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Critiques de Paul Greveillac (134)
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Phrase d'armes

Ecriture limpide et virevoltante pour cette biographie sur fond d'histoire européenne et américaine. Le résultat donne une lecture facile dans un français impeccable avec des références historiques non alambiquées qui éclairent parfaitement le récit.
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L'étau

En 1997, à Prague, une enseignante est vilipendée par des étudiants gauchistes qui, exhumant une photo de son père sur un panzer, manifestent pour exclure les « nazis » de l'université. Nad'a, aidé par son frère Andel, enquête alors sur leur passé familial et sur Fermak dont leur père était PDG durant la guerre.



Cette société Fermak, fondée par Viktor Jelinek et Viktor Ferman, est présente dans « Art Nouveau » le précédent roman de Paul Greveillac, à l'orée du siècle, quand l'usine « Europa » sort de terre… Nous la retrouvons ici, dans les années folles de l'entre guerres, et il est évident que Fermak c'est le masque de SKODA fondée par Vaclav Klement et Vaclav Laurin.



C'est l'époque où l'aviation civile décolle, où Guillaumet, Mermoz, Saint Exupéry développent l'Aéropostale, où Nungesser et Coli disparaissent, le 9 mai 1927, en essayant de traverser l'Atlantique, 12 jours avant que Charles Lindberg emporte le prix Orteig en volant de New York à Paris … la veille de la tentative de l'Alkonost conçu par Fermak.



Les fondateurs de Fermak / Skoda, laissent alors « Le Pape », brillant ingénieur, assumer la direction de l'entreprise, alors que la Tchécoslovaquie se désagrège sous les pressions du III Reich, et que la compagnie et ses produits (automobiles, avions, motos, side-cars) sont courtisés par la Wehrmacht qui lui commande des matériels.



L'étau se met alors en place et l'auteur se focalise plus particulièrement sur ses mâchoires, nazis et collaborateurs, qui serrent progressivement Fermak pour l'asservir au profit du Reich et produire des blindés. Reinhard Heydrich devient vice-gouverneur de Bohéme-Moravie jusqu'à son exécution le 4 juin 1942 par un commando parachuté par la RAF. Progressivement des prisonniers capturés sur le front de l'est sont mis en esclavage chez Fermak et les avions alliés ciblent l'usine pour annihiler son potentiel.



Quelle attitude adoptent, au fil des mois, les dirigeants, les ingénieurs, les travailleurs, les déportés de Fermak ? Paul Greveillac décrit les positions, les nuances, les évolutions, les dits et non dits, des mors et des condamnés à mort. Les frontières entre collabos et résistants sont poreuses ; les postures souvent mensongères car passer aux yeux des allemands pour un fidèle collaborateur aiguille vers des zones sensibles indispensables à la résistance …



L'originalité de ce récit est de se focaliser plus sur les salauds que sur les héros, sur les compromissions, sur les lâchetés, et ce dans un pays qui après le nazisme eut à subir le communisme sans jamais réécrire son histoire, sans juger les coupables ni réhabiliter vraiment les victimes des procès de Prague.



L'histoire est frôlée par les ombres rappelle l'auteur qui n'est pas dupe : accuser Fermak / Skoda de collaboration facilite sa nationalisation en 1945. Une étatisation synchrone à celle du groupe Renault, suite à l'inculpation et au décès de son fondateur en octobre 1944… En refermant ce livre, se pose la question : aujourd'hui dans quel étau serait pris un petit fils de Louis Renault à l'université de Nanterre ou de Vincennes ?



Un excellent roman où l'auteur oppose René Bondoux à Reinhard Heydrich dans une extraordinaire « Phrase d'armes ».



PS : ma lecture de « Phrase d'armes » :
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Art Nouveau

Quel bonheur de visiter Budapest, sur les pas de Lajos et Katarzyna Ligeti, et de remonter le temps jusqu’à ces années charnières 1894-1913, où les progrès techniques ouvrent aux architectes de nouvelles perspectives.

Louis Vicat invente, dès 1818 en France, le ciment artificiel que l’anglais Joseph Aspdin brevette en 1824 avec son « ciment Portland ». D’abord employé dans des ouvrages d’art, ce matériau prend progressivement ses lettres de noblesse et l’architecte Anatole de Baudot conçoit l’église Saint Jean de Montmartre (1894-1904).

Budapest est alors le vaste chantier d’une capitale qui rivalise avec Vienne et louche vers Londres et Paris. L’architecte Ödön Lechner se donne pour objectif de créer un style national hongrois et de bousculer le clacissisme d’Ignác Alpár. En Europe Auguste Perret et Le Corbusier posent leurs premières fondations.

Dans ce tourbillon culturel, social et politique, Bella Bartok compose à Budapest et Adolf Hitler vend ses premiers tableaux à Vienne.

Les automobiles prennent la route, les avions décollent, les usines poussent et croissent, des industriels bâtissent des phalanstères inspirés des théories de Fourier ainsi à Guise, Jean-Baptiste Godin bâtit un familistère à proximité de son usine de poêles.

C’est dans ce décor que Paul Greveillac crée Lajos Ligeti, architecte ambitieux, d’origine ashkénaze, qui part conquérir Budapest, via un détour à Paris pour élever une église, et dessine l’ambitieux projet Europa, pour loger les salariés d’un constructeur automobile.

Rédigé d’une plume élégante et enseignante, ce roman débute comme un conte de fées, mais s’embourbe dans le chantier Europa et les ornières creusées par des concurrents ou des collègues jaloux, voire rivaux, et Lajos se noie progressivement mais inexorablement.

Mais il est vrai que, le mieux étant l’ennemi du bien, un architecte qui ne respecte pas les délais et dérive dans les budgets, ne peut durablement être respecté par ses prospects ou clients.

Lorsque Lajos est mis sur la touche par son associé, qui a les pieds sur terre a défaut d’avoir le moindre talent artistique, il se révèle incapable de rebondir et dérive sur le plan familial et professionnel.

L’auteur semble ne pas croire en son héros qu’il laisse se noyer dans l’alcool et la dépression et l’intrigue fluctuant entre fiction et réalité égare le lecteur dans un univers de bric et de broc.

D’où une certaine déception en ce qui me concerne bien que j’aie apprécié le tableau de l’empire austro-hongrois riche d’une multitude de nations aux rêves hétérogènes et aimé cette esquisse d’un « Art nouveau ».



PS : je préfère nettement Phrase d'armes
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Phrase d'armes

Ce roman a été publié à la rentrée littéraire de septembre dernier et le début du roman semblait démontrer que ce roman tombait au bon moment : il nous est raconté les jeux olympiques du début des années 1930.

Au départ, j'ai été embarquée dans cette histoire, celle de René Bondoux, champion d'escrime français. A travers son histoire, le lecteur découvre les dessous de la grande Histoire, celle de la guerre.



J'ai apprécié la première partie de ce roman mais j'ai été très vite inondée de détails qui m'ont complètement échappé. J'ai été rapidement perdue dans tous les évènements dans le parcours de cet homme. Je n'ai pas été intéressée plus que ça d'une part parce que les évènements et les choix de ce personnage m'ont semblé complexes, pour le moins intéressés. J'ai l'impression que le lecteur est tenu à distance de cette histoire racontée sans réelle émotion, en tout cas pas assez pour ma part.



Je suis donc complètement passée à côté de ce roman, et j'ai eu énormément de difficulté à le terminer.


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Phrase d'armes

Paul Greveillac retrace la vie de René Bondoux, né en 1905, qui devint champion olympique par équipe à Los Angeles (1932), puis médaillé d’argent à Berlin (1936), avant d’être entraîné dans la guerre où il termine en tant que chef de cabinet de De Lattre de Tassigny. La première partie de l’ouvrage, dans laquelle l’auteur dépeint la carrière sportive et amoureuse de Robert Bondoux, à l’époque de la montée du nazisme, se lit avec beaucoup de plaisir, la plume alerte de Paul Greveillac sachant captiver le lecteur. La seconde partie, sur la guerre, nous semble moins réussie, les propos bien plus convenus sur la trajectoire militaire mouvementée de Robert Bondoux finissent par lasser et rompent par ailleurs quelque peu la fluidité du récit.

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Phrase d'armes

Plus cette lecture avançait, plus je m’interrogeais sur l’intérêt d’évoquer le parcours d’un inconnu du grand public, fût-il homme de bien et de talents (…une page Wikipédia pour ses médailles olympiques d’escrimeur, ses carrières d’officier et de juriste).

Cette question m'a poursuivie jusqu’à ce qu’elle croise son miroir dans les dernières pages du récit, évoquant le hasard de Mémoires retrouvées, qui donnent le ciment de vérité à ce qui reste un roman.



René Bondoux, disparu en 2001, reste le témoin d’une époque où sa vie personnelle confortable se heurte au second conflit mondial. Cette biographie est dynamique et attachante par le talent de plume de Paul Greveillac. Elle accroche surtout l’intérêt pour sa première partie, par les « phrases d’armes » d’un sportif de haut niveau, dans le contexte des années Trente et de la montée du nazisme. La trajectoire de militaire qui suivra est un peu plus convenue et m’a un peu lassée.



Je referme ce roman moins enthousiaste qu’après lecture des précédents, en gardant néanmoins fidélité à cet auteur qui sait si bien faire du romanesque ancré dans une époque.

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Phrase d'armes

René Bondoux, avocat méconnu, a l'honneur d'être cité 3 fois (pages 348, 349, 352) par Jean-Christophe Notin dans « Les vaincus seront les vainqueurs » au chapitre « Ach ! il y a aussi les français ! », où l'on lit que le Général de Lattre de Tassigny est accompagné par son son chef d'état major et son chef de cabinet lors de la signature de la capitulation allemande à Berlin, la nuit du 8-9 mai 1945.



Fleurettiste, champion olympique aux JO de Los Angeles en 1932, médaille d'argent aux JO de Berlin en 1936, René retrouve par hasard en 1937 à Paris, Virginia Mitchel, qu'il avait croisé lors d'une réception à Los Angeles cinq ans plus tôt … Mariage aux USA le 20 aout 1938, voyage de noces, retour juste à temps pour être mobilisé, puis démobilisé lors des accords de Munich.



En 1939, c'est la guerre, René est fait prisonnier et interné en Allemagne, Virginia et leur bébé filent aux USA, René bénéficie d'un libération médicale, habilement négociée par son père avec la complicité de quelques médecins amis de la famille, part vers l'Espagne en prétextant une plaidoirie dans le midi, passe par la case prison, puis en Afrique du Nord où il rejoint l'armée.



Débarqué en Provence, son unité, le 2e régiment de dragons, enrôle Bernard de Lattre de Tassigny, le fils du Général. le jeune garçon (16 ans) est sérieusement blessé à Autun, le 8 aout 1944, hospitalisé au Val de Grace, il s'échappe et rejoint le front … le Général profite de l'occasion pour déjeuner avec René Bondoux, et observe qu'un avocat, connaissant l'anglais, marié à une américaine et pratiquant le small talk , pourrait être un atout pour lubrifier une relation parfois tumultueuse avec l'US Army. Il en fait son chef de cabinet.



Lors de la traversée du Rhin, le Commandant Bondoux plaide pour que les américains laissent passer une partie de notre armée, négocie quelques rectifications de zones avec eux, puis décolle avec le Général le 8 mai vers Berlin, et rédige l'ébauche du discours que de Lattre prononce dans la nuit du 8 mai à Berlin lors des toasts échangés avec les vainqueurs.



Quel roman que ma vie, a peut-être dit René Bondoux en paraphrasant Napoléon à Saint Hélène … défi que Paul Greveillac relève avec talent. Phrase d'armes, avec son titre accrocheur, enchaine les actions avec les anecdotes et offre une véritable épopée.



Beaucoup de camarades de René Bondoux n'ont pas captivé les lecteurs avec leurs mémoires, et notamment le Lieutenant Jean-Claude Servan Schreiber, qui partage l'honneur d'être cité 3 fois (pages 111, 167, 178) par Jean-Christophe Notin, dont « Tête haute : Souvenirs » ne trouva pas son lectorat et incita Andreï Makine à publier « Le pays du lieutenant Schreiber » pour rendre leur vraie densité aux mots qu'on n'ose plus prononcer : héroïsme, sacrifice, honneur, patrie…



Paul Greveillac, avec son style épuré, dans un découpage cinématographique, restitue superbement René Bondoux, ses silences et son petit sourire en coin, qui ont séduit Virginia un soir de fête foraine en 1932, et le lecteur en 2023.



PS : le pays du lieutenant Schreiber
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Phrase d'armes



J'ai beaucoup aimé l'histoire de René Bondoux !

L'auteur nous raconte avec brillot la vie de cet homme, fleurettiste, avocat qui a traversé l'Histoire !

En effet, nous partons avec les sportifs français aux JO de Los Angeles en 1932. Il nous fait vivre la victoire de la France, la contribution de René à ce titre, nous vivons la montée du nazisme en Europe, les JO de Berlin.....René Bondoux , c'est aussi un avocat, un prisonnier de guerre, un combattant au côté du général De Lattre..... Un vrai destin !

C'est aussi un homme qui tombe amoureux de Virginia Mitchel, une américaine, rencontrée lors des JO, alors que la Marseillaise retentit, il ne pense qu'à elle.....

A côté de René, un personnage central : l'Histoire, la grande histoire, la montée du nazisme, le Front Populaire, la guerre.....Après son mariage, René est mobilisé.....

L'histoire de René Bondoux est passionnante et magnifiquement racontée par Paul Greveillac !

Une très belle découverte !

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Phrase d'armes

Il est avocat, et chose pas si fréquente, champion de fleuret. Il s'appelle René Bondoux. Aux Jeux olympiques de 1932 à Los Angeles, les fleurettistes français décrochent la médaille d'or. Mais René n'a pas été le plus brillant de l'équipe. Trop de soucis à cause du procès de Gorgulov, l'assassin du président Doumer, dont il n'a pas eu la défense qui aurait fait décoller sa carrière. Ou peut-être plus prosaïquement parce qu'il pense à la jeune Virginia qu'il a rencontrée dans un de ces dîners mondains, où les athlètes français fument, et boivent du vin en pleine prohibition.



À Berlin en 1936, c'est une autre paire de manches. Hitler et ses sbires sont aux manettes et les athlètes français ne sont pas à l'aise (un euphémisme). D'ailleurs Léon Blum n'a autorisé leur participation qu'à reculons. Cette fois-ci les escrimeurs finissent en seconde place. Un résultat déprimant. À l'image de ce qu'ils ont pu voir à Berlin et leur fait craindre la suite des événements. Et ils n'ont pas tort. Déjà se profile la guerre, bientôt suivie de l'armistice.



Entre-temps René s'est marié avec son Américaine, dont il a eu un fils. Mais René ne peut accepter de ne pas résister à l'ennemi. Sa femme et son fils attendront en Amérique, c'est plus sûr. Mais d'abord c'est la captivité qui attend René. La suite, je vous laisse la découvrir, espérant que cette histoire vous plaira autant qu'à moi. Car, sans aucun doute, René Bondoux méritait bien cette sortie de l'ombre, historique, romanesque et pleine d'ironie réalisée par un Paul Greveillac décidément plein de ressources…



Merci à Babelio et aux Éditions Gallimard pour cette lecture plaisante qui m'a donné l'occasion d'écrire cette millième critique 😊

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Phrase d'armes

René Bondoux, quel destin !

Merci et bravo à Paul Greveillac de l’avoir exhumé et de nous l’avoir présenté.

Né au début du XX°siècle, René Bondoux, avocat de formation et pratiquant l’escrime à très haut niveau, est devenu champion olympique au fleuret par équipe aux jeux de LosAngeles en 1932, puis dans cette même épreuve, vice-Champion aux jeux de Berlin de 1936.

Il s’était marié à une jeune américaine rencontrée pendant ses premiers jeux, Virginia, et ils ont eu un premier bébé en 39.

On retrouvera René à Berlin les 8 et 9 mai 1945, car son parcours pendant l’occupation l’amène à devenir le secrétaire particulier du Général de Lattre de Tassigny, qui s’impose à Berlin pour signer au nom de la France libre la reddition de la ville, reddition qui sera signée par le maréchal Keitel au nom des nazis et que René avait vu derrière Hitler et Goering à la tribune du stade olympique un peu moins de 9 ans plus tôt.

Ce « roman » est très documenté et fourmille d’anecdotes sur les compétitions, sur le casernement, etc…. Montre aussi comment René faisait plutôt confiance à Vichy et à des personnes qu’il y connaissait et a hésité avant que de choisir la France libre. C’est un très bon rendu d’une époque.

J’ai toutefois une petite réserve à formuler. J’avais découvert Paul Greveillac il y a 4 ou 5 ans lorsqu’il avait publié « Maîtres et esclaves » et j’avais été emballé par son style épique et son souci du détail, ici PG écrit des chapitres très courts et sa phrase est parfois tellement elliptique qu’elle en devient difficile à lire. Hormis ce petit manque de fluidité, c’est un très bon roman dont je recommande la lecture.

Merci à Gallimard et à Babelio de m’en avoir confié un exemplaire.

RD

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Phrase d'armes

Comme à son habitude, Paul Greveillac tisse son roman sur l'Histoire. Ici, c'est en France que sa plume s'ancre et c'est la vie de René Bondoux qu'il relate, un résistant oublié, un fleurettiste de talent. Pourtant, c'est davantage un anti-héros qu'un héros que l'auteur recrée ici, sur un ton ironique et parfois irrévérencieux, étonnamment rafraîchissant dans une biographie - certes romancée (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/10/14/phrase-darmes-paul-greveillac/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Phrase d'armes

« Phrase d’armes : désigne en escrime l’enchaînement des actions réalisées lors d’un assaut. »



Jusqu’à la lecture de « Phrase d’armes », René Bondoux m’était totalement inconnu. Quant à l’auteur de ce roman, Paul Greveillac, je ne m’étais jamais penchée sur un de ses romans. La dernière masse critique m’a ainsi permis de découvrir l’histoire de ce fleurettiste de talent dont la vie aura été étroitement liée aux grands évènements du 20ème siècle ainsi que l’écriture et le style de Pierre Greveillac. Je tiens à remercier les Editions Gallimard ainsi que l’équipe de Babelio pour cette intéressante découverte. Ce titre a d’autant plus suscité ma curiosité que mon petit-fils de onze ans pratique l’escrime et qu’il est classé sur le plan national dans sa catégorie.



René Bondoux est né en 1905. Il se destine à la profession d’avocat. Homme du monde, issu d’une famille proche des Doumer, nous faisons sa connaissance sur le pont du Lafayette en route pour New York. Champion d’escrime, fleurettiste reconnu, il a intégré l’Equipe de France. Il est en route pour les Jeux Olympiques de Los Angeles en compagnie des athlètes français.



Il reviendra de ces Jeux Olympiques de Los Angeles en 1932 avec une médaille d’or.



Les années 30 voient sa renommé d’avocat s’établir. Il est à noter qu’il deviendra, dans les années soixante, Premier Secrétaire de la Conférence et Bâtonnier de France.



Le travail ne manque pas dans cette période où la France va très mal. Il y a aussi cet épisode Stavisky qui cristallise les rancœurs. Les affaires se succèdent pendant que l’état de l’Europe se dégrade. René trouve son rythme de travail, « ses trois-huit ». Seize heures de boulot pour huit heures d’escrime et de sommeil.



Berlin 1936, nous retrouvons René Bondoux, défilant avec l’Equipe de France pour la cérémonie d’ouverture devant Hitler. Mais voilà que les athlètes olympiques français font le salut olympique, « le salut de Joinville », que le public allemand confond avec le salut nazi. C’est un déferlement de hourras qui se produit. Cet incident regrettable voire tragique servira la propagande nazie. Dans cette atmosphère oppressante, René est de plus en plus mal. Ses résultats vont s’en ressentir. L’Equipe reviendra avec une médaille d’argent des JO de Berlin en 1936.



Il croise, à Paris, Virginia Mitchel, la fille de ses hôtes américains à Los Angeles dont il tombe amoureux, Un mariage s’en suit. Malheureusement, la seconde guerre mondiale éclate. Il se retrouve mobilisé. Prisonnier sur les plages de Dunkerque, Il s’évade. René Bondoux est plutôt un légaliste eu égard à sa profession mais ses valeurs humanistes vont le pousser à chercher à rejoindre Londres.



On le retrouve prisonnier dans les cellules de Franco, de Figueras à Gérone. Il fait jouer ses connaissances espagnoles notamment un Gouverneur de Franco. Sa lettre passe la censure et il n’est pas très loin de la libération. Malgré les difficultés qui se dressent devant lui, il parvient enfin à embarquer en décembre 1943 sur Le Gouverneur Général Lépine pour l’Afrique du Nord battant pavillon de la Croix-Rouge. Casablanca, Alger, il rencontre Pierre-Mendès France, Joseph Kessel. Retour à Sig au 2éme dragon, où sont débarqués les chars d’assaut. Capitaine au deuxième dragon, sa division est incorporée à la Division Leclerc. Remarqué par le Général De Lattre de Tassigny, Il devient son chef de cabinet. Il débarquera en Provence et sera présent à la capitulation de l’Allemagne nazie à Berlin.



J’ai beaucoup aimé me plonger dans la vie de René Bondoux. J’ai vibré aux Jeux Olympiques de Los Angeles, souffert aux Jeux Olympiques de Berlin, palpité avec lui afin de pouvoir rejoindre De Gaulle, découvert le portrait intéressant du Maréchal De Lattre de Tassigny et les coulisses de la capitulation allemande en 45 à Berlin où l’opiniâtre De Lattre de Tassigny finira par imposer la présence de la France mais je n’en sais pas plus sur la personnalité profonde de René Bondoux. Paul Greveillac jette un coup de projecteur sur la destinée de René Bondoux. Il relate les périodes les plus exceptionnelles, rend hommage à un homme discret qu’il fait sortir de l’ombre tout en restant concentré sur les évènements. J'ai regretté cette mise à distance quant à la personnalité de René, cela donne une sensation d’incomplétude mais peut-être ne pouvait-il faire autrement par manque d'éléments.



L’auteur a eu accès aux archives de René Bondoux ainsi qu’aux mémoires du Maréchal De Lattre de Tassigny. Le style est moderne, rythmé. Il ne présente pas d’intérêt particulier. Par contre, Paul Greveillac sait voir immédiatement le côté humoristique de chaque situation, Il en joue très bien et c’est avec plaisir que j’ai pu savourer son ironie. La malice qui en découle permet une lecture détente tout en abordant avec sérieux ce qui se déroule dans les coulisses de l’Histoire. L’atmosphère des JO de 1936 est oppressante ce qui n’est pas sans rappeler certains aspects de notre société d’aujourd’hui.



Je ne connaissais pas du tout si ce n’est que de nom, Paul Greveillac. Ce jeune auteur de quarante deux ans m’aura fait passer un excellent moment de lecture avec « Phrase d’armes ». Je ne me suis jamais ennuyée et j’ai été tenue en haleine de la première à la dernière page !



J’ai trouvé ce lien : « René Bondoux raconte la signature de la capitulation allemande le 8 mai 1945 » article du Figaro.

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Phrase d'armes

« Phrase d’arme » nous fait suivre le parcours de René Bondoux, né au début du 20ème siècle et qui va connaître un destin hors norme. Tour à tour champion olympique d’escrime, avocat puis soldat pendant la seconde guerre mondiale, sa vie permet à Paul Greveillac de nous raconter une bonne partie de l’histoire du 20ème siècle. Entre la biographie et le roman d’aventure, tant le parcours de René Bondoux est semé d’obstacles, le roman nous tient en haleine d’un bout à l’autre. Du début à la fin, malgré les circonstances auxquelles il se retrouvera confronté, notre héros sera fidèle à ses convictions humanistes, en opposition à l’injustice et à la barbarie auxquelles il sera confronté. Un livre très agréable à lire, porté par la plume rythmée et incisive de l’auteur, comme un assaut d’escrime.
Lien : https://mangeursdelivres.fr/
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Phrase d'armes

Bondoux , vous connaissez ???



Moi non plus , jusqu'à ce que ( ca s'écrit?) Paul Greveillac ne le fasse revivre pour nous ,et pour cela merci.



Quelle vie et destinée incroyables vécu par cet homme , qui a toujours été au service de la France.



Que ce soit dans le sport où il fut 2 fois médaillé olympique ( 1932 et 1936 ), puis dans la guerre ,puis enfin dans le monde de la justice.



C'est à mes yeux une biographie légèrement romancée plus qu'un roman ,mais j'ai passé un moment très agréable et appris pas mal de choses ( le livre est rempli d'anecdotes historiques) en compagnie de ce héros de la France .



A lire ou pas c'est vraiment selon....
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Phrase d'armes

De nouveau un livre lu pour mon libraire à propos duquel tout m’était inconnu. Le sujet ne me tentait pas plus que ça mais j’ai été prise par le style rythmé, son impertinence par moments, par ses chapitres courts au service d’un destin hors norme passionnant et qui permet de revisiter l’histoire contemporaine….une belle découverte
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Maîtres et Esclaves

Chine, 1950-2017

Tian Keweï est né en 1950 dans un petit village reculé du Sichuan.

A travers son parcours qui l’amènera jusqu’au ministère de la propagande nous découvrons au plus près les transformations de la société chinoise au cours des soixante ans écoulés.

D’emblée le lecteur, dès l’incipit, est plongé dans la peur et la violence subies par les populations au travers de la mère de Keweï qui croise sur sa route un détachement de l’Armée populaire.

Au fil des années, de brutalités en exactions, de politiques absurdes en revirements, de rivalités du plus bas au plus haut sommet de l‘Etat, nous assistons à la réalisation du destin de Keweï. Fils de paysan, il aurait dû être paysan. Initié par son « bon à rien » de père au dessin, remarqué, il ira aux Beaux-Arts de Pékin et gravira les échelons de la hiérarchie jusqu’à devenir membre du Parti, censeur des Arts au service du régime.

Je suis assez partagée sur ce roman.

En effet, j’ai beaucoup aimé la description de la Chine qu’elle soit traditionnelle dans le plus reculé des villages ou une Chine plus « moderne » au plus près du pouvoir. Son quotidien très précis, truffé de détails la rende très vivante.

J’ai aussi beaucoup aimé le récit du vécu des populations durant la période maoiste notamment lors de la terrible famine de 1958-60, résultat de l’échec de la politique du « Grand bond en avant » ou bien la terreur exercée par les terribles Gardes rouges.

L’évolution du personnage de Kewei est aussi très intéressante. D’esclave soumis aux aléas de cette période très troublée à « petit » maître décidant du destin d’autres artistes, son cheminement personnel de peintre, d’époux, de père. Pour autant, j’ai trouvé beaucoup de longueurs. Ainsi les atermoiements de Kewei face aux changements et à l’ouverture des Arts vers un forme de libéralisation sont assez pesants. Certes, tout cela est le reflet d’un embrigadement subi dès l’âge tendre mais cela aurait pu peut-être être restitué sans s’étendre aussi laborieusement.

Il en reste que cette lecture fut très instructive. La vérité de ce récit traduit une excellente connaissance de cette période, une excellente connaissance des Arts en Chine. Cela m’a du reste étonnée d’un auteur français. A cela, il faut souligner une écriture très soignée.

Je reviendrai vers cet auteur.

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L'étau

L’étau s’est révélé être un réel coup de cœur que je referme à regrets. Ce roman est servi par un très beau style, une écriture ciselée tout en nuances et chargée de symboles.

L’histoire est celle de l’usine Fernak, fleuron de l’aéronautique tchèque, de ses fondateurs et de la convoitise qu’elle suscitera chez les nazis pour alimenter leur machine de guerre. Le Protectorat de Bohême-Moravie mis en place en mars 1939 par le Troisième Reich instaure la gouvernance impitoyable de Heydrich sur la région et l’usine passe sous contrôle de Berlin. La résistance passive s’avère exclue ou mortelle pour les directeurs de l’usine – Bohus Zdrazil - et les hommes politiques tchèques sous contrôle de l’Allemagne. Les prisonniers des camps fournissent une main d’œuvre exténuée et exécutée en cas de rébellion tout au long de la guerre.

Les protagonistes sont brillamment décrits, des cercles politiques aux antichambres du pouvoir en passant par la direction de l’usine, la terreur infligée par les occupants est distillée de manière froide et implacable. De très beaux portraits humains qui permettent par leurs nuances de comprendre la situation inextricable dans laquelle se trouvaient les personnes contraintes à servir le « protecteur ». La musique et les œuvres d’art jouent un grand rôle dans ce roman : Aldor Elkan, l’architecte hongrois appelé pour décupler la capacité de production de Fernak est engagé dans des joutes culturelles avec le sinistre Heydrich et les tableaux « dégénérés » spoliés, Klimt, Corot sont une monnaie d’échange inestimable pour acheter hommes ou services.

Un roman ample, à l’architecture puissante et profonde, qui me donne envie de tout lire de Paul Greveillac.

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Maîtres et Esclaves

Beaucoup de bonnes voire très bonnes critiques pour ce livre de Paul Gréveillac dont c'est le 1er livre que je lis.

Por ma part, j'ai frôlé l'ennui même si je me suis accroché jusqu'au bout.

Pourtant le style est bien enlevé même si un peu vieux jeu mais je n'ai pas accroché du tout.

La Chine rurale m'a ennuyé et j'ai trouvé certains passages interminables.

Je retenterai un autre ouvrage de cet auteur car j'ai trouvé, pour un auteur français, gonflé de se lancer dans un tel récit.



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L'étau

Bluffée par la qualité de l'écriture. J'ai été complètement prise dans l'intrigue. Les personnages sont solidement construits, leur psychologie est abordée avec beaucoup de subtilité, que ce soient des personnages réels ou fictifs. Même les "salauds" comme Cibulka, oignon fait homme, en deviennent attachants. Je recommande chaleureusement ce roman
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L'étau

Se passe en Tchécoslovaquie dans les années 1920 et pendant la guerre 40-45. C'est l'époque de gloire des voitures, des chaussures Bata. Mais aussi de l'usine Fernak qui construit des avions et des armes de combat.

Les nazis arrivent, prennent possession de l'usine en mettant aux commandes l'un des leurs, veulent que le rendement soit toujours plus performant, que l'usine tourne à plein régime. Ils engagent des prisonniers qu'ils tuent littéralement au travail.

Beaucoup de personnages et des faits qui me sont inconnus et rendent donc la lecture plus difficile.

Les dirigeants de Fernak, qui avaient cette usine à cœur, ont été si pas éliminés, soi-disant suicidés, écartés de leurs fonctions. Le SS Reinhard Heydrich qui était à la tête pour diriger la Tchécoslovaquie sera victime d'un attentat auquel il échappera miraculeusement mais décédera peu après. Les "retours" revanches seront terribles. De très nombreuses exécutions auront lieu.

Une lecture pas très aisée mais intéressante.

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