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Critiques de Olga Tokarczuk (576)
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Dieu, le temps, les hommes et les anges

Antan est un village au cœur de la Pologne. C’est un village retiré mais qui va se révéler être le cœur du monde.

Il est protégé sur ses quatre côtés de quatre périls qui sont l’angoisse, la soif de possession, l’orgueil et la bêtise par respectivement les archanges Raphael, Gabriel, Michel et Uriel.

Voilà pour les anges.

Dans ce village vivent évidemment des hommes et des femmes, ils tombent amoureux, ont des enfants… Les familles s’appellent Céleste, Divin. Ils sont chatelain, meunier, couvreur, sorcière ou folle du village…

Mais, car il y a un mais, Olga Tokarczuk ne se contente de conter la vie des hommes, elle nous raconte aussi la vie des arbres, poiriers, pommiers, tilleuls, celle des animaux et notamment des chiens, et même celle de la lune ou des noyés.

Voilà pour les hommes.

Chaque chapitre est consacré à des laps du temps de la vie de ces habitants d’Antan. La vie, c’est le temps qui passe, qui offre joies, déceptions, peines, qui transforme et change… qui est bousculée par les malheurs du siècle…

Et Dieu dans tout ça ? Et bien, il est aux manettes ! Qu’il soit présent ou absent, il est là. C’est lui qui est à l’origine de tout changement, de tout ce qui pousse, se modifie.

Cette fois encore j’ai été séduite par le charme qui se dégage d’un récit d’Olga Tokarczuk. Si cette fois j’ai mis un peu de temps à entrer dedans, me demandant bien où elle voulait m’amener, la magie a fini par opérer et je suis laissée embarquer dans ce conte où le temps semble s’être arrêté.



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Dieu, le temps, les hommes et les anges

Un bonheur de lecture. Un roman qui s'accroche à la mémoire, se déploie. L'écriture d'Olga Tokarczuk est d'une beauté mystérieuse.

Comme si l'auteure se trouvait en capacité de faire revenir en nous des mondes anciens. D'Antan", des voix , des visages, de ce village de Pologne.

Huit cercles, huit monde. Un univers en expansion. Le symbole est puissant, labyrinthique. Huit. Chiffre représentant un dépassement de l’ordre naturel. L'infini est un vertige, un abysse, un gouffre. Le temps est éphémère. Où se trouve la place d'un Dieu, la place des hommes ? Dieu n'est pas perpétuel, il est comme le temps, comme les hommes. Il change, s'interroge, s'assure, doute. Les hommes ne sont pas éternels, les objets...mémoriels. Question du temps, question d'équilibre et de mouvement. Rien ne se déroule. Vision circulaire d'un univers.Des cercles, parallèles. Une construction troublante, étonnante.

De très belles lettres qui nous augmentent.

Traduit du polonais par Christophe Glogowski.



Astrid Shriqui Garain.



Olga Tokarczuk est une auteure
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Dieu, le temps, les hommes et les anges

Ce conte se situe dans une petite ville polonaise imaginaire, au début du siècle dernier, avec ses deux rivières, sa forêt, deux ou trois grandes villes alentour.

Certains de ses habitants sont un peu étranges. Puis survient un fait réel : la première guerre mondiale. Michel Céleste, le meunier, découvre à son retour du front sa petite Misia, à qui il offre son trophée de guerre, un moulin à café. Un châtelain désoeuvré reçoit en cadeau du Rabbin un jeu qui se joue tout seul, jeu qui l'obsède complètement, au point de tout oublier. Au détour d'une conversation entre un militaire et un jeune homme un peu simplet s'engage une réflexion sur la place de Dieu.

Le livre est merveilleusement écrit, même si je lis une traduction du polonais, avec de très courts chapitres ayant toujours pour titre « Le temps de ... ». Le sujet du temps est aussi bien l'un des nombreux personnages que le chat ou le saule pleureur, ou qui sait ? Cela évoque les récits d'Isaac Bashevis Singer, autre grand écrivain nobélisé.

Il y a de nombreuses digressions et réflexions superbes, philosophiques, drôles, au gré de la vie de ces gens qui se déroule sur plusieurs générations, avec des traits relatifs aux élans de la vie, de la Nature. Les émotions sont palpables, envie de rire, de pleurer, tout est à prendre.

Par exemple, il est question de l'inquiétude des gens face à l'inconnu, aux situations perpétuellement changeantes, à l'incertitude, un écho à notre confinement ...

Cette vraie fiction est magique et magnifique, tout simplement.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Dieu, le temps, les hommes et les anges

Dieu, le temps, les hommes et les anges sont-ils distincts, Identiques ? Ce récit plein de poésie ressemble à un conte, on y trouve un temps dont on ne sait s'il s'écoule très vite ou très lentement, une forêt enchantée qui disparaît dans le brouillard, des soldats violents et cruels, un châtelain fantasque jouant avec ses figurines ressemblant étrangement aux personnages du roman, personnages dont on ne sait s'ils sont des humains et leurs anges gardiens ou bien un peu des deux à la fois.

Les petits chapitres "Le temps de ..." rendent la lecture très agréable et aisée, tout en soulevant une multitude de questions auxquelles le lecteur devra lui-même trouver des réponses, à moins qu'elles ne restent éternellement (le temps de Dieu ?) en suspens.
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Dieu, le temps, les hommes et les anges

"Antan est l'endroit situé au milieu de l'univers."

Antan le bled où le temps s'est réfugié (Titre original , « Prawiek, et autres temps »).

Antan , Prawiek dans l'édition originale, un village fictif dans la région de Kielce, ville située au centre de la Pologne, que pour une raison obscure, traduit ici en Antan

- Prawiek en polonais signifiant," depuis la nuits des temps” - , est le lieu où le prix Nobel de Littérature 2018 Olga Tokarczuk nous déploie sa fabuleuse fresque en miniature de notre monde intemporel . Un monde qu'on découvre «  de l'intérieur », une perception instinctive, corporelle , sensuelle et non nécessairement rationnelle. Dans le cadre insolite de ce village dont les quatre points cardinaux sont protégés par quatre archanges, Raphaël, Gabriel, Michel et Uriel, mais où la présence de Dieu est plus que douteuse , le temps d'une lecture, on va traverser un siècle entier avec deux guerres mondiales, en temps que témoins de toutes les facettes familières de la Vie, l'amour, le mariage, l'enfantement, la maladie, la joie ,la douleur, le délit, le désespoir, la vieillesse, la mort.....

Olga est une magicienne de l'écriture, sous fond de fable, le mystère et le surnaturel débouche chez elle, sur l'évident. Elle nous déroute constamment avec poésie et images époustouflantes couplées d'une imagination sans borne, où le réalisme magique a la place d'honneur, pour en arriver à des réflexions et des vérités intemporelles sur l'homme et la vie. le désir charnel entre la meunière et un gamin de dix-sept ans, la désillusion de la vie du châtelain d'Antan qui perd la foi et s'attache à un Jeu, la vie éternelle d'un moulin à café, le dialogue du curé avec Dieu pour régler ses affaires matérielles, l'icône de la Vierge de Jeszkotle qui sur demande surveille le chien de la folle du village et intervient avec un “Laisse ce chien ! “, lorsque le sacristain s'en mêle pour sauver ses paniers pascals ( j'adore!).....un univers qui prend son élan vital aussi bien du genre humain , surtout les femmes , ici aux premières loges, que des animaux, des plantes et même des choses ( le moulin à café). Ce livre est à son image, un grand puzzle constitué de petits chapitres révélant chacun un temps de la vie d'un personnage, d'un végétal, d'un animal ou d'une chose. En plus chaque chapitre ayant droit à une chute, comme une nouvelle, géniale ! Une épopée collective, où les histoires individuelles se croisent et inéluctablement influencent le destin des uns et des autres, articulant une avancée collective dans ce bled « au milieu de l'univers », après lequel, “il n'y a plus rien.”.



C'est mon troisième Tokarczuk, et celui que m'a plue le plus pour le moment. J'admire son intelligence, son imagination, son humour et sa lucidité pour nous parler des choses très sérieuses de l'existence sous forme de fable burlesque, mais toujours avec un pied bien ancré dans la réalité. C'est sérieux et pas sérieux , comme la Vie 😁!

"Huit de trèfles fusillé ", ajouta le châtelain d'Antan, phrase que vous risquez vous aussi d'ajouter, au cas où vous vous poseriez trop de questions existentielles 😁!



“Le mur du cimetière s'ornait d'une plaque où une main malhabile avait gravé :



Dieu nous voit

Et le temps fuit.

La mort nous poursuit,

L'éternité attend. “



"L'homme attelle le temps au char de sa souffrance. Il souffre à cause du passé et il projette sa souffrance dans l'avenir. de cette manière, il crée le désespoir."







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Dieu, le temps, les hommes et les anges

Le récit faisant appel au réalisme magique, quelque chose rappelle Cent Ans de Solitude de Gabriel Garcia Marquez où la circularité de l'histoire est moteur du roman. Chez Tokarczuk, il s'agirait d'une machine tel un moulin à café qui tourne et dont le mécanisme semble emballer le temps du XXème siècle. La symbiose de l'homme avec la nature, les êtres ancrés dans l'espace ici et maintenant arrivent à la rupture qui prend le dessus au fur et à mesure que la modernité s'installe. Le nom du village - Antan ou Prawiek - renvoie à une dimension intemporelle d'avant de l'univers .
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Dieu, le temps, les hommes et les anges

Il est des textes qui vous enchantent... qui vous emportent avec évidence, avec naturel, dans le flux de leur musicalité, qui vous subjuguent par leur capacité à faire se volatiliser les barrières entre profondeur et légèreté, entre magie et prosaïsme.



******



Difficile, donc, de définir le deuxième roman d'Olga Tokarczuk. Disons, pour simplifier, qu'il s'agit d'une chronique. La chronique d'Antan, "endroit situé au milieu de l'univers" -plus précisément en Pologne-, et dont le territoire s'étend, aussi bien du sud au nord que d'est en ouest, sur une distance qui se parcourt en une heure de marche, un archange veillant sur chacune des frontières qui, aux quatre points cardinaux, le délimite. Deux rivières le parcourt, la Noire et la Blanche, qui s'unissent au pied de son Moulin. Antan compte par ailleurs un château dont le châtelain est obsédé par l'étrange et labyrinthique jeu de société que lui a donné un vieux juif pour le guérir de son mal-être existentiel, une colline aux hannetons envahie chaque été par les coléoptères lui ayant donné son nom, une forêt habitée par un être nu et velu, surnommé "le Mauvais bougre"...



De la première à la seconde guerre mondiale, nous y suivons trois générations. D'abord celle de Geneviève et Michel, propriétaires du moulin, et de la Glaneuse, belle vagabonde aux pieds nus, libre et effrontée. Puis celle de leurs enfants : Misia et son frère Isidor, dont la grosse tête et l'attitude contemplative occultent une intelligence et une sensibilité hors du commun, qu'a pourtant su reconnaître Ruth, fille de la Glaneuse, à moins qu'elle ne soit celle de Geneviève, car à Antan, les évidences sont susceptibles de fluctuer sous l'influence du surnaturel ou d'insensées certitudes dont se toquent certaines de ses âmes. Vient ensuite le temps des petits-enfants... au fil de tranches de vie qui nous immergent, par sauts de puce, d'un personnage à l'autre, dans le quotidien de ce monde rural, avec ses habitudes, ses drames, et les détails d'une routine qui fixent et rendent palpables hommes et femmes, enfants et vieillards, Olga Tokarczuk nous ancre dans son univers à la fois simple et foisonnant, mêlant l'intime aux tragédies ou aux bouleversements que suscitent les secousses du monde, tout en les dépassant, par l'ampleur d'une vision qui sonde l'existentiel, dans ce qu'il a à la fois d'infime et d'infini.



Aussi, on ne s'étonnera pas de trouver dans ses pages un ange gardien assistant à la naissance de sa protégée, ou des endroits de "génération spontanée", où la matière se crée toute seule à partir de rien, sous la forme de pierres semblables à nulle autre, de grains dotés de piquants, ou de mouches orange...



Ne refusant aucune hypothèse sur l'ossature du monde, Olga Tokarczuk questionne aussi bien sur l'essence des objets ou l'intériorité des arbres, que sur les croyances sur lesquelles reposent l'équilibre de l'homme. En fil rouge de ses réflexions, de ses explorations, le temps, et les différentes manières de l'appréhender par tout ce qui compose le monde et l'environnement, relativisant ainsi la façon dont il est jugulé et perçu par l'homme. Est-ce l'humain qui, vivant dans un éternel présent, mais déterminant sa pensée par la manière dont il ingurgite le temps, "s'étranglant avec en permanence", le rythme et le fragmente ? Ou bien le temps "passe"-t-il réellement, indépendamment de toute conscience, annihilant toute trace du passé ?



Pour autant, "Dieu, le temps, les hommes et les anges" ne verse jamais dans l'opacité d'une métaphysique absconse. La démarche de l'auteure, empreinte d'une franche curiosité, est avant tout marquée par son évidente passion pour le vivant, et en tissant des liens entre le familier et l'invisible, elle met à notre portée les clés d'un monde plus riche qui soudain nous devient accessible.



Indispensable.
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Dieu, le temps, les hommes et les anges

C’est le premier roman de Olga Tokarczuk que je le lis, et certainement pas le dernier ! Tout m’a plu et ce sentiment de dévorer les 95% du livre sans vraiment oser le finir, pour ne pas en sortir, témoigne des très bons moments que j’ai passés pendant la lecture.

Déjà le rythme, avec la série de petits chapitres passant d’un personnage à l’autre permettant de ne jamais installé des longueurs ou de ne jamais suivre trop longtemps un personnages qui ne nous plait pas.

Ensuite la richesse des thèmes et des réflexions développés tout au long du roman : fantastique, hérédité, traditions, guerre, écologie, spiritualité, religion…. Tout le monde y trouvera son compte !

Une grande recommandation pour cette œuvre par laquelle j’ai découvert (et validé) la Prix Nobel 2018.

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Dieu, le temps, les hommes et les anges

Le roman est fragmenté en petits chapitres commençant par "Le temps de". C'est un roman-monde étrange qui envoûte et laisse songeur.

"Antan est l'endroit situé au milieu de l'univers". Un petit village imaginaire qui ressemble à un petit village polonais d'autrefois avec son église, son moulin, son château et ses quatre portes-frontières dédiées aux quatre archanges. Ses habitants semblent réels aussi, même s'ils portent des noms divins. Au début du livre, en 1914, Michel Céleste est enrôlé sous l'uniforme russe. Sa femme Genevieve est enceinte. Et chapitre après chapitre, on partage donc "le temps", le destin, les choix, les émotions et les rêves de Michel, Geneviève, Misia, Isidor, le châtelain , la Glaneuse, Ruth et les autres. Des personnages bien ancrés dans la dure réalité polonaise du XXème siècle, avec les guerres, les invasions, les occupations, l' holocauste, le stalinisme. Mais on partage également le temps plus immobile des rivières, des champignons, le temps immuable de la lune qui rend fou. Et puis on apprend, avec les enfants, que le village a une frontière secrète après laquelle "il n'y a plus rien". On y rencontre aussi des personnages légendaires comme le Mordoré, un serpent qui se love autour de la Glaneuse lui apportant des pommes et une forme de connaissance. Et Dieu dans tout ça me direz-vous ? On le cherche, on le cherche, on cherche un sens à tout ça, entre culture catholique, superstitions païennes et culture juive. Ainsi le châtelain fait une dépression après la guerre de 14-18. Sa femme fait appel au rabbin du village voisin qui lui offre un jeu étrange, une espèce de jeu de l'oie géant et labyrinthique pour joueur solitaire où s'entrecroisent huit cercles appelés "mondes". le narrateur nous raconte l'histoire de la création de chaque monde qui se trouve dans le mode d'emploi. le joueur a l'impression de pouvoir tracer sa route mais est-ce vraiment possible ?

Bref, le roman est déroutant, inclassable et très riche. de la littérature.

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Dieu, le temps, les hommes et les anges

Il y a un peu plus d’un an, je découvrais l’envoûtante et poétique plume d’Olga Tokarczuk grâce à son excellente roman, Sur les Ossements des Morts. Depuis, je m’étais procuré une autre de ses œuvres à succès, Dieu, le Temps, les Hommes et les Anges. Sa délicieuse et fleurie couverture m’a semblé idéale pour cette saison, propice à l’évasion et aux voyages et je ne regrette nullement cette impression tant j’ai adoré voguer aux gré de cet hypnotique et mélancolique roman.



Une nouvelle fois, je ne saurais guère catégoriser cette œuvre tant cette dernière regorge de style. À la fois historique, contemplatif mais aussi un brin philosophique et onirique, j’ai été subjugué par cette lecture qui confirme, pour ma part, toute l’excellence et la maitrise de l’art de l’auteure. Avec simplicité, mélancolie et d’une douce poésie, Olga Tokarczuk dévoile le quotidien bucolique et dur à la fois d’une population au sein d’une charmante et isolée bourgade polonaise, Antan et ce, à travers de communs et pourtant si éloquents protagonistes. Aussi belle et enivrante que sont les contrées dévoilées, j’ai tout autant adoré m’enivrer de la chatoyante galerie de portraits esquissés avec justesse et profondeur que de me nourrir des environs dessinés. Une délicatesse qui s’installe tendrement et qui s’intensifie sur la durée et qui m’a permis de m’attacher fortement à chacun malgré l’importante diversité de ces derniers tout en me permettant de familiariser avec les lieux et alentours visités.



En véritable roman chorale, l’auteure offre une complexe et pertinente fresque familiale, rythmée par l’approche et le déroulement des deux grandes guerres et les conséquences qu’elles ont pu avoir sur une population. Pour autant et malgré la dureté de certains passages, cette œuvre démontre une vive et émouvante mélancolie, à laquelle j’ai été plus que sensible et qui a su me touché tendrement. Armée de métaphores et autres figures de style, Olga Tokarczuk dépeint une vivifiante et mystique peinture, aux chaleureuses couleurs et à la philosophie propre et singulière. Son œuvre détient également une forte dimension pieuse et initiatique qui m’a également plus que séduit. D’autant plus qu’entre raison et illusion, les limites sont si fines que ce roman se dévoile parfois fortement fantasmagorique. Une dimension fantastique fortement ancrée grâce à la thématique du temps au cœur des différentes intrigues dévoilées. Ce temps qui défile inlassablement et sur qui personne n’a d’emprise, ni même Dieu, à la finalité souvent brutale mais pourtant si poétiquement amenée par la romancière.



Ainsi, il m’est difficile de mettre des mots sur cette singulière mais touchante lecture. À la fois contemplatif et contemporain, historique et philosophique mais aussi pieu et fantastique, ce roman emporte le lecteur dans différentes horizons, toutes aussi séduisantes et mélancoliques les unes que les autres, portées par une plume toujours aussi tendre et poétique.
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Dieu, le temps, les hommes et les anges

Je me suis perdu dans ce livre. Peut-être l'ai-je alors mal compris mais j'ai tout de même pu en saisir la force, le mystère, les secrets.



Antan, quel étrange nom pour un village peuplé d'habitants dans un Moyen-age inventé avec sa géographie et ses frontière étranges, ses quartiers qui ne se laissent pas facilement traverser, ses patrons et ses paysans, ses nobles qui s'amusent à comprendre le jeu du temps, ses mendiants, traînant leurs enfants illégitimes, poussés par la faim et réduits à l'état sauvage.



Je relirai le livre pour tenter d'en comprendre plus sur ce paysage énigmatique, sur les raisons de son prix Nobel également. La portée de ce livre est immense j'en suis persuadé. Je m'en remets à vous, les lecteurs de Olga : comment comprendre ce livre ? Pourquoi est-il si fantastique ? Qu'est-ce qu'il cache exactement et quelles sont les pistes pour le comprendre un peu mieux ? Merci pour l'attention de tous ceux qui lirons cette critique.
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Dieu, le temps, les hommes et les anges

J'ai découvert Olga avec "sur les ossements des morts" et j'ai trouvé ce livre suffisamment bon pour poursuivre avec celui considéré comme son meilleur roman. On retrouve cette écriture innimitable, d'une originalité rare. Je pense ne jamais avoir lu quelquechose d'approchant en tout cas. L'écriture a donc une véritble identité. De la personnalité même. Olga doit être un sacré personnage en vrai !

J'ai trouvé le livre brillant dans les 200 premières pages, puis beaucoup moins bon ensuite. Trop de personnages à mon gôut aussi, ce qui affaiblit considérablement le récit. Reste un univers vraiment à part et de belles réflexions philosophiques.
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Dieu, le temps, les hommes et les anges

A la croisée du monde et du temps, Dieu a créé le village d'Antan où chaque habitants, animaux et choses participent à l'équilibre. A travers leurs destins entrecroisés, à la fois conte philosophique sombre et roman social tenté de réalisme magique, l'autrice nous livre la Pologne du 20e siècle.



Du prime abord, le roman est complexe, labyrinthique, on ne sait pas vraiment où l'on va. Mais petit à petit, les récits alternés se complètent et composent l'histoire du village. On s'attache malgré nous à ses personnages gris, atypiques, qui portent blessures, rêves et regrets, à l'image de Dieu.



La puissance du récit réside dans le style, exigeant et lumineux en décalage avec les horreurs que les hommes peuvent commettre parfois. Oui, cette lecture m'a profondément bouleversée mêlant larmes et hauts le coeur.



Ce roman est difficile, en tous aspects, il est une expérience à lui seul, à laquelle tou.te.s lecteurices ne pourra pas adhérer. Toutefois, chacun pourra peut être y puiser des ressources pour interroger son rapport à Dieu, au temps, aux hommes et aux anges.
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Dieu, le temps, les hommes et les anges

Magnifique ! Quand j'ai commencé à lire je me suis demandée où l'auteur allait nous emmener et sans se rendre compte on est pris dans l'histoire, on finit avec la larme à l'oeil ... pourtant rares sont les livres qui me font cet effet.
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Dieu, le temps, les hommes et les anges

Premier coup de coeur de l'année! Ce roman m'a profondément touchée, de la première à la dernière page. Je suis tout de suite entrée dans ce microcosme qu'est le village d'Antan et qui traverse le vingtième siècle, ses deux guerres, son évolution, son Histoire est-européenne sous le prisme de deux familles et une femme isolée dont les histoires s'entremêlent. J'ai aimé ce plaisir de lire, courts chapitres par courts chapitres, chaque destin individuel, ses anges et ses démons. J'ai été émue par ce que les guerres font endurer aux hommes, certes (Michel en particulier) mais aussi et surtout aux femmes, toutes ces tragédies silencieuses, la naissance de ces secrets de famille qu'elles sont souvent seules à porter.

C'est doux, c'est poétique, triste et violent aussi, en fait dans ces 392 pages il y a le monde, tout simplement, visible et invisible, matériel et spirituel et toute la magie de ce monde, car c'est un roman de la veine réalisme magique, une belle surprise car je ne savais pas.

Comme toujours dans ces cas-là, c'est tout un univers en particulier quelques personnages auxquels je m'étais attachée, Isidor, Misia et la Glaneuse, que je quitte avec un sentiment de tristesse.
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Dieu, le temps, les hommes et les anges

« Antan est l'endroit situé au milieu de l'univers », est-on informé dès la première phrase. On comprendra vite qu'il ne s'agit pas seulement de l'univers occupé à situer notre présence terrestre au sein de la nature ou des astres, mais plutôt celui qui transcende les perceptions humaines, qu'elles soient temporelles, géographiques ou matérielles. Un univers qui s'étend aux strates de l'âme et de l'esprit, de la matière ou de la création.

Ainsi est situé le contexte de ce conte aux allures mystiques, parfois ésotériques. L'aspect purement humain quant à lui, guidera le lecteur comme un garde-fou dans une chronologie d'époques historiques, de la première guerre mondiale jusque bien après la seconde. L'on y suit essentiellement des familles aux patronymes symboliques de Chérubin, Séraphin, Celeste ou Divin. Il serait compliqué de tous les citer ni de résumer les évènements, mais Misia Celeste mariée à Paul divin par exemple semblent agglomérer à eux deux l'humanité, telle qu'on la conçoit couramment. Ils côtoient un châtelain enclin à consacrer sa vie à un jeu de labyrinthe comme une parabole de la puissance divine, mais aussi Isidor, le frère de Misia, tourmenté jusqu'à se trouver - ou se perdre, dans la recherche ésotérique.

A la lisière du village d'Antan grouillent aussi des créatures ensauvagées comme le Mauvais Bougre, ou la Glaneuse qui contrairement « l'être bête qui doit apprendre », est capable d'apprendre « en assimilant, en recueillant à l'intérieur d'elle-même ce qui avait précédemment constitué le monde extérieur ».

Et puis il y a les anges, en surplomb de ce beau monde, insensibles quant à eux aux évènements, et à l'importance qu'ils peuvent prendre au sein de l'humanité.

Sans oublier le créateur.



Un livre qui élargit la perception humaine, c'est peu dire. Pourtant tout cela se met en place naturellement ou presque, dans une structure de chapitres courts, qui s'emboîtent sur un tempo rythmé. Olga Tokarczuk réussit à nous rendre intelligible son univers dans une forme qui semble elle aussi transcender les codes. La narration y est omnisciente, voire plus en franchissant les limites de la perception humaine. On ne lit pas un écrit du genre polyphonique malgré les chapitres consacrés aux différents protagonistes, humains ou pas. Axés sur le temps (ils sont tous nommés « Le temps de.... »), la structure générale semble agir comme un faisceau de fils de temporalités diverses, à chacun le sien, les différentes coupures s'imbriquant avec habileté, pour reconstituer un univers perceptible dans son intégralité. Ainsi à côté du temps de Misia, d'Isidor ou de la Glaneuse, il y a aussi le temps du verger, ou le temps du mycélium, comme il y a le temps des anges gardiens, des morts ou du moulin à café. Un temps qui déploie toute son autorité chez les humains qui y sont empêtrés, à contrario des objets, des animaux, des anges ou de la nature : « Le temps travaille à l'intérieur du cerveau humain, pas à l'extérieur ». Un temps qui s'invite aussi - ou se clôture, jusque dans le nom du village… d'Antan.



Voici un livre à l'interprétation peut-être insondable, à l'allure culte aussi, sa lecture pouvant continuer à forer la matière grise du lecteur après le clap de fin. Mais il se lit aussi à des degrés simples sans occulter le plaisir, l'écriture précise et conciliante d'Olga Tokarczuk, comme un ange gardien du lecteur, diffusant une fascination teintée de douce ironie.
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Dieu, le temps, les hommes et les anges

Qu'est-ce que c'est ceci? Un conte de fées, une histoire mythique, une histoire familiale, une épopée,... ? Un peu de tout peut-être. Tokarczuk a transformé le village polonais imaginaire Antan en centre du monde ; elle dresse le portrait de générations successives, réparties sur presque tout le XXe siècle. Comme vous pouvez l'imaginer, c'est une histoire avec beaucoup de grisaille, de tristesse et de brutalité : deux guerres majeures, des régimes différents, la famine et la mort, rien n'est épargné pour le peuple d’Antan. Le récit a beaucoup de rythme, surtout dans la première moitié du livre, dans un décor avec des archanges, des esprits de la forêt et d'autres éléments magiques. Parce que cela me frappe vraiment maintenant : tout comme dans « Sur les ossements des morts», Tokarczuk franchit constamment les frontières entre les gens, les animaux, les plantes et les éléments spirituels; à certains moments, on a l'impression de lire une version moderne des Métamorphoses d'Ovide. Et bien sûr aussi Gabriel Garcia Marquez n'est pas loin, reconnaissable au réalisme magique et aux personnages qui transcendent le temps. À propos de ce dernier, le propriétaire aristocratique Popielski est particulièrement révélateur : il joue isolément, réparti sur tout le livre, « le jeu éducatif pour 1 joueur », avec un Dieu étonnamment impuissant dans le rôle principal.

Malheureusement, l'histoire perd beaucoup de sa tension après la moitié du parcours : presque plus d'événements majeurs et bouleversants ne se produisent et, peu à peu, le village d'Antan semble également disparaître. La dynamique de tension du début m'a vraiment manqué. Cela peut être conscient, car Tokarczuk semble vouloir illustrer que le temps met impitoyablement fin à tout ce qui existe, qu'il démêle la réalité en des formes et des connexions toujours nouvelles (y compris non humaines). Là aussi, elle semble parfaitement suivre les traces de Márquez, avec sa propre touche bien sûr.
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Dieu, le temps, les hommes et les anges

Un livre bouleversant où les personnages vous pénètrent. Exceptionnel d’humanité, d’amour pour les gens différents, les laissés pour compte, ceux qui sont seuls.
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Dieu, le temps, les hommes et les anges

Si ce roman était un dessert, ce serait une pavlova aux fruits rouges. Tout d’abord à cause de sa belle couverture dans la version poche que j’ai lue. On y voit une femme de dos habillée en rouge marchant dans un paysage de neige. J’ai alors tout de suite pensé à cette pâtisserie faite de meringue blanche parsemée de fruits rouges.



Chaque personnage de l’histoire serait alors un de ces fruits rouges. On en suit plusieurs tout au long du roman, des discrets qui font leur apparition de temps en temps mais qui donnent une saveur particulière au récit (la Glaneuse, Perroquette seraient des groseilles), des forts en caractère qui marquent le lecteur (Isidor serait une mûre), des traditionnels qu’on voit évoluer tout au long du roman (Misia serait une fraise), des inattendus et surprenants qui sont traités comme s’ils étaient des personnages à part entière dans ce roman (Le Jeu, le moulin à café, le verger, les Tilleuls seraient des fraises des bois). Avec une telle galerie de personnages, il y en a pour tous les goûts et de quoi développer plusieurs facettes du genre humain. Ce que l’auteure fait avec grand talent.

Le cadre de ce roman est la ville d’Antan (la compotée de fruits) qui donne tout son relief aux destinées individuelles des personnages qui vivent dans cette ville pendant toute une partie du XXème siècle. Cela permet à l’auteur de traiter des évolutions de la vie suite aux deux guerres mondiales et au régime communiste en Europe de l’Est.

Le récit est alors la meringue de cette pavlova, croustillant, il offre un support idéal pour développer tout le talent de conteuse de l’auteure.

Quant à l’écriture d’Olga Tokarczuk c’est une véritable crème légère d’une apparente simplicité, elle cache une complexité et une profondeur qui s’apprécie au fil des pages.



Vous l’aurez compris, ce roman est un coup de cœur absolu pour moi. Il me donne envie de retrouver la plume de l’auteure dans d’autres romans qu’elle a pu écrire. Il se déguste sans modération. C’est un régal !
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Dieu, le temps, les hommes et les anges

Pologne, du début au milieu du XXeme siècle. À travers différents points de vue, la vie d’un village, de ses habitants, ses arbres, ses objets... avec un soupçon de fantastique. Un beau voyage dans l’histoire et l𠆞urope. Je ne connaissais pas cette auteure et j𠆚i vraiment pris plais à découvrir son univers !
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