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Critiques de Paul Greveillac (134)
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Maîtres et Esclaves

Un très beau roman, foisonnant à souhait, fourmillant de détails sur l'Histoire de la Chine, très bien écrit et nous tenant en haleine jusqu'au bout. A lire absolument ! (pour en savoir plus : https://pamolico.wordpress.com/2018/10/29/la-chine-et-ses-contradictions-maitres-et-esclaves-paul-greveillac/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Maîtres et Esclaves

Tian Kewei, fils de paysans moyen-riches, est repéré par le chef des gardes rouges qui, après la famine liée au Grand Bond en avant, sévissent dans son village. Laissant sa famille et l'Himalaya pour rejoindre les Beaux-Arts de Pékin, le jeune artiste talentueux va connaître un destin exceptionnel.



Comme dans tout bon régime autocratique dans la République Populaire de Chine, fondée par Mao Tse Toung en 1949, règne l'arbitraire, la délation, la corruption, les exécutions sommaires, les tortures, qui broient l'individu et réduisent sa marche de manoeuvre à peu de chose. Un monde où soumission et compromission permettent à certains comme Kewei, peintre paysan devenu peintre du régime pendant la révolution culturelle, de passer du statut d'esclave à celui de membre du Parti, en participant à l’édification de l’art prolétaire dévoué tout entier au régime.



Après un début difficile (un style trop alambiqué à mon goût) j'ai aimé l'histoire de Tian qui rappelle, avec réalisme et poésie, la terrible mise au pas des Chinois par Mao Tse Toung. L'application d'une idéologie à l'origine de la « rééducation » et la mort de paysans — affamés par la collectivisation — et de citoyens soupçonnés d'être des « droitiers ».



Inutile de dire que les victimes ont été multiples, comme pendant la révolution, nommée assez ironiquement culturelle qui en 1966, avec les gardes rouges, a consolidé le pouvoir de Mao, en éliminant des milliers d'intellectuels, élites et cadres du Parti. Une violence à laquelle l'État chinois n'a pas renoncé, comme l'attestent les événements de la place Tian'anmen.



Assurément, un roman d'un grand intérêt pour qui veut tenter de comprendre un pays qui n'a pas fini de nous étonner.

 
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Maîtres et Esclaves

Maîtres et esclaves, un étonnant long roman qui nous plonge dans la Chine de Mao et nous fait suivre pas à pas les transformations politiques, les avancées, les reculs, les compromissions, les rivalités, la brutalité, l’arbitraire, la peur et la haine qui accompagnent tout régime totalitaire, de surcroît autocratique. Pour mettre en scène ces transformations, Greveillac nous introduit dans une famille de paysans moyen-riches du Sichuan. Le père, mais surtout le fils, Tian Kewei, sont l’un et l’autre doués pour la peinture. Le fils sera remarqué par un garde rouge, entreprendra des études aux Beaux-Arts à Pékin, et finira par intégrer le Parti. Il évoluera au gré de différentes rencontres, mais quand ses mentors successifs, au fil des brutaux changements d’orientation du Parti, seront inquiétés, le jeune peintre tremblera pour lui, pour sa femme et son fils. Il tentera de conserver ses avantages durement acquis.

***

L’auteur est visiblement extrêmement bien documenté et c’est passionnant d’apprendre autant de choses sur la peinture chinoise, sur le rejet des traditions, sur la vogue de la peinture réaliste avec ses immenses banderoles, sur le peu de cas fait à l’attribution réelle du tableau (un des aspects du travail de Kewei est de retoucher les tableaux des autres !), sur la réception de l’art occidental en Chine, sur les différences du statut de l’artiste, etc. Cependant, j’ai souvent eu l’impression que le roman servait de toile de fond 😉 à la partie documentaire et non l’inverse. En exceptant la première partie qui se déroule à la campagne et où l’auteur prend le temps de présenter les personnages, le reste du roman se focalise plus sur les aspects politiques et artistiques. Tellement que je n’éprouvais que peu d’empathie envers les personnages, peu d’émotions devant leurs difficultés, voire devant la mort de certains d’entre eux. Je comprends bien que l’auteur veut nous les montrer « bouffés » par l’Histoire en marche, mais cela a provoqué chez moi un vrai passage à vide pendant presque toute la deuxième partie et le début de la troisième. Les trois personnages féminins (la mère, l’épouse et la maîtresse) disparaissent tragiquement pour les deux premières, mystérieusement pour la troisième (on aura l’explication) sans vraiment changer la vie de Kewei ni modifier sa vision du monde…

***

J’ai trouvé ce gros roman très intéressant, mais ce n’est vraiment pas un coup de cœur. L’écriture, poétique, parfois lyrique, en est travaillée jusqu’à la préciosité, ce qui j’avoue, m’a agacée. C’est criant surtout dans la première partie, ou alors, c’est que je me suis habituée… 😉 « Yongmin aimait les oiseaux, parce qu’il aimait le silence. L’époché que leur observation imposait […] » ou « C’était la saison où d’ordinaire coassent les anoures. La saison des amours. » Admettons, mais quand il parle du tic de Kewei pendant qu’il peint : « La langue de Kewei, amoureuse troglodyte, caressa de plus belle la voute qui l’abritait. », ça me porte à en rire !

***

Merci au Grand Prix de Lectrices de Elle et aux éditions Gallimard pour cette découverte.



Challenge multi-défis 2019 #77
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Maîtres et Esclaves

Ce livre nous convie à une plongée terrifiante dans la Chine de la Révolution culturelle, une période de "révolution permanente" où les chefs de comité sont un jour portés aux nues et le lendemain traînés dans la boue, et les petites gens à la campagne doivent être prêts à tout pour simplement survivre à l'arbitraire, aux exécutions sommaires et à la famine.Tout le pays subit les errements de l'administration centrale et la politique du grand timonier. Et la peur, la peur à tous les étages, la peur de se faire stigmatiser et de tomber en disgrâce.



Et le pire c’est qu'elle marche cette politique d’endoctrinement forcé.



Un livre oppressant à l'image de cette grande prison à ciel ouvert qu'est devenue la Chine, façonnée par Mao et ses successeurs. Un livre étouffant, une grande litanie monotone triste et terrifiante.
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Maîtres et Esclaves

Une grande fresque historique sur fond de révolution chinoise; un texte grandiose, émouvant et édifiant. Pour les amateurs de pavés! un livre au long cours...
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Maîtres et Esclaves

Ce roman sur la Chine de la création de la République populaire aux événements de la place Tiananmen et ses conséquences ne fait que renforcer l'image catastrophique de la confrontation au pouvoir de l'utopie communiste. À travers une dynastie de passionnés de peinture, on suit plus de 40 ans de l'histoire de ce pays. Le Grand bon en avant, la Révolution culturelle, l'ouverture au capitalisme dans tout ce qu'elle a de plus cynique. J'ai particulièrement apprécié l'angle choisi par l'auteur, à travers le destin des trois peintres de cette famille, on comprend bien le caractère destructeur du totalitarisme. On ne peut être que sidéré quand on compare la peinture"révolutionnaire" à la tradition"féodale" du literati, incomparablement plus intéressante, belle et suggestive.

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Maîtres et Esclaves

Maîtres et esclaves, tout est dit dans ce titre très évocateur à mon sens. C'est donc l'histoire d'un enfant, du nom de Kewei, qui naît dans une famille de paysan du Sichuan au pied de l'Himalaya en 1950. Son père Yongmin a une passion : la peinture, il va à l'encontre de sa femme, transmettre cette passion à son fils unique, qui lui même un jour viendra la transmettre à son propre fils. Seulement à chaque génération, la peinture va être vécue différemment. Le contexte historique et cultuelle vont influencer ces dernières. A l'origine, Yongmin, illettré, peint la nature qui l'environne, quant à son fils Kewei, lui, son art sera au service du parti et le dernier de cette génération, Xiashi, lui ira en opposition à son père, à l'aide d'une très belle rencontre pour lui de Liu le Pinceau, vers la nouvelle vague.



C'est donc une histoire de transmission de père en fils. De la relation père fils également.



Mais tout ceci dans un contexte géographique, politique et culturelle très particulier puisque l'auteur a choisi la Chine comme toile de fond de cette histoire d'abord familiale. Il nous invite donc à suivre l'évolution de ce grand pays, sous Mao et sa suite. Et nous apporte un bel éclairage sur le fait que finalement, maîtres et esclaves dans ce contexte, tous le sont à un moment donné. Mais qu'en est-il pour nous aujourd'hui dans le pays démocratique et libéral dans lequel nous vivons ? Inévitablement nous pouvons aussi nous poser de pertinentes questions, n'est ce pas ?



Une très belle découverte que celle de cet auteur ! Un roman passionnant, impressionnant et magnifiquement bien décrit sous une remarquable plume érudite.
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Maîtres et Esclaves

A la fois roman et documentaire, le roman de Paul Greveillac nous emporte dans une grande fresque de la Chine des années 50 jusqu’aux années 2000 à travers le personnage de Kewei.

Tian Kewei est né en 1950 dans une famille de paysans chinois dans un village du Sichuan, en même temps que la mise en place du communisme. Il devient peintre au service du régime pendant la Révolution culturelle, un rôle où il devra apprendre à anticiper pour survivre.

Avec son livre "Maîtres et esclaves", Paul Greveillac fait un portrait « impressionniste » de cette République populaire de Chine. On sent que l’auteur s’est très documenté ; parfois cela peut-être un peu ardu à lire, il faut aimer l’histoire et les noms chinois ne sont pas faciles à retenir. Mais l’écriture de l’auteur, en nous plongeant dans la campagne chinoise, nous fait ressentir le froid, la faim, l'humidité, ce qui fait la violence de la vie à cette époque, les gens qui vivent dans la peur permanente. On y découvre l'absurdité de la vie des Chinois et, la manipulation de masse. Tout n'est qu'une question de survie, il ne semble pas y avoir de perspective d’avenir. Ou comment la machine à broyer communiste annihile chez Kewei tout envie de se révolter. Seul le personnage de Liu le pinceau, qui vit à la marge, connaît un peu la liberté. A travers ce récit d’envergure, c’est l’absurdité de toute une idéologie, un système totalitaire que dépeint Paul Greveillac et il le fait bien.
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Maîtres et Esclaves

Une découverte impromptue, époustouflante, au fil des flâneries de cette rentrée littéraire, et je n'ai pas résisté à ce roman, mettant en scène la Chine des années 50,avec au centre l'enfance et l'existence d'un paysan-peintre, Kewei...





Son propre père, paysan était doué et passionné par la peinture... Il eut une

existence terrible car il n'était pas assez docile avec le nouveau régime

de Mao...mais il aima son fils, lui transmis ce qu'il pût... car même sa

femme trouvait que c'était un malheur , une fatalité que leur fils aime

dessiner comme son père !!



"Xi Yan répondait que ça ne servait à rien, l'école , qu'on n'y enseignait pas comment devenir un bon paysan. Yongmin regardait tristement son fils. Il pensait au contraire que l'éducation était importante. Qu'il fallait que son fils apprît à lire et à écrire. Pour mieux savoir peindre et atteindre à la "Triple perfection "- alliage de la peinture, de la calligraphie et de la poésie". (p. 43)





Un roman d'une grande force dramatique et documentaire sur la longue période de bouleversements et de terreur distillée par Le Grand timonier, des années 50 aux années 70...



Cette histoire ne peut que marquer les lecteurs tellement elle est terrible, sans la moindre ouverture vers un ailleurs !!! Le périple de cet enfant de paysan doué pour le dessin nous prend "aux tripes " !...

Il parviendra à survivre juste grâce à ses dons, mais il ne connaîtra jamais la liberté, ni la possibilité de gouverner son destin !



Cette année particulièrement... j'ai lu plusieurs textes sur la Chine, le régime de Mao, la politique de l'enfant unique... mais celui-ci, écrit par un écrivain français est un véritable uppercut ...

Nous , lecteurs, avons froid dans le dos... de lire cette surabondance de barbaries, d'exactions provoquées par un parti ou un système politique, qui s'érigent en "Vérité unique" , pendant de si longues années !!...



Au nom d'une seule idéologie, tout est permis pour annihiler la liberté de penser... de chaque Chinois !! Très peu de livres en dehors du Petit livre rouge, qu'il faut savoir par cœur... sans parler de l'art qui ne sert qu'à célébrer le culte de la personnalité de Mao...



Très égoïstement, en parcourant ces destinées individuelles broyées par un système, nous ne pouvons que louer d'être né dans un pays démocratique, où les individus sont libres, et possédant un minimum de droits !



L'impression d'étouffer dans cette toile d'araignée, cette propagande constante du grand timonier, du soir au matin... qui dénie tout libre- arbitre à son peuple. Notre peintre-paysan n'a pas le moindre choix. Il opte pour le moindre mal... Il obéit en évitant de réfléchir, juste pour "sauver sa peau" !!!...



Un roman d'une très grande densité... impossible à oublier. Même si j'ai infiniment apprécié, je serai contente, après cette lecture, de me plonger dans un univers plus léger!!!



Notre héros ou anti-héros, Kewei, au fil d'années de souffrances, humiliations, vexations, dressages intensifs, parviendra grâce à sa docilité et ses talents de peintre ,au sommet du Parti; Cela sera à son tour de juger, rejeter , réprouver ou censurer telle ou telle oeuvre !!.



Comme il arrive dans des circonstances extrêmes... Les victimes deviennent à leur tour des bourreaux... Kewei... n'en arrivera pas là, et encore...la propagande maoïste, la peur et parfois la terreur, la misère...le broiera, lui fera oublier l'indépendance et la bienveillance contre-révolutionnaire de son père paysan-peintre, "moyen-riche"...Pour atteindre les honneurs et la considération sociale, plus de sentiments, ni de réactions aux injustices...Un individu, talentueux, brisé par un système totalitaire...



Et quelle sombre ironie que ces termes proclamés à chaque instant du quotidien des chinois , pendant de longues années: cette fatidique "Révolution culturelle prolétarienne", qui assujettira tout un peuple, et massacrera la culture à coups de censure , d'embrigadement, de morts et d'emprisonnements... ...sous le joug d'un seul homme , Mao Zedong !!



"Kewei, dans Pékin, vaquait désormais avec l'assurance de qui est devenu intouchable. Du statut d'exécutant, il avait accédé à celui de mandataire. Il avait partout l'illusion de s'être extirpé de sa condition de subalterne. Et partout, il le montrait... Sommes-nous maîtres de nos destins, esclaves de nos egos ? Maîtres de nos rêves, esclaves de ce qui les concrétise ?

Le printemps ne réchauffait pas encore le monde dans ses paumes que Kewei, dans la foulée de son acceptation au Parti, intégrait déjà le département de la Propagande. (...)

mais ici, on ne peignait pas. On décidait ce qu'il fallait peindre. Ici, on gouvernait l'art. "(p. 299)



Bravo à l'auteur... le style, les multiples informations, les personnages bien campés, et attachants, la poésie lorsqu'il est question de la beauté, de la peinture, de la nature ou de l'enfance...etc. On peut également "saluer" la connaissance très approfondie de l'auteur pour son sujet ...



Inutile de préciser mon grand intérêt pour ce roman, vu l'abondance des citations déjà transmises , et encore, ...en me freinant...!!



Je reste très curieuse des écrits et des thématiques de cet écrivain, auquel

je trouve un talent certain et des sujets passionnants , "compacts"... comme la censure, la perte de liberté, la culture enrégimentée... Je pense que ma prochaîne lecture sera "les âmes rouges" , sur la période post-stalinienne, où la censure sévit sur la culture , et plus spécialement sur le Cinéma et la Littérature ! "Les âmes rouges" sont parallèlement, à la fois une ode à l'Amitié et à la dissidence !!...



Des sujets brûlants et universels...
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Maîtres et Esclaves

Je me suis levée très tôt ce matin pour terminer les soixantes pages restantes de ce roman qui m'a scotché du début à la fin.

Je pensais écrire mon avis dans les jours à venir, mais je n'ai pu me résoudre à partir au travail sans parler de ‘Maîtres et esclaves' qui est pour moi un coup de coeur.



L'histoire se déroule dans la Chine des années 50, au moment de la construction de la République Populaire. Les communistes ont enfin le pouvoir et leur travail de propagande peut commencer : façonner les gens pour les rendre esclaves de l' idéologie communiste, confisquer les propriétés sans se soucier de la pauvreté extrême, utiliser l'art et la littérature pour ‘ attaquer et détruire l'ennemi'…

C'est Kewei, un garçon doué pour le dessin qui leur fournira l'occasion. Fils d'un paysan moyen- riche, il doit peindre pour servir la grande cause. Ce sera un long et douloureux voyage pour Kewei, mais ainsi pour d' autres personnages dont le lecteur fera la connaissance au fur à mesure de l'histoire.

Maîtres et esclaves est un roman poignant et très documenté qui mêle avec habilité la fiction et la réalité historique. Il y a des passages d'une grande beauté poétique, des extraits qui expriment tout ce que je ne peux pas écrire dans cette chronique spontanée. Je posterai probablement quelques unes des citations restantes, si l'opportunité se présente…

A lire sans tarder !

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Maîtres et Esclaves

La République Populaire de Chine naît le 1er octobre 1949. Tian Kewei, lui, arrive tout juste un an plus tard, en octobre 1950, dans une famille de "paysans riches", une classe qu'il portera comme un fardeau sa vie durant et qu'il tentera de faire oublier en gravissant progressivement les échelons du système maozedong.



"Paysans riches" : un terme bien impropre pour désigner ces petits paysans pauvres propriétaires de leur masure et d'un petit lopin de terre qui leur permet tout juste de nourrir la famille. Sauf qu'à l'époque du "Grand bond en avant" conçu par le grand Mao Zedong, il n'est plus question de propriété privée : la nouvelle politique économique conduite entre 1958 et 1960 avait pour but notamment de stimuler la production par la collectivisation de l'agriculture. Sauf que ce grand projet, conduit à marche forcée et dans la contrainte, n'a pas eu le succès escompté. Tian Kewei a 8 ans quand la grande famine se déclare. Longtemps cachée au monde par le gouvernement chinois, il s'avère que cette famine a provoqué la mort d'environ 35 à 45 millions de personnes entre 1958 et 1963 (dont la moitié au cours de la dernière année). Dans ce contexte dramatique, Mao Zedong tient son pays d'une main de fer, à grand renfort de propagande et d'exécutions sommaires, et publiques.



C'est dans ce contexte que grandit Kewei, entre les rêves de son père, artiste dans l'âme, menacé par la ligne terrifiante du parti, des gardes rouges comme de l'armée populaire de Chine, et sa mère qui tente de faire survivre sa famille et de cacher les errances de son mari. Accusé d'être un droitier, le père de Kewei prend plaisir à parcourir la campagne, à observer et peindre la nature, les paysages… des sujets interdits par les consignes du Petit livre rouge, qui forgeront les prémices de la Révolution Culturelle quelques années plus tard.



Pour sauver sa peau d'abord, et celle de sa famille, pour survivre et pouvoir manger, Tian Kewei s'écarte peu à peu des traces de son père et peint dans le respect des consignes culturelles et politiques. Il transmet une image souriante et victorieuse de la Chine populaire de Mao. Sa soif de reconnaissance et de sécurité, son ambition aussi, en feront bientôt un instrument discipliné et zélé de la Révolution Culturelle engagée par Mao.



Tian Kewei est un instrument de l'Histoire et à travers sa vie, Paul Greveillac nous immerge dans la Chine de Mao. C'est ce que j'ai adoré dans ce récit dense, d'une très grande richesse historique : traverser l'histoire d'un pays sur les épaules de personnages si vivants, ambigus parfois, effrayés souvent, ayant des convictions… tels que Kewei, sa femme Li Fang pétrie de traditions et d'un sens de l'honneur exacerbé, puis leur fils Xiazhi, membre d'une génération sacrifiée de la Nouvelle Chine.



Il vous faudra aimer l'Histoire, la politique et ses méandres douteux, il vous faudra vous intéresser aussi à l'Art et à cette frontière entre création et propagande où Tian Kewei excelle. Le volet historique est particulièrement riche et merveilleusement traduit à travers le parcours de Kewei. J'ai parfois frôlé l'indigestion, mais j'ai chaque fois été relancée par les récits des personnages de ce récit, principaux comme secondaires. J'ai été passionnée par le récit qui est fait de la propagande, des aléas de la position de chacun dans le système, du rôle de la censure…



Il faut dire que la plume de Paul Greveillac est un ravissement : j'aime ce qu'elle raconte mais je suis également très touchée par la manière dont elle le dit. Poétique, elle convoque des images tellement vivantes et réalistes, que ce soient les paysages de cette Chine en plein bouillonnement, ou les peintures décrites. J'ai découvert de nombreux artistes dans ce roman touffu, réels ou tout droit sortis de l'imagination de l'auteur. J'ai découvert une histoire de la Chine qui m'était totalement inconnue, en dehors de ce drame de la place Tian Anmen en 1989 dont je n'avais finalement pas su grand chose. Les massacres de la jeunesse en révolte contre la corruption d'une Chine de l'après révolution culturelle, et qui firent entre 1 000 et 7 000 morts selon les sources, seront le point final de ce récit au goût d'épopée.



En conclusion, les 357 pages qui ont suivi mon premier avis à la page 100, ne m'ont pas déçue ! J'ai retrouvé dans ce récit tout ce que j'apprécie en littérature : la langue, le contenu, la densité historique, la précision des personnages, la richesse du récit, la poésie des images… Une magnifique découverte. Et oui, on peut dire un coup de cœur.


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Maîtres et Esclaves

Quels sont les rouages de la manipulation de masse entre les murs d’une nation dictatoriale? C’est la question à laquelle répond Paul Gréveillac avec son roman. Avec force détails, l’auteur dépeint une fresque historique plus vraie que nature de la Chine des années 50 jusqu’à nos jours. Une propagande bien huilée est en place grâce au recrutement de peintres formatés et d’une culture de la retouche de tableau. Nous sommes témoins de la compétition féroce entre les grands dignitaires du régime, tous les coups sont permis pour évincer son concurrent. L’écrivain développe également les grands évènements de la République populaire de Chine comme la collectivisation forcée, la révolution culturelle, la mort de Mao Zedong en 1976 et les rébellions réprimées dans le sang place Tian’anmen.



Kewei est l’un des peintres dévoués tout entier aux ambitions du régime. Nous le suivons dès sa naissance dans un village du Sichuan. Son enfance est faite d’une relative liberté. Cependant, même les zones les plus reculées sont vite mises au pas du communisme et du Petit livre rouge (recueil dogmatique). Petit à petit, son regard change et sa pensée évolue pour se conformer aux attentes de l’administration chinoise qui n’hésite pas à user de la manipulation, la persuasion ou encore la force. Nous suivons son parcours à l’école des beaux-arts jusqu’à ses divers emplois au bureau de la propagande. Les personnages féminins sont également très marquants et édifiants. Seul bémol : quelques longueurs sont venues gênées ma lecture sur la fin. La chute est déchirante et a su me les faire oublier.



Paul Greveillac signe un roman passionnant. Le travail de recherche est impressionnant tout comme l’ampleur de ce récit. J’ai beaucoup appris à propos de la Chine contemporaine. Maîtres et esclaves est une fresque réaliste et édifiante où l’idéologie et la propagande engloutissent un pays entier. Il est aussi question de transmission. Les quelques longueurs sur la fin n’auront pas eu raison de mon enthousiasme.
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Maîtres et Esclaves

Je ne peux que rajouter ma voix au concert de louanges qui a salué ce roman depuis sa parution en librairie.

Richement documenté sur la vie quotidienne, Paul Greveillac nous offre une Histoire de la Chine à travers la peinture au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, art de propagande ou art de résistance.



Tian Kewei naît en 1950 dans un petit village du Sichuan.

Dès son plus jeune âge, le garçonnet n’a qu’une obsession, dessiner inlassablement du matin au soir, suivant en cela les traces de son père, propriétaire terrien, jugé gravement subversif par la République populaire. Soucieux de se libérer de l’emprise paternelle, Kwei s’emploie à rester dans le moule afin de ne pas déplaire aux autorités.

Les idéologies, le régime totalitaire, la peur, les dénonciations, l’asservissement, tout est détaillé et raconté avec force et puissance tout comme les conséquences de la Révolution culturelle.



« Maîtres et esclaves » est roman dense, parfaitement documenté, servi par une écriture précise et agréable.

Kewei et les personnages secondaires sont complexes, souvent sombres, parfois tendres, mais tellement attachants que l’on a envie de les plaindre même si parfois on les déteste, ils ne laissent jamais indifférents. Ils sont décrits avec cynisme et un soupçon de cruauté, mais tellement de réalisme, qu’ils semblent être là, tout près, et nous font réagir en voyeur de leurs tourments ou de leurs turpitudes.



Paul Greveillac a le talent rare de mêler la grande histoire à la petite, sans jamais perdre le lecteur ni le lasser tant son propos est limpide.

En ce qui me concerne, arriver à me passionner avec un roman ayant pour toile de fond la Révolution culturelle chinoise n’était pas gagné.

C’est pourtant totalement réussi.











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Maîtres et Esclaves

Beaucoup de bonnes voire très bonnes critiques pour ce livre de Paul Gréveillac dont c'est le 1er livre que je lis.

Por ma part, j'ai frôlé l'ennui même si je me suis accroché jusqu'au bout.

Pourtant le style est bien enlevé même si un peu vieux jeu mais je n'ai pas accroché du tout.

La Chine rurale m'a ennuyé et j'ai trouvé certains passages interminables.

Je retenterai un autre ouvrage de cet auteur car j'ai trouvé, pour un auteur français, gonflé de se lancer dans un tel récit.



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Maîtres et Esclaves

L’histoire de Kewei, nait en 1950, se confond avec celle de la Chine, avec « la tragédie hystérique » du Grand Bond en Avant et de la Révolution culturelle.

De 1950 à 1989, de l’Himalaya à la Place Tian’anmen, le destin de Kewei se joue.

Kewei naît pauvre et paysan mais doté d’un grand talent de dessinateur.

Enfant, la famine, les humiliations, la peur omniprésente forgent son caractère et sa détermination à rester en vie quelque en soit le prix.

Son talent finira par le sauver, il lui permettra de quitter les montagnes pour rejoindre Pékin avec femme et enfant et prendre part à sa manière à la propagande maoïste.

Ce livre, extrêmement bien écrit et documenté est passionnant car il raconte la vie d’un homme qui se soumet, qui n’a pas d’autre choix et qui finit par intégrer la doctrine de ceux qui l’ont tant fait souffrir enfant. Parce que résister c’est mourir, forcément.

Ce n’est pas seulement un livre sur la politique en Chine, c’est un livre qui explique avec pas mal de distance comment la folie d’un régime politique totalitaire, la peur et l’humiliation modèlent les individus, malgré eux.

Je ne sais pas dire s’il faut plaindre Kewei, le trouver malin, ou lâche (comme le fera son fis un jour). Il m’a attendri en tant qu’enfant et m’a effrayé une fois adulte, puis à nouveau ému en tant que père, incapable de comprendre son fils. Il est esclave, puis maître et finalement surtout incapable d’accéder au bonheur.

Ce livre est dense, riche, utile et effrayant. Il donne vraiment à réfléchir sur la Chine d’hier et d’aujourd’hui.

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Maîtres et Esclaves

« La révolution n’est pas une visite de courtoisie ». Certes. Tian Kewei naît en 1950 dans la toute nouvelle République Populaire de Chine emmenée par MAO Zedong. Derrière l’image quelque peu idyllique, un pays en totale déconfiture, une tyrannie communiste rendant exsangue toute une nation. Kewei, fils de paysan artiste peintre, transporte de la merde, des excréments, des matières fécales dès l’âge de 7 ans. Il va ainsi faire quelques petits boulots peu émancipateurs, peu égayants avant l’âge adulte.



Ce roman très documenté va balayer la période de la Chine politique, sociale, sociétale, de 1950 et l’avènement de cette « République Populaire » jusqu’aux évènements de la place Tian Anmen en 1989, avec postface allant jusqu’à nos jours. L’auteur parle d’une Chine repliée sur elle-même, archaïque, désirant imposer un nouveau communisme, forcément totalitaire. S’ensuit la récession, les assassinats, les goulags locaux, les intellectuels et artistes muselés, surveillés, emprisonnés, tués. Les anecdotes sont nombreuses, les faits divers pléthoriques. Devant le manque de matière première, d’argent, etc., les journées de travail sont parfois fixées à 5 heures par jour. Famine, nombreux morts.



La délation bat son plein, il est déconseillé de s’éloigner de la ligne de conduite étatique. Pour Kewei, le personnage central de cette grande fresque, l’heure des soucis commence avec la mort de son père Yongmin, rétif à la politique de MAO. Quant à la Chine de MAO elle ne veut voir qu’une tête et tient à contrôler tous les milieux possiblement incendiaires. JIANG Qing, femme de MAO, règne par exemple sur l’art. Les femmes doivent toutes porter un uniforme gris-bleu. Pas de différenciation entre les êtres, tout le monde doit ressembler au voisin. MAO est partout, son visage en tous lieux publics, le culte de la personnalité bat son plein, la mégalomanie a de bons restes. Pour les dissidents, c’est bien simple : on coupe des langues comme de vulgaires ongles, on déporte, on fait taire, tous les moyens sont bons. Culturellement, c’est le monopole du fameux « Petit livre rouge » érigé en Bible Prolétarienne.



Kewei, ce fils de paysan peintre, devenant peintre à son tour malgré les réticences de sa mère, peintre censuré qui, une fois possédant du poids et un poste au sein du Parti, censurera les œuvres. Monde absurde ou la liberté individuelle semble l’ennemi à abattre.



Mais voilà, MAO n’est pas éternel. Le Grand Timonier, investigateur de la Révolution Culturelle, casse sa pipe en 1976. Il était temps. Il avait demandé la crémation, elle lui est refusée par les autorités. Le pays va devoir se reconstruire, entre nostalgie et regard vers le futur, l’international : « Mao, c’était ce vieux grand-père auquel, par déférence, on ne s’oppose pas. C’était ce sage du passé, qui n’entend plus rien au monde, et qu’on n’ose pas contredire. C’était cet être qu’on a aimé, mais qu’on ne comprend plus. Alors on le craint. Alors on le hait. Le peuple chinois avait choisi de mettre sa liberté en viager. Le peuple chinois attendait la mort du Maître. Et ce ne fut que lorsque passa dans l’autre monde, s’il en est un, celui qui fut, à proprement parler, le dernier empereur de Chine, que la première révolution véritable put éclater. Que l’acte de naissance authentique de la Nouvelle Chine put être contresigné ». Les capitaines de navire se nommeront HUA Guofeng, puis TENG Xiaoping. Mais c’est une autre histoire.



Ce roman est résolument politique et ne se contente pas d’observer. Il est dense, parfois complexe pour les novices de l’histoire chinoise contemporaine, il faut savoir s’accrocher aux wagons. Le travail fourni par l’auteur est assez exceptionnel car empreint de force détails, précis, cohérent. Vous l’aurez compris, les personnages fictifs sont là pour faire prendre forme et donner du poids à cette Chine du XXe siècle au destin singulier, un totalitarisme à la fois « classique » et pourtant voulant se démarquer des autres politiques autoritaires internationales. Roman sans temps mort, sans pathos, sans voyeurisme, une page d’histoire très bien restituée. L’auteur avait écrit il y a deux ans un roman sur la Russie post Stalinienne, je ne serais pas étonné d’aller y faire un tour à l’occasion (un hiver, bien sûr !).

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Maîtres et Esclaves

[Lu dans le cadre d'une opération Masse critique Babelio]



Né en 1950 dans une famille de paysans « moyens-riches », Kewei dessine et peint, d'instinct, depuis sa plus tendre enfance. En 1958 (Kewei a 8 ans), le « Grand Bond en Avant » - qui fera 45 millions de morts - s'abat sur la Chine, suivi, quelques années plus tard (1966) de la Révolution culturelle : époque de terreur absolue avec les Gardes Rouges puis la guerre civile, le bannissement des « quatre vieilleries » (les vieilles idées, les vieilles coutumes, les vieilles habitudes, la vieille culture), le petit Livre rouge, les dénonciations entre voisins et au sein des familles, les autocritiques et humiliations publiques, les lynchages, les jugements expéditifs et les exécutions sommaires…



Repéré par un Garde Rouge pour son talent de dessinateur, Kewei, désormais pensionnaire au « centre culturel pour l'édification des masses » apprend la peinture à l'huile et le portrait de propagande ; il sera ensuite étudiant en agronomie, avant d'intégrer les Beaux-Arts de Pékin, sur ordre du pouvoir. Ostracisé par ses camarades et ses professeurs en raison de ses origines sociales « suspectes » de paysan moyen-riche, il apprend à étouffer sa sensibilité d'artiste, à dissimuler sa tristesse et sa nostalgie (la nostalgie est un sentiment « bourgeois »), pour réussir à s'intégrer et, tout simplement, à survivre.



L'une de ses estampes, « La mariée parle », repérée par l'épouse de Mao, change son destin : c'est le début d'une ascension qui conduira jusqu'aux plus hautes sphères du pouvoir celui qui est « devenu l'aspirant dignitaire aux dents longues » (p. 264), celui qui, à force de reniements, de trahisons, de bassesse et de flatterie, saura se construire au sein du Parti une position inattaquable d'impitoyable censeur pour toute une génération d'artistes… quitte à y laisser son âme et son coeur, pour son plus grand malheur.



Du "Grand Bond en Avant" jusqu'à nos jours, Paul Greveillac dresse avec ce roman extrêmement documenté et saisissant de réalisme le portrait d'un monde d'une violence inouïe où règnent en maîtres la peur, le fanatisme, la corruption, l'arbitraire, la lâcheté et l'absence de toute forme de loyauté et d'honneur. Mais au-delà de ce parcours historique - que j'ai trouvé assez époustouflant - des heures les plus sombres de la Chine communiste, il explore également deux thématiques extrêmement riches et complexes : d'une part le dévoiement d'une vocation soumise à la terreur de la dictature et la destruction d'un talent confronté aux nécessités de la survie ; d'autre part le processus de manipulation des consciences qui transforme une victime a priori innocente en serviteur zélé et consentant de ses persécuteurs, au point de devenir elle-même, à son tour, un bourreau entièrement dévoué au régime qui l'a détruite.



« Maîtres et esclaves », ou comment faire partie des uns ou des autres, au gré des caprices des puissants et des fous, de la destinée et de l'Histoire, au gré, également, de ce qui, au plus profond, tisse la trame de nos êtres… "Sommes-nous maîtres de nos destins, esclaves de nos ego ? Maîtres de nos rêves, esclaves de ce qui les concrétise ?" (p. 299)



Avec ce grand et beau roman que j'ai beaucoup aimé, Paul Greveillac nous immerge dans un univers terrifiant qui donne matière à réfléchir et nous offre, de surcroît, un excellent moment de littérature.



Merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour cette belle découverte de la rentrée littéraire 2018 !
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Maîtres et Esclaves

Tian Kewei est né en octobre 1950 dans la Chine de Mao. On se doute bien en démarrant le roman que rien ne sera simple pour lui. J'ai beaucoup aimé la première partie qui trace d'un trait habile l'enfance et l'adolescence du personnage, au pied de l'Himalaya, dans un décor rural, rude mais fascinant. La suite, changements politiques, manoeuvres et luttes de pouvoir me touchent moins, même si le texte est criant de vérité et de cruauté. Les idéaux des uns, les espoirs des autres, on sent bien dans cette lecture que, de génération en génération, ce pays est à la fois merveilleux dans ce qu'il peut nous révéler à travers les arts et terriblement monstrueux dans sa capacité à réduire au silence ceux qui auraient audace de s'exprimer. Un beau roman, remuant, peut-être quelques longueurs mais une densité historique évidente.
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Maîtres et Esclaves

Ce roman c’est deux histoires racontées dans un seul livre. Deux évolutions. Celle de la Chine communiste de Mao Zedong et celle de Kewei, fils de paysans.

Ces deux histoires vont s’imbriquer l’une dans l’autre.



On suit Kewei qui, remarqué pour ses talents de peintre, deviendra un artiste au service de la propagande chinoise.

Son nouveau statut le portera au rang de maître sur l’échelle sociale. Il le portera aussi au rang d’esclave : Kewei sera l’esclave de la propagande dont la peinture devra répondre à ses standards.



La posture de Kewei évoluera parallèlement à l’évolution du parti communiste. Son esprit contestataire, ses idées, sa façon de penser seront conditionnés par le communisme maoïste.

Le lecteur sera spectateur de son embrigadement mental. Un embrigadement que connaîtra l’ensemble de la population chinoise grâce à une propagande féroce et à des actes de répression forts contre tout début de soulèvement ; toute mutinerie ; toute révolution.



Très bien documenté, le roman de Paul GREVEILLAC nous apprend beaucoup sur la Chine du Grand Timonier et son héritage laissé à la République populaire actuelle.

Le lecteur sort instruit de sa lecture et prend plaisir à tourner les pages d’un roman tout en poésie.

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Maîtres et Esclaves

Kewei naît dans les années 50 dans un village du Sichuan. Fils de paysans « moyens riches », nous allons suivre le parcours dans la Chine du Grand Bond en Avant voulu par Mao Zedong, jusqu'à nos jours. Ou comment, en raison de ses dons pour le dessin, un adolescent va être récupéré par la dictature à des fins de propagande. Comment la porte de l'Ecole des Beaux Arts de Pékin va s'ouvrir miraculeusement à lui, alors que sa condition sociale ne lui permettait pas. Comment grâce à la réalisation d'une esquisse, La mariée parle, représentant Jiang Qing, l'épouse de Mao, il va être monté en épingle par ses professeurs membres du Parti et se retrouver du jour au lendemain à commander d'importants projets pour le pouvoir.



Maîtres et Esclaves est le roman d'apprentissage d'un apparatchik. L'histoire d'un jeune homme qui se rêvait maître en arts pictural et se retrouve esclave du pouvoir, par des rouages perfides qu'il ne maîtrise pas, dans lequel il se laisse piéger jusqu'à l'endoctrinement. « Sommes-nous maîtres de nos destins, esclaves de nos égos ? Maîtres de nos rêves, esclaves de ce qui les concrétise ? » Le personnage devient peu sympathique au fil des pages. Son parcours se jonche de traînées de sang. Il porte les cadavres de sa mère, sa femme, son fils sans même le savoir. Sa destinée est une tragédie. La Chine a changé mais lui est à présent tout seul.



Un roman à l'écriture dense, poétique et efficace, qui plonge le lecteur dans une page de l'histoire de la Chine qu'on pensait connaître, mais dont on ne connaît finalement que les noms des dignitaires au pouvoir. Mao Zedong, Zhou Enlai et Deng Xiaoping... Paul Greveillac donne à voir l'envers du décor, de manière à la fois instructive et agréable. On ne s'ennuie pas. Une très belle fresque qui hantera sans doute le lecteur longtemps. En lice pour le Grand Prix des Lectrices Elle 2019
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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