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Critiques de Noëlle Renaude (47)
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Une petite société

Cet étonnant roman noir, très noir, s'ouvre sur une grande maison bourgeoise qui devient mystérieuse par la façon dont la regarde Louise, comptable de l' entreprise d'en face qui observe tout obsessionnellement depuis son bureau. Rien ne lui échappe et son imagination galope pour imaginer des scénarios mettant en scène les habitants : Tom, un jeune garçon handicapé mental, un homme élégant âgé avec chauffeur, une femme beaucoup plus jeune, une autre, enceintes toutes les deux en même temps ; puis un drame, peut-être plus.



La construction est brillante dans son enchaînement narratif spiralaire. Déroutante aussi. Vingt-sept ans racontés en circuit circulaire autour de la maison, force centripète du récit autour de laquelle évolue des personnages très nombreux, de Louise qui vit sa vie par procuration, à Tom, le seul à savoir tout ce qu'il se passe mais qui ne peut rien dire à cause de son lourd handicap, en passant par une policière, un tueur à gages, une assistance sociale, un détective privé et des employés de l'entreprise de Louise.



Chaque chapitre introduit une nouvelle situation ( ou un nouveau personnage ) que le chapitre suivant va reprendre en l'enrichissant d'indices, décrivant les scènes précédentes sous un autre angle. On passe d'un point de vue à un autre dans une temporalité brouillée ( analepses, anticipations ) faite d'actions inversées. Dès qu'un personnage entre dans le circuit, ses actions gravitent et s'imbriquent dans celles des autres. Rien n'est fait pour tenir la main au lecteur, c'est à lui de se joindre aux convictions, certitudes, supputations des personnages pour bâtir ses propres hypothèses une fois dans le vortex.



Ce qui surprend avec Noëlle Renaude, c'est à quel point l'intrigue est subordonnée à l'écriture et aux mouvements des phrases, parfois très longues, digressives, très souvent peu ponctuées, d'autres très courtes sur un rythme saccadé. Les dialogues sans tiret s'enchâssent naturellement dans le récit. Sur le dernier tiers, je me suis un peu essoufflée à courir derrière cette écriture qui prime avant tout le reste et malmène l'intrigue.



En multipliant les pas de côté pour voir ce qu'on ne verrait pas frontalement, Noëlle Renaude fait montre d'une acuité acerbe pour disséquer les failles et secrets de la petite société qu'elle observe de son œil aiguisé. L'écriture semble trempée d'un certain cynisme tant aucune tendresse ne transpire pour les personnages, mais elle est surtout là pour mettre à distance tout sentimentalisme, cliniquement, en décelant le truc qui cloche.



Cet art de débusquer les petits travers contemporains est mené avec maestria. Noëlle Renaude travaille les détails, décalés si possibles, dans une large sociologie allant des aristos aux petits employés de bureau, aucun défini selon un appareillage psychologico-social classique mais selon leur corps, leur sens, leur façon de parler et de se mouvoir dans l'intrigue. Un véritable petit théâtre des cruautés porté par des personnages banals et fissurés, assez désespérant au final.



Quand on referme ce livre, on se dit qu'il y a un vrai auteur derrière, avec un univers fort et une écriture affirmée qui ne ressemblent à personne d'autres.



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Les abattus

Les abattus est un très grand roman noir. Un très grand roman social aussi. Sordide et efficace. L’histoire se déroule sur une longue période et est découpée en 3 grandes parties : les vivants 1960-1983, les morts 1982-1983 et les fantômes en 2018. Le récit narre la jeunesse d’un jeune garçon dont le destin semble semer le chemin de cadavres. Issu d’un milieu modeste et peu affectueux (ses 2 frères le tyrannisent, sa mère déprime, son père boit), il va devoir apprendre à éviter les coups du sort et à se frayer un chemin plus favorable. Mais il n’est pas toujours simple de sortir de sa condition...L’écriture, très factuelle, très détaillée, interactive parfois donne un réel tempo au livre. Elle est étonnante au départ mais en parfaite adéquation avec l’histoire car elle permet d’être au plus près des actions et pensées du narrateur. De même, la construction du récit est inattendue, avec un changement surprenant en 3ème partie. Voilà un roman et un héros qui me marqueront longtemps, même si le personnage principal n’a même pas la chance d’être nommé. Une réussite !
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Fiction d'hiver

Pièce écrite en 1998, d'une auteure de littérature française contemporaine que je ne connaissais absolument pas. Que je sois honnête : ce n'est pas sur les conseils de qui que ce soit que j'ai emprunté ce livre, ni même par une curiosité dévorante, mais parce que je cherchais désespérément une pièce de théâtre ayant comme thème l'hiver pour le bonus mensuel du challenge Théâtre. Bon, et pourquoi pas, hein ?





Ca débute avec deux personnages, Acteur 1 et Acteur 2, qui parlent d'un clochard qui aurait réclamé de l'argent à Acteur 2. On passe du coq à l'âne pour parler vêtements, prix et retouches, puis pour s'intéresser à la retoucheuse, à Metz, à un château visité naguère par Wagner et où se trouve une statue cachée sous un escalier. Il est aussi question de trouver une idée de cadeau pour le neveu de Acteur 2, de la compagne de l'un et de l'ex-compagne de l'autre... et d'un éventuel adultère, même si rien n'est vraiment dit. Suite à quoi surgit Acteur 3, la conversation continue sur les mêmes sujets, les histoires de l'un deviennent celle de l'autre et inversement. Suite à quoi on voit arriver Acteur 4, pour rembobiner le tout et repartir sur les mêmes bases, et s'emmêler un peu plus les pinceaux entre les histoires des uns et des autres. Acteur 1 quitte la scène, puis Acteur 2, Acteur 1 revient, puis Acteur 2. Les sujets de conversation sont les mêmes, ils ont juste subi une bonne dose de variations.





Dire que ça rappelle La Cantatrice chauve relève quasiment de la platitude. Mais en beaucoup moins fantasque, même si l'humour est présent tout au long de cette pièce sans queue ni tête. Et c'est là le souci. le non-sens, ça me va, mais alors il faut que ce soit vraiment très drôle, soit que... ben que ça ait un sens, aussi paradoxal que ça puisse paraître (voire les deux). On sent bien que Noëlle Renaud cherche à travailler sur le langage comme c'était le cas de Ionesco. Et cette idée d'histoires personnelles racontées à d'autres (avec omissions), d'histoires également sans grand intérêt, répétées, réinterprétées, bien sûr que tout le monde peut s'y reconnaître. Et puis ?





La chute est ratée, probablement parce qu'en définitive (j'ai cherché un synonyme de "finalement" pour une fois, notez l'effort), c'est trop long et ça ne va pas bien loin. Ca se lit, c'est marrant pendant un moment, et puis l'effet redondant clairement voulu finit par lasser. Bon, c'est pas bien grave. Finalement.





Ah, et ne vous fiez pas à la prétentieuse quatrième de couverture...


Lien : https://musardises-en-depit-..
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Une petite société

Louise, comptable, observe depuis de nombreuses années la maison cossue sise en face de l'usine de brioches où elle travaille. Au début de ma lecture j'ai pris peur car très vite il est évident que la lecture va être heurtée et complexe : une syntaxe inhabituelle, un usage original de la ponctuation, beaucoup de personnages dont la plupart n'ont pas de noms (un monsieur, une blonde, une rousse, …). Je suis décontenancée, mais en même temps le style est d'emblée intéressant, car il est efficace, il donne du rythme, il mêle dialogues et narration sans pauses (pas de tirets). Je suis vite accrochée, mais vais-je tenir plus de 300 pages à un rythme pareil ? Finalement oui, et sans plus de difficultés. Les personnages sont nombreux, très nombreux, car les chapitres sont courts et presque à chaque chapitre apparaît un nouveau personnage qui réapparaitra plus tard, vu sous un autre angle. Heureusement tous ces personnages ont un nom, y compris le monsieur, la blonde et la rousse du début. Pendant des années l'imagination de Louise galope, mais la maison cossue est bien le point central autour duquel gravitent, de près ou de loin, tous les petits bouts de vie contenus dans ce roman. Tout ce petit monde mène des vies ternes, a priori très ordinaires. Sauf que parfois ces vies médiocres ne sont pas ce que l'on croyait et nous réservent de petites surprises, dont un agent double, un tueur à gages, deux détectives,… Les traits des personnages peuvent paraître un peu grossis, mais c'est qu'ils sont vus à la loupe, à un moment où aucune de leurs petites manies, aucun de leur défaut n'échappe à l'oeil. C'est une écriture très visuelle (mais pas forcément cinématographique). Tout ce petit théâtre m'a fait penser à «Au bord de la nuit» de Friedo Lampe, mais aussi à des albums pour enfant. En particulier à deux albums sans texte : «La course au gâteau» de Thé Tjong-Khing pour sa multitude d'histoires conduites en parallèle, et, pour l'effet de zoom, à «La nature du plus près au plus loin». Sauf que là, il s'agit d'un roman, alors, chapeau pour avoir réussi à trouver par son style très particulier un procédé narratif pour nous faire voir toutes ces intrigues parallèles qui s'entrecroisent ou s'intercalent, en changeant littéralement de focale, et toujours avec un regard à la fois acéré et acerbe. Car Noëlle Renaude ne se départit pas, tout au long de son roman, d'un ton faussement neutre, parfois humoristique, souvent un brin cynique, et toujours sans tendresse ni complaisance pour ses personnages. C'est inventif et brillant. Pour moi le seul point faible est la pirouette finale, inventive certes, mais un peu décevante, qui m'a conduite à ne mettre que trois étoiles à ce roman auquel j'ai pourtant trouvé plein de qualités.
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Les abattus

Quel que soit le genre littéraire dans lequel on se cantonne et bien au-delà du fait de lire une quantité astronomique de romans, ce qu’il y a de réjouissant avec la lecture c’est d’être constamment surpris aussi bien par l’intrigue, notamment dans le domaine de la littérature noire, mais également par le style ce qui se révèle bien plus ardu avec cette sensation que tout a été créé dans le domaine et qu’il ne reste guère de possibilités innovantes en matière d’écriture. Pourtant on ne compte plus les voix dissonantes qui nous interpellent et qui nous dérangent parfois en nous sortant de notre zone de confort à l’exemple de James Ellroy (Le Dahlia Noir, Rivages/Noir 1988) ou de David Peace (1974, Rivages/Noir 2002) pour ne citer que quelques exemples emblématiques contemporains qui ont marqué le roman noir. Bien moins médiatisés et probablement moins excessifs, des auteurs comme Andrée A. Michaud (Bondrée, Rivages/Noir 2016), Pierre Pelot (Braves Gens Du Purgatoire, éditions Eloïse d’Ormesson 2019), Eric Plamondon (Taqawan, éditions Quidam 2018), Gilles Sebhan (Cirque Mort, éditions du Rouergue 2019), Kent Wascom (Le Sang Des Cieux, éditions Christian Bourgeois 2013) ou Frédéric Jaccaud (Hécate, Série Noire 2014) ont également contribué à cette diversité en matière de style avec une écriture à la fois dissonante et surprenante, s’accordant à merveille avec les sujets parfois dérangeants qu’ils abordent au gré de leurs sombres récits. Loin d’être exhaustive, on pourra désormais ajouter à cette liste le nom de Noëlle Renaude, dramaturge française, qui nous livre avec son premier roman noir, Les Abattus, un récit déroutant qui s’articule autour d’un individu étrange dont la vie terne est ponctuée d’une singulière somme de faits divers frappant son entourage.



De 1960 à 1983, dans une petite ville de province, un jeune homme désincarné chronique dans son journal une vie sans fard au sein d’une famille aussi pauvre que dysfonctionnelle. Pourtant à mesure qu’il se raconte, on décèle quelques événements morbides qui ponctuent son existence comme le braquage dans lequel son frère est impliqué ou le meurtre de ses voisins. Et puis il y a ces flics et ces malfrats qui rôdent en se demandant s’il n’est pas en possession du butin que son frère lui aurait confié. Mais indifférent au monde qui l’entoure, le narrateur poursuit une existence morne tout en côtoyant une étrange journaliste qui s’interroge sur ces faits divers jusqu’à ce que qu’elle finisse par être victime d’une noyade. Et puis soudainement, le journal s’interrompt marquant la disparition brutale de celui que son entourage considère tour à tour comme une victime ou un suspect. Mais sait-on seulement s'il y a un lien entre tous ces faits divers ?



Avec cette chronique d’une France ordinaire, Noëlle Renaude décline une succession de faits divers qui vont survenir dans le cours de la vie de ce personnage désincarné dont on ne connaît ni le nom, ni même le prénom en insufflant au texte ce sentiment d’étrangeté qui contrebalance avec la banalité de cette vie morne, presque déprimante au sein d’une famille frappée durement par la pauvreté dont on découvre toute la panoplie de dysfonctionnements sociaux qui vont avec. En parcourant cette première partie qui se décline sous la forme d’une espèce de journal où le jeune narrateur relate, avec une froideur qui fait frémir, tous les événements qui ponctuent son existence, on ne peut s’empêcher d’éprouver une espèce de fascination pour cet individu dont on ne sait pas vraiment quoi penser. Simple spectateur des faits divers qui frappent son entourage, ou manipulateur machiavélique, tout l’enjeu de l’intrigue réside dans le rôle que joue cet étrange narrateur qui semble totalement dépourvu de sentiment. Avec le regard distant de ce singulier protagoniste, le lecteur découvre cette dichotomie propre au roman noir au moment où la banalité du quotidien est soudainement bousculée par l’impact du fait divers en tentant vainement de faire le lien entre les multiples événements qui jalonnent son existence à l’instar du meurtre sanglant de ses voisins ou du braquage dont son frère est l’instigateur et avec lequel il entretient d’ailleurs des rapports ambigus. Au cours de cette chronique du quotidien, on découvre également les petites veuleries et les petites trahisons de toute une galerie de personnages qui gravitent autour du narrateur avec cette impression de mesquinerie et de secrets dérisoires que chacun d’entre eux semblent détenir et vouloir préserver à tout prix, comme une espèce de bien précieux comme cela semble être le cas avec Max, le beau-père de l’auteur du journal, ou Rachel, cette journaliste énigmatique qui s’acharne à vouloir éclaircir les zones d’ombre du meurtre des voisins du narrateur qui semble être un témoin-clé.



Avec le décès de la journaliste que l’on retrouve noyée et la disparition soudaine du narrateur, Noëlle Renaude entraîne le lecteur dans une seconde partie qui apporte autant de confusions que de réponses en adoptant le point du vue des différents protagonistes qui ont fréquenté cet étrange jeune homme que tous s’accordent à définir comme refermé sur lui-même. Comme une toile d’araignée savamment élaborée, on découvre ainsi que bon nombre d’interactions et de liens surprenant entres plusieurs personnages au gré de certaines interprétations qui se révéleront, pour quelques unes d’entre elles, complètement biaisées. On navigue ainsi toujours dans le doute quant au déroulement des multiples faits divers qui ont marqué certains des protagonistes, ceci d’autant plus que flics et enquêteurs amateurs ne parviennent pas à trouver d’explications au sujet de la disparition du jeune homme et de corrélations entre les multiples événements qui ont jalonné sa vie. Il faut dire que l’on côtoie des femmes et des hommes résolument ordinaires qui n’ont absolument pas le profil d’enquêteurs chevronnés qui seraient dotés de facultés hors norme en matière d’investigation. C’est bien le coup de génie de Noëlle Renaude de faire en sorte que le quotidien, que l’ordinaire reprennent le dessus au détriment de toute velléité de résoudre ces singulières affaires qui sombrent dans l’oubli.



On baigne ainsi dans un environnement glauque et déprimant où la résignation semble être le mot d’ordre qui frappe l’ensemble de protagonistes choisissant de reprendre le banal cours de leur triste existence tandis que dans une troisième partie prenant le forme d’un épilogue, Noëlle Renaude donne la parole aux morts ou plutôt aux fantômes qui vont finalement nous éclairer sur le destin de certains des personnages principaux. En adoptant cette dimension surréaliste, la romancière met ainsi en lumière quelques quiproquos et quelques éléments surprenants qui vont nous permettre d’avoir un vision saisissante sur l’ensemble d’un récit se révélant finalement bien plus terrible qu’il ne le laissait paraître.



Nouvelle voix originale, sortant du registre habituel du roman noir à caractère social, Noëlle Renaude nous livre avec Les Abattus un récit âpre à l’atmosphère à la fois poisseuse et cafardeuse qui s’inscrit dans le quotidien ordinaire d’individus troublants qu’elle met en scène avec un indéniable talent autour d’une succession de faits divers singuliers. Une réussite.





Noëlle Renaude : Les Abattus. Rivages/Noir 2020.





A lire en écoutant : Les Souvenirs de Léo Ferre. Album : L’Espoir. 1974 Barclay.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Les abattus

"Les Abattus" est un livre qui prend le temps de planter le décor et de faire grandir ses personnages. Nous allons découvrir et accompagner le personnage principal, sur près de deux décennies, des années 1960 aux années 1980. Il nous raconte par le détail son quotidien fait de misère, de violences familiales et de rêves. Son amitié avec le fils du riche propriétaire de la brasserie lui fait miroiter un avenir bien différent de celui qui lui semblait promis par ses origines.

Mais alors qu’il tente, bon gré mal gré, de s’émanciper, de devenir un homme, il ne peut s’empêcher de remarquer que les décès brutaux et les disparitions inexpliquées se multiplient autour de lui. Se pourrait-il qu’il ne s’agisse que d’une succession de coïncidences ? Ces événements sont-ils liés ? Et s’ils le sont, pourquoi en serait-il le dénominateur commun ? Car c’est bien ce que « le flic » semble penser, à chaque fois qu’il rôde, à la recherche d’un des frères du narrateur tombé dans le grand banditisme.

Dans ce roman savamment orchestré, sans effets ni tambour, l’autrice distille le doute, creuse les failles, dévoile les âmes. Ce livre est sombre, dur, déroutant; même l'écriture est "abrupte" comme tout ce qui arrive au narrateur.

Les 3 parties du livre se répondent, défont l'écheveau de toutes ces vies intriquées et la dernière partie est saisissante. J'ai beaucoup, beaucoup aimé!!

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Une petite société

Imaginez un quartier où serait implantée une usine de brioche, tout au long de l'année vous vivriez dans cette odeur de beurre et de sucre, un peu comme chez Willy Wonka. C'est le cas du jeune Tom, déficient mental qui habite la grande maison bourgeoise, anachronique en face de l'usine. Louise seconde Mr Mignon le comptable de l'usine, dans leur bureau commun elle est la seule a avoir choisi sa place devant la fenêtre, elle ne perd pas une miette de tout se qui se passe dans la maison d'en face. Peut-être est-ce pour échapper à la morosité de sa vie, à son couple qui bat de l'aile où simplement par curiosité. Louise ne pense plus qu'à ça, ne parle que de ça, ne vit que pour ça. Un jour,Tom va mettre tout le quartier en émoi alors qu'il ne sait pas comment vivre avec ses pulsions sexuelles, c'est sur la fille des voisins qu'il va porter son désir. A partir de ce moment l'auteur nous brosse le tableau d'une petite société en faisant entrer tour à tour une galerie de personnages éclectiques dont elle a le secret et oui il y a même une mouche ! Dans un style flamboyant et un rien excentrique, elle grossira les traits de ses personnages, passera leur défaut, leur habitude et leur petite manie à la loupe pour notre plus grand plaisir. Il faut dire qu'ils sont nombreux à intervenir dans l'histoire et pour chacun nous saurons tout de leurs petits secrets, qui ils sont, ce qu'ils cachent et ce qui se dévoilera au fil du récit. Une écriture hors norme qui nous offre une lecture captivante où chaque page tournée nous rapproche de la résolution du mystère. Car mystère il y a, derrière les hauts murs de la grande maison. Un coup de cœur pour ce livre atypique, finement construit, un vrai régal. Bonne lecture.
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Les abattus

Dès la description de sa venue au monde, le narrateur des Abattus – jeune garçon puis homme dont on ne connaîtra jamais le prénom – pose la substance de ce que sera sa vie. Pas une errance mais une façon d'être ballotté par les événements plus que par une volonté propre. Né dans une famille bancale, notre « héros » avance comme il peut sur les béquilles qu'il s'est forgées, sans grand sentiment. Car comment savoir aimer quand on n'a jamais appris ni à chérir ni à pleurer ? Il tente de toutes ses forces de faire son chemin dans une vie banale, presque effacée. Mais tout,autour de lui, semble vouer à le faire échouer dans sa tentative de normalité. Comment ne pas se faire remarquer quand vos voisins se sont égorger juste au-dessus de chez vous en pleine nuit à coups de cutter ou encore quand votre frère a pris part à un casse plutôt spectaculaire ?

Le roman de Noëlle Renaude narre une vingtaine d'années de la vie de cet anti-héros, personnage malgré lui d'une vie qui ne semble pas vouloir lui laisser de répit. Et quand lui-même disparaît, quelle trace a-t-il laissé dans les mémoires de ceux qui l'ont côtoyé ?

Avec Les Abattus, la dramaturge Noëlle Renaud signe son premier roman. L'écriture y est nerveuse, directe, s'embarrassant peu de fioritures. On y reconnaît l'influence d'une écriture théâtrale issue du discours où l'on avance rapidement. Et l'on se laisse emporter aux côtés de ce personnage que l'on plaint, que l'on affectionne aussi parfois tant on se dit qu'il n'a pas été gâté par la vie. Pourtant il pose sur la vie et les autres un regard si détaché que l'on s'éloigne peu à peu de lui, comme si, à l'instar des personnages qui l'entourent, il nous tenait nous aussi, lecteurs·lectrices à distance respectable. Plus précisément qu'un éloignement, c'est une forme de détachement qui s'opère en nous, face à ce destin contre lequel le sort semble s'acharner. Un étonnant roman noir dont je ne mesure pas encore la trace qu'il laissera dans mes souvenirs de lectrice mais qui s'est révélé prenant dès les premières pages.
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Les abattus

Merci aux « Explorateurs du Polar » de Lecteurs.com et aux Éditions Rivages/Noir pour ce bel envoi ! Voici un roman très noir, qu’on pourrait croire tout droit sorti de la série des Rougon-Macquart (d’ailleurs le narrateur nous en parle, de notre cher Zola !)



La famille du jeune héros est une caricature typique du cas social. Deux frères qui se sont amusés à le martyriser lorsqu’il était tout petit (le cadet deviendra un caïd), un père ivrogne qui les abandonne, une mère négligée, dépressive et alcoolique qui se jette sous un train, un beau-père faible et laxiste, une demi-soeur qui grandit mal … Bref, un tableau peu réjouissant pour ce gamin qui tente de trouver sa place hors d’une parenté qui lui fait horriblement honte … Avec en prime, une poisse qui lui colle à la peau, quoi qu’il entreprenne …



Loin d’être idiot, il ne lui faudra pas longtemps pour se rendre compte qu’il ne suffit pas de vouloir sortir de son milieu pour y parvenir. Que les notables aussi peuvent avoir des choses à cacher …



L’intrigue, qui se déroule entre 1960 et 2018, nous livre un grand nombre de personnages hauts en couleur et de situations improbables, plutôt glauques … Le style littéraire est superbe ! Des phrases volontairement courtes et percutantes. Un récit plutôt fascinant, même si particulièrement pessimiste. Un premier roman de qualité.
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Une petite société

346 pages pour épier l'autre. Imaginer, cogiter, accuser...

Voilà une petite société bien étonnante. Dès le début du livre on est un peu décontenancé. Mais de quoi nous parle l'auteure? Un môme qui se sauve une nuit et la galerie des personnages est en route. Une fuite, un mort... Une maison bourgeoise et en face dans son usine, la triste et grise Louise qui entre deux pages de comptabilité espionne, prend à parti son collègue qui on le saura beaucoup plus tard à d'autres soucis que ces gens inconnus. La blonde, la brune, la rousse...

Ce roman - noir - est diabolique. On ne comprend pas vraiment qui est qui. Comme Louise derrière sa fenêtre. Tout est détaillé, minutieux dans l'analyse des personnages - nombreux -, descriptions, colères, haines chagrins. Un défilé de sentiments qui nous font ne pas lâcher ce livre. Pour enfin comprendre.

Cette petite société elle n'est pas jolie, jolie. Coup bas, trahisons et autres réjouissances sinistres sont décrites avec une distance surprenante.

Nous sommes voyeur d'un monde en perdition qui nous donne une image de vies pas si anodines. Jolie accroche de Noëlle Renaude qui nous balade dans ce roman que j'ai refermé un peu chamboulée, surprise des divers rebondissements. A lire sans pause pour ne pas se perdre dans tous ces personnages qui se croisent ou non. L'écriture est efficace, les chapitres courts, l'atmosphère pesante.

J'ai aimé, ne me suis pas perdue dans l'histoire mais finalement je crois que je n'ai pas vraiment assez poussé les grilles de cette maison. Pour les autres, tout est clair.

Merci à masse critique et à Rivages /noir pour cette découverte.
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Les abattus

J'ai tout aimé dans ce roman social noir !

L'histoire, implacable, parfaitement construite.

Le "décor", sombre, poisseux.

L'écriture, précise, efficace et particulièrement juste. Une écriture forte qui utilise souvent une technique que personnellement j'adore : des phrases où la ponctuation est réduite à minima.

Elle est maîtrisée et la lecture est parfaitement fluide, la ponctuation se faisant de façon innée dans la tête du lecteur. Lequel s'identifie d'autant mieux aux personnages.

Et c'est un régal car l'auteur sait décortiquer les travers de la nature humaine.



Découpé en trois parties, le roman raconte l'enfance puis la vie de jeune adulte d'un garçon né au sein d'une famille dysfonctionnelle.

Les coups du sort ne vont pas l'épargner...et vont susciter de plus en plus d'interrogations...on s'attache à ce personnage principal.

Cette partie représente le corps du roman.

Les deux autres, beaucoup plus fines n'en sont pas moins intenses. Il faudra attendre la dernière pour avoir les réponses aux multiples mystères.

Machiavélique et surprenant !



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Les abattus

C'est un livre surprenant et déroutant que j'ai découvert grâce aux Explorateurs du Polar et les éditions Rivages / Noir et je les remercie chaleureusement pour l'envoi de ce livre. Surprenant par l'originalité de l’écriture et déroutant pour l'intrigue Celui-ci est divisé en trois parties et cela a son importance pour la compréhension de l'histoire.

Dans la première partie, c'est un jeune homme qui raconte une histoire, son histoire à la manière d'un journal. De lui, le lecteur ne saura ni son prénom, ni son nom. Sa vie défile sous nos yeux et elle n'est pas des plus agréable. Issu d'une famille pauvre, il essaie tant bien que mal à se sortir de ce marasme : mère alcoolique, le père a quitté le domicile familial. Et cela ne sera pas évident car sa vie va être jonchée de cadavres. Dans la seconde partie, le jeune homme disparait et laisse la place à des personnages secondaires et enfin dans la troisième partie, c'est la révélation finale ! C'est un livre qui est bien construit, c'est très bien écrit. Chaque mot est bien posé et tout prend son sens. Avec une écriture percutante, des phrases courtes, l'auteur est venu me cueillir et ce n'était pas gagner en premier abord. Les personnages sont bien étudiés, ils ont tous des personnalités fortes avec une part de mystère, et on a qu'une seule envie c'est de creuser pour en savoir un peu plus sur eux. À l'origine, je ne suis pas fan de ce genre de roman dans lequel on dépeint des tranches de vies de la société avec son lot de problèmes sociaux et de leurs conséquences sur les personnes. Pourtant, je me suis accrochée car en plus d'être un roman social, c'est également un roman noir terriblement addictif avec son lot de secrets. Tout cela servi dans une ambiance triste glauque et déprimante ! J'ai tourné les pages avec l'espoir d'un avenir meilleur et heureux pour ce jeune homme pour lequel j'ai éprouvé de l'empathie. Ce livre est une agréable découverte que j'ai pris plaisir à lire.

En bref, si vous êtes un inconditionnel des romans noirs, ce livre est fait pour vous. Alors foncez, vous ne le regretterez pas !
Lien : https://horizonslivresquesdi..
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Les abattus

Un superbe roman où l’on va faire la connaissance d’une famille pas comme les autres. Un couple avec trois enfants, tous des garçons, le petit dernier semble être le souffre douleur des ses deux grands frères sans que cela n’émeuve personne. Un beau jour le père alcoolique ne rentre pas à la maison. Peu de temps après, Max prendra sa place et agrandira la famille avec un nouvel enfant, Ola une petite fille. J’ai suivi le parcours de notre jeune héros qui malgré un départ plutôt difficile dans la vie semble tirer miraculeusement son épingle du jeu. Ce roman noir surprend par sa construction originale et son phrasé qui sait nous transporter dans la tête de ce jeune homme dont le nom ne sera pas une seule fois prononcé sans que cela ne me gêne ni ne m’empêche de ressentir de l’empathie voir une sorte d’admiration pour lui. On suit ainsi l’évolution de ce jeune homme sans comprendre où cela va nous mener mais faites confiance à l’auteure pour en tirer le meilleur. Trois parties vont se succéder, nommée « les vivants », « Les morts », « les fantômes » et c’est un beau challenge que relève l’auteure car dès la seconde partie, le jeune homme disparait sans que cela n’inquiète personne et c’est à travers les personnages de la première partie que nous allons tenter d’en savoir plus. C’est alors que nous lecteurs sommes capables de faire des recoupements avec les faits et gestes des uns et des autres, alors que les personnages ignorent tous ce que nous savons. En cela le récit et sa narration m’ont vraiment interpellé et donné envie de connaître la suite car, il y a bien des intrigues, des non-dits, des secrets de famille dans un milieu ou le crime n’émeut plus personne et ou la noirceur est devenue couleur habituelle. La troisième partie et celle des révélations et celle-ci est tellement bien vu que l’on en reste abasourdi. Un livre à découvrir pour une expérience de lecture différente et enrichissante. Bonne lecture.
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Les abattus

Oui je sais ...3 étoiles c'est un peu dur....bon j'ai bien aimé les personnages et la complexité familiale ..également l'absence de héros , souvent désagréable dans les romans noirs....J'ai juste moins aimé la longueur du récit et l'écriture particulière qui ( à mon gout) se veut un trait d'identité mais qui, à la longue, devient fatiguant....j'y vois un poil de fainéantise et j'ai conscience que cela puisse susciter des réactions....

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Les abattus

Dans l'offre éditoriale pléthorique actuelle, il est précieux de découvrir parfois la voix singulière et novatrice d'un auteur qui prouve que tout n'a pas encore été inventé ni écrit. Les abattus de Noëlle Renaude est une expérience littéraire inédite et savoureuse, qui renouvelle le roman noir souvent maltraité parce que souffrant d'une réputation erronée de genre facile accessible au premier écrit-vain venu.



Bienvenue dans une famille tuyau-de-poêle pauvre et déglinguée, maman torche ses trois moutards mâles tous un peu fêlés, papa boit puis papa meurt, vivement remplacé par Max qui fait une entrée triomphale dans la smala en augmentant la fratrie d'une petite soeur, grosse, moche et bête, puis maman boit-sans-soif et meurt, son foie lâchant en même temps que tout le reste. Bref, rien ne va. Dans cet environnement digne de Affreux, Sales et Méchants ou d'Emile Zola plusieurs fois cité, le focus est mis sur le cadet ; cadet des soucis des autres s'entend. En dépit de ce milieu hostile à un épanouissement harmonieux, cet anti-héros pourtant né sous le signe de la chierie intégrale, poussé par quelque enseignant bienveillant et peut-être par un instinct de survie méritoire, parvient à se hisser au niveau du bac et accède à la vie terne et inintéressante d'employé de banque, tandis qu'autour de lui, tombent les morts comme à Stalingrad.





Le héros n'a ni nom, ni prénom . Au départ, seuls la fillette puinée, le beau-père, le poisson rouge et certains protagonistes extérieurs à la famille sont baptisés par l'auteure. La ville de province n'est pas nommée non plus, mais représente l'archétype d'une bourgade endormie dans sa grisaille ou sa neige gadouilleuse, à la bien-pensance hypocrite, où les bourgeois et les manants ne se mélangent pas, sauf parfois dans une brasserie ou un bistrot pour y répandre les dernières rumeurs et médisances. Enfin, il faut noter que le héros jette sur cet environnement un regard indifférent, il n'éprouve rien, n'a pas d'avis tout en étant attachant. Tous les contextes, géographiques ou historiques sont floutés au profit de la description de cette famille-paratonnerre frappée par toutes les déficiences économique, affective, culturelle, et conséquemment par les problèmes financiers, policiers ou judiciaires sans oublier la scoumoune, facteur possiblement aggravant !





Tout est intéressant dans ce roman, à commencer par le style de l'auteure, susceptible de dérouter par son phrasé saccadé, elliptique, ses dialogues incrustés, son rythme unique bien adapté au récit de ces vies sans queue ni tête et changeantes au gré des infortunes, la seule fortune étant celle du casse du siècle réalisé par le second fils, petite frappe locale puis délocalisée. La galerie de personnages – journaliste aux motivations inexpliquées, notaire excentrique et gay, tenancière de bistrot à la cuisse légère, ou flic fantômatique - est le 2ème atout de ce roman si bien troussé, comme le sont certaines femmes de l'intrigue par le héros qui ne ressent rien pour elles, ni désir, ni attirance, juste une envie ponctuelle en prise directe avec ses glandes. Toutes ces personnes vont se croiser, s'oublier puis se recroiser dans un ballet mortifère étalé sur plusieurs décennies.





Il faut, selon mes critères, lire ce roman sans trop se torturer pour savoir où Noëlle Renaude veut aller, car quoi que l'on imagine, on sera à côté de la plaque. Il faut se laisser porter par son écriture, son inventivité, son culot qui seraient inutiles sans son immense talent. Plutôt que de chercher les raisons mal définies qui m'ont fait apprécier cette lecture, je préfère dire en vrac à quelles oeuvres préalables elle m'a fait penser et tout d'abord et avec force à Buffet froid de Bertrand Blier pour son humour noir, son surréalisme affleurant, des situations à la limite de l'absurde ; en second lieu à Franz Bartelt parce que deux des lieux stratégiques de l'intrigue sont une brasserie et un hôtel provinciaux à souhait où Vertigo Kulbertus ne déparerait pas ; ensuite à Graeme Macrae Burnet pour la restitution de l'atmosphère d'une ville de province figée dans un indépassable passé ; enfin et surtout à Hervé le Corre pour l'étude sociale, et ce n'est pas la moindre de mes références.



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Les abattus

Dès les premières lignes, ce récit à la première personne du singulier m'a déstabilisée. Est ce un enfant qui raconte sa vie ou quelqu'un de limité ? D'instable?



Tant de drames dans la vie déjà bien miséreuse de ce jeune narrateur: un père qui abandonne le foyer, une mère qui finit par se suicider, un frère impliqué dans une série de braquages.

Lui le sage au milieu de tout ce bourbier, essaie de s'en sortir, mais ne fait pas grand chose pour.

Une routine qui n'est déjà guère amène, est secouée de faits d'hivers étonnants: un couple assassiné, une chercheuse portée disparue, une journaliste fouineuse retrouvée morte et puis vers la fin, le style change, ce n'est plus le jeune homme qui parle, il disparait à son tour, il ne donne plus signe de vie.

Mais où diable est-il passé ?



Quand toute cette atmosphère pesante, cette misère sociale, cette vie lamentable deviennent le nid de la cruauté et le détonateur d'une bombe à retardement !!!



Revenons au style d'écritures, j'ai été troublée par ses phrases courtes avec ponctuation approximative et un rythme lent mais alors très lent. J'espérais une accélération des évènements, du mouvement mais non , rien de cela. Il faut dire que la couverture m'a bien trompée, je pensais être devant un récit glaçant avec des scènes de meurtes et de décapitations...

Mais ça reste un bon polar et une découverte fort sympathique.

Lu dans le cadre des explorateurs du polar de lecteurs.com
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Les abattus

Un petit garçon aux parents absents, sans cesse chahuté par ses frères aînés, devient un ado admiratif du camarade plus favorisé, puis un adulte assez solitaire. Mais autour de lui, sans rapport les uns avec les autres, se déroulent des événements dramatiques : un couple est assassiné, une jeune femme disparaît. Est-ce en lien avec son frère qui trafique dans des affaires louches ?

Avec les éditions Rivages noir, il n’est pas difficile de faire de bonnes, voire de très bonnes découvertes. Ce roman de Noëlle Renaude, pour moi inconnue jusqu’alors, ne déroge pas à cette règle. Le style original donne un rythme très personnel au roman et de nombreux personnages secondaires ajoutent de l’efficacité à l’intrigue, ainsi qu’un changement de point de vue inattendu. Ce roman rappelle les bons romans noirs américains. Les petites villes françaises sont aussi des cadres de choix pour des histoires bien sombres !
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Une petite société

La curiosité des invisibles, l’interprétation abusive des minuscules secrets que, du dehors, ils décèlent dans la vie d’autrui, peut-être pour ne pas voir les drames ainsi tus. Enchaînement assez vertigineux de témoins, d’acteurs de hasard, de ce qui se passe dans une maison cossue du Val-d’Oise, suite de situations cocasses et cruelles, désespérées et grises d’être trop conforme à la morne grisaille de nos vies dites ordinaires. Noëlle Renaude tisse une série d’histoires, de destins pas très heureux, de vies par substitution, de solitude dans un univers suspendu, suranné où apparaît soudain le malheur, la distanciation d’une ironie parfois un rien marquée. Une petite société enferme ses personnages dans ce qu’ils parviennent à deviner de la vie d’autrui, dans leurs suppositions peu heureuses et, se faisant, dans un bel entrelacs de récits, de croisements et d’inachevé.
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Une petite société



Quand on ne sait pas, on invente, on spécule, on espionne, on suppose … on tire des conclusions, bonnes ou mauvaises et quand un semblant de réponse apparaît, on recommence…

Sans aucun doute, les personnages de cette histoire atypique, n’ont pas de certitudes, peut-être même pas de convictions pour certains … mais observer, plus ou moins adroitement, essayer de comprendre (éventuellement en faisant « comme si », l’air de rien…) ça les motive, ou alors ça occupe leurs longues journées … même s’ils sont au travail !

Dans l’usine de brioches, il y a Louise. Elle travaille au service comptabilité. Au-dessus de son bureau se trouve une fenêtre qui donne sur la rue et en ligne de mire une maison bourgeoise avec de drôles de gens. Alors, Louise qui subit sa vie sans la vivre vraiment, passe du temps à regarder derrière la vitre, à commenter à son mari ou ses collègues (surtout Monsieur Mignon, lui, il a choisi de tourner le dos à la rue alors elle l’informe-peut-être simplement pour parler à quelqu’un) qui s’en fichent. Pourtant, il s’en passe des choses, certainement pas nettes dans cette demeure. Drôle de ménage, un homme, deux femmes, enceintes puis plus… Bizarre…. Mais chez les riches, rien ne transpire, tout est tu.

« Toute famille aisée planquée derrière ses murs de belles pierres fourmille de ces secrets et entorses à la bonne morale, la catholique, la calviniste, la républicaine ce que tu veux, seuls les miséreux dans leurs misérables galetas ouverts à tous les vents voient leurs misérables secrets éventés incapables qu’ils sont, les miséreux, de les retenir, de les neutraliser et de les empêcher de s’exporter dehors. »

En parallèle des observations de Louise, on la suit dans son quotidien, avec son mari, Zeb, qui n’est pas hyper courageux, qui la trompe parfois (ben Pupuce, je le ferai plus, promis), qui discute à droite à gauche mais pas souvent avec elle. Et puis il y a ces gens qui disparaissent ou apparaissent au gré des pages, des rencontres. Des personnages comme je les aime, savamment « disséqués » par l’auteur dans leurs travers, leurs faiblesses, leurs secrets, leur part d’ombre…. Ils peuplent les chapitres, installent des liens qui s’effilochent, se consolident ou se brisent tout de suite. On a le détail de leurs pensées les plus intimes, analysées avec finesse.

Le phrasé et le style de Noëlle Renaude sont indéfinissables. Il n’y a pas de dialogues en style direct. On a le sentiment d’être au cœur des ressentis de chacun. Les phrases peuvent être très longues, acheminant plusieurs hypothèses, plusieurs idées ou bien très courtes. Elles vivent au rythme des raisonnements des observateurs ou du narrateur. Pas de jugements, tout reste très factuel. Les constats peuvent être terribles, un peu amusants, souvent surprenants, parfois déstabilisants. L’écriture est à elle-même toute une histoire, on sent la pointe d’humour, de moquerie, de dérision, discrète et pas forcément perceptible. C’est comme le récit, tout est entre les lignes, et même le lecteur, ou la lectrice c’est selon, y va de ses suppositions. Non pas que le flou soit soigneusement entretenu, non pas du tout. C’est plutôt que, comme je l’ai écrit en introduction, quand on ne sait pas, on imagine … et de temps à autre on tombe juste, on comprend tout…. C’est frustrant car, c’est bien connu, celui ou celle qui lit ne peut pas intervenir pour changer le cours des choses …

J’aime l’atmosphère qu’installe Noëlle Renaude, cette micro société avec des gens bizarres qui me ravissent par leur côté original, leurs idées décalées mais qu’ils expliquent avec des raisonnements qu’on peut estimer justes (chacun ses choix, non ?).

Je me suis régalée avec ce livre qui ne ressemble à aucun autre !


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Les abattus

Un roman noir, très noir... Un polar social, d'une triste banalité où quand t'as pas de grappe t'as vraiment pas de grappe. L'écriture est fluide, on est immédiatement plongé dedans, toutes les 3 pages j'ai peur d'avoir un cancer des poumons en plus du bout des doigts jaunes et des dents noircies.

Quand il y a un soupçon d 'espoir c'est la merde et quand on s'enfonce, cela ne s'arrête jamais....

Foncez ce livre est extra

Fumeurs s'abstenir
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