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Citations de Nino Haratischwili (150)


Un véhicule de police passa devant nous, et un homme en uniforme de style milice soviétique tenta de jeter un œil dans notre voiture. Pour une raison obscure, je retins mon souffle, ce dont j’eus honte une seconde plus tard. Était-ce rapide à ce point ? Était-ce si facile de se laisser intimider ? De renoncer à toutes ses convictions sous prétexte que l’on se trouvait dans un lieu où elles n’avaient plus cours, voire étaient réprouvées ou proscrites ? Était-ce le mécanisme naturel dans un Etat qui réécrivait sa propre histoire, où l’on faisait passer des mensonges pour des vérités et la vérité pour un mensonge ?
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La seule personne à posséder encore un minimum de morale et à se battre contre les ténèbres de l’inhumanité en a elle-même été victime. «Inhumanité» - ce mot, je ne l’utilise même plus. Qu’est-ce qui est inhumain, au fond ? Est-ce que faire des choses inhumaines n’est pas ce qu’il y a de plus humain ?
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Crois-tu avoir été libre une seule seconde dans ta vie ? Crois-tu qu’il existe sur cette planète un Russe qui soit libre ? Qui l’ait jamais été ? Notre liberté s’achète au prix de l’invisibilité et du silence, et elle mène tout droit aux camps de travail ou, dans le meilleur des cas, dans une cellule de neuf mètres carrés.
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Aujourd’hui, il se trouvait d’une naïveté presque enfantine de s’être ainsi cramponné à l’illusion de la justice. La vie, ou ce qu’il en restait le matin où il était sorti de la grange, à l’aube naissante, dans l’air cristallin des montagnes, sous les rayons du soleil éblouissant, était devenue bien plus tolérable le jour où il avait décidé que la morale, en tant que phénomène civilisationnel, était caduque.
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- Ce bien que tu as sans arrêt à la bouche, Ada, c’est une chose qu’il faut d’abord pouvoir se permettre. Crois-tu que tu serais aussi altruiste et généreuse si tu n’avais rien à manger ? Si tu devais te battre pour survivre? Je ne crois pas que les gens de ce soir soient pires ou meilleurs que ceux auxquels sont destinés les dons. Pas même moins bons que ces enfants dont tu m’as fait financer l’école. Non, je ne vois pas les choses comme ça. Chacun est à la fois bon et mauvais, à la fois sincère et hypocrite, ce sont simplement des concepts qui ont été inventés pour mieux brider et contrôler les hommes, que ce soit dans le domaine social, religieux ou politique. Ils permettent de manipuler les autres, ils sont malléables en fonction du contexte et de l’époque.
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Nino Haratischwili
Parfois, la lumière n'est qu'une couverture pour les ténèbres.
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- je t’aimerai toujours.
C’était comme une phrase sortie d’un livre ou d’un film. Mais on la trouvait rarement dans les bons livres et les bons films. Dans les bons livres, le plus souvent, on tourne autour, il est plus question de souffrances, de rencontres manquées, de regrets. On se dit ce genre choses que dans les mauvais livres et les mauvais films, et je ne voulais en aucun cas que nous soyons des personnages de mauvais livres ou de mauvais films.
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Nino Haratischwili
Est-ce que faire des choses inhumaines n'est pas ce qu'il y a de plus humain ?
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Il regrettait qu'elle n'ait pas gardé en elle le socialisme de son enfance. Elle l'écoutait en se disant que c'était vraiment dommage qu'il n'ait pas vécu quelques mois dans les ruines du soviétisme réel, privé de chauffage et d'électricité, sans ses festivals de musique, ses chichas et ses burgers adorés. Elle l'imaginait en train de mâcher des chewing-gums à la résine au lieu de Toffifee pour doper sa glycémie après avoir fumé. En train de franchir trois barrages sous surveillance militaire, des colonnes de chars et une armé de kalachnikovs pour aller voir ses amis.
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Un véhicule de police passa devant nous, et un homme en uniforme de style milice soviétique tenta de jeter un œil dans notre voiture. Pour une raison obscure, je retins mon souffle, ce dont j’eus honte une seconde plus tard. Était-ce rapide à ce point ? Était-ce si facile de se laisser intimider ? De renoncer à toutes ses convictions sous prétexte que l’on se trouvait dans un lieu où elles n’avaient plus cours, voire étaient réprouvées ou proscrites ? Était-ce le mécanisme naturel dans un État qui réécrivait sa propre histoire, où l’on faisait passer des mensonges pour la vérité et la vérité pour un mensonge ? 
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Les despotes sont sujets aux illusions.

Anton Tchekhov
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L’année où la justice soviétique reçut une loi qui sanctionnait comme contre-révolutionnaire toute action visant à affaiblir le pouvoir. La définition de ce qui l’affaiblissait restait nébuleuse, floue et donc applicable à tout acte qui déplaisait au Parti. Cette loi stipulait qu’en cas d’accusation de terrorisme le droit à la défense était annulé et la peine de mort, l’unique sanction. Elle prévoyait aussi que toute personne qui avait ri d’une plaisanterie antisocialiste ou avait lu un livre antisocialiste, qui avait visité l’Europe une fois ou offert un parfum occidental à une femme pouvait être arrêté par les membres du NKVD sans avertissement ni explication, de préférence à l’aube.
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Est-ce que c’était ça, la guerre ? Des vies déracinées, des existences déchiquetées, déconnectées, sans queue ni tête ?
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Elle le dévisageait de ses yeux ronds écarquillés qui le transportaient toujours en bord de mer, là où l'eau troquait son beau bleu contre la couleur menaçante des abysses, où les profondeurs l'appelaient, comme si le chant des sirènes venait lui chatouiller les oreilles pour l'inviter à plonger en lui-même, à se perdre dans ses pensées.
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 En 1924, […] la ville de Moscou comptait à elle seule neuf camps de travail et cinquante-six prisons. Boukharine avait déclaré : « Oui, nous allons devoir restructurer l’intelligentsia, comme dans une usine. » Et le successeur pressenti de Lénine, Trotski, était encore trop occupé de « l’idée de révolution permanente » pour remarquer que l’ancien braqueur de banque de notre pays œuvrait déjà à concentrer le pouvoir sur lui.
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Accroupie devant la porte du bureau de Kostia, retenant mon souffle, les poings serrés par la concentration, je compris que je voulais, plus que tout, faire dans la vie ce que venait de faire cette femme aveugle et néanmoins si clairvoyante : réunir ce qui s’était dispersé. Rassembler les souvenirs épars qui ne font sens que lorsque tous les éléments forment un tout. Et nous tous, sciemment ou inconsciemment, nous dansons, suivant une mystérieuse chorégraphie, à l’intérieur de ce puzzle reconstitué.
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 – En Europe, il y a des femmes qui se considèrent les égales des hommes. Et elles se battent pour leurs droits. On les appelle des bas-bleus.
– Elles ont bien raison de lutter. Mais ce nom est parfaitement stupide, je trouve.
– S’il en est ainsi, nous pouvons envisager une belle chevauchée dans la steppe. Nous pourrons alors juger de l’égalité des hommes et des femmes.
– Je ne pense pas qu’ils soient égaux. Je pense que les femmes sont meilleures. 
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La guerre menait à l’extinction de la vie, une vie qui ne rêvait que d’être vécue.
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[…] cela lui faisait mal de briser ses illusions, de ne jamais être d’accord avec elle ni abonder dans son sens, de devoir systématiquement lui rappeler que toutes les personnes présentes lors d’un gala de charité ou d’une vente d’art aux enchères n’étaient que des hyènes avides de pouvoir et d’argent qui se fichaient comme de leur première chemise de la manière dont leurs dons seraient utilisés, car leur seule préoccupation était de soigner leur image ou d’obtenir des réductions fiscales. 
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Il fallait se battre, se battre comme une lionne, ainsi que Natalia Ivanovna lui avait appris à le faire. Autrement elle terminerait comme ces vieilles femmes sur la place du marché, avec un fichu en laine sur la tête, les mains croisées sur les genoux, les yeux jaunes et poisseux, et la bouche pleine de fiel - si elle ne partait pas, si elle n'échappait pas à ces montagnes et à ce fleuve, à cette nature à la beauté illusoire.
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