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Critiques de Patrick Amand (27)
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Vive la Commune !

Un cri du cœur.



Rassemblant plus de 20 plumes contemporaines, ce recueil de nouvelles mettant en scène des acteurs majeurs ou anonymes de la Commune de Paris est un très bel hommage en forme d'initiation à cet événement capital de l'histoire de l'émancipation humaine.



Souvent des femmes, les personnages mis en scène à travers des poèmes ou des textes courts redonnent vie à ces quelques semaines où plus que jamais l'espoir a eu droit de cité entre les murs de la capitale... avant la derniere, la "Semaine sanglante" et son anéantissement dans un bain de sang.

Agrémenté de gravures et de reproductions d'époque, un livre agréable et nécessaire.



Publié en 2021, à l'occasion des 150 ans de la Commune.



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Brigadistes !

A l'occasion du 80ème anniversaire de la création des Brigades Internationales, les Editions du Caïman s'associent aux Amis des Combattants en Espagne Républicaine (ACER) pour nous offrir un recueil de nouvelles noires, Brigadistes! préfacé par Cécile Rol-Tanguy. Le cahier des charges est le suivant: « L'angle des nouvelles est libre : univers violent de la Guerre d'Espagne, regard tragique et pessimiste, aspect politique, complexité, mais aussi solidarité Internationale, histoires d'amour, collectivisme, vie artistique... tout cela en lien avec les Brigades Internationales ». Les 20 collaborateurs, auteurs comme Patrick Bard, Didier Daeninckx, Michel Embarek, dessinateurs comme Bruno Loth, musiciens comme Cali, nous livrent des histoires personnelles ou non sur ces volontaires venus du monde entier se battre aux côtés des Républicains espagnols.

Brigadistes est un recueil homogène, riche de souvenirs de famille, de rencontres, d'amitiés, de lectures, qui fait revivre pour le lecteur le Bataillon Commune de Paris, le Winnipeg, la compagnie France Navigation, la Retirada…

Brigadistes!, en vingt nouvelles de qualité, rend un bel hommage aux 35.000 volontaires de 53 nationalités, dont beaucoup payèrent au prix fort leur engagement. Elles nous permettent aussi de faire connaissance avec des auteurs moins connus dont on a hâte de lire les ouvrages, je pense à Patrick Fort dont la nouvelle intitulée "Els ombres del coll dels Belistres" m'aura beaucoup touchée. On espère que cette belle initiative trouvera l'écho qu'elle mérite.

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Franco la muerte

Vingt nouvelles autour de la figure du dictateur espagnol.

Vingt nouvelles contre l'oubli.

Des textes forts, engagés parfois, rageurs souvent.

Car plus de 40 ans après la mort de Franco, le nationalisme a toujours beau jeu. Et pas qu'en Espagne. Partout en Europe et ailleurs il égraine son mépris des autres, de l'étranger. Partout il sème son dégoût des différences, sa haine pur et simple. Partout il me fait honte.

Ces 20 nouvelles sont salutaires, aujourd'hui encore plus qu'hier.

Elles nous rendent vigilants.

Nous redonnent de l'espoir en l'Homme, en l'Humain.

Vingt texte nécessaires.

Un grand merci aux auteurs et à l'éditeurs pour ce choix risqué quand on sait que le format de la nouvelle n'est pas très lu en France.

Un recueil à acheter, à transmettre, à faire circuler et à lire de toute urgence.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Au-delà des colères muettes

Depuis quelques années les éditions du Caïman font paraître des recueils collectifs à thématiques historiques. « Vive la Commune » par exemple, le très recommandable « Brigadistes » sur la guerre d'Espagne, tous deux avec un beau sommaire.

« Au-delà des colères muettes » s'intéresse à la guerre d'Algérie et à la colonisation. Encore une fois la liste des vingt-cinq autrices et auteurs est alléchante.



Rouchdi Berrahma signe un texte puissant avec une histoire simple : un engagement politique, une exécution. Cette nouvelle, écrite par un auteur né en 1990 est une des plus impressionnantes du livre, surtout elle questionne sur ce qu'est l'engagement et sur ses limites.

Encore cette question de l'engagement avec la courte nouvelle de l'historienne Éloïse Dreure qui sort de l'oubli la militante communiste Maya Malamant, haïe avec ses camarades parce qu'elle remettait en cause l'équilibre colonial. L'histoire est écrite sur fond de guerre d'Espagne et de montée générale du fascisme.

Le reporter José-Alain Fralon raconte son enfance algérienne dans un contexte de peur, d'attentats ; puis son retour en 1972 dans un pays qui n'est plus le sien mais où tous ses souvenirs reviennent en carambolage.

Dans « OAS contre DS », François Muraret nous raconte l'attentat du Petit-Clamart au travers de l'histoire d'un inspecteur, Antoine Sintès, frère du peintre René Sintès enlevé et tué par l'OAS en 1962. Enquêtes, filatures, pots de vin, embuscades, coups de feu, etc, une quinzaine de pages palpitantes.

Quant à Ahmed Tiab, sa description de la jeunesse oranaise du début des années 50 est d'une rare violence.



Thomas Cantaloube nous emmène en Guadeloupe, période gaulliste, sur fond de racisme quotidien, loin des hôtels à touristes. Avec des émeutes ancêtres de celles que l'on voit régulièrement réapparaître.

La présence de Didier Daeninckx est ici une évidence tant il a œuvré à intégrer dans le polar les thèmes de ce recueil, la colonisation et la décolonisation, les formes d'oppression, le racisme, etc. Il évoque, il rappelle à nos memoires comme souvent, dans deux textes courts regroupés sous le nom « Éliminations coloniales », l'assassinat d'un journaliste martiniquais et le massacre de Thiaroye au Sénégal. C'est, comme souvent avec lui, sobre et juste.

Dans « Sans valise ni cercueil » de Marion Chemin, une habituée des recueils tendance rock'n roll, une femme parle à son père mort, lui demande des comptes sur ses actes, sur ses silences et ses secrets. En moins de dix pages c'est toute la violente histoire des rapatriés qui éclate, avec dans l'écriture une rare et froide colère. Ce texte résonne avec le livre « Papa, qu'as-tu fait en Algérie ? » de Raphaëlle Branche, préfacière de ce volume.



Les récits sont de plusieurs formes, en plus des nouvelles classiques, on trouve quelques poèmes, dont un acrostiche de Laurence Biberfeld.

Sous la forme du journal intime, Frédéric Bertin-Denis, livre un récit hallucinant de la transformation d'un jeune paysan appelé du contingent et coincé sous les ordres d'une ordure alors qu'il pensait partir à la découverte d'un pays et y apporter la paix. Ses yeux se dessillent à la découverte de la violence des officiers à l'égard de pauvres gens dans lesquels il se retrouve.

Autre curiosité : l'étonnant roman-photo de Patrick Amand qui ouvre le livre et dans lequel il raconte l'histoire de son père âgé de 21 ans en 1956 qui m'a rappelé le destin de Georges Perec à la même époque.

Patricia et Rachel Mazuy évoquent elles aussi leur père en mélangeant leurs propres questions aux lettres échangées avec leur mère durant une hospitalisation suite à ses mois de combat. C'est une fois de plus le silence qui est intérrogé ici.



Le choix, intelligent, du classement alphabétique ignore toute hiérarchie dans les différentes participations. Si tout ne se vaut pas, on est sûr de ne rien laisser de côté, et de faire de belles découvertes.

La variété donne aussi une image plus proche des gens d'en bas protagonistes de ces histoires qui bien souvent ont, au mininum, subit l'Histoire ; ce qui se répète malheureusement encore et toujours.



Cet « Au-delà des colères muettes » est illustré par des affiches, des publicités (le savon la perdrix...), des photos et dessins d'époque dont un éloquent dessin de Jean Effel ; et bénéficie d'illustrations réalisées exprès. Là encore la liste est riche, Tardi, Gros, Deloupy, Plop & KanKr, etc, avec un très beau frontispice de Fred Sochard.
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Franco la muerte

La babéliote Caducrot a fait une bien juste critique de ce recueil de textes .



Le caudillo est enfin mort , la censure s'adoucit , la parole se libère , l'idée de fêter ça , se répand ..... c'est ce livre , oeuvre d'un collectif d'auteurs .

Recommandé auprès du " Très Haut " par une bonne partie de l'épiscopat espagnol , Francisco Franco Bahamonde devrait se la couler douce chez Saint Pierre , Heureusement , Lucifer s'est empressé de l'accueillir avec les honneurs et de le faire griller comme il se doit ...... il grille , il grille sur un grill adéquat et peu à peu sa peau prend les couleurs du drapeau espagnol , rouge , jaune rouge etc ... ça lui rappelle de bons souvenirs .



L' heure n'est plus au Flamenco

Déshonoré Mister Franco

Nous vivons l'heure des couteaux

Nous sommes à l'heure de Grimau



Que t'importe les procédures

Qui font des ombres sur le mur

Quand le bourreau bat la mesure



Franco la muerte ****************** Chantait Léo Ferré



Les anciens phalangistes , les tenants de l'extrême droite espagnole crient un peu moins fort .... pédale douce ... ! : Puede ser que volveran los anarquistas ( il se pourrait que reviennent les anarchistes ) Y en a pas un sur cent , mais pourtant ils existent !



Il y a encore des nostalgiques du franquisme , des adorateurs de la croix gammée , des amoureux du fascisme et du chant " Cara al sol " , ce livre est aussi là pour nous remettre en tête cette vérité , pour qu'on ne l'oublie pas , pour que cette histoire ait pris définitivement fin .





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Franco la muerte

« Le temps a passé, la détestation est intacte. Et l'envie d'écrire immédiate. Franco, les garrots, les fachos, les cocos, les nanars, les Basques, les toubibs, les courtisans, les bigots : Vingt auteur(e)s entament ici la grande parade des règlements de compte ». Pour marquer les quarante ans de la mort de Franco, Arcane 17 a commandé l'écriture de vingt nouvelles qui racontent ou réécrivent l'Histoire, qui rendent hommage aux combattants, qui cherchent à prévenir, enfin, de ce qui menace encore. Tel l'hydre, les têtes coupées du franquisme repoussent, d'autant plus facilement que le Caudillo est mort dans son lit honoré.



Ce sont donc vingt nouvelles longues de deux à dix pages, qui rassemblent des écritures très personnelles et variées ; à elles seules, elles dévoilent les émotions des auteurs face à ce personnage et à cette période : Franco dit la Muerte car tellement en accointance avec la torture et l'assassinat qu'il en est imprégné. Il s'agit alors d'écrire les histoires des résistants républicains assassinés, ou celles de leurs proches qui ne se sentent en paix qu'avec la mort du Caudillo en 1975. Ou de raconter, et le ton est alors plus historique, la journée du 20 décembre 1973 date à laquelle Luis Carrero Blanco, héritier présumé de Franco, explose dans un attenta de l'ETA. Ou encore de se venger rétrospectivement de Franco sur un mode plus humoristique, quoique noir toujours, en imaginant des attaques contre el valle de los caidos. De se mettre dans la peau de Franco, ou dans celles de fachos plus contemporains. Les approches du thème sont finalement très diverses, traitées comme des polars, des romans historiques, des romans de société ou des échanges épistolaires. Les réflexions personnelles, presque autobiographiques sont fréquentes. Les nouvelles sont un peu tout cela à la fois sans doute et c'est ce qui fait la richesse de ce recueil : donner une vision plurielle, historique et actualisée de cette histoire qui hante les peuples des deux côtés des Pyrénées.



Les vingt auteurs se prêtent au jeu avec justesse et nous font entrer dans leurs univers. Ce recueil est finalement l'occasion de les découvrir ou de les retrouver pour aller ensuite vers leurs œuvres personnelles (lesquelles nous sont d'ailleurs recommandées à chaque fin de chapitre).
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Brigadistes !

Brigadistes! Un magnifique recueil de nouvelles qui ont toutes un même objectif: rendre hommage à ces membres des Brigades Internationales qui voulaient, en dépit de leurs différences idéologiques, lutter contre le fascisme durant la Guerre D'Espagne. De très beaux textes et de belles pépites à découvrir aux Editions du Caïman!
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C'est l'anarchie !

cc amis lecteur . l'anarchie est un monde qui peut faire peur , mais si un recueil de texte qui as ce thèmes vous attirent , n'hésiter pas a foncer le lire . c'est textes sont très faciles a lire , très bien écrit et les auteurs qu'on y retrouvent sont de bonne qualité ce qui du coup rend la lecture de ce recueil de bonne qualité . donc des textes écrit par des auteurs de qualité + une maison d'édition qui bosse tés bien et qui elle même fait de la qualité cela donne en tout un super livre . amis lecteurs foncer sur la lecture de ce livre et pour tout cas, je vous souhait une bonne lecture les amis
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C'est l'anarchie !

Y’en a pas un sur cent et pourtant ils existent… chantait Léo Ferré. Et bien oui, ils existent, il y en a au moins eu vingt des anarchistes puisque le recueil de nouvelles noires C’est l’anarchie ! est composé de vingt nouvelles chacune dédiée à une figure de l’anarchie1. Ça en fait même un peu plus que vingt, vu que certains auteurs ont triché et dédié leur nouvelle à plusieurs personnes, sans compter que je ne jurerai pas qu’il ne s’en cache pas également un ou deux parmi les auteurs et les autrices…



C’est l’anarchie! est un recueil de nouvelles noires paru en 2020 aux éditions du Caïman dans la collection Noires Nouvelles. Mais si, je vous en ai déjà parlé de cette collection, au sujet de Mai 68. Et mon petit doigt me dit qu’il se pourrait que je vous en cause de nouveau dans les temps à venir. Malgré sa date de sortie, C’est l’anarchie! n’est pas consacré à la gestion de la crise sanitaire par nos puissants (sinon il aurait été intitulé « C’est l’anomie! » ou même « C’est l’ignominie ! », voir simplement « C’est le capitalisme! »), mais à une partie de celles et ceux qui ont consacré leur vie à foutre des bâtons dans les roues de ces puissants, et par bâtons s’entend bien souvent bâtons de dynamite.



On pourrait discuter du choix de traiter le sujet de l’anarchie par le biais de « figures » du mouvement, sachant que le rejet de la figure tutélaire est un des fondements de ce courant (à la notable exception de la nouvelle de Patrick K. Dewdney dédiée à « une infirmière de Manacor », cinq en fait, qui pousse le refus de la personnalisation jusqu’à ne pas leur donner d’identité tout le nom de la nouvelle pour ne les dévoiler qu’en postface), ou on pourrait aussi arguer du fait que c’est le revers de la stratégie d’une partie de ce courant politique: la propagande par le fait, autrement dit l’action à valeur exemplaire. On pourrait discuter beaucoup de choses sans que ça n’ait grand intérêt, par exemple le fait qu’il n’y ait qu’un auteur à avoir choisi une figure active après la seconde guerre mondiale pour sa nouvelle (May Picqueray par Serge Utge-Royo), ce qui ne manque pas de donner une certaine impression de traiter d’un sujet appartenant au passé et non d’un courant toujours bien vivant (même si d’autres nouvelles entrent en réalité en résonance directe avec l’actualité, comme celle de Michel Embarek sur Jean-Baptiste Martenot ou celle de Nadia Khiari sur Max Stirner).



On pourrait donc, mais ce n’est pas mon genre. Parlons plutôt contenu. Contrairement à Des nouvelles de Mai 68, nous n’avons pas le droit cette fois à autant d’illustrations que de nouvelles (le recueil est par contre dédié au dessinateur de BD Fabien Lacaf, mort avant d’avoir pu y participer), mais ça ne veut pas dire que cet ouvrage est avare de bonnes surprises et de diversité de formes.



Nous avons comme toujours dans ce type de recueil cinquante nuances entre le documentaire et la fiction, de la « nouvelle documentaire » qui ressemble vraiment à une tranche d’Histoire à la fiction s’appuyant sur des faits historiques en passant par les « faits romancés » fictions qui sont en réalité des histoires au service de l’Histoire. Gilles Del Pappas autour d’Albert Libertad nous ramène aux canons d’origine du roman noir avec un crime (?), une demoiselle qui sollicite un détective privé, une enquête… une nouvelle digne d’un hard-boiled2.



Différents types de nouvelles donc, mais vous me direz qu’il en faut plus pour vous surprendre? Ça tombe bien, il y a bien plus dans ce recueil, jugez plutôt: Patrick Amand (le directeur de la collection) nous offre une lettre (-fiction) d’Émile Cottin alors que Patrick Bard et Serge Pey ont carrément rédigé des poèmes (autour d’Emiliano Zapata et Victor Pey). Quant au réalisateur Tancrède Ramonet, c’est logiquement un scénario de court-métrage qu’il nous propose. Les nouvelles de Michel Embarek, Michèle Pedinelli (sur Sante Geronimo Caserio) et du philosophe Normand Baillargeon sont plus classiques dans leur forme, mais sont l’occasion de découvrir chacune une chanson anarchiste pour les deux premières et un poème de Voltairine de Cleyre pour la troisième. Enfin, si l’aspect graphique vous importe beaucoup, Rachel Mazuy (autour de Marcel Vergeat et Jules Lepetit) vous propose un dessin issu du journal Le libertaire ainsi qu’une photo d’époque (pour savoir quelle époque, lisez sa nouvelle) autour de laquelle tourne sa nouvelle.



Le tout est agréable à lire, nous fait voyager dans le temps et l’espace, partager bien des aventures et des révoltes, des combats qui ne demandent qu’à être perpétués. On en redemande à la fin. Des nouvelles à lire comme des luttes à mener.



Titre: C'est l'anarchie!

Auteur:Collectif (direction Patrick Amand, préface Gérard Mordillat)

Éditeur: Éditions du Caïman (collection Noires Nouvelles)

Date de parution: 26/05/2020

ISBN:978-2-919066-82-7



Dans la même collection sur ce blog: Des nouvelles de Mai 68



1 C’est le terme utilisé en 4è de couverture, pas le mien.



2 Je me rends compte de ce qu’il y a de contradictoire à comparer cette nouvelle aux romans américains alors que les deux inspirations aussi visibles que revendiquées sont des romans personnages de romans français et espagnol, mais la comparaison n’en est pas moins légitime.


Lien : https://romancerougenouvelle..
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C'est l'anarchie !

Bonjour mes Lecteurs,







Voici de bien noires nouvelles que je viens vous chroniquer en retour de lecture.



Merci aux éditions du Caïman.





Ce recueil est dédié à un auteur de bande dessinée tragiquement disparu dans un accident de la route en 2019 qui devait participer à cette édition où sa nouvelle aurait fait bonne figure  Il s'agit de Fabien LACAF. Saluons sa mémoire.





Ça démarre sur des chapeaux de roues avec une préface signée Gérard MORDILLAT. Bourrée de références historiques, de citation célèbres, et ce titre "A noir" qui débute formidablement cette préface et que l'auteur a emprunté à Arthur Rimbaud. Comme Gérard le dit lui-même : "Je ne connais qu'un anarchiste pour être capable de vivre en accord avec ses convictions politiques et philosophiques". Magnifique !







Parmi les auteurs, le premier à se lancer est Patrick AMAND, déjà un habitué des éditions précédentes, qui vient écrire sur Emile Cottin, familièrement appelé "milou", ce militant anarchiste français des années 20 qui va fomenter un attentat contre Georges Clemenceau. 



Normand BAILLARGEONS, le philosophe, enchaîne avec une nouvelle sur Voltairine de Cleyre, militante et théoricienne anarchiste américaine.



Patrick BARD, écrivain et photographe, nous parle tout en poème d'Emiliano Zapata, un acteur principal de la révolution mexicaine de 1910.



Laurence BIBERFELD nous romance les faits de Lucy Parsons, anarchiste américaine révoltée des années 1920.



Didier DAENINCKS qui a choisi d'écrire sur Ernst Toller, un écrivain et poète allemand, militant socialiste et proche du mouvement anarchiste. 



Gilles DEL PAPPAS nous narre une fiction sur Albert Libertad, militant libertaire et anarchiste français et fondateur du journal "l'anarchie" dans les années 1900.



Patrick FORT, une nouvelle documentaire sur Carl Einstein, anarchiste de la révolution sociale espagnole de 1936 qui intégra la colonne Duruti. 



Alice JACK qui a trouvé l'inspiration auprès de la grande Germaine Berton, militante syndicaliste et anarchiste française des années 1920.



Rossa MOUSSAOUI consacre sa nouvelle à Emilie Busquant, féministe militante anarcho-syndicaliste qui serait à l'origine du drapeau algérien.



Michèle PEDINIELLI nous raconte la fin de Sante Geronimo Caserio, anarchiste italien qui sera guillotiné pour avoir poignarder mortellement le Président Carnot.





Ceux cités plus haut ne sont qu'un panel représentatif car au total, ce sont vingts auteurs qui ont été sollicités pour écrire sur le sujet imposé de l'anarchisme au travers de ses figures les plus connues. Tous nous régalent de superbes nouvelles et ils peuvent être fier du résultat ! Vous allez découvrir beaucoup de militants du siècle dernier, de tout pays qui revendiquent tous un seul et même mouvement ou courant : le libertaire, soit l'ordre social absolu.





Parce qu'on a tous ce petit quelque chose en nous qui nous pousse à nous exprimer et manifester librement, rien de tel pour que ce bouquin soit lu d'aller le brandir sur le balcon en criant : "C'est l'anarchie !" : Vous ferez des heureux !





Bonne lecture, amis Lecteurs ! 
Lien : http://lecturechronique2.com
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Gurs 10.39

Né en 1970 à Poitiers, Patrick Amand après des études de droit occupe différentes fonctions dans sa ville avant de devenir responsable de l’administration de la Médiathèque. Président de l’association « L’instant Polar », il publie ces jours-ci son second roman.



Un polar donc, avec Gregorio Valmy le privé, héros récurrent de Patrick Amand si j’ai bien compris. L’action se déroule dans la région de Poitiers et débute par une enquête banale sur les circonstances du décès d’un vieil homme, trouvé mort au pied de son châtaignier, tombé de son échelle très certainement, mais son fils a quelques doutes. Ce premier mort dans une région qui semble calme habituellement créé l’évènement, mais quand d’autres cadavres vont être retrouvés les uns après les autres, pendus dans divers endroits de la ville, l’affaire prend une ampleur majeure.



Gregorio Valmy prend désormais l’enquête au sérieux, fouinant à droite et à gauche, usant d’amitiés anciennes pour accéder à des dossiers administratifs et d’un « adjoint » peu regardant sur la légalité pour obtenir des informations cachées. De fil en aiguille, la piste remonte le temps et entre dans l’Histoire, celle de la guerre civile en Espagne, des Brigades Internationales et des camps d’internement en France durant cette époque trouble, de 1936 à 1944. Alors que la police recherche un serial killer, Valmy est sur la piste d’une vengeance qui trouve sa motivation dans le passé.



Patrick Amand a écrit un polar très français dans le style, pour ne pas dire carrément « franchouillard » et je pense qu’il doit le revendiquer, comme sa marque de fabrique. On peut y voir un hommage à Léo Malet (1909-1996) ou Frédéric Fajardie (1947-2008) peut-être, on peut aussi trouver cela un peu lourd parfois. Le privé qui picole beaucoup et mate le cul des serveuses, le commissaire Castelli et ses hommes, lourdauds et pas malins, « Ce gros con de Castelli », on connaît par cœur tous ces clichés qui sont aussi les repères basiques autant que classiques du polar bas de gamme.



L’enquête se traîne un peu, sans rebondissements spectaculaires mais par des avancées au bonheur la chance qui font dire à Valmy « Je ne sais pas si on va avoir du bol longtemps comme ça… ». Des digressions viennent épaissir le roman, comme les « exploits » sexuels de son compère ou une scène désopilante dans un collège avec un proviseur qui veut qu’un élève beur descende de l’arbre où il est perché et cherchant une réplique imparable annonce « … ils s’obtempèrent ! » qui se comprend aussi comme « zob ton père ! », d’où quiproquo. Pas très fin, mais drôle quand même.



Néanmoins le volet historique est très instructif et mériterait qu’on s’y attarde par ailleurs, ce qui sauve ce roman de la médiocrité. Je pense que l’auteur devrait abandonner la veine de la gaudriole qui est dépassée sous cette forme de nos jours, trouver un ton plus profond et continuer à écrire des polars avec un fond historique.



Le roman n’est donc pas mauvais, mais il n’est pas non plus inoubliable en l’état. Le côté positif, c’est que je suis certain que Patrick Amand peut faire mieux.
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Brigadistes !

Les habitués du blog commencent à connaître le principe de cette collection, les autres pourront se reporter à ce que j’en disais au sujet de 50 ans après, des nouvelles de Mai 68 ou de C’est l’anarchie!. Côté auteurs et autrices… ah non, auteurs seulement! Bref, pas besoin de s’étendre, vous m’aurez compris. Côtés auteurs donc, on retrouve pas mal des habitués de la collection et donc de la première ligne de la littérature noire française actuelle. On retrouve surtout beaucoup de personnes qui ont déjà écrit sur la guerre d’Espagne (comme Maurice Gouiran, Ricardo Montserrat, Jean Ortiz, Philippe Pivion, les 3 Patrick: Amand, Bard, et Fort… ) mais qui ont aussi chanté à ce sujet (Pierre Domengès, Pascal Gabay, Tomas Jimenez, Serge Utgé-Royo, ou, peut-être plus inattendu ici, Cali, lui-même petit-fils de brigadiste) sans oublier les bédéistes Fabien Lacaf et Bruno Loth (qui sur notre sujet du jour est tout à la fois scénariste, illustrateur et éditeur de la série Ermo). Bref, des gens qui maitrisent un peu le sujet.



Brigadistes! n’a cependant pas vocation à être un ouvrage historique sur les Brigades Internationales. Il s’agit d’un recueil de nouvelles noires qui joue pleinement son rôle de nouvelle littérature réaliste qu’est la littérature noire. Ni historique ni hagiographique, le recueil donne au travers de différents parcours, différentes péripéties, un aperçu du vécu des brigadistes, de leurs souffrances, leurs espoirs et leurs désillusions, les solidarités et les divisions, les fidélités et trahisons…



Outre le plaisir de quelques textes à l’écriture particulièrement savoureuse, j’en garde le souvenir de quelques angles originaux comme Gilles Del Pappas qui nous narre une rocambolesque contribution de Marius Jacob au combat des brigadistes, la note punk 77 de Domengès, la touche sports populaires de Patrick Amand ou Roger Martin qui aborde la trop méconnue participation de noirs américains (et le soutien de certaines de leurs stars)…



Je n’en dirai pas plus car tout ce que je pourrais écrire sur le recueil sera moins intéressant à lire que le recueil lui-même. Fermez donc cette page et allez acquérir Brigadistes!.



Critique extraite d'un article publié sur le blog R2N2 à l'occasion de la mort de Josep Almudever Mateu, dernier membre encore en vie des Brigades Internationales.
Lien : https://romancerougenouvelle..
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Je servirai la liberté en silence

La Kronik d'Eppy

Je découvre cet auteur par ce livre qui est son troisième roman.

J’y fais la connaissance de son détective Grégorio Valmy originaire, comme l’auteur, de Poitiers.

L’histoire :

Grégorio Valmy, qui vient de se faire larguer par sa compagne, part se changer les idées chez son ami Jean-Paul Sitruc, journaliste au quotidien La Dordogne Libre et qui habite la jolie ville de Périgueux.

Jean-Paul doit couvrir pour son journal les festivités liées au Festival Mimos (festival international du Mime) et traîne avec lui Grégorio afin de lui changer les idées.

Notre détective croise une charmante Capitaine de Police qui lui fait bien vite oublier ses peines de cœur.

Jean-Paul étant occupé, et se refusant à laisser le déprimé seul, il le présente à son ami Laval

Palindrome, agrégé d’histoire, ancien professeur, devenu bouquiniste dans un cadre exceptionnel face à la superbe Cathédrale St Front.

Laval fait découvrir les produits régionaux d’exception au déprimé qui lui est confié et qui apprécie particulièrement les spécialités liquides de mon cher Périgord. Il faut dire que du Pécharmant, aux Bergerac, en passant par les Monbazillac il y a de quoi satisfaire tous les palais, même les plus exigeants.

Mais voilà qu’un meurtre est perpétré.

Axel Blancart, le conseiller artistique de Minos est la victime. Et du coup ça se complique car il est le frère de Simon Blancart. Simon est conseiller municipal de Razac S/L’Isle, commune voisine de Périgueux, et surtout candidat à l’élection partielle législative. De plus les frères sont les petits-fils d’une figure locale de la résistance. Et nous voilà replongés dans ce passé sombre et douloureux de notre histoire avec un grand H.

Ce meurtre donne l’occasion à Grégorio de revoir Claire St Martin, le Capitaine de Police qui lui a tapé dans l’œil et qui n’est pas insensible à son charme. Les voici qui enquêtent, chacun de leur côté, puis qui mutualisent leurs informations.

Grégorio, dans ses recherches, est aidé, en plus de Laval par des personnes rencontrées chez ce dernier : Léopold Turland, dit La Praline, anarchiste notoire, Léonce Carbona 92 hivers ex-résistant, ex-flic, la mémoire de ce passé qui ressurgit. Et Wlad, un polonais de passage plein de bonne volonté. Une sacrée équipe de pieds nickelés !

Saint-Martin pour sa part a deux fidèles lieutenants sur qui elle sait pouvoir s’appuyer : Levrault et Güleken, dits Teddy Ted et L’Apache.

L’enquête se complique encore un peu lorsque Simon Blancart disparaît à son tour.

Le meurtre, pour être compris et élucidé, va mettre en lumière des pages peu glorieuses de notre histoire. Plus particulièrement la période de fin de guerre et la sinistre BNA qui a tant fait souffrir le Périgord et dont mon Grand-père m’avait beaucoup parlé lorsque j’avais la chance de l’avoir encore.

Puis le meurtre élucidé, la raison d’Etat mettra un joli couvercle sur la vérité… Et présentera à la presse une version toute personnelle comme conclusion à l’affaire.

Ce roman nous replonge dans l’ambiance puante du 93 de la rue Lauriston. Nous permet de revoir à l’œuvre Henri Lafont et sa bande de voyous. De découvrir le parcours d’Alexandre Villaplane, qui de Capitaine de l’équipe de France de football est devenu l’un des pires collabos, membre actif de la BNA. La BNA (Brigade Nord-Africaine), créée par Lafont, est un ramassis de voyous de la pire espèce ayant rejoint la Gestapo pour leur enrichissement personnel. Ce roman nous fait découvrir les exactions commises en cette fin de guerre par cette troupe d’hommes sanguinaires et sans moral qui ont tué et torturé femmes, enfants et vieillards en plus des résistants.

Nous allons constater que le communisme très présent en France, et en particulier dans ce Périgord « rouge » surnommé la Petite Russie en 1944, inquiète et est sous surveillance.

Cette montée du communisme conduira le gouvernement français à lancer le 7 septembre 1950 l’opération « Boléro-Paprika » visant à arrêter les principaux dirigeants communistes espagnols établis en France et les communistes d’autres nationalités, membres supposés de la cinquième colonne.

Nous allons également découvrir, sans surprise, que les méchants ne sont pas tous punis et que l’Etat français, lorsque le nouvel ennemi est devenu de couleur rouge et que la paranoïa était à son comble pendant la guerre froide, en a recruté bon nombre.

Pour ma part j’ai découvert ce qu’étaient les réseaux Stay-behind *.

En revanche je dois avouer que j’ai eu du mal à rentrer dans ce roman. La période contemporaine du début, les descriptifs d’une ville que je connais par cœur, tout comme la Région, étaient pour moi trop longs je m’y perdais et m’y ennuyais. Je pense que c’est dû justement au fait que le roman se déroule « chez moi ».

En revanche j’ai été passionnée par toute la partie historique remarquablement documentée qui a fait écho à mes souvenirs personnels pour partie, mes deux grands-pères ayant vécu cette période, mes grand-mères également, qui ont pris des risques fous pour nourrir les maquisards qui se terraient dans les bois…

J’y ai également appris beaucoup sur cette période et ce qui en a découlé*.

Je vous suggère, à la lecture de ce roman qui mêle personnages fictifs et réalité, de pousser vos recherches personnelles. Des notes de l’auteur en fin de roman vous donnent de bonnes pistes à approfondir. Il y en a bcp d’autres lorsque l’on creuse.

Pour conclure, et c’est personnel, j’aurais préféré un roman purement historique. J’ai eu du mal à adhérer aux personnages contemporains du récit.

Mais comme toujours cet avis n’engage que moi et il me semble judicieux que vous vous fassiez le vôtre.
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Au-delà des colères muettes

J’avais prévenu dans la chronique de Vive la Commune!, la collection Noires Nouvelles a « tendance à s’améliorer chaque année ». Vu que dès le premier opus chroniqué icigo, je me suis montré très enthousiaste, le suspense est faible sur ce que j’allais dire du dernier, Au-delà des colères muettes, consacré aux colonisations et surtout décolonisations et sorti en 2022 à l’occasion des 60 ans de la fin de la guerre d’Algérie et de l’indépendance du pays.



La formule faisant la réussite de la collection est inchangée, différents auteurs reviennent sur des événements historiques autour d’une thématique commune par le prisme de la nouvelle noire. Il y a cependant une différence avec la majorité des précédents recueils de la collection: le thème ne porte pas cette fois sur des événements restreints à une période précise et plus ou moins à une zone géographique contrainte comme c’était le cas avec Mai 68, la guerre d’Espagne ou la Commune de Paris. La colonisation et les mouvements de décolonisation concernent en effet l’ensemble des continents et s’étalent sur un temps relativement long, se rapprochant plus en ce sens de Vive l’anarchie! mais je trouve que la variété du thème est mieux exploitée cette fois-ci.



Pour les atouts majeurs de ce recueil, j’ai peur de me répéter avec les précédentes chroniques donc je me contenterai de dire que j’apprécie toujours autant la variété des auteurs et autrices (variété tant dans les disciplines dont ils et elles sont issus que des styles littéraires, générations, origines, puisqu’un certain nombre vivent ou ont vécu dans des colonies ou anciennes colonies), celle de la forme prise par leurs textes (je ne vais pas cette fois toutes les détailler mais on retrouve des nouvelles, des poèmes, mini romans-photos…) et de l’iconographie.



Ce recueil démontre encore une fois l’efficacité de la littérature noire quand il s’agit de traiter de sujets graves sans les précautions empruntées qu’ont souvent les non-fictions qui sur un tel sujet auront tendance à tellement s’introduire (quant au terrain glissant abordé, à son étendue, les risques de ceci ou cela) qu’à la fin l’introduction ne s’introduit plus qu’elle-même. Ce n’est clairement pas le livre feel-good qui vous fera oublier l’actualité, mais c’est vraiment un super bouquin, très complet et malgré tout, d’une certaine manière, ludique à lire (par exemple, La fête du commandant d’Anouk Langaney ou Jojo prisonnier des paras de Serge Utgé-Royo ont réussi à me faire rire malgré le thème).

[...]

Retrouvez l'intégralité de la chronique en suivant le lien ci-dessous:
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Vive la Commune !

Toujours le même principe dans la collection Noires Nouvelles: un thème historique, une palanquée d’autrices et auteurs, chacun·e une nouvelle noire sur ledit thème et plein de belles illustrations au milieu.



En toute partialité, les éditions du Caïman font du vraiment bon boulot avec cette collection et ont même tendance à s’améliorer chaque année.



Je ne manquerai jamais de le rappeler, la littérature noire est une littérature réaliste, et comme en plus cette collection a un caractère historique, cet opus navigue avec tact et élégance entre fiction et textes documentaires, comme en témoignent les sous-titre des nouvelles qui vont de « fiction » (La semaine sanglante d’Antoine Blocier, Le rire de Martin d’Eric Maneval, La dernière dent de Michèle Pedinielli) à des termes excluant justement la notion de fiction (Courbet VS Vendôme de Nadia Khiari aka Willis de Tunis est revendiquée comme « Biographie » ainsi que Camélinat le rouge de Rosa Moussaoui tandis que J’ai photographié la Commune de Paris… Oui madame, oui monsieur ! de Philippe Paternolli est qualifiée de « témoignage post-mortem) en passant par toutes les nuances entre les deux (les “nouvelles documentaires” L’enterrement de Marie Lecointre de Michèle Audin, Les espions de Versailles de Roger Martin et La directrice d’école et le maire de Philippe Pivion, la “romance historique” Les femmes et les enfants d’abord de Laurence Biberfeld, les “faits historiques romancés” de Ni pieux, ni traître d’Odile Bouhier, de Quand il est mort le poète (Gaston Crémieux) de Maurice Gouiran ou encore Les canons de Montmartre de Laurent Mély-Dumortier et Quatorze étoiles pour quatorze morts de Jean-Louis Nogaro, sans oublier La lionne et le géographe de Serge Utgé-Royo) et le directeur de collection Patrick Amand se fend même d’un néologisme aguicheur avec sa “biografiction” Pilotell.



Tous les efforts sont faits pour ne pas lasser le lectorat en variant les formes littéraires puisque, cachées parmi ses nouvelles, on trouvera un exercice épistolaire (Je vous écris au milieu des ruines fumantes… de Didier Daeninckx) deux poèmes (Ce qu’on perd de Patrick K. Dewdney et Poème pour les chaussures d’un communard de Toulouse de Serge Pey) une pièce de théâtre (L’heure de trop de Michaël Dias), une incursion dans l’uchronie (Babylone de Max Obione), une BD (Victorine de Stéphane Tamaillon et Vincent Sauvion), une chanson (Sur la Commune de Serge Utgé-Royo, issue de son album La Commune n’est pas morte !, 3e volet de ses Contrechants… de ma mémoire, à laquelle il faudrait ajouter les nombreux extraits de chants semés au cours des nouvelles) et quelques curiosités qu’il vous faudra lire pour savoir ce que sont une “déambulation historique” (À la source d’Alice Jack) ou une “anti-nouvelle” (Sans nouvelle de la Commune d’Anouk Langaney).



Un remerciement particulier à Serge Pey et Jean-Louis Nogaro qui viennent nous rappeler que la Commune de Paris fut précédée et suivie de nombreuses autres en abordant réciproquement la Commune de Toulouse et celle de Saint-Étienne, à celles et ceux qui sont sortis du 19e siècle pour aborder l’événement historique de la hauteur de quelques décennies après (j’ai surtout en mémoire la grinçante La semaine sanglante d’Antoine Blocier, Vive le Roy ! de Roger Mazuy et La lionne et le géographe d’un Serge Utgé-Royo toujours aussi pertinent).



Autre chose, un livre c’est un objet, pas seulement un assemblage de mots. Ceux de la collection Noires nouvelles apportent un soin particulier à l’iconographie et celle de Vive la Commune est particulièrement riche et variée. Plein de documents d’époques comme des caricatures récentes faisant entrer la Commune et l’actualité en résonance (en ces jours de sauvage répression, retomber sur le dessin de Michel Cambon représentant Emmanuel Macron se faisant tatouer le portrait d’Adolphe Thiers m’a fait particulièrement bizarre). J’avais particulièrement apprécié tous les documents montrant combien l’impact de la Commune est resté important à travers les époques et les pays (de la commémoration new-yorkaise de 1880 aux affiches anglaises de 2016 et 2017 en passant par la plaque de la Place de la Commune de Paris à Hô Chi Minh-Ville ou l’affiche soviétique de Vladimir Kozlinski revendiquant la filiation de la révolution de 1917 avec la Commune). J’avais aussi apprécié de voir que l’engagement des auteurs était allé au-delà de la fourniture de leur texte, plusieurs illustrations étant issues des collections personnelles de certains d’entre eux.



Tatouage présidentiel, dessin de Michel Cambon



Le verdict : un pavé de plus de 400 pages qu’on peut théoriquement lire en plein de petits bouts, mais qu’en pratique j’avais pour ma part englouti à la suite. Un résultat à la hauteur du casting réuni à la fois très varié et hautement qualitatif. À s’offrir, à offrir à celles et ceux qui aiment la littérature noire, à celles et ceux qui y sont un peu rétifs, à celles et ceux qui aiment l’histoire sociale et à celles et ceux qui feraient bien de s’y mettre, à celles et ceux qui beuglent La semaine sanglante sous la douche et qui en soirée préfèrent la Danse des bombes à la Danse des canards.
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Vive la Commune !

Un recueil de nouvelles aussi diverses que leurs auteurs, chacun y trouvera son goût. Toutes commémorent la Commune et participent à raviver son souvenir.

Particularité, la plupart des auteurs ne sont pas des spécialistes du roman historique mais plutôt du polar et du roman noir. Ca donne une tonalité différente, intéressante.

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Gurs 10.39

Gregorio Valmy enquête sur la mort accidentelle du père d'un client en pleine campagne poitevine, une enquête qui va le plonger dans les méandres de l'histoire de la région de 1936 à 1945...



Gurs 10.39 est la deuxième aventure de Grégorio Valmy et aussi le deuxième roman policier de Patrick Amand.Dans ce nouvel opus, le héros prend de la consistance, devient un vrai détective. Les codes du roman noir sont respectés, on boit beaucoup dans ce livre. De plus, le lecteur est entraîné dans les méandres de la guerre civile espagnole, des brigades internationales et aussi des camps d'internements français, dont celui de Gurs dans les Pyrénées orientales.On se laissera donc porter par les tribulations de son héros qui mène l'enquête entre Poitiers et Gurs .... Sur cette toile de fond historique Patrick Amand déroule sa tragédie et peint des personnages tour à tour truculents, désabusés, lâches ou héroïques... Du très bon noir engagé à la française.
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Mexico bronco

Mexique, 2001. Eneko Aggiremutxeggi, ancien avocat reconverti en détective, enquête sur la mystérieuse disparition du fils d'un patron du CAC 40. Assisté par Paco, un garçon de 14 ans vivant dans un bidonville, et poursuivi par Alfredo, un truand local, Eneko se retrouve mêlé à d'étonnants événements impliquant l'Armée zapatiste de libération nationale et son sous-commandant Marcos.

Voici un livre qui décoiffe, si si ! D’abord par son personnage principal au nom imprononçable, Eneko Aggiremutxeggi, un détective basque aux méthodes peu orthodoxes pour ne pas dire singulière. Le contexte et le lieu ensuite, enquêter dans milieu du mouvement zapatiste, il faut être gonflé. Mais rien ne peu visiblement arrêté notre ancien avocat reconverti en détective tout terrain. Et puis dans ce drôle de road-movie, drôle car les situations sont cocasses mais aussi parce que l’auteur j’avoue à un humour décapant, ce drôle de road-movie déganté donc on ne s’ennuie pas une seconde. Il faut dire que tout au long de la balade nous sommes accompagné une ambiance musicale particulièrement léchée. Cette aventure est sans doute improbable voire invraisemblable et pourtant on adhère de bout en bout. Il faut dire que le style de l’auteur colle parfaitement aux situations décrites, c’est vif et enlevé et l’écriture incisive est elle aussi très immersive. Bravo c’est du bel art !


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Je servirai la liberté en silence

Alors qu’il vient de se faire larguer par sa petite amie après une année de vie commune, Grégorio Valmy, détective privé poitevin, décide d’accepter l’invitation de son ami Jean-Paul Sitruc à passer une semaine à Périgueux. D’autant plus que la ville va être en fait pour accueillir le Festival International du Mime. Logé chaleureusement par Gaëlle Sitruc, la femme de Jean-Paul, et les deux enfants bruyants Jacques et Rodolphe, il s’apprête à se changer les idées au calme.



Le lendemain, Valmy accompagne son ami journaliste au centre culturel de la visitation, pour un cocktail inaugural. A cette occasion, Valmy rencontre une superbe jeune femme, et lui fait un numéro de charme, avant d’apprendre qu’il s’agit du capitaine Saint-Martin, qui est arrivée à Périgueux un mois plus tôt. Puis Sitruc emmène son ami chez Laval Palindrome, un ami qui lui expliquera mieux que personne l’histoire de leur ville. Puis en fin de journée, ce fut le vernissage des photographies de Marc Sbolth à la terrasse du café du théâtre.



Le lendemain, Valmy eut droit à un réveil en fanfare. Les deux terreurs viennent lui apprendre la mort violente d’Axel Blancart, le conseiller artistique du Festival. Le corps a été trouvé dans le jardin du Thouin, et présente des traces de violence, des coups de couteau et des marques de strangulation. Valmy n’a pas du tout l’intention de s’en mêler, mais il finit par apprendre que Blancart est le frère du candidat socialiste aux prochaines élections, et qu’il était le petit fils d’un célèbre résistant local de la dernière guerre.



Si ce polar commence de façon tout à fait classique, il devient très rapidement attachant par la suite. Car Valmy va mettre une bonne centaine de pages à plonger dans cette enquête, plus intéressé dans un premier temps par l’histoire du Périgord, et en particulier le passé de ses habitants. Puis en divaguant sur ces interrogations et les noyaux de la résistance, Valmy va faire la connaissance de Palindrome, de Turlan et Wlad. Et comme ce sont de joyeux drilles, ils vont se lancer dans des répliques toutes plus droles les unes que les autres, jouer avec la langue française, cherchant des palindromes ou des anagrammes avec les noms de résistants, et nous donner des moments savoureux et hilarants à lire.



Et ce roman va aller au-delà du simple amusement en nous parlant des exactions avant, pendant et après la guerre, des groupes armés licites ou non, sanguinaires ou non, armés jusqu’aux dents. L’auteur va insérer dans son intrigue des chapitres écrits comme des biographies, dotés d’une véracité faisant penser des extraits de romans d’époque. Et là, on se rend compte de la qualité de la documentation.



Alors, vrai ou pas vrai ? Je répondrai comme les Normands : Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. L’auteur se permet de nous offrir un roman mélangeant les personnages véridiques au milieu d’autres inventés, créant une histoire qui veut montrer voire dénoncer comment sous le prétexte de combat anti-communiste, certains se sont permis toutes les exactions, pendant la dernière guerre mais aussi après.



On avait l’habitude de lire et apprécier des romans de ce type, qui appuient là où ça fait mal, qui font le travail de mémoire, juste pour rappeler à certains que cela a existé. C’est une partie de l’histoire périgourdine qui nous est dévoilée, et au-delà, l’histoire de la terrible BNA (Brigade Nord Africaine) qui a participé à des répressions sanglantes. On peut dire que cela faisait partie des dommages collatéraux de la guerre, mais que dire quand cela a continué bien après ?



Si le ton de ce roman se veut léger et déconneur au début, c’est pour mieux nous faire passer la pilule ensuite. Car les vérités d’un pays sont loin d’être roses, et la France comme beaucoup d’autres a bien des secrets à cacher. La seule différence, c’est qu’on a du mal à se regarder dans un miroir, à avoir le courage d’assumer notre passé. Ce roman comme quelques autres s’avère important à lire. L’auteur en tous cas se range fièrement aux cotés de Maurice Gouiran. Ne le ratez pas !
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Brigadistes !

20 nouvelles par des brigadistes, des historiens des romanciers sur les guerre d'Espagne et les brigades
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