Citations de Patricia Cornwell (644)
Les températures demeurèrent très fraîches pour la saison et les feux de charbon qui brûlaient à l’intérieur des maisons ajoutaient encore à la pire pollution qu’ait connue la grande cité de Londres.
Sickert aimait raconter à ses amis qu’il avait vécu autrefois dans une maison où, à en croire la propriétaire, Jack l’Éventreur avait vécu à l’époque de ses crimes. Et elle connaissait son identité : l’Éventreur était un étudiant de l’école vétérinaire, un fou qui fut finalement envoyé à l’asile.
Elle confia même à Sickert le nom du détraqué serial killer, et Sickert le nota dans un exemplaire des Mémoires de Casanova qu’il lisait à ce moment-là.
Mais, hélas, malgré son excellente mémoire visuelle, Sickert n’arrivait pas à s’en souvenir, et l’exemplaire du livre fut détruit durant la Seconde Guerre mondiale.
L'examen des deux cent onze lettres de l’Éventreur conservées au Public Record Office de Kew révèle son arrogance intellectuelle.
Lorsque j’ai commencé à éplucher les lettres de l’Éventreur, j’étais d’accord avec ce que la police et la plupart des gens ont toujours pensé et continuent de penser, à savoir que la majorité de ces lettres étaient des canulars ou l’œuvre de personnes déséquilibrées.
En lisant et relisant (je ne saurais dire combien de fois) les deux cent cinquante lettres environ qui ont survécu, conservées au Public Record Office et à la Corporation of London Records Office, j’ai commencé à me créer l’image effrayante d’un enfant rusé, enragé et méprisant qui contrôlait un adulte brillant et talentueux.
Jack l’Éventreur se sentait détenteur d’un pouvoir seulement quand il massacrait des gens et harcelait les autorités, et il n’a jamais été "inquiété" pendant plus de cent quatorze ans.
L'absence de liquide séminal dans les meurtres de l’Éventreur est cohérente avec l’hypothèse selon laquelle Sickert était impuissant.
Si l’on avait relevé des traces d’activité sexuelle récente, le liquide séminal n’aurait eu aucune valeur sur le plan de la médecine légale.
En revanche, une absence constante de liquide séminal ou de traces de tentatives de relation sexuelle – comme c’est le cas dans tous les meurtres de l’Éventreur – suggère que le meurtrier ne se livrait à aucune activité sexuelle avec sa victime, avant ou après la mort.
Je ne sais pas trop comment on déterminait un "rapport".
Le problème dans le cas d’une prostituée, c’était qu’elle pouvait avoir eu plusieurs "rapports" en une nuit, et elle se lavait rarement, voire jamais, pour se débarrasser des nombreux niveaux de civilisation qu’elle portait en elle.
Poignarder une personne trente-neuf fois, c’est de l’acharnement, et ce genre d’acharnement forcené est généralement provoqué par un événement ou des paroles qui déclenchent de manière anticipée la réaction du meurtrier.
Sickert était dépendant des femmes et il les détestait. Il les jugeait inférieures sur le plan intellectuel et inutiles, sauf comme concierges ou objets à manipuler, essentiellement pour l’art et l’argent.
Ellen aima Sickert durant toute sa triste vie, malgré le cœur sec de son mari, ses mensonges pathologiques, son égocentrisme et sa sale manie de disparaître pendant plusieurs jours, voire des semaines, sans donner de nouvelles ni d’explications.
Pour Walter Sickert, imaginer Whistler amoureux d’une femme avec laquelle il avait des relations sexuelles a peut-être été le catalyseur qui fit de cet homme l’un des meurtriers les plus dangereux et les plus insaisissables de tous les temps.
Au cours de sa longue et célèbre existence, il eut la triste réputation de changer constamment d’apparence, grâce à diverses barbes et moustaches, de porter des tenues étranges, proches parfois du déguisement, et d’essayer toutes sortes de coiffures, allant jusqu’à se raser le crâne.
Sickert parlait couramment l’allemand, l’anglais, le français, l’italien, il connaissait suffisamment bien le latin pour l’enseigner à ses amis, et il possédait de bonnes bases en danois et en grec, et peut-être aussi quelques rudiments d’espagnol et de portugais.
On dit qu’il lisait les classiques dans leur langue originale, mais il ne finissait pas toujours un livre qu’il avait commencé. Il n’était pas rare qu’il abandonne ici et là des dizaines de romans, ouverts à la dernière page qui avait su capter son intérêt.
Sickert était surtout passionné par les journaux, les magazines et les revues.
Sickert n’a pas rédigé ses mémoires, il ne tenait pas de journal intime, n’avait pas d’agenda et ne datait pas la plupart de ses lettres, ni ses œuvres ; il est donc difficile de savoir où il était et ce qu’il faisait tel jour, telle semaine, tel mois ou même telle année.
Je n’ai trouvé aucun renseignement concernant ses activités en ce jour du 6 août 1888, mais il n’y a aucune raison de penser qu’il n’était pas à Londres.
Des notes qu’il a griffonnées sur des croquis de music-hall suggèrent qu’il était en tout cas en ville deux jours plus tôt, le 4 août.
Ce n’était pas la première fois qu’un lien était établi entre Sickert et les crimes de Jack l’Éventreur. La plupart des gens ont toujours trouvé cette idée risible. J’ai commencé à m’interroger au sujet de Sickert en feuilletant un livre rassemblant ses œuvres.
Rien n’intéressait Sickert si ça n’avait pas une influence quelconque sur Sickert.
Il a toujours été plus facile pour moi de me mettre en colère que de montrer ma peur ou ma tristesse, et je gâchais ma vie à cause de Walter Richard Sickert. Il me la volait.
Le lendemain matin, je fis la connaissance du Deputy Assistant Commissioner John Grieve, un des enquêteurs les plus respectés en Grande-Bretagne, et aussi, découvris-je, un spécialiste des crimes de Jack l’Éventreur. Le légendaire tueur victorien m’intéressait très peu.
Je n’avais jamais lu un seul livre sur l’Éventreur. Je ne connaissais rien de ses meurtres. J’ignorais que ses victimes étaient des prostituées et de quelle manière elles mouraient.
Je posai quelques questions. Peut-être pourrais-je me servir de Scotland Yard dans mon prochain roman avec Scarpetta, pensais-je.
Dans ce cas, j’aurais besoin de connaître quelques éléments factuels concernant les meurtres de l’Éventreur, et peut-être que Scarpetta aurait de nouvelles hypothèses à proposer.
Ces deux femmes étaient les deux piliers de mon existence professionnelle et elles avaient confiance en moi. Si je leur avouais que j’avais enquêté sur Jack l’Éventreur et que je connaissais son identité, elles n’en douteraient pas un seul instant.
— Je suis malheureuse, confessai-je, et je me sentais si déprimée, en effet, que j’étais au bord des larmes.