard, il est temps pour l’auteur de revenir sur ces événements qu’elle a depuis soigneusement ensevelis. Comment se remettre de cet événement ? En quoi cet acte monstrueux a été la fin de quelque chose et le début d’autre chose ?



Lire la suite sur mon site :
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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Le paradis entre les jambes

A l’instar du corps massacré de Hartevelt, Caligaris se met littéralement en quatre, se dissèque, pour comprendre ce qui, dans la femme, dans le sexe féminin culturalisé, appelle à la consommation, à l’amour à mort.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
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Le paradis entre les jambes

Entre les maladresses des courriers du criminel et les fulgurances de la romancière, c'est l'écriture qui est reine, dans ce livre à la fois érudit et viscéral, d'une richesse insoupçonnée. Avec des mots râpeux, chantournés, flamboyants, Nicole Caligaris brode, raccommode, répare.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Barnum des ombres

Un condensé de parcours de vie hétéroclite. Magnifique.
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Tombal Cross : Destination Mervin Peake

Sercq, sur la trace impossible et fantasmée de Mervyn Peake



Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/06/11/note-de-lecture-tombal-cross-destination-mervyn-peake-nicole-caligaris-albert-lemant/


Lien : https://charybde2.wordpress...
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La scie patriotique

La Scie patriotique est irréprochable. Dès la première page, le lecteur est happé et sait que le livre ne va pas le lâcher, que les mots vont rester. Le silence. Le blanc. Le blanc foulé au pied qui devient boue. L’humanité qui devient boue. La boue qui colle les vêtements aux corps, colmate les pensées, cimente entre elles la bêtise et l’absurdité.



Critique complète à lire sur le webzine.
Lien : http://www.undernierlivre.ne..
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Dans la nuit de samedi à dimanche

Critique de Bernard Quiriny pour le Magazine Littéraire



Qu'a-t-elle de spécial, la nuit de samedi à dimanche ? C'est celle où l'on sort, où l'on boit, où l'homme se lâche et, parfois, au bout de laquelle il meurt. Les sept nouvelles rassemblées par Nicole Caligaris dans ce recueil à l'abord étrange ont en commun de se dérouler durant cette fameuse nuit, aux quatre coins d'une ville qu'on devine plus ou moins la même. D'un texte à l'autre, de discrets échos apparaissent : les personnages boivent beaucoup (mauvais whisky, pastis à la bouteille, gnôle qui délie les langues), les narrateurs relèvent des indices dérisoires mais identiques (les chaussures trouées du héros de «La décharge» et celles, «des pompes à cinq cents balles», de celui de «La nuit number one»), et tous fonctionnent par couples dans lesquels l'un des partenaires va tirer la mauvaise carte.



Dans la nuit de samedi à dimanche est-il alors un simple recueil de nouvelles, constitué de textes autonomes écrits séparément, ou bien une sorte de roman diffracté en sept textes, avec un projet pensé dès l'origine et l'intention de ménager des liens entre eux ? La deuxième hypothèse semble la bonne, du moins si l'on en croit Nicole Caligaris qui présente son livre comme une suite de variations sur le même thème : «Mettons deux êtres, liés par une de ces fraternités dont l'intensité n'est mesurable qu'à l'aune de cette nuit ; ils s'embarquent ensemble dans une virée dont l'issue doit être un jour nouveau pour l'un, le néant pour l'autre». Deux êtres ou bien quatre, comme dans la nouvelle centrale (sous-titrée ironiquement «un conte d'Andersen») où un quatuor de consultants écluse du mauvais whisky en se racontant des anecdotes, l'un d'entre eux - mais lequel ? - devant être viré de la boîte le lundi suivant. Unité apparente des thèmes, donc, par contraste avec la diversité des styles.



Aux extrémités, Nicole Caligaris a placé deux nouvelles à la langue complexe et ondoyante, faite de phrases travaillées, interminables, parfois énigmatiques ; entre les deux, le ton est plus oral, claquant, saccadé, plein d'onomatopées, d'argot et de phrases décharnées, comme si les mots étaient utilisés à la manière de percussions. De ce point de vue, la nouvelle la plus réussie est sans doute cette «Nuit number one» où une victime et son agresseur font fraternellement la bamboche dans toutes les boîtes de la ville («Débloquer au-delà du possible. Hors limites, jusqu'au bout ; et continuer sous la torture») avant que le piège tendu par le second se referme sur le premier - on croirait parfois retrouver la verve faubourienne d'un Albert Vidalie, accélérée et portée à incandescence. «Ce ne sont ni les situations ni les personnages qui reviennent mais l'acte, conclut l'écrivain dans sa brève présentation ; et, chaque fois, il se présente sous une apparence différente». Sept histoires qui n'en feraient donc qu'une, illustrant en quelque sorte cette propriété étrange des contes et des récits, qui reviennent finalement toujours au même et qu'on ne se lasse pourtant jamais d'écouter.
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