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Jean Esch (Traducteur)
EAN : 9782253090311
602 pages
Le Livre de Poche (04/02/2004)
3.21/5   381 notes
Résumé :


Entre les mois d’août et novembre 1888, au moins sept femmes furent assassinées à Londres dans le quartier de Whitechapel. La nature effroyable de ces meurtres provoqua la panique et la terreur dans l’East End, et donna naissance au surnom qui allait devenir synonyme de serial killer : Jack l’Eventreur. Pendant cent quinze ans, ces meurtres ont constitué une des plus grandes énigmes criminelles du monde.

C’est lors d’une visite à Scotl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
3,21

sur 381 notes
♫ Si j'avais un scalpel, je découperai le livre ♪ Comme Jack The Ripper, ♫ Je prélèverais des morceaux ♫ Oho Et j'en jetterais au feu ♫ Ou les mettrais dans les W.C ♫ Pour pouvoir m'essuyer, les jours où j'ai plus rien ♫ Ohoho, ce serait le bonheur ♪

Oui, hérésie que de couper dans un livre, mais j'ai une envie folle de lui briser l'échine et, aidée d'un scalpel, d'ôter tous les passages qui m'ont énervés prodigieusement : tout ce qui a trait à Walter Sickert, en fait !

Patricia Cornwell a décidé que c'était lui et que l'affaire était classée. Elle l'a même fait noter sur la couverture. J't'en foutrai moi, des affaire classée !

Durant ma lecture, j'ai sauté les nombreux paragraphes consacré à ce peintre car c'est vraiment une bio indigeste et là, zapping.

Avant même de l'ouvrir, je savais très bien que « Jack l'Éventreur, affaire classé, portrait d'un tueur » de Patricia Cornwell sentait le souffre (et pour beaucoup d'autres aussi, notamment les Ripperologues qui l'ont crucifiée).

Autrement dit, il n'était pas question que ce roman, oscillant entre biographie, enquête orientée et témoignages fasse un jour son entrée dans ma bibliothèque.

Pourquoi ? Parce que je savais que Patricia Cornwell avait interprété les faits pour les faire coïncider avec sa théorie et qu'il était flagrant que son enquête n'avait pas été partiale du tout.

Hors, Sherlock Holmes l'a bien dit « C'est la théorie qui doit coller avec les faits ». Parce que bâtir des théories avant d'avoir les données est une erreur monumentale : insensiblement on se met à torturer les faits pour qu'ils collent avec la théorie.

Et pour Patricia Cornwell – qui retrace tout de même avec précision et minutie ces meurtres – le coupable ne peut être qu'un seul homme : Walter Sickert, ce peintre renommé qui n'a pas d'alibi pour les meurtres commis en 1888 (comme 99,99% des habitants de Londres). Pour elle, il EST Jack The Ripper. Point barre.

Sickert ? Bio exprès : peintre, aussi beau qu'amoral – au sens victorien du terme – réputé pour son cynisme, pour sa passion des déguisements, des pseudonymes, des barbes postiches, pour sa manie d'errer des nuits entières dans les quartiers mal famés ainsi que pour les ateliers secrets dans lesquels il se livrait à des activités plus ou moins louches. le profil type, quoi !

Ses thèmes de prédilection dans ses peintures peuvent aussi prêter à suspicion : les prostituées, les cadavres, les hommes menaçants penchés sur de faibles femmes et même… Jack l'Éventreur ! Rhôôô, on se rapproche là !

Mais jusqu'à ce que Patricia Cornwell ne lui tombe sur le paletot, le Walter n'était qu'un nom sur une looooongue liste de candidats éventuels. Et pas dans le peloton de tête, en plus…

Le duc de Clarence, casaque jaune, toque noire, galopait en tête de liste, talonné par les francs-maçons, casaque rouge, toque verte, menant un train d'enfer avec les yearling Aaron Kośmiński et John Pizer. Avec quelques petits dépassement, de-ci, de-là. Sans oublier le vieux canasson de retour : Sir William Gull, médecin de la Reine Victoria.

Alors, pourquoi ai-je lu ce roman, moi qui ne voulait pas le voir trôner sur mes étagères ?? Parce que l'on me l'a donné… Ben oui, merde alors. Je me suis dit qu'il serait peut-être temps que je l'analyse afin d'avoir la preuve, noir sur blanc, de ses boniments et de la torsion de la vérité. Quitte à ce que je finisse avec une distorsion d'intestins. Et puisque ma binôme de Lecture Commune était prête à faire l'indigestion avec moi… GO !

Revenons à nos moutons, ou notre peintre. Comment la mère Patricia a-t-elle pensé à lui ?? Bêtement en étant invitée à Londres et en discutant avec un inspecteur de Scotland Yard qui lui a dit que Walter Sickert avait le bon profil pour être ze Jack. Patricia, jusque là, n'avait même pas connaissance des meurtres de 1888 !

Alors, épluchant la biographie de Sickert, notre Kay Scarpetta du cold case lui a trouvé des similitudes avec la psychologie d'un serial-killer. Et pas n'importe que serial-killer, je vous prie.

Elle est même certaine que les multiples lettres envoyées aux journalistes ou à Scotland yard (certaines furent prises pour des canulars) sont en fait TOUTES de la main de Sickert (oui, toutes !). Comment ? le bougre pouvait aisément contrefaire son écriture et inclure exprès des fautes d'orthographes (jamais les mêmes, of course).

Puisqu'il était adepte des costumes, notre limière est intimement persuadé qu'il était passé maître dans l'art de se travestir et de se fondre dans la foule : idéal pour passer aperçu et commettre des homicides sans être repéré par la suite.

Sickert connaissait l'East End même s'il n'y habitait pas. Bref que de points communs avec le tueur. What'else ?

Mais Cornwell va encore plus loin en l'accusant d'autres meurtres dans Londres, en Angleterre et même jusqu'en France : des femmes égorgées ou des corps démembrés – ce qui implique un changement de méthode mais qui s'accordent avec les déplacements probables du peintre et la sauvagerie de Jack. Pour elle, le Tueur au Torse et Jack sont Sickert ! Avec Sickert, tu doubles la prime !

Pourquoi lui et pas un autre vous me direz ? Cornwell n'est pas la première à l'avoir soupçonnée… Et son livre – qui m'a fait grincer des dents – a quand même été une petite bombe dans le milieu, tellement elle est allée loin dans ses recherches. L'ayant lu, je peux vous dire qu'elle a mangé, bu, vécu, baisé en ayant Sickert dans la peau.

Ça lui a couté un pont, aussi. Quatre millions de dollars selon le Richmond City Magazine, 6 millions selon le New York Times.

Si cher ?? Oui, parce que quand Patricia enquête, les experts du CSI – Gil Grissom et Horatio Caine peuvent même aller se rhabiller. Comme si c'était GI Joe qui débarquait, elle a embauché des bataillons de graphologues, de chimistes et d'experts en tout genre.

Sans compter que tout ce qui était à vendre sur Sickert, la romancière l'a acheté : tableaux, gravures, lettres et même le livre d'or d'un hôtel de Cornouailles sur lequel aurait gribouillé Sickert… Vous comprenez le prix… Niveau enquête, elle y est allée fort, de ce côté là, on ne pourra pas lui reprocher la légèreté.

Madame voulait son ADN et madame pense qu'elle l'a eu (mais bon, qui prouve que c'est bien le sien ?? En plus, plus de 100 ans après, non, mais, allo quoi ? Et Sickert s'est fait incinérer !). Mais quel ADN de suspect avons-nous ? Lequel utiliser ? Comment trouver le bon ?

La police avait reçu des centaines de lettres moqueuses, elle a donc fait rechercher des bribes d'ADN au dos des timbres et sur le rabat des enveloppes afin de les comparer avec d'autres échantillons appartenant à Sickert. Autrement dit, si Sickert a envoyé une lettre pour se foutre de la gueule de Scotland Yard ou des flics locaux, boum, le voilà passé à la postérité en tant que Jack The Ripper.

L'auteur a tout de même reconnu que les résultats étaient encourageants, mais pas concluants : ça a éliminé environ 99% de la population anglaise, mais les résultats sont trop incomplets pour qu'on puisse affirmer que Jack Sickert est bien Walter l'Éventreur. Pardon, le contraire !

En revanche, l'analyse des lettres est très instructive (mais hyper chiante à lire) : non seulement on retrouve le même papier, avec le même filigrane, mais on constate que l'assassin écrivait parfois avec un pinceau en guise de plume et de la peinture en guise d'encre. Un examen minutieux conduit même à identifier des taches d'eau-forte. Or, Sickert était aussi réputé pour ses gravures que pour ses toiles.

Que garderais-je de ce roman qui, malgré ce que je pouvais penser, m'a tout de même apporter quelques jouissances littéraires ? Tout ce qui concerne la ville de Londres, son histoire, ses mauvais quartiers, les moeurs des gens, les putes, les meurtres, les rapports d'autopsie… Tout ce qui fait l'essence d'un grand roman noir ! Pas étonnant que Jack London appelait l'East End « L'Abîme ».

Les chapitres qui traitent de ces aspects techniques, de la psychologie des tueurs en série et des principes de profilage intéresseront les amateurs de polar. Me suis régalée, là.

Les amateurs de gore ou de comptes rendus d'autopsie tels que moi seront rassasiés, puisque, pour rappel à ceux qui ne suivaient pas, ce bon vieux Jack avait cette délicate attention qui était celle d'égorger ses victimes, puis de leur ouvrir le bas-ventre afin de récupérer l'utérus, le haut du vagin ou un morceau de vessie. Là, j'ai pris mon pied.

Les lecteurs aux penchants moins morbides préféreront le voyage dans le Londres de 1888 auquel nous convie la mère Cornwell. M'en suis pourléchée les babines aussi, de ces passages là.

De ce côté là, rien à critiquer, les ambiances sont là, les personnages importants aussi et la ballade dans les rues sombres (en 1888 l'éclairage public laissait encore beaucoup à désirer) est ravissante.

Mon verdict final ? Y'a à boire et à manger… et des tas de choses à scalper. Cornwell est une brillante procureur qui maîtrise son dossier parfaitement, qui le connait sur le bout des doigts et qui nous sort des raisonnements sans faille avec une éloquence implacable. Et ce, à l'écrit ou à l'oral (sur les ondes de la BBC, elle n'aurait fait qu'une bouchée de ses adversaires). Madame a réponse à tout. Elle admet les faiblesses de son dossier mais nie la déformation des faits.

Pourtant, après lecture, et à mon humble avis, l'auteure n'a fait que réunir un faisceau de présomptions et fait tout pour que l'on croit Sickert coupable. On me dira que ça fait beaucoup de coïncidences, mais bordel, ça reste des coïncidences et des conjonctures, des théories et du bla-bla.

Celui ou celle qui ne lirait que ce roman serait persuadée d'avoir eu la réponse à cette vieille affaire et le ferait savoir à tout le monde que l'identité de Jack est connue ET prouvée, fin de l'histoire.

Certes, tout ceci n'est que théorie, il n'y a pas mort d'homme innocent, mais je n'ai pas aimé cette impression que l'auteur prenait des libertés avec les faits, avec les preuves, afin que tout colle avec sa théorie de départ : Sickert.

Il y a comme une odeur de mauvaise foi dans ce récit. Or, dans une enquête, on réuni toutes les preuves, tout ce que l'on a, ce que l'on sait et on élimine l'improbable au fur et à mesure. Mais ce sont les faits qui doivent conduire à une théorie, et jamais le contraire.

On ne part pas d'un potentiel coupable afin de chercher tout ce qui pourrait l'incriminer car en faisant de la sorte, on risque d'omettre des preuves qui pourraient conduire à un autre.

Verdict du procès ? Coupable sur toute la ligne !

Ce que je devrais faire avec ce roman, c'est scalper toutes les pages qui concerne Sickert, toutes les digressions et ne garder que le meilleur, la quintessence du roman : les crimes, la vie dans Londres en 1888, bref, tout ce qui ne comporte pas le nom de Sickert…

PS : Pour ceux que ça intéresse de savoir pourquoi Walter aurait tué… bref, son ou ses mobiles, je vous le dis de suite, c'est encore une histoire de petite bite !

Oui, messieurs, une petite bite peut faire de vous un tueur en série potentiel… D'ailleurs, je pense que je vais tous vous éviter dorénavant, messieurs. Notre homme, lorsqu'il était enfant, a subi une série d'opérations d'une fistule.

Bon, jusque là, rien de grave, vous me direz. Oui, mais, ces opérations le laissèrent avec un pénis nanifié, tronqué, difforme. Puisqu'il ne pouvait pas grimper aux rideaux ou s'amuser avec la bêbête à deux dos (impuissant), il aurait donc joui avec le poignard à la main. Objet phallique, en plus.

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On en peut pas dire que ça ai été la lecture la plus passionnante qui soit. Pourtant Dieu sait que dès que je vois Jack L'éventreur, je ne peux m'empêcher de me jeter dessus. Après je suis moins experte que ma chère binôme Cannibal Lecteur, mais bon, assez pour voir que ce livre est un sacré ramassis de c***** et spéculations.

On ne sait pas où l'auteure décide de nous emmener mais certainement pas à la réponse énigmatique de ce cher Jack. Toutes ses théories ne reposent sur rien de concret, même elle, nous le démontre, faut le faire quand même!!!!Le Londres victorien est bien retransmis, on sent bien (oui même jusqu'aux odeurs!!!!) toute la misère, la saleté environnante, mais surtout le peu de moyens et de compétences dont dispose la Police , la Justice de l'époque. Un tel tueur ne POUVAIT pas se faire attraper, tout simplement parce que ce genre de carnage dépasse l'entendement, mais qu'il n'y avait pas encore la criminologie et la science à son secours.

Cornwell nous démontre que les coroners sont corrompus, la police impuissante face au taux de misère et de criminalité, les juges pas forcement bien renseignés sur les enquêtes en cours, les docteurs dépassées par les évènements et ne respectant aucune hygiène, sans compter les témoignages de soulards en tous genre. Et là , elle espère nous faire croire qu'elle a trouvé des preuves tangibles et recevables, alors que il est bien apparent que c'est du grand n'importe quoi dans ses rues de White Chapel, le chaos total ou rien n'est archivé ou respecté comme il se doit….

Tenir un couteau et tenir un stylo sont deux choses différentes, il faudra lui expliquer un jour à Patricia….Ce n'est parce qu' elle trouve des similitudes d'écritures ou de papier entre Sickert et les lettres du soi disant Jack que ça en fait un meurtrier!!!!Peut etre que ces lettres sont un canular et que plusieurs personnes se sont engouffrés dans la brèche de la pseudo célébrité. Eventrer une femme et se prendre pour un artiste écrivant à l'encre rouge, il y a un monde entre…..

Mais le mieux du mieux, c'est son obstination à vouloir faire de Sickert , son coupable. C'est fou le nombre de fois où elle extrapole, invente, relie des évènements qui n'ont rien avoir sur sa vie intime. Attention spoiler, passez la ligne de couleur …Je ne connais pas ce pauvre artiste qui a dû bien assez souffrir déjà, mais là, je le vois se retourner dans sa tombe à ses accusations honteuses et non fondées.

Quel beau « ha,ha » cette lecture….Tiens d'ailleurs, à JETER aussi dans le grand néant imaginaire des limbes que j'ai ouvert il y a peu….

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Plus d' un siècle après les faits, il continue à faire parler de lui : l' auteur d' une des affaires judiciaires les plus célèbres, énigmatiques et controversées de tous les temps...
Il y a plus d' un siècle maintenant, ce psychopathe sévissait Outre-Manche, dans le quartier de l' East End à Londres...

Il compta à son actif, du moins officiellement, pas moins de 7 meurtres . 7 " malheureuses " comme on les appelait à l' époque furent tuées sauvagement. Qu' avaient- elles en commun? La prostitution qui était leur gagne- pain, l' alcool, la misère, la solitude, le rejet et le mépris de toute une société. Oui, il était d' usage de considérer que ces pratiques dépravantes étaient liées à un insatiable appétit sexuel; de là, la prostitution n' était plus un moyen de subsistance mais un simple passe- temps. C' est une donnée importante pour comprendre l' opinion publique de l' époque, qui au début attachait très peu d' importance à ces crimes. Après tout cet anonyme accomplissait une oeuvre louable, il débarrassait Londres de ses pourritures...

L' auteur nous propose à cet égard une intéressante description des bas fonds de Londres, ainsi que l' ambiance générale qui règnait en cette époque victorienne. D' un côté, une atmosphère mondaine, liée au monde de l' art, du spectacle, de distractions diverses et variées...

De l' autre, des quartiers malfamés, où grouillait la promiscuité, l' insalubrité, une surpopulation qui s' entassait dans le peu de dortoirs disponibles avec les maladies, les rats, toutes sortes de bestioles, ...
C' était le terrain de jeu idéal pour Jack l' éventreur, une zone qui connaissait très peu d' illuminations dans les rues , où les patrouilles de police étaient quasi inexistantes, où le brouillard durant la nuit était extrêmement épais même par nuit d' été!
Jack l' éventreur n' était pas un simple meurtrier, il allait bien au-delà de ce que le monde avait découvert jusqu' alors. C' était un individu qui recherchait foncièrement à faire parler de lui, en envoyant des centaines et des centaines de lettres à la police et aux journaux pour se moquer de qu' ils ne l' attraperaient jamais, ou pour les mener en bateau, ou encore pour se faire des éloges à lui-même.

La police elle était bien impuissante, et s' entêtait dans de fausses pistes qui jaillissaient au fur et à mesure des enquêtes. Par manque de volonté parfois, par manque de moyens techniques d' autres fois, ou encore parce que ces crimes dépassaient largement leur entendement. Ils avaient affaire à un être nettement plus intelligent qu' eux tous réunis.

Comment l' auteure en est-elle venue à affirmer que Walter Sickert, un peintre réputé de l' époque était le meurtrier? Elle nous brosse le portrait d' un homme très tourmenté. D' origine allemande, polyglotte, doté d' une rare intelligence,d' une grande élégance et courtoisie, en même temps que calculateur, manipulateur, mystérieux; c' était aussi quelqu' un qui avait vécu un traumatisme d' enfance lié à une difformité de son appareil sexuel qui lui avait valu plusieurs opérations douloureuses pshysiquement et moralement. Il était curieux de tout, un véritable dilettante. Il connaissait bien l' East End, pour y passer nombreuses de ses soirées dans les music-hall, dans des galeries d' art proches de ce quartier; parce qu' il louait en cachette divers trous à rats qui lui servaient d' ateliers, ou encore parce qu' il se promenait régulièrement très tard dans la nuit parmi les ruelles et les impasses, après être sorti d' un music-hall pour digérer et méditer sur ce qu' il venait de voir disait- il à ses proches. Il disparaissait aussi parfois, pour quelques jours ou quelques semaines sans que personne ne sache ce qu' il advenait, même sa femme.

Sur la base d' une recherche minutieuse, d' un travail de collaboration avec différents spécialistes de tous bords, que ce soit du monde de la police lui ayant facilité l' accès à de très nombreux documents, en passant par des instituts de médecine - légale, des experts en art, des experts en papier, ou en écritures. Tout est concocté pour amener le lecteur à une seule solution possible : Sickert était le meutrier.

On ne peut reprocher à celle-ci de s' être basée sur une croyance fantaisiste, c' est un policier qui lui a parlé de la possiblité Sickert en 2001. Et elle aura à coeur de le démontrer, on le voit à travers ses phrases, que cette affaire l' a totalement absorbée; je dirais même qu' elle en a fait une fixation totale en achetant de nombreux documents, des tableaux de Sickert, en se déplaçant à divers endroits fréquentés par Sickert notamment à Dieppe.

Que ressort- il de toute sa démonstration? Une impression d' acharnement, de fixation, sur un individu. Les moments où elle ne nous submerge pas de données indéchiffrables pour le commun des mortels, elle remplit par des "peut- être", des "certainement", des " sans aucun doute", des " a priori ", des " logiquement", des " je n' ai aucune raison de croire que" et j' en passe.
Alors c' est troublant. Parce que j' ai bien envie de la croire malgré tout. Pour reprendre une citation d' un profiler du FBI dont elle nous parle dans le livre : " Il n' existe pas beaucoup de coincidences dans la vie. Et dire qu' une succession de coincidences est une coincidence, c' est de la bêtise, purement et simplement."

Je reste convaincue par beaucoup de ses arguments, basés sur des recherches de professionnels en la matière; mais encore une fois un livre aussi accusatoire n' aurait pas dût être écrit par une auteure de fictions policières si il voudrait être tout à fait crédible.
Je trouve qu' elle y met un peu trop de sentiments personnels parfois, émet régulièrement des critiques sur les lacunes que la police de l' époque aurait pu éviter, des comparaisons sur ce que les moyens actuels auraient pût faire. Et nous assomme véritablement par moments avec des données relatives à l' ADN, au sangs, à l' évolution de la raideur cadavérique... Les dates et les faits sont parfois assez confus et brouillons; énormément de spéculations aussi. Cependant j' ai trouvé un passage fort intéréssant sur la médecine- légale :

" Les psychiatres interprètent les états mentaux et les désirs émotionnels d' un patient à travers son comportement et les aveux de ses sentiments et de ses actes. Les médecins des morts, eux, doivent faire ces mêmes interprétations en utilisant le braille des blessures, anciennes et récentes, les résidus présents sur le corps, la manière dont une personne est habillée et où elle est morte. Ecouter parler les morts est un don unique, et cela nécessite une formation hautement spécialisée. le langage du silence est dur à interpréter, mais les morts ne mentent pas. Il et parfois difficile de les comprendre, et on peut les comprendre de travers, ou ne pas les retrouver avant qu' ils aient cessé de parler. Mais s' ils ont encore des choses à dire, la véracité de leurs affirmations est implacable. Parfois, ils continuent à parler longtemps après avoir été réduits à l' état de squelette..."

En définitive, je pense qu' elle a misé très gros en écrivant ce livre, elle porte là de très graves accusations, et vers la fin, ne se gêne pas pour dire ouvertement Sickert a fait si, Sickert a fait ça... On a envie de la croire. Trop de coincidences, mais une histoire trop romancée par moments... Je reste mitigée, et je concluerais en disant que il y a encore beaucoup à faire. Dans 100 ans, avec de nouveaux moyens encore plus perfectionnés, peut- être trouvera-t-on définitivement le coupable. Néanmoins, il ne doit rester déjà plus de lui que poussière...
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Patricia Cornwell nous offre ici un documentaire portant sur une identification possible de Jack l'éventreur.
Pour autant, je n'ai pas été particulièrement convaincue par son exposé.
Pas tant parce que je n'imagine pas Walter Sickert dans le rôle de Jack l'éventreur que parce que Patricia Cornwell veut tellement nous convaincre de sa théorie qu'elle balaie d'un revers de la main tous les indices qui ne pointent pas dans son sens.
Pire encore, les « indices » qu'elle nous apporte n'en sont pas vraiment.
Très vite, elle m'a perdue avec sa manière de dire très souvent : « Il n'y a pas de preuve que Walter Sickert ait été là ce jour-là. Mais comme il n'y a pas de preuve qu'il ait été ailleurs, ça veut dire qu'il était là ».
Vous êtes d'accord qu'avec une méthode d'investigation pareille, les innocents qui n'ont pas d'alibi solide comme du roc ont du souci à se faire ?
En fait, elle m'avait perdu dès son introduction quand elle affirme que tous les petits amis de femmes qui pratiquent l'épilation intégrale sont en fait des pédophiles. Cette manière, très américaine, de mépriser et juger autrui m'a hérissée.
De la même manière, elle fait une critique très dure des actions de la police, leur reprochant même de ne pas avoir effectué des recherches scientifiques… qui n'avaient pas encore été inventée. Il semblerait que Madame Cornwell, si elle se targue d'être une inspectrice chevronnée, n'est guère au point en histoire et qu'elle croit que c'est par simple caprice que les inspecteurs n'ont pas fait analyser les traces de sang ! Et que dire de cet Abberline qui a eu le culot de se montrer discret, de ne pas parler à tort et à travers dans la presse, de ne pas avoir tenu un journal intime qu'il aurait légué par anticipation à un musée... comment ce rustre a-t-il osé mettre dans de bâtons dans les roues à un écrivain en mal de sensations fortes ? Un vrai scandale !
Patricia Cornwell n'est absolument pas objective et ça dessert énormément son propos.
Elle apparait comme désespérée (ayant mis une fortune dans la recherche de preuves qui ne sont pas probantes) et de mauvaise foi.
On a l'impression qu'elle présente les faits sans aucun respect pour la vérité pour peu qu'elle puisse les rapprocher de sa théorie.
Au final, plus Patricia Cornwell insistait pour convaincre, en l'absence de la moindre preuve tangible, de la véracité de sa théorie, et plus je doutais de la culpabilité de Sickert. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il était innocent, car je serais bien incapable de donner un avis éclairé sur l'identité de cet homme, mais je ne suis absolument pas convaincu que Sickert se cachait sous le « masque ».
Ce que j'ai bien aimé, en revanche, c'est l'historique des meurtres de Jack l'éventreur, les circonstances de chaque découverte qui montrent à quel point cet homme avait confiance en lui, abandonnant des cadavres presque aux pieds des policiers qui patrouillaient. J'ai aussi aimé la description de la vie dans les bas-fonds de Londres.
Tout ce côté « récit » était vraiment très intéressant. Par contre le volet « enquête » est clairement à revoir et Patricia Cornwell devrait se limiter à écrire des enquêtes de fiction, où elle est sûre du résultat et où elle maîtrise toutes les preuves.
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Basé sur la théorie que le peintre Walter Sickert est Jack l'Eventreur, ce livre rassemble une séries d'éléments commentés par Patricia Cornwell à la lumière des connaissances scientifiques actuelles.

J'avais ce livre dans ma PAL depuis une éternité (la copine qui me l'avait prêté pensait l'avoir perdu, oups!) et je n'ai pas pris la peine de regarder le résumé avant de l'ouvrir, ce qui fait que j'ai été assez surprise, parce que je n'avais pas compris/j'avais oublié qu'on allait se focaliser sur un seul suspect.

Alors sur le principe, ça ne me dérange pas qu'un auteur centre ses recherches sur une personne en particulier si c'est sa conviction qu'il est coupable. Ce qui m'a énormément gênée ici, c'est que Patricia Cornwell présente ses déductions comme des faits avérés, même quand aucune preuve ne le confirme. Et s'agissant d'éléments datant de plus de 100 ans, rarement conservées dans des conditions optimales et donc potentiellement contaminées à un moment ou un autre, je trouve que c'est faire montre d'une excessive confiance en soi que d'être aussi affirmative.

Je n'ai aucune raison personnelle de « prendre la défense » de Walter Sickert. Pour tout dire, je n'avais jamais entendu parler de lui avant lire ce livre. Et effectivement, certains faits sont plus que troublants.

Cependant Patricia Cornwell ne prend pas la peine de nous expliquer comment elle a eu connaissance de certains éléments, ni comment elle a procédé dans ses recherches, ni comment elle en est arrivée à soupçonner Sickert. Il semble aussi très improbable que certaines de ses découvertes n'aient pas été portées à la connaissance de la police ou du public plus tôt, s'agissant d'une affaire ayant autant soulevé les passions que celle-ci. D'où l'intérêt qu'il y aurait eu à détailler un minimum sa méthodologie, d'autant que ça ne lui a posé aucun problème de détailler celle des policiers de l'époque.

Il manque également à ce livre pas mal d'informations qui auraient dû figurer au moins en introduction: un rappel chronologique des faits (tout le monde ne connaît pas par coeur la liste des victimes), un tour d'horizon des suspects potentiels et au moins un résumé du travail de la police. Ici l'auteur se contente de déclarer dès le début que Sickert est le coupable et qu'elle en est sûre. A-t-elle procédé à un travail de recherche pour éliminer les autres suspects? On l'ignore. Quel indice l'a aiguillée sur Sickert? On l'ignore. Est-ce qu'il a été suspecté par la police à un moment ou un autre? On l'ignore aussi. A moins d'aller chercher des informations ailleurs (ce que je n'ai pas fait).

D'autre part, si on en croit l'auteure, à peu près tous les crimes sanglants commis en Angleterre (et même quelques-uns en France et en Belgique) pendant la vie d'adulte de Sickert peuvent lui être imputés avec peu de risques d'erreur. Sur quelles bases? Bah la méthode ressemblait vaguement à celle de l'Eventreur…

Pour ce qui est de la forme, j'ai trouvé ce livre extrêmement embrouillé. Rien n'est chronologique, certaines victimes avérées de l'Eventreur passent à la trappe au profit d'autres pour lesquelles on n'a pas de certitude et il y a de nombreuses digressions (pas inintéressantes, mais ça contribue à perdre le lecteur), par exemple des comparaisons entre la façon de procéder aux enquêtes criminelles au 19e siècle et aujourd'hui.

Pour résumer, ce livre m'a semblé manquer de l'essentiel pour une « enquête » de ce genre: la rigueur. Que ce soit sur le fond ou sur la forme, ce manque de rigueur nuit non seulement au confort de lecture, mais aussi à la crédibilité des théories proposées. Si vous souhaitez lire sur le sujet, je vous conseille de choisir un livre dont le propos soit plus clair que celui développé ici.

Une grosse déception.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Citations et extraits (108) Voir plus Ajouter une citation
Les psychiatres interprètent les états mentaux et les désirs émotionnels d' un patient à travers son comportement et les aveux de ses sentiments et de ses actes. Les médecins des morts, eux, doivent faire ces mêmes interprétations en utilisant le braille des blessures, anciennes et récentes, les résidus présents sur le corps, la manière dont une personne est habillée et où elle est morte. Ecouter parler les morts est un don unique, et cela nécessite une formation hautement spécialisée. Le langage du silence est dur à interpréter, mais les morts ne mentent pas. Il et parfois difficile de les comprendre, et on peut les comprendre de travers, ou ne pas les retrouver avant qu' ils aient cessé de parler. Mais s' ils ont encore des choses à dire, la véracité de leurs affirmations est implacable. Parfois, ils continuent à parler longtemps après avoir été réduits à l' état de squelette...

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La plupart d'entre nous possèdent des fantasmes érotiques qui sont plus excitants que leur réalisation, et l'attente d'un événement nous procure souvent plus de plaisir que l'événement en soi. Il en va de même pour les psychopathes violents qui anticipent leurs crimes.
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Qu'il pleuve ou qu'il vente, les "malheureuses" hantaient la nuit comme des animaux nocturnes, dans l'attente d'un homme, aussi brutal ou répugnant soit-il, qui pourrait se laisser convaincre de dépenser quelques pennies pour s'offrir du plaisir. De préférence, la chose se passait debout : la prostituée relevait toutes ses couches de vêtements en tournant le dos au client. Quand elle avait de la chance, celui-ci était trop ivre pour s'apercevoir que son pénis était glissé entre les cuisses et non pas dans un quelconque orifice.
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Très souvent, plus on questionne un témoin, plus il se remémore des détails, tout comme une personne suspecte invente des mensonges de plus en plus enjolivés et contradictoires, à force d'être interrogée.
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Un charlatanisme perpétué par des médecins affirmait, comme une vérité médicale, que l'orgasme était essentiel pour qu'une femme soit enceinte. Si une femme violée tombait enceinte, cela voulait dire qu'elle avait connu un orgasme durant l'acte et, de ce fait, celui-ci n'avait pas pu se produire contre son gré.
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Vidéo de Patricia Cornwell
Vous l'attendiez, voici enfin le premier épisode du tout nouveau podcast des éditions du Masque : Conversation dans le noir. Chaque jeudi, nous vous proposerons une conversation téléphonique entre éditrice et auteure à écouter sur l'ensemble de nos réseaux sociaux. Dans ce premier épisode c'est Louise Mey qui ouvre le bal avec une conversation passionnante autour des femmes, de l'écriture et du militantisme en temps de confinement. Nous vous souhaitons une bonne écoute !
Extrait lu : https://fal.cn/extraitladeuxiemefemme
Oeuvres citées : Comtesse de Ségur Les quatre filles du docteur March - Louisa May Alcott Fred Vargas Série Kay Scarpetta - Patricia Cornwell Ecriture : Mémoires d'un métier - Stephen King
CRÉDITS : Conversation dans le noir est un podcast des éditions du Masque. Réalisation : Paul Sanfourche. Générique : Longing - Joachim Karud.
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>Criminologie>Délits et crimes>Homicides, crimes sexuels, kidnapping (140)
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