Les valises étaient prêtes, la voiture chargée, on allait partir et au tout dernier moment j’ai glissé Ceci est mon corps dans mon sac. Ce roman, ramené par mon amoureux, traînait dans le salon depuis des plombes.
Honnêtement, ce roman m’intriguait. Et me faisait un peu peur. Je craignais le glauque. Mais j’ai fini par me lancer, affronter mes craintes. Avec l’idée de pouvoir ensuite ranger ce livre dans ma bibliothèque au lieu de le voir traîner là, sur le buffet, à chaque fois que je passais devant.
L’intrigue de Ceci est mon corps se situe à Joliet, dans l’Illinois. Une ville dans laquelle je n’ai absolument pas envie de m’arrêter. Si un jour, je devais aller me promener du côté de Chicago, je pense que je ferais une grosse croix sur une carte, un panneau de sens interdit, un gros warning ou même un coup de tipp ex sur Joliet, pour éviter à tout prix de passer à proximité de cette ville, au cas où je tomberais en panne et que sois obligée d’y faire une halte.
Ceci est mon corps est le premier roman de Patrick Michael Finn. Parfois, je me demande comment certains auteurs peuvent accoucher de romans si glauques, si malsains. Qu’ont-ils vécu ? Essaient-ils de coucher sur le papier des choses pour éviter d’avoir envie de les vivre ? Peut-être qu’il vaut mieux ne pas le savoir… Mais dans tous les cas, ça me met mal à l’aise.
Ceci est mon corps raconte une nuit de rage et de bêtise. A la faveur du Vendredi saint, les jeunes de Joliet envahissent le bar de Fat Kuputzniak, délaissé par les adultes. Suzy Kosasovich a quatorze ans. Elle décide d’y passer, elle espère y retrouver le mec qui la fait craquer, elle espère qu’il la remarquera.
En effet, il la remarque. Une petite grue qui picole sec et qui semble prête à écarter les jambes pour lui, ça le tente. Je deviens crue ? Et encore, je fais soft par rapport au livre. Voyez la suite…
La copine du beau gosse devient folle de rage de voir Suzy tourner autour de son mec. Elle va, du coup, se faire sauter par tous les mecs du bar, qui font la queue devant les toilettes pour pouvoir la culbuter sur le lavabo (j’avoue que je n’ai pas trop compris le lien entre cause et conséquence).
Les gamins mettent le bar à sac, deviennent de plus en plus saouls, de plus en plus cons, de plus en plus sadiques et bestiaux. Le lecteur devient voyeur. Et il en prend plein les yeux. De la saleté, de la bêtise crasse, de la violence gratuite. Et presque aussi plein les narines. Ça pue l’alcool, la merde, la pourriture, le foutre, le sang.
Et j’avoue que j’ai eu du mal. Je crois que je n’en peux plus de ces livres qui mettent en scène des pauvres gens, des abrutis violents sans cerveau. Que je n’en peux plus des livres sans espoir, sans morale. Je veux de la lumière, du beau, de la douceur. Je ne veux plus finir un livre en me disant que le monde c’est de la merde.
Bref, vous l’aurez compris, cette lecture a été éprouvante. Et révélatrice. Pour moi, ce genre de littérature, c’est fini. Mais je sais aussi que ça plaît à d’autres. Alors je ne vous dis pas de fuir Ceci est mon corps, si vous aimez ce style, car c’est plutôt un bon livre. Mais clairement pas pour moi, plus pour moi.
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