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Citations de Nicole Caligaris (21)


Qu'est-ce que c'est que ça rien à perdre? Il y a toujours un petit quelqu'un.
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Partir, nous partirons.Avec tampon,sans tampon...nous partirons.Comme des maudits et alors? Comme des forçats....Sur le ventre peut-être,malades à en crever;sur les poings et les genoux,sur les ongles un par un,quitte à les perdre tous,sur les canines peut-être;sanglants à force d'y laisser la peau,comme des écorchés s'il le faut;nous partirons.
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Le principe, c’est de ne jamais parler en premier : celui qui parle en premier perd l’affaire
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Le travail n’a pas de sens, ne peut pas avoir de sens, il est état divisé, entravé, incompatible avec la grandeur, incompatible avec l’envol, incompatible avec la joie : il est ce qui nous empêche pour toujours de jouer.
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Echec à la mort : notre volonté collective et notre stratagème personnel. Nous endiguons dans le travail une vie que nous ne comprenons pas, que nous ne contenons pas, dont la poussée tumultueuse et la force corruptrice nous suffoquent. Dans le travail, nous tentons de réduire le dépassement de notre conscience par le réel pour ne pas céder à la mort.
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Est-ce quils étaient moins que personne ?
Est- ce qu'on pouvait les affamer comme des loups?
Déjà il leur semblait qu'ils n'avaient plus de visage, plus de nom et entre eux ils ne parlaient pas.
Des déserteurs en terrain dangereux, mal praticable, coincés entre les armes de leur camp et les gueules d'en face, bave aux crocs.
Parfois ils faisaient feu. Fausse alerte. La nuit était interminable. Ils attendaient l'embuscade. Ça ne venait pas. La forêt se fermait sur leur passage, devant comme derrière.
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Je vois dans la littérature l'horizon que je n'atteindrai pas, dont la ligne hors de portée donne son dépassement à une existence qui promettrait sinon d'être moulée aux routines, à l'ordinaire petitesse qui fait bouger mes contemporains dont le ciel se limite à la destination des vacances.
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Là-bas les mots ont leur portée.Parler c'est parler.Les combinaisons prennent,les affaires tournent.C'est le bal des lucioles,là-bas.
Tandis qu'ici...le désastre immobile.
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Entre ce que nous sommes et ce que nous ne sommes pas,il n'y a rien.
Les minutes de vide imprimées sous nos ongles,sur notre peau.
Notre vie minérale.
Composée depuis toujours.
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Jeter,laisser,abandonner beaucoup.Et chaque fois s'empêcher de pleurer.
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Le langage crée, il ne représente pas. Il fabrique un autre monde. Par l'intermédiaire du texte, le lecteur n'est pas exactement en relation avec l'événement, il est en relation avec le langage et sa création. Je ne peux ni empêcher ni prévenir l'effet déréalisant de l'écriture, je n'ai pas non plus voulu le corriger par les moyens à la disposition de la littérature. Il est facile, en racontant, de faire croire, j'ai voulu m'abstenir.
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Lord Tombal veillait d’un œil fixe, à l’intérieur de sa niche noire, au-dessus du carrefour par lequel nous passions cinq ou six fois par jour.
Et sous les jardinets harmonieux, sous le travail coquet des haies torsadées par le vent et contenues maniaquement par les ouvriers des haies que l’on ne voyait pas mais qui devaient quotidiennement s’occuper des routes et des petits sentiers, sous le nonsense coloré et cocasse de ce travail d’opérette, il y avait le réseau noir et dangereux des caves qui s’ouvraient à la mer et minaient toute l’île. C’était cette bouche d’ombre, souriante, incompréhensible et chantante que disait le nonsense des poèmes de Mervyn Peake. La rupture logique était comme un oracle. Le couvercle soulevé de la rhétorique laissait voir sous l’ornement fleuri la profondeur humide et noire du puits.
Le réseau législatif extraordinairement tortueux de Gormenghast était peut-être moins une dénonciation de l’arbitraire absurde des règles d’un pouvoir fossile que l’expression de la détresse collective, de la difficulté à garder quelque repère, de l’impossible organisation, dans un monde constamment changeant, un réel hérissé de si, d’ifs, d’aiguillages imprévisibles ou, pire, prévisibles dans la multiplicité des possibles qu’ils ouvrent, devant ce réel qui n’est, avant de se produire, qu’une inextricable virtualité, un écheveau de peut-être dont, comme pour les salles et les couloirs de Gormenghast, certains sont réguliers, habités : la chambre de Fuchsia, la maison des frère et sœur Salprune, et d’autres sont latents, occupés de façon inconsciente, en sommeil, comme le placard de Brigantin, d’autres encore abandonnés à l’improbable, visités par accident, comme la salle des araignées et d’autres enfin, comme la bibliothèque de Lord Tombal, précieux et anéantis, sans que la raison, sans que la pensée puisse rien justifier de tout cela.
Si le sort de la littérature. If ? Ou Fi ? De quel côté tomberait le nom de Mervyn Peake ?
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Il serait autrement plus judicieux d'enduire les gens de la glu du bien-être pour lequel ils développeraient instantanément une dépendance qui leur ôterait l'envie de minauder, autrement plus judicieux de lâcher à présent quelques primes et même de leur laisser des heures pour qu'ils pussent, (...) se précipiter dans les zones commerciales des riantes banlieux du pays, y contracter les emprunts qui les tiendraient la tête basse, astreint à la table de travail, dociles et tolérant (...)
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Tous les soirs avant d’éteindre la lumière, Dürer sortait la carte de son guide et la dépliait sur ses genoux, songeant à Long John Silver, il auscultait cette carte avec des étincelles dans les yeux et un étrange fourmillement le long de l’index, qu’il pointait tendrement sur les bords déchiquetés de l’île. Et tous les soirs avant de se tourner pour dormir, effleurant une dernière fois la saillie spécialement tourmentée d’un petit repli de la côte, Dürer soupirait : « Port Gorey ! »
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L’île, en anglais, portait un nom de squale : Sark ; et en français un nom de quête qui n’aboutirait pas : Sercq.
Je n’avais pas fini de respirer que Dürer avait bouclé ses malles et entrepris un certain nombre de démarches pour réunir les fonds de notre expédition. Une expédition à laquelle je n’étais pas certaine de vouloir prendre part.
Pendant que j’avais mes hésitations, Dürer, célérité, discrétion, avait reçu bien des réponses aux messages expédiés à la liste intégrale de ses contacts. Il avait obtenu des tuyaux qui n’étaient pas du meilleur augure. L’île était à quarante bornes du cap du Cotentin. À vol d’oiseau ça n’était rien, mais par mer c’était une journée de voyage, avec escale à Guernesey, visite guidée de la maison Hugo, tout le tremblement. La chose ne s’annonçait pas simple. Une fois sur place il faudrait vivre. L’île était devenue la petite spécialité des tour-opérateurs nordiques, au beau milieu du Channel, c’était leur offre plein sud des longs week-ends hollandais ou allemands qui justifiaient une liaison aérienne : tout y était hors de prix.
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Mon nom figurait au fichier d’une organisation que je ne nommerai pas. Nous étions un certain nombre à opérer sous alias pour des missions de renseignement dont nous ignorions le plus souvent le sens et la portée. En général chacun travaillait seul et rapportait au commanditaire son journal d’opérations une fois la mission terminée.
Cette fois, Dürer s’était mis dans l’idée de faire équipe avec moi. Notre mission aurait pour cadre une île anglo-normande où nous semblions les seuls à ne jamais avoir mis les pieds. Dürer était comme moi, atteint profondément du dégoût des voyages. Et peut-être cette aversion était-elle après tout une protection des anges. Il n’aurait pas fallu passer outre.
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