Sans vouloir m'avancer, je pense que c'est un livre génial (oui je suis l'auteure, ne me jugez pas)
Oui, elle était mon amie. Il n'est pas nécessaire de vivre des centaines de choses, se de connaître depuis des années ou d'affronter des peines pour être amie. Il suffit de se faire confiance.
Ils étaient tous là, réunis pour mon enterrement. La cérémonie fut somptueuse. Mon mari était serein, je le savais. Il méritait de vivre encore de belles années. Il me retrouverait, un jour. Ils me retrouveraient tous. Mais pas maintenant.
Aimer rentre dans les veines, possède le cœur, anime le corps. Aimer ne s'oublie pas, aimer n'a pas de fin. Aimer est inconditionnel et destructeur. Si vous aimez, c'est pour toujours. L'enfant à qui vous avez donné la vie, la grand-mère qui vous a élevé, la mère qui vous a porté, le père qui vous a soutenu, l'ami qui a séché vos larmes. Vous les aimez pour ce qu'ils sont, leurs qualités, leurs défauts, leurs actes, leurs manquements. On ne peut pas vivre sans les personnes qu'on aime.
Je le savais bien : la vie finirait par faire son travail.
La vraie question qu'il faut se poser, ce n'est pas "Qu'est-ce que ça fait de mourir ?" mais plutôt "Qu'est-ce que ça fait de ne plus vivre ?". Parce que j'ai aimé vivre, plus que personne ! Il faut dire que j'ai existé aussi fort que je l'ai voulu. Même à la fin. Surtout à la fin.
Certains me qualifieront de vieille fille, en effet. Pour d'autres, je serai une pauvre meuf, une "célibattante", une célibataire endurcie, une Tanguy ou un cas désemparé. Qu'importe le nom qu'ils me décernent. Moi, je suis Mary Bridgestone. C'est le seul nom que je veux me donner.
Tout doucement, je quittais les lieux, ce lieu. Je les laissais. Et, avant de m'échapper, avant que chacun ne reparte vivre une vie qui ne laissait d'autre choix que d'avancer, je m'octroyai une dernière seconde pour les figer à jamais dans mon cœur, qui ne battait pourtant plus.
C'est cliché. Mais les clichés font de belles photographies, et les photographies de beaux souvenirs.
Sans doute une histoire d'amour qui avait mal tourné. Il en faut, des histoires qui tournent mal. Ce sont elles qui permettent aux belles d'exister. Sans elles, le bonheur n'aurait pas la même saveur.