Il s’agit du premier roman de l’auteur Olivier Bourdeaut (lauréat du prix du roman des étudiants 2016). La maison d’édition Finitude signe un véritable succès littéraire, agrémenté par une couverture pop art, très attirante à l’œil sur laquelle on voit un homme et une femme danser l’amour.
Le roman débute sur une promesse « Ceci est mon histoire vraie, avec des mensonges à l’endroit, à l’envers, parce que la vie c’est souvent comme ça » qui donne véritablement tout son décor littéraire au roman.
L’histoire est plaisante. Les personnages sont attachants. Le fils est admiratif et tendre. Les parents sont de véritables épicuriens, qui dansent l’amour et la vie. Le roman se donne à lire, sans prétention et avec une humilité déconcertante.
Dans un style assez laconique, le récit est alterné entre la vision attendrissante du fils et celle de son père pris dans cette folie douce.
La narration par le fils est très divertissante. Sur des airs de Boris Vian, les expressions sont prises au sens littéral. Il tourne en dérision nos expressions du quotidien. L’écriture est intéressante révélée par une vision enfantine à la fois légère et subtile au niveau des réflexions et calembours proposées par l’auteur qui font véritablement sourire. Les mots semblent être choisis avec attention. L’humour est juste, bien placé.
A l’inverse, le récit du père, alors même qu’il aspire aux mensonges « à l’endroit, à l’envers », semble être les seuls passages raisonnés du roman.
Le roman est décalé, déluré. L’univers du roman est fantaisiste : imagé, coloré, chatoyant. Tout dans ce récit aspire à la vie : de l’oiseau de compagnie, en passant par le mobilier, jusqu’au disque de Nina Simone qui repasse en boucle.
C’est avec burlesque que les thèmes de l’amour passionné et de la folie sont appréhendés, à tel point que la démence en deviendrait presque raisonnée. Les situations sont tournées à l’absurde et l’on reconnait les influences littéraires de l’auteur (Bojangles aurait-il remplacé le Godot de Beckett ?).
Le récit est très bien mené, d’un bout à l’autre, on rit puis on pleure, au rythme de la danse. Enfin, l’alternance entre les récits se rétrécit peu à peu pour ramener le lecteur vers le monde réel. Avec pudeur, l’auteur exprime une réalité tragique, faisant rebasculer son lecteur dans la réalité. Une fin à la fois inéluctable qu’attendue paisiblement.
Il s’agit d’une véritable maîtrise littéraire, une signature qui donne à voir et ressentir un univers des plus festifs dont on ressort véritablement conquis.
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