Patrick Mauriès - Dans la baie des Anges .
Patrick Mauriès vous présente son ouvrage " Dans la baie des Anges" aux éditions Gallimard.http://www.mollat.com/livres/patrick-mauries-dans-baie-des-anges-9782070137886.htmlNotes de Musique :
Wolfgang Amadeus Mozart - Concerto for Piano and Orchestra n°23 - 5 - II Adagio
"Partir à la recherche de reliques, de restes sensibles n'est sans doute que le meilleur moyen d'en toucher du doigt la désespérante vacuité."
Souverain, bien droit, le chapeau vissé sur la tête, la moustache lisse et blanche, un je ne sais quoi (mais évident, têtu) de suranné, relevé parfois d'accords bizarres - une chemise parsemée de caractères d'imprimerie vert acide, assortie à la stricte flanelle grise et au gilet rouge -, Piero Fornasetti ouvrait la porte carillonnante de sa boutique (musée ? cabinet ? bazar ?) de Via Brera.
Rien de moins compatible a priori que le petit monsieur strict, à touche de fantaisie, et cette étrange constellation de porcelaines et de plastiques, de paravents et de plateaux, presse-papiers, serre-livres, boutons de manchette, gilets de soie, sections de visages, pupilles exorbitées, obélisques mappemondes, lampadaires cendriers et pancartes...
Souverain, bien droit, le chapeau vissé sur la tête, la moustache lisse et blanche, un je ne sais quoi (mais évident, têtu) de suranné, relevé parfois d'accords bizarres - une chemise parsemée de caractères d'imprimerie vert acide, assortie à la stricte flanelle grise et au gilet rouge -, Piero Fornasetti ouvrait la porte carillonnante de sa boutique (musée ? cabinet ? bazar ?) de Via Brera.
Rien de moins compatible a priori que le petit monsieur strict, à touche de fantaisie, et cette étrange constellation de porcelaines et de plastiques, de paravents et de plateaux, presse-papiers, serre-livres, boutons de manchette, gilets de soie, sections de visages, pupilles exorbitées, obélisques mappemondes, lampadaires cendriers et pancartes...
L'imaginaire architectural occupe, dès ses débuts, une place de choix dans l’univers de Fornasetti ; si l'on excepte même les fresques de jeunesse, plans et élévations de villes ou bâtiments donnent leurs motifs aux nappes de dentelles ou aux verres gravés. C'est que le thème de l'architecture rassemble plusieurs des valeurs essentielles au designer : mathématique, abstrait, épuré, le rendu architectural suppose déjà, a priori, la réduction au jeu du plan et de la ligne, du vide et du plein, la transformation de la masse en aplats et des contours en un réseau de lignes qui se prêtent d'elles-mêmes à l'intervention du graphiste.
Chapitre 3, "Architectures qui chantent"
L'invention débridée de Fornasetti, son refus des contraintes, qui pouvaient se traduire par un chaos apparent, se fondaient en fait sur une passion de l'ordre et de la méthode. Jusqu'à la fin de sa vie, il pouvait ainsi désigner sans erreur la place du moindre de ses treize mille projets, dûment étiquetés et catalogués.
Chapitre 1, "Du disegno au design"
Mais on a tort à ne faire du baroque que pléthore béate, monotone extravagance, car le baroque le plus pur ne se fonde jamais, j’y reviens, que sur la pauvreté, le contraste entre l’or et le plâtre et ne m’apparaît jamais plus émouvant que lorsqu’il transmute, comme dans une volute de stuc, la chaux en lumière. (P.115)
L'imaginaire architectural occupe, dès ses débuts, une place de choix dans l’univers de Fornasetti ; si l'on excepte même les fresques de jeunesse, plans et élévations de villes ou bâtiments donnent leurs motifs aux nappes de dentelles ou aux verres gravés. C'est que le thème de l'architecture rassemble plusieurs des valeurs essentielles au designer : mathématique, abstrait, épuré, le rendu architectural suppose déjà, a priori, la réduction au jeu du plan et de la ligne, du vide et du plein, la transformation de la masse en aplats et des contours en un réseau de lignes qui se prêtent d'elles-mêmes à l'intervention du graphiste.
Chapitre 3, "Architectures qui chantent"
Peut-être d'ailleurs Fornassetti a-t-il d'abord été positivement substantiellement, un collectionneur. Sa maison milanaise - constellée de séries d'assiettes anglaises, proclamait avec force cette passion : le mur de la façade en avait été percé pour installer une collection de verres et cristal taillé et coloré. L'espace des pièces était dévoré par le témoignage d'une autre obsession : celle de l'imprimé, sous toutes ses formes, aberration ravageuse - et assez répandue - dont Fornasertti ne manquait jamais de se moquer ironiquement.
Peut-être d'ailleurs Fornassetti a-t-il d'abord été positivement substantiellement, un collectionneur. Sa maison milanaise - constellée de séries d'assiettes anglaises, proclamait avec force cette passion : le mur de la façade en avait été percé pour installer une collection de verres et cristal taillé et coloré. L'espace des pièces était dévoré par le témoignage d'une autre obsession : celle de l'imprimé, sous toutes ses formes, aberration ravageuse - et assez répandue - dont Fornasertti ne manquait jamais de se moquer ironiquement.
L'invention débridée de Fornasetti, son refus des contraintes, qui pouvaient se traduire par un chaos apparent, se fondaient en fait sur une passion de l'ordre et de la méthode. Jusqu'à la fin de sa vie, il pouvait ainsi désigner sans erreur la place du moindre de ses treize mille projets, dûment étiquetés et catalogués.
Chapitre 1, "Du disegno au design"