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Citations de Nino Haratischwili (151)


La guerre avait expulsé tous les rêves de son corps et de sa tête, les avait pulvérisés, anéantis. p.358
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Des cris se formèrent dans les gorges, qu'il fallait avaler comme des pilules amères
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Tout au long de sa vie, il avait vu le passé comme une infection contre laquelle il était immunisé. Et au lieu de chercher aveuglément un vaccin pour sa fille, il aurait dû la contaminer à son tour, dans l’espoir qu’elle survivrait à cette maladie cruelle, qu’elle serait la plus forte.
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- Non, je n'ai pas envie de me calmer, j'en ai assez... Qu'est-ce que tu en sais? Pourquoi tu prétends toujours savoir ce qui est vrai et ce qui est faux, ce qui est bien et ce qui est mal? Tu ne te dis jamais que tu pourrais te tromper?
- Et pourquoi je penserais ça?
-Parce que tu es un homme comme les autres.
page 35.
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Ne pas combler les attentes. Ne pas mériter l'amour. Ne pas entrevoir l'illusion d'un salut.
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Le chocolat n'était plus que le souvenir d'une autre époque, et sans le chocolat on oubliait la douceur, sans la douceur, l'enfance, sans l'enfance, le commencement, et sans le commencement on ne reconnaissait pas la fin.
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Conforté par le formidable succès de sa formule magique, qui stimulait ses rêves d'expansion, mon arrière-arrière-grand-père prit la décision d'attendre d'être au sommet de la réussite et de la gloire pour sortir de son chapeau de prestidigitateur la perle de ses créations - son Chocolat chaud -, afin de précipiter des foules entières, à Tiflis, Moscou et Saint-Pétersbourg, dans un état proche de l'inconscience. En dépit, ou peut-être en raison de sa réussite, le fabricant de chocolat, qui espérait un successeur, s'était juré que cette recette resterait un secret de famille dans un premier temps. De l'avis de Stasia, cette décision avait sauvé notre famille, si ce n'est le pays tout entier, d'une ruine définitive
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Hitler et ses partisans, encouragés par les succès de la guerre éclair, prévoyaient de mettre rapidement l'Union Soviétique sous leur joug. Seulement, Hitler ne savait pas que toute l'horreur et toute la misère que la Wehrmacht voulait lui infliger en l'envahissant étaient son lot quotidien depuis longtemps. Que la terreur soviétique des dernières années avait déjà bien préparé les gens à la terreur que voulait semer le Führer.
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Ils se prêtaient mutuellement le bonheur. Ils se prêtaient mutuellement le présent et s'offraient des souvenirs futurs.
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L'amour était un poison lent, insidieux, l'amour était perfide et mensonger, l'amour était un voile jeté sur la misère du monde, l'amour était gluant et indigeste, il était un miroir dans lequel on pouvait croire être autre que ce qu'on était, il était un esprit qui distillait l'espoir là où il n'y en avait plus depuis longtemps, il était une cachette dans laquelle on croyait pouvoir trouver refuge et où l'on ne se retrouvait finalement que face à soi-même, il était le souvenir flou d'un autre amour, il était la possibilité d'un sauvetage et ressemblait pour finir à un coup de grâce, il était une guerre sans vainqueur, un joyau précieux dans un tas de débris de verre coupants, oui, Brilka, l'amour était tout cela alors.
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Contre toute logique, c’étaient des images de son enfance. Les pépins de grenade dans un petit récipient en émail que sa grand-mère lui apportait au lit quand elle était malade : elle les lui glissait dans la bouche un par un, et l’acidité la faisait grimacer. Les collants en laine rêche que sa sœur et elle devaient porter en hiver. Le cours de gymnastique au palais des sports de la jeunesse et le concours de grimper de corde qu’elle aurait tant aimé remporter sans jamais réussir. Les chats de la rue Vertskhli, la cour pleine de linge coloré qui battait au vent et les balcons en bois qui semblaient n’avoir ni début ni fin. Les animaux souples et duveteux qui se chauffaient dans les derniers rayons du soleil pendant qu’au fond, le mécanicien poilu dont ni le visage ni le nom ne lui revenaient lavait un tapis. L’odeur de petits gâteaux aux amandes qui se répandaient dans la cour le vendredi… Qui était aux fourneaux ? Grand-mère ? L’une des voisines ? Le matériel de pêche de son père dans l’appartement familial – mais elle se sentait plus chez elle dans celui de sa grand-mère et de son drôle d’oncle sur la rue Vertskhli que là-bas dans le quartier moderne de la ville.
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Les déracinés se plaignaient de moins en moins des bizarreries des natifs, de leur rapport à l’argent, de leur sens de l’ordre, de leur étroitesse d‘esprit, ils se moquaient de moins en moins d’eux, de leur inhibition, ils étaient de moins en moins scandalisés par le manque de générosité des repas de fête et d’anniversaire où ils se risquaient.
En revanche, ils parlaient avec de plus en plus d’enthousiasme de leur enfance et de leur jeunesse, des lieux jadis visités, de leurs amis, de leurs amours, de leurs voyages d’alors, ils se mettaient à glorifier le passé, à l’embellir, à le transfigurer : soudain, tout leur apparaissait sous un jour nouveau. Des phrases comme « Quand j’y réfléchis bien, le système éducatif soviétique était formidable » ou « A l ‘époque, on n’allait peut-être pas à Majorque ni à Ibiza, mais on faisait avec ce qu’on avait, et on connaissait la valeur des choses, pas comme la génération d’aujourd’hui à qui tout tombe tout cuit dans la bouche et qui ne sait pas dire merci » revenaient de plus en plus souvent. Et de plus en plus souvent, ces discussions se déroulaient sur fond de musique du pays, de vieux vinyles circulaient de main en main, et on entonnait ensemble un chant des Pionniers, au milieu d’éclats de rire mais avec ferveur, tout en s’octroyant un deuxième ou troisième verre de vodka ou de cognac. Et ce faisant, on oubliait toujours plus qu’à l’époque, on aurait tout donné pour un disque original des Supremes, on oubliait qu’on enviait ceux qui, au moins une fois, avaient quitté cette prison couvrant plus de onze fuseaux horaires pour contempler ce monde de paillettes, que le souhait le plus cher de chacun était d’être « libre », de décider de sa vie, d’avoir une voiture et d’explorer le monde.
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Parmi les convives présents, presque tous s’en étaient allés du jour au lendemain, en quête d’un monde meilleur, convaincus de haïr celui dont ils étaient prisonniers. Ils le maudissaient, ne voulaient plus jamais en entendre parler, croyaient dur comme fer le laisser pour toujours derrière eux. Et pourtant, une fois arrivés sur de nouvelles rives, dans de nouvelles réalités, tandis qu’ils construisaient leur nouvelle vie à la sueur de leur front, posant tant bien que mal une brique sur l’autre, ils s’étaient rendu compte que l’enfer leur manquait, cet enfer qu’ils avaient quitté avec tant de détermination. Car l’endroit avait beau puer le soufre, c’était leur enfer à eux, ils en connaissaient le moindre recoin, ils y avaient des camarades de combat et des compagnons d’infortune, ils étaient les rois de cet empire déchu. Dans leur nouvelle vie, si loin de chez eux, ils étaient de simples étrangers, des exilés, des immigrés, enfants d’un socialisme honni qui, du temps de leur jeunesse, avaient marchandé des disques occidentaux sous le manteau et rêvé du capitalisme comme d’une planche de salut, qui avaient fêté l’arrivée du magnétoscope tombé du ciel comme une révolution et organisé en secret des soirées ciné, à l’image des débats philosophiques clandestins des années 1920, sauf qu’au lieu de parler de Marx et de Hegel, on regardait Rambo et Tango & Cash en s’identifiant au mythe typiquement américain de l’homme seul contre le monde entier.
Et ensuite, quand leur rêves étaient devenus réalité, quand ils avaient saisi leur chance – ils étaient encore jeunes et pleins d’élan, ils croyaient au bonheur capitaliste - , quand ils étaient partis en masse vers l’Ouest, parce que chez eux il n’y avait même plus un semblant de normalité, parce que le chaos mettait leur vie en péril, ils avaient vite été détrompés, la désillusion ne s’était pas fait attendre et avait bouleversé leur vision d’un monde idyllique exalté par les livres.
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Sesilia n’avait pas voyagé depuis une éternité, sa fille et ses petites-filles venaient la voir dès que l’occasion s’en présentait, mais elle-même n’était encore jamais allée à l’Ouest, et à peine assise dans l’avion, elle s’était demandé ce qui faisait la différence entre l’Est et l’Ouest, s’il y avait encore aujourd’hui une limite claire et où celle-ci se situait précisément.
Depuis sa jeunesse, des Etats avaient vu le jour avant de tomber en poussière, des frontières avaient été tracées pour être déplacées au prix de nombreuses vies, des millions de personnes avaient quitté leur pays, le monde entier avait été secoué comme des dés dans un gobelet, et personne ne savait plus où ces dés allaient tomber, qui serait perdant et qui serait gagnant.
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Peut-être le monde était-il parfaitement cohérent comme il était. Peut-être était-ce le lot de l'être humain de ne jamais s'en sortir sans être puni, que l'on soit coupable ou non. Peut-être était-ce inévitable qu'à la fin, on reste enchaîné quelque part, avec un aigle en train de vous dévorer le foie, à ceci près que le nôtre ne repoussait pas et était donc perdu à jamais.
page 213.
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De plus en plus souvent, ces discussions se déroulaient sur fond de musique du pays, de vieux vinyles circulaient de main en main, et on entonnait ensemble un chant des Pionniers, au milieu des éclats de rire mais avec ferveur, tout en s'octroyant un deuxième ou troisième verre de vodka ou de cognac. Et ce faisant, on oubliait toujours plus qu'à l'époque, on aurait tout donné pour un disque original des Supremes, on oubliait qu'on enviait ceux qui, au moins une fois, avaient quitté cette prison couvrant plus de onze fuseaux horaires pour contempler ce monde de paillettes, que le souhait le plus cher de chacun était d'être "libre", de décider de sa vie, d'avoir une voiture et d'explorer le monde. On oubliait qu'on se rêvait Rambo pour envoyer au diable tout l'hémisphère Est.
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Homo oligarchus prenait le relai d'homo sovieticus. Le chaos russe était devenu ma drogue, ma ruée vers l'or, et le besoin irrépressible d'aller, au péril de ma vie, étudier cette nouvelle espèce humaine avait pris possession de moi à un point que je n'aurais jamais soupçonné.
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Une seule chose est sûre : lors de son retour dans son pays, il était déjà en possession de ce qui allait garantir son succès ultérieur (nul ne sachant rien jusque-là des effets secondaires de sa boisson magique). Au début, c’était une recette de simple chocolat chaud viennois. Une boisson confectionnée non à partir de cacao donc, mais de chocolat. À ce chocolat préalablement fondu étaient mêlés d’autres ingrédients. Mais quelque chose dans sa composition et dans sa préparation rendait ce chocolat très particulier, unique, irrésistible, bouleversant. Son arôme à lui seul était si intense et envoûtant qu’on ne pouvait s’empêcher de se précipiter dans la direction d’où il émanait. Ce chocolat, épais et consistant, noir comme la nuit avant un violent orage, était consommé en quantité réduite, chaud, mais pas brûlant, dans des tasses de petite dimension et – autant que possible – avec des cuillers d’argent. Son goût était incomparable, sa dégustation tenait d’une expérience supraterrestre, de l’extase spirituelle.
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Approche-toi, fais attention, prends ma main, oui, c’est bien, et regarde. Tu vois ce motif ? Je regardai attentivement les ornements colorés sur le tapis rouge. – Ils sont faits d’une multitude de fils isolés. Chacun de ces fils est à lui seul une histoire, tu comprends ? J’opinai, songeuse, sans être sûre de la comprendre. – Tu es un fil, je suis un fil… À nous deux nous formons un petit motif, et réunies à beaucoup d’autres fils nous composons tout un décor. Les fils sont tous différents, plus ou moins fins ou épais, et de couleurs différentes. Les motifs sont difficiles à déchiffrer séparément, mais lorsqu’on les observe réunis, ils révèlent des choses fantastiques. Regarde ici, par exemple. N’est-ce pas merveilleux ? Ce décor est tout simplement fabuleux ! La densité de nouage, le nombre des nœuds et les différentes structures des coloris, tout cela ensemble constitue la texture du tapis. Je trouve que c’est vraiment une bonne image.
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Une gamme infinie de PEURS qui l’empêchaient sans arrêt de faire des choses, de dire des choses sans s’être posé mille questions d’abord. Comme si, pour lui, vivre n’était pas inné (…).
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