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Citations de Nina Wähä (40)


Divorce. Ce petit mot qu’Annie avait toujours jeté au visage de sa mère. Ce mot que sa mère avait repoussé avec mépris, lui avait renvoyé à la figure. Il était posé là. Dans la lumière tamisée de la lampe de la cuisine.
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Les sentiments étaient impénétrables et en même temps tout-puissants. Il était par de nombreux aspects un paradoxe ambulant, leur père. Mais il avait certainement toujours exercé une influence.
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Il avait tout fait comme il fallait, tout ce qu’on aurait pu exiger de lui. Pourtant, il n’était aimé ni de sa mère ni de sa femme ; peut-être l’était-il de son père – si tant est que Pentti fût capable d’aimer.
Sinon aimer, du moins respecter.
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Une vie se dessine si clairement a posteriori. Lorsqu’on la vit, lorsqu’on est emporté dans son tourbillon, on a l’impression que les choses, les événements, les mots, les actes, se déroulent l’un après l’autre ou en parallèle, et il est difficile de comprendre les liens de cause à effet. Mais ce qui est pénible aujourd’hui sera bientôt du passé, un passé lointain qui ne fait plus souffrir, que l’on remarque à peine, et c’est à ce moment-là, lorsqu’on ne se trouve plus au début, ni même au milieu, que l’on perçoit les liens entre toutes choses. Comment un événement qui semblait tenir du détail, dénué d’intérêt, ou détaché d’un ensemble, jouait tout de même un rôle significatif dans quelque chose de plus grand, sans qu’on en ait conscience.
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La plupart des souvenirs étaient teintés de mélancolie, ou de quelque chose d’autre, plus sombre, mais Siri avait toujours semblé intouchable lorsqu’elle venait d’accoucher. Comme si la vie prenait une dimension supérieure à ce moment-là, pendant la première année des enfants. Et des premières années, il y en avait eu beaucoup dans la famille Toimi.
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Les gens sont-ils plus malheureux quand leur vie n’a aucun sens, aucun but ? La vie peut-elle avoir un sens, ici ? Sans métro, ni restaurant, ni magasin Nordiska Kompaniet, ni appartement, enfermement, isolement ? Si personne ne voit votre vie défiler, existe-t-elle ? A-t-on une existence, une vie, une histoire ?
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Les enfants normaux existent-ils ? Lesquels de ses enfants étaient normaux ? À bien y regarder, n'étaient-ils pas tous spéciaux, déviants, étranges, bizarres ?
Est-ce le cas de tous les enfants ou seulement ceux de la famille Toimi ? Comment était Siri, petite ? Elle n'était pas normale, c'est certain. Mais peut-être que de tout temps les gens, les enfants ont été anormaux, profondément dérangés, et que la seule chose qu'on puisse espérer, c'est réunir les conditions pour que nos enfants soient un peu moins détraqués qu'on ne l'a soi-même été. Est-ce notre seule aspiration ? Si on a trop d'enfants pour pouvoir les compter sur les doigts des deux mains, c'est peut-être beaucoup demander qu'ils soient tous des versions améliorées de soi même. Il y a toujours un peu de perte, non ?
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Toutes ces vérités occultées qui n'attendent qu'une bonne raison pour montrer le bout de leur nez, pour se dévoiler, venir tout détruire, annihiler l'espoir d'un retour en arrière.
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Elle n’avait pas toujours été belle, Siri, ce n’est qu’à l’âge adulte que ses traits s’étaient révélés. Elle avait le physique caractéristique des Caréliens, celui que certains qualifient de russe, avec des yeux aqueux, détrempés, délavés, une peau diaphane tendue sur des pommettes saillantes, tout ce qu’Annie avait hérité de sa mère, les traits, à défaut du caractère, des traits qui avaient toujours été si fiers et si fermes. Annie voyait désormais que la peau du visage de Siri commençait à pendre, que le temps la rattrapait. Les pattes-d’oie autour des yeux, la bouche fine comme un trait, les lèvres blanches, exsangues.
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Certaines personnes sont belles à la manière des diamants taillés, ou du marbre, peut-être. Il faut à leurs traits du temps et de la résistance pour prendre forme, se révéler. Avec Annie, on ne savait pas vraiment, mais elle soupçonnait que les années ne l’embelliraient pas. Que ses traits pâliraient, que son visage gonflerait comme un cadavre abîmé par l’eau. Cependant, l’apparence avait toujours été secondaire à ses yeux. Elle appréciait la beauté, bien sûr, mais ce n’était pas une obsession.
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Pouvait-on répartir les enfants en catégories de tempérament d’après celui des parents ? L’un solaire, lisse, accommodant. L’autre fougueux, lunatique, mélancolique. Ici, il y avait davantage de variations. Ils étaient plus nombreux à être une combinaison des deux, et certains avaient peut-être leur caractère propre.
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Elle se voyait dans la vitre – ces yeux graves, clairs, dilués, finlandais, et sa coiffure, ces cheveux teints en brun qui encadraient son visage, soulignant sa pâleur, sa bouche mince, son nez grec. Annie était belle, pas d’une beauté sensationnelle, pas le genre de beauté sur laquelle les gens se retournent dans la rue, mais elle avait les pommettes saillantes, le regard droit, et elle était encore assez jeune pour être belle. Dans quelques années, cinq, dix, quinze, qui sait à quoi elle ressemblerait ? Elle n’avait pas de base à partir de laquelle vieillir, pas comme d’autres : Alex, par exemple, avait une beauté qui vieillirait bien, et même Tatu, se dit-elle en regardant son petit frère au volant – de ce côté on ne voyait pas la cicatrice.
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Elle n’a jamais utilisé le sobriquet, l’insulte. Annie se demanda si les autres mères aimaient leurs enfants de manière aussi sélective, avec une intensité différente, et, le cas échéant, le montraient-elles aussi clairement ?
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Savoir que la tendance est sur le point de s’inverser, se bercer de cet espoir. Puis savoir qu’enfin elle s’est inversée ; que même si nous ne le voyons pas, la lumière prépare son grand retour.
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Rentrer chez soi. Quitter cet horizon plat, ces ponts, cet asphalte, ces paysages nus, dépourvus d’arbres ; voir l’environnement changer, la forêt pousser, la nature s’élever. Dans le Norrland, la nature impose le respect, c’est un élément dont on ne peut faire abstraction. Les arbres poussent où ils poussent, assument pleinement leur présence.
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L’expression « dans un passé lointain » était sans doute la clé. Annie pouvait ainsi échapper aux sentiments et examiner le monde de manière clinique. C’était cette partie de l’archéologie qu’elle aimait.
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Sa vie était à elle, à elle seule, et elle ne laisserait rien ni personne la lui gâcher.
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Le premier enfant, elle ne pouvait vraiment pas le garder ; l’homme, le père (un dénommé Hassan) était un ticket to nowhere. Une impasse. Un travailleur migrant, comme elle, mais d’un pays extra-européen, un pays où, qui plus est, il voulait retourner, et où les droits de la femme et la lutte féministe n’avaient pas autant progressé que dans les pays nordiques, loin s’en faut. Un pays où Annie ne pourrait ni ne voudrait jamais vivre. Annie avait de plus grandes ambitions.
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Le lien qui les unissait était fort, parfois physique, c’est ce qu’elle ressentait. Comme s’ils étaient unis sinon par des cordons ombilicaux, du moins par quelque chose d’autre, d’autres chaînes invisibles, puissantes. Comme un « roi-de-rats » dont les queues sont entremêlées et involontairement soudées ensemble. Ainsi vivaient-ils leurs vies, côte à côte, jamais seuls, toujours liés.
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Rentrer chez soi est quelque chose de particulier. Cela peut nous plaire ou nous déplaire, mais on n’y est jamais indifférent. Chez Annie, cela suscitait toujours beaucoup d’émotions. Négatives – étant donné qu’elle avait toujours un peu, un tout petit peu peur que son pays natal lui mette le grappin dessus et qu’elle soit tout à coup coincée, piégée, prisonnière. Physiquement incapable de partir, de rentrer, de s’éloigner. Un sentiment d’urgence qu’elle avait, adolescente, l’impression qu’elle devait se hâter, sans quoi l’endroit, cet endroit, la happerait, elle y resterait enchaînée. Ses pieds prendraient racine, se cramponneraient à la terre.
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