Citations de Pascale Joye (16)
Tu avais bien sûr une méthode de séduction bien rodée qui, associée à la douceur de la musique et à ma solitude de ce soir-là et de toujours, ne pouvait que faire mouche. Aux âmes fragiles il faut peu pour faire naître une passion: un trou à la place du cœur, des brèches dans lesquelles s'infiltrera la moindre marque de tendresse.
Car l'amour platonique, quand on y pense, ce n'est pas du jeu: ça fuit la réalité, ça entretient les rêves et ça vous fait des chagrins d'amour à n'en plus finir.
Il n'a donc pas l'ombre d'une chance lorsque l'arbre le prend de plein fouet au détour d'un virage. Le choc est d'une violence inouïe, comme une cristallisation de celle des derniers jours, mais cette fois c'est son corps et non son âme qui cède sous les coups.
Je me dis parfois qu’il doit bien y avoir quelque part, dans l’infini, des atomes immortels qui se souviennent de tout ce qui a été vécu, une mémoire des sentiments, un écho éternel de ce qui a un jour vibré –mais sans doute n’est-ce qu’une tentative d’accepter ma propre finitude.
Et il doit bien y avoir un abîme aussi, où se morfondent les mots jamais dits et les moments avortés, où se languissent les vies alternatives qui se sont contentées d’être rêvées.
c'est pratique, quand on y pense, les missives post-mortem, au moins on est sûr d'avoir le dernier mot.
Ça m'a rappelé pourquoi j'aime tant la littérature. Pour cette impression que l'on a parfois que les pages n'ont été écrites que pour nous. Pour cet instant précis où nous nous pencherons sur le livre et où les mots diront ce que nous ne savions pas exprimer jusqu'alors et dont nous n'avions peut-être même pas conscience.
Il sait seulement qu'au lieu de s'exposer à la surprise bienveillante de Clémence, il s'est donné en pâture aux loups et qu'il a maintenant l'impression de se faire déchiqueter par la meute.
"Tu sais que les mots ont toujours fait partie de moi, me permettant de vivre, de survivre parfois. J'écrivais les heures sombres, les silences, j'essayais de capturer la beauté, les sensations, et les moments de grâce aussi."
Le mal n'a rien d'extraordinaire, au contraire, c'est précisément dans le quotidien, l'ordinaire que vous le trouverez.
Un rôle ingrat que je méprisais légèrement avant de l'endosser, forte de ma conviction qu'on ne touche pas au mari d'une autre, et aussi que le vrai amour ne se contente pas de demi-mesures.
J'étais devenue un cliché mille fois rebattu : après les rencontres et les messages secrets, j'étais maintenant la maîtresse d'un homme marié.
Est-ce encore tromper que d'exhumer des souvenirs de temps à autre,
parfois pour se délecter de ce qu'on n'a connu,
parfois simplement pour vérifier si cela fait toujours aussi mal ?
Je ne lui ai pas dit que l'agresseur était mon mari. Il me conseillait de porter plainte mais il n'a pas insisté face à mon silence. Il a probablement pensé que c'était arrivé dans la rue et je ne l'ai pas détrompé. Je crois, avec le recul, que j'avais honte. Honte d'avouer avec quel genre d'homme je vivais.
Il faut octroyer quelque répit au chagrin, lui permettre de temps à autre de se mettre en veilleuse si l'on veut survivre. (...)
Mais on n'oublie jamais, bien sûr, jamais.
Je sais mieux que personne qu’il faut du temps et de l’humilité pour reconnaître qu’on s’est trompé d’histoire d’amour. Admettre que ça n’avait rien à voir avec de l’amour et qu’on ne comprend même pas comment on a pu se fourvoyer à ce point.
Regarder en face les lignes de failles de plus en plus nombreuses, de plus en plus profondes, jusqu’à l’éclatement final.
"Brûler tout pour quelques fulgurances, se sentir intensément vivant et puis soudain mort à l'intérieur, je ne sais toujours pas s'il faut le souhaiter à quiconque mais j'ai simplement appris que nul n'est à l'abri."