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Citations de Paul Fort (58)


LA PAIX
  
  
  
  
Un voyou appelé Trompe-la-Mort
une fille que bleuissaient ses coups
sur une ville bâtie à chaux et à sable
dans un bloc du temps mil neuf cent dix
arrivaient à vivre et mourir.
Les chapeaux hauts de forme couleur de fumée
se voyaient dans les rues atones.
Un homme appelait son frère
une femme se tuait par amour
quelques-uns prédisaient la guerre
pour un jour.
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LA CRÉATURE
  
  
  
  
Pain trempé dans le vin
aimé du taciturne
et qu’apporte
la créature
à délicats tendons
à courbes de lumière
vivante en cet espace
aux roues abandonnées
aux outils délabrés
où la matière
s’épuise et rêve.
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BALLADE DU PRINTEMPS VENU
  
  
  
  
Un jour du Printemps vient de naître.
Je crois bien que c’est le Premier.
Deux branches de mon noisetier
viennent d’enjamber ma fenêtre.

Viennent encor d’être amoureux
le soleil don Juan des cieux
et la lune et toi dans mes yeux,
moi dans les tiens si bleus, si bleus,

bleus ! voire même à la chandelle,
au petit jour même orageux.
Vivons ! le Printemps est fidèle.
Au lit, ô ma belle des belles !
Elles viendront les hirondelles…
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SE BIEN AIMER
  
  
  
  
Se bien aimer n’est fumée,
c’est assurer sa vieillesse
des souvenirs de caresses,
mon adorée bien-aimée.

Voilà toute la richesse que l’on aura,
béquillards aveugles, et loin sans cesse de nous-mêmes.
O faiblesse de la Vie en vie à peine.

Nous n’aurons que ce poème
et nous n’aurons plus les arts…
Il faut s’aimer, ô Aimée !
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L’ESPOIR EN DIEU
  
  
  
  
L’espoir en Dieu
que je m’en vais cherchant,
où donc est-il ?

plus loin dans la prairie ?
plus loin encore au fond du bois fleuri ?
plus loin, plus loin,
tout à la fin des champs ?

Où donc est-il ? au zénith du ciel bleu ?
contre ce mur où l’on dort au soleil ?
sur l’étang clair ? dans le coin des abeilles ?
ce verger rouge, est-ce l’espoir en Dieu ?

Dans la rosée qu’un soir de lune irise, puis évapore,
ai-je enfin retrouvé l’espoir en Dieu qui se redivinise ?
Par Dieu lui-même, hélas !
Tout est rêvé.
L’espoir en Lui que je m’en vais cherchant, est-il du monde ?
Allons, ô ma démence,
trouver, plutôt que de l’espoir aux champs,
dans les déserts la mort et le silence.
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CHANSON DE LA MÉLANCOLIE
  
  
  
  
Aimer et rire ont perdu ma jeunesse.
J’aimais l’amour dans sa délicatesse
et la gaîté fragile du printemps.
L’orage éclate et brise ma jeunesse
avec tes fleurs, jardin de mes parents!
Et j’ai pleuré sur de grands dahlias.

Vie trop sévère ! Est-on bien fait pour ça ?

Aimer encore et songer
m’ont perdu la fleur de l’âme,
aux temps où je m’en fus
rêvant un rêve inconnu de la femme :
j’adorai ciel et terre et fus perdu !
J’ai tout donné, j’ai tout donné mon âme.
Et je pleurais par ces rues que voilà.

Vie trop sévère ! Est-on bien fait pour ça ?

Aimer toujours et pleurer jusqu’à mor t?
— J’ai fait revivre et l’esprit et le corps,
dès que j’en vins à moquer la douleur,
et l’amour même et la vie et la mort !
Voir et savoir ont bien perdu mon cœur.
Je ris de tout à présent, triste et las.

Vie trop sévère ! Est-on donc fait pour ça ?

J’entends ce soir — quel bonheur est dans l’air ?
— j’entends ce soir chanter douze oiseaux clairs,
par le ciel rose et couleur de lilas.
O jeune fille, ô tes cheveux dans l’air
flottant sous un vol de pigeons… là-bas…
Dernier amour, tu ne me réponds pas ?
Vie trop sévère ! Est-on bien fait pour ça ?
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BALLADE NAÏVE BERCÉE ET GRADUÉE DE L’ÉTERNELLE CHANSONNETTE
  
  
  
  
Ne sait rien de la politique
le papillon des prés
et non plus rien de la mystique
le grand chêne pourpré,
rien de la mutualité
la fourmilière active,
mais sait tout de la liberté
ma mie cruelle et fautive
d’aimer trop le romanichel
qui lui recoud son soulier,
alors elle sait tout du ciel.
Mais lui tout de son baiser.
Non ! je ne serai point jaloux.
Le furet ne sait rien des loups,
les cendres, si peu de la flamme…
Et le cœur ? ne sait rien de l’âme.
Oh ! si ! car il revient toujours
le grand amour
un jour.
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CANZONE DU COUP DE FOUDRE
  
  
  
  
La source, un petit bois, un coude de la route,
et voir — là — son clair visage dans le soleil,
il vient à travers blés, il m’approche,
il m’éveille, il m’émerveille cœur et âme,
il les envoûte après avoir doré
les longs pleurs de mes yeux,
et je tombe à genoux et je suis amoureux.

Est-ce ma Béatrice ou, dieu! ma Léonor ?
Je ne subirai plus son charme qu’en la mort.
O clair visage, yeux pers, sur moi chevelure d’or !…
linceul, est-ce un linceul, ou, mort, vivé-je encor ?
Ne sentirai-je plus ces charmes après mort ?…
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BALLADE DE L’OMBRE DE LA MAIN
  
  
  
  
Tout est fugitif en ce monde.
Voire même les découvertes.
J’étais en l’auto découverte
que conduisait alors ma blonde.

Je saluais tout à la ronde.
Je saluais notre Destin,
le Baiser proche, l’Art qui sonde,
et même la lune au lointain.

Et je voyais sur le chemin
passer l’ombre, passer l’ombre…
Et je voyais sur le chemin
passer l’ombre de ma main
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CANZONE DE L’ÉTREINTE OU LA VRAIE CANZONE DES CANZONES
                            À ma Tourangelle bien-aimée.
  
  
  
  
partageons, lèvres jointes, et à cils rapprochés,
le soleil recherché des lianes en étreinte,

des fleurs sous la rosée, des prairies sous l’autan
échangeant leurs pensées, échangeant tout autant

violettes embaumées, oiseaux cherchant ramées, fils de la Vierge…
attends !… Et Dieu s’il a le temps ;

tièdes ou chauds rayons, mais dont le cœur frissonne,
soyez nous en personnes, lorsque nous partageons

le soleil du Printemps ou (qui peu nous étonne,
amant, amante, amants !) le soleil de l’Automne,

lorsque l’orage tonne. — Partageons, lèvres jointes,
et à cœurs se touchant, un soleil recherchant

deux lianes en étreinte.
Aimons-nous en aimant le soleil d’un Moment

vif éternellement !
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CHANSON D’AMOUR
  
  
  
  
Bel amoureux, je te plais ? Viens à moi dans les myrtilles,
cours avec les pieds agiles du petit cochon de lait.

Tu m’aimes ? J’en suis fort aise ; viens à moi, pigeonnet sombre,
voletant sur les concombres et le champ rouge de fraises.

Cours de la vigne à la cour et, me guignant sous le hêtre,
si je chante à la fenêtre ne danse pas comme un ours.

Mets le pied sur l’escalier. Je descends. Monte en silence.
Tel gravit une éminence le faon aux petits souliers.
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        Philomèle



  Chante au cœur du silence, ô rossignol caché ! Tout le
jardin de roses écoute et s'est penché.
  L'aile du clair de lune à peine glisse-t-elle. Pas un souffle
en ces roses où chante Philomèle ?
  Pas un souffle en ces roses dont le parfum s'accroît de
ne pouvoir jeter leur âme à cette voix !
  Le chant du rossignol est, dans la nuit sereine, comme
un appel aux dieux de l'Ombre souterraine,
  mais non, hélas ! aux roses dont le parfum s'accroît de
ne pouvoir mourir, d'un souffle, à cette voix !
  N'est-ce pas le silence qui chante avec son cœur ?... Un
rosier qui s'effeuille ajoute à la torpeur.
  Silence traversé d'éclairs comme un orage, puis bercé
mollement comme un léger nuage,
  par cet hymne voilé, pur, strident, modulé, qu'exhale,
au clair de lune, l'âme de Philomèle !
  Est-elle d'un oiseau, cette voix immortelle ? Ah ! — son
enchantement ne devrait pas finir.
  Vient-elle des Enfers, cette voix immortelle ? Mais il
n'est plus un souffle, à présent, pour mourir.
  Sans un souffle, pourtant, que de métamorphoses !
Le clair de lune assiste à la ruine des roses.
  Déjà tous les rosiers ont fléchi sur leurs tiges. Il passe
une rafale de roses en vertige
  dans le rapide espace que fait l'herbe couchée, s'effrayant
de ton hymne, ô rossignol caché !
  Un long frisson de crainte effeuille le jardin. La lune met
des masques ; elle brille et s'éteint.
  Dans le gazon peureux, pétales grelottants, tournez-
vous vers la terre et vers ce qu'on entend.
  Écoutez : cela vient du plus profond de l'Ombre. Est- ce
le cœur du monde qui bat sous le jardin ?
  On entend un coup sourd, deux coups, trois coups qui
montent ; d'autres précipités, sonores et qui montent.
  Prisonnier de la terre, un cœur approche : il vient le
bruit d'un cœur immense à travers l'herbe rase.
  Les pétales volètent, La terre se soulève. Et, le corps
sous les roses bleuies de clair de lune,
  l'éternelle déesse, la puissante Cybèle, douce et levant
le front, écoute Philomèle.
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Paul Fort
OMBRE DES BOIS



Je suis tout à la tristesse de ma vie perdue dans les bois
  que le vent berce.
Je suis tout à la détresse de ma vie sans but dans l’ombre
  des bois touffus.
Mon bonheur est d’y frémir, je m’y sens perdu. Tout
  ajoute à ma tristesse.
Je le dis, j’ai du plaisir dans les bois touffus qu’aucun
  sentier ne traverse.
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CHANSON A L’AUBE



- Où donc est ma peine ? Je n’ai plus de peine. Où donc est ma mie ? Je ne m’en soucie.

Sur la douce plage, à l’heure sereine, dans l’aube innocente, ô la mer lointaine !

- Où donc est ma peine ? Je n’ai plus de peine. Où donc est ma mie ? Je ne m’en soucie.

Tes flots de rubans, la brise marine, tes flots de rubans entre mes doigts blancs !

- Où donc est ma mie ? Je n’ai plus de peine. Où donc est ma peine ? Je ne m’en soucie.

Dans le ciel nacré, mes yeux l’ont suivi, le goéland gris brillant de rosée.

- Je n’ai plus de peine. Où donc est ma mie ? Où donc est ma peine ? Je n’ai plus d’amie

Dans l’aube innocente, ô la mer lointaine ! Ce n’est qu’un murmure au bord du soleil.

- Où donc est ma peine ? Je n’ai plus de peine. Ce n’est qu’un murmure au bord du soleil.
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LA CHANSON FATALE


La vie est courte, la mer est grande. Vois-tu, ma mie, on s’verra guère. J’suis pas un mat’lot à la manque. Y a des calmes plats sur la mer.

Faut les subir.

La vie si courte, la mer si grande, ça t’fait peur, ah ! tu n’aimes que moi ! Si tu l’aimais un peu, la mer, tu dirais, va,

Faut la subir.

Il faudra bien subir la mort, comme ton amour pour moi, ma mie. La vie si courte, la mer si grande, vois-tu, ma mie.

Faut les subir.

Et la tempête, les calmes plats, et le retard et la distance, et le roc noir, la mer qui s’ouvre où mon bateau s’engloutira,

Faut les subir.

Et notre amour, et ton attente, et l’autre amour qui te viendra.
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LE CIEL EST GAI, C’EST JOLI MAI


La mer brille au-dessus de la haie, la mer brille comme une coquille. On a envie de la pêcher. Le ciel est gai, c’est joli mai.

C’est doux la mer au-dessus de la haie, c’est doux comme une main d’enfant. On a envie de la caresser. Le ciel est gai c’est joli mai.

Et c’est aux mains vives de la brise que vivent et brillent des aiguilles qui cousent la mer avec la haie. Le ciel est gai, c’est joli mai.

La mer présente sur la haie ses frivoles papillonnées. Petits navires vont naviguer. Le ciel est gai, c’est joli mai.
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LE VIEUX MENDIANT



J’ai vu de bonnes gens, j’ai vu de saintes gens, mais je n’ai jamais vu mon chapeau plein d’argent.

Il tremble tout crasseux devant ma mine grise…Une gargouille en vie est tombée de l’Eglise ?

Je grogne. O jeune enfant, ton sou neuf me désarme. Pardon si j’ai la gueule argentée de mes larmes.

J’en ai pourtant compris, estimé, vu des choses, hommes-loups, femmes-chiens et la neige et les roses.

Aux socs de mes pieds nus raboteurs des ornières, j’ai vu par grands copeaux se lever la poussière.

J’ai vu la fée un jour au bord de mes vingt ans, et de l’avoir vue fuir je pleure en mon vieux temps.

Que de fois j’aurais vu – tendresse de mon cœur ! – la flamme du fusil abattre un lièvre en fleur.

Hôte de ces bois noirs, souvent j’ai vu l’orage nous balayer le ciel d’un balai de feuillage.

Ah ! tout ce que j’ai vu ! j’ai vu pendant nos guerres saint Michel éclaireur de Jeanne la Guerrière.

Il la baisait au front, torche haute en avant. J’ai vu bien des guirlandes d’Amours dans le vent.

Hier j’ai vu, c’était la Sainte-Niquedouille, à travers l’arc-en-ciel l’averse des grenouilles.

Mais je n’ai jamais vu – pieuses bonnes gens – non je n’ai jamais vu mon chapeau plein d’argent.
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Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, cours-y vite.
Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite. Il va filer.

Si tu veux le rattraper, cours-y vite, cours-y vite.
Si tu veux le rattraper, cours-y vite. Il va filer.

Dans l’ache et le serpolet, cours-y vite, cours-y vite.
Dans l’ache et le serpolet, cours-y vite. Il va filer.

Sur les cornes du bélier, cours-y vite, cours-y vite.
Sur les cornes du bélier, cours-y vite. Il va filer.

Sur le flot du sourcelet, cours-y vite, cours-y vite.
Sur le flot du sourcelet, cours-y vite. Il va filer.

De pommier en cerisier, cours-y vite, cours-y vite.
De pommier en cerisier, cours-y vite. Il va filer.

Saute par-dessus la haie, cours-y vite, cours-y vite.
Saute par-dessus la haie, cours-y vite. Il a filé!
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Paul Fort
Ecoute ton regard se mêler aux étoiles, leurs reflets se heurter doucement dans tes yeux, et mêlant ton regard aux fleurs de ton haleine, laisse éclore à tes yeux des étoiles nouvelles.

Contemple, sois ta chose, laisse penser tes sens, éprends-toi de toi-même épars dans cette vie.Laisse ordonner le ciel à tes yeux, sans comprendre , et crée de ton silence la musique des nuits.

(" Ballades françaises ")
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Paul Fort
L’ arbre à poèmes



– Sors de ce vieux bourbier à poésie, poète !
de sa vase gluante aux crapauds endormis.
Soulève-toi d’horreur, mais non plus
à demi, couverts de lieux communs épais,
d’images blettes.

Jarrets gonflés par ton effort, soulève-toi
des eaux croupies du Rêve. – Oui, c’est
fait. Mais pourquoi, resté-je ainsi courbé,
vaincu par mon effort ! Un peuple de
sylvains me nargue sur ces bords ?…

À leurs cris je me dresse en piétinant
d’orgueil. Que fais-je là ? Je prends
racine, je m’enfeuille
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