Citations de Olivier Descosse (244)
Une impression d'abandon emplissait l'atmosphère. Elle évoquait ces maisons secondaires endormies par l'hiver, qui attendent l'été pour revenir à la vie.
La nuit était tombée. Une nuit épaisse et froide à peine éclaircie par la lune.
Son visage fin, creusé de rides profondes et surmonté d'un casque de cheveux gris, était celui d'un meneur d'hommes. Il reflétait son engagement, sa détermination, une habitude du commandement enracinée depuis toujours au plus profond de ses gènes.
Grand, mince, un brin nonchalant, il y avait dans sa stature quelque chose de gaullien. Une sorte de hauteur, de détachement, liés sans doute à l'idée qu'il se faisait de la France.
Les blessures les plus profondes sont invisibles. Leurs cicatrices ne saignent pas.
On ne sait rien des gens, si ce n'est ce qu'ils veulent bien nous montrer.
Le jour commençait à décliner. Les ombres s'allongeaient, donnant aux sommets enneigés la teinte bleutée d'un champ de lavandes.
Il ne voyait pas non plus que la neige tombée pendant la nuit avait transformé le paysage pour l'envelopper dans une cape de coton. Ni qu'une couche aussi fine que du talc saupoudrait les champs et révélait le tracé des pistes, des lanières d'un blanc immaculé qui formaient de grandes trouées entre les arbres.
On ne s'habitue pas à l'horreur. Même avec l'expérience, les années, les flics les plus endurcis doivent prendre sur eux pour vivre avec.
Le soleil se levait sur la Meije.
Une lumière froide rasait la roche et lui donnait la teinte d'un caramel. De la poussière de neige, aussi fine que du talc, se glissait dans les anfractuosités de la pierre pour peindre une toile en ocre et blanc. Un monde de pureté, d'une dureté minérale, qui se découpait dans la pulvérulence d'un ciel limpide.
La plus grande des motivations a toujours ses limites.
Comme la plupart des gens, elle regardait le train foncer dans le mur en continuant d'alimenter la chaudière.
D'abord un éclair blanc, barbelé électrique qui déchira le ciel et alluma la nuit. Tout de suite après, un grondement sourd fit vibrer la terre. Puis, comme par magie, les ficelles de pluie se trandformèrent en trombes d'eau.
La luminosité commençait à baisser. Des nuages noirs s'amoncelaient au-dessus des arbres, chargeant le ciel en électricité pour lui donner une densité particulière, inquiétante.
Des champs, des prés et des rivières, cernés par des conifères dont les cimes noires griffaient le ciel. En toile de fond, les balcons de Belledonne annonçaient les premiers contreforts du massif de Chamrousse.
Marseille l'avait accueillie à bras ouverts. Elle s'y sentait bien et la Méditerranée qui roulait des épaules derrière les vitres valait largement le massif de Belledonne.
Des plaques de neige mouchetaient le sol, tableau en noir et blanc illuminé par les étoiles.
La nature, vierge de toutes les pollutions humaines, rappelait l'époque où les montagnards vivaient en symbiose avec leur environnement.
L'air était vif, froid, d'une pureté telle qu'il avait une odeur. Celle des lichens gorgés d'eau, de la résine suintant des mélèzes, des foins séchant quelque part...
Quelle que soit la croyance, les chemins de souffrance mènent toujours à la rédemption.