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Critiques de Paul Harding (II) (63)
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Enon

Ce roman m’a beaucoup touchée, j’ai trouvé que la plume de l’auteur était emplie de justesse quant à ce drame qui peut toucher n’importe lequel d’entre nous. J’avoue qu’avec un tel résumé, je n’ai plus grand chose à dire de l’histoire en elle-même, la plupart des événements marquants y sont cités : la descente aux enfers d’un père qui a perdu sa fille unique, le soleil de sa vie, qui finit par tomber dans une folie douce, touchant à la drogue comme à l’alcool (vous me direz quelle différence y a-t’il entre ces deux substances ? ), incapable de lutter tellement la douleur est pénétrante. Mais ce qui compte, c’est le cheminement de Charlie, ce père endeuillé : si on en connaît le pourquoi, on se demande comment il est tombé si bas et c’est ce à quoi l’auteur répond dans ces pages.



Le style de l’auteur est fluide et poétique.

Ça a été une lecture douloureuse qui n’a pas été sans heurt de mon côté. Le développement émotionnel en est tellement bien décrit que je me suis retrouvée à la place du narrateur, que les larmes me sont montées souvent aux yeux.

J’ai vraiment adoré ce roman.
Lien : http://psylook.kimengumi.fr/..
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Les foudroyés

Voici un récit surprenant, des plus déroutants, du moins au début de l'ouvrage....magnifiquement écrit, lent, poétique et émouvant.

Un homme va mourir d'insuffisance rénale au milieu de son salon entouré de ses enfants épuisés, de ses petits enfants,en proie à ses souvenirs de jeunesse, auprès d'un père, colporteur de son état, grand voyageur, imprévisible, bucolique, hanté surtout par des crises d'épilepsie et par la foudre!

Nous ,lecteurs, nous retrouvons comme par enchantement, spectateurs, en train de revivre, dans un désordre voulu,des fragments de leurs deux vies!

L'écriture est très riche, d'une originalité étonnante,où l'auteur ausculte mère nature et ses éléments, transcrit leur couleur ou leur mouvement grâce à de longues phrases somptueuses et interminables parfois!

"De hautes touffes de marisque et des fleurs sauvages poussaient le long de l'échine des routes de terre et caressaient le ventre de la carriole de Howard, des ours cueillaient des fruits à coups de patte dans les buissons sur les bas- côtés."

On se sent léger, détaché de tout, des exigences de la vie et de ses multiples responsabilités, l'auteur prend tout son temps, il oscille constamment entre des descriptions contemplatives de la nature et la violence plus ou moins incontrôlable d'une crise d'épilepsie ou les fulgurances de l'esprit dérivant en rêveries oniriques....sur la nature rugueuse du Maine et l'éphémère de la nature

Humaine....

Son texte lyrique et pastoral enchaine les tableaux, les objets chargés d'émotion et de sens, des instants purs polis une dernière fois lors des derniers instants de George, dans un dernier souffle : léger et élégant....

La chute de ce livre à l'écriture fabuleuse, réjouissante tant elle est sobre, force le respect.

Un roman incroyable, rare, intimiste,intense, une histoire tenue,une méditation éblouissante, des carreaux d'une mosaïque, tournoyant , tourbillonnant, retraçant un portrait à facettes multiples.....

Un récit humaniste fait de silences,de l'histoire d'une existence pendant les ultimes heures de la vie d'un homme!

Une ode au temps qui passe...

Étonnant!
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Enon

Je n'avais pas réussi à finir Les Foudroyés, l'ouvrage précédent de Paul Harding mais j'ai fait l'effort d'aller jusqu'au bout de ce nouveau roman.



Bien sûr le sujet est sensible puisqu'il s'agit de la perte d'un enfant et vraisemblablement cela bloque des rouages dans le subconscient du lecteur (dans le mien en tout cas ...)



Charles Crosby perd accidentellement sa fille Kate de 13 ans et se sépare rapidement après de sa femme.



Il raconte son enfance à Enon avec son grand-père, sa rencontre avec Susan sa femme et sa vie avec Kate .



Cela n'a jamais été une vraie vie de famille, chaque parent étant en fait, un parent seul avec son enfant , Kate étant devenue très vite le seul ciment de la cellule familiale .



Ces évocations sont mêlées astucieusement à l'histoire de la petite ville d'Enon qui intéresse depuis longtemps Charlie .



Peu à peu , ces souvenirs se mélangent aux délires et aux rêves sous l'emprise de l'alcool,des médicaments et de la drogue, Charlie devenant un être solitaire, une épave errant la nuit dans le cimetière ou s'introduisant dans les demeures .



Autant la première période où il raconte les histoires avec son grand-père horloger et les ballades dans la nature avec lui ou sa fille est plaisante autant les descriptions sous l'emprise des différentes substances m'ont dérangée, mais tout ceci n'est que mon ressenti !
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Enon

"La plupart des hommes de ma famille font de leurs épouses des veuves, et de leurs enfants des orphelins. Je suis l'exception. Ma fille unique, Kate, est morte renversée par une voiture alors qu'elle rentrait de la plage à bicyclette, un après-midi de septembre, il y a un an. Elle avait 13 ans. Ma femme Susan et moi nous sommes séparés peu de temps après".



Les six premières lignes du texte. Tout est dit. Charlie a perdu sa fille unique. Charlie a perdu sa femme. Charlie a perdu pied. Totalement.



Le Charlie, on a souvent envie de lui botter le cul, de lui dire qu’il n’est pas le premier à qui ça arrive et qu’il ne sera malheureusement pas le dernier. On a aussi envie de lui dire que c’est un peu facile de se laisser couler de la sorte plutôt que d’affronter la réalité en face. Mais ce que j’aime chez Paul Harding c’est qu’il ne saute pas à la gorge de son lecteur en hurlant « regarde et pleure ! » comme tant d’autres savent si bien le faire. Il dessine l’indicible par petites touches, il bifurque, il vagabonde sur des chemins de traverse, perd le fil de son récit pour plonger dans les souvenirs d’enfance de son personnage ou exposer l’histoire de la ville d’Enon et sa toponymie. Et sans crier gare il revient au quotidien de Charlie et nous immerge à nouveau dans son terrible voyage aux confins de la déchéance et de la folie. J’adore ce choix narratif plein de liberté, une manière de dire au lecteur « qui m’aime me suive, et tant pis si j’en perds en route ». Et puis il peut se le permettre parce qu’il écrit magnifiquement bien.



Un roman d’une beauté tragique, un roman anti « feel good » par excellence. Tout ce que j’aime, quoi.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Enon

La mort de sa fille comme descente aux enfers, entomologique et magnifique.



Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/07/07/note-de-lecture-enon-paul-harding/

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Les foudroyés

J'ai le sentiment d'avoir lu un roman fort mais qui ne m'a pas touchée, seulement effleurée. Peut-être est-ce dû à sa construction ou au fait que les personnages ne sont pas assez approfondis... Certainement pas une lecture marquante.
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Les foudroyés

Ce roman mérite bien son titre, il m’a foudroyé ! Je suis devenu complètement idiot, incapable de comprendre ce que je lisais. J’ai bien réessayé, mais non, je n’ai vu que des mots, je n’ai rien saisi et j’ai abandonné au bout de 50 pages. Ce n’était sans doute pas le bon jour pour ce livre, mais cela fait un drôle d’effet de se sentir analphabète….



Pourtant ce roman bénéficie d’une critique élogieuse et a remporté le Pulitzer mais je n’y ai vu que des mots décousus, comme les hallucinations du vieil homme qui agonise au début de ce roman. Son histoire est bien couplée avec celle de son père, mais les récits de ce colporteur m’ont semblé hachés, sans suite.



J’aurais sans doute dû persévérer mais pourquoi se faire du mal alors que la liste de livres à lire est encore infinie ?


Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Les foudroyés

C'est l'histoire d'un homme qui meurt. Entouré par sa famille, il se remémore sa vie d'enfant, ses relations avec son père, sa mère, sa famille et sa passion pour l'horlogerie.

On découvre le père qui parcourt la campagne américaine avec sa carriole de colporteur. Et la mère qui porte sa famille à bout de bras. Elle aurait sans doute voulu être quelqu'un d'autre.

Un jour, le père disparait.

Le roman parle de disparitions, soudaines ou lentes.

Le temps parait être un instrument de désagrégement.

Des textes évoquant l'horlogerie rythment le récit. La nature et les saisons sont de vrais personnages.

Ce roman très curieux recèle une poésie et une mélancolie enchanteresses.

Il s'agit d'une première œuvre , au départ publié à très peu d'exemplaires et qui finalement a reçu le prix Pulitzer en 2010.
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Les foudroyés

48 heures avant sa mort paisible, les souvenirs d'un horloger défilent, savante orchestration...



Refusé par tous les grands éditeurs new-yorkais, ce premier roman atypique publié en 2010 a obtenu le prix Pulitzer...



Construit sur un magnifique empilement de flashbacks, il nous raconte les dernières heures de George Washington Crosby, au milieu des siens dans sa maison de Nouvelle-Angleterre. George, qui fut entre autres horloger de haute précision, voit affluer, en une construction savante qui ne doit rien au hasard (et dont les nombreux extraits du "Petit horloger raisonné" - Révérend Kenner Davenport, 1783 - fournissent comme un subtil mode d'emploi), les souvenirs, et notamment ceux concernant son colporteur de père, dont les crises d'épilepsie, mais aussi le caractère puissant et lunatique, rythmèrent son enfance.



"A midi, il se retrouva seul quelques instants, tandis que la famille préparait le déjeuner dans la cuisine. Les fissures du plafond s'élargirent en crevasses. Les roues bloquées de son lit s'enfoncèrent dans les failles nouvelles apparues dans le plancher en chêne sous la moquette. D'un instant à l'autre, le sol céderait. Son estomac inutile ferait un bond dans sa poitrine, comme sur un grand 8 de la foire de Topsfield, et, dans une secousse à vous briser net l'échine, lui et son lit atterriraient au sous-sol, par-dessus les décombres broyés de son atelier. George imagina ce qu'il verrait, comme si la chute avait déjà eu lieu : le plafond du salon, haut de deux étages à présent, un puits déchiqueté de lattes de plancher cassées, de tuyaux de cuivre tordus et de fils électriques telles des veines tranchées jaillies des parois et pointées vers lui échoué au centre de ces ruines soudaines. Là-bas dans la cuisine résonnaient des voix, des murmures."



Le genre de livre pour lequel l'expression de "classique instantané" peut enfin avoir un sens.

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Les foudroyés

Très beau livre, contenant des descriptions humaines (personnages, paysages) vraiment très belles. La traduction est magnifique.
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Les foudroyés

L'auteur est tellement doué que ca fait mal. Il décrit les choses comme j'ai rarement vu chez un auteur. Je conseil ce roman à tous ceux qui désire une lecture hors-norme sans rebondissement. Il s'agit d'une très bonne histoire et réflexion sur la mort et la vie familiale.
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Les foudroyés

Ce récit fragmenté est un grand roman familial et mélancolique, une méditation éblouissante sur le temps qui passe et les hommes « foudroyés » par les surprises de l'existence et la beauté de la nature.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Les foudroyés

Malgré la mort qui rôde, ce n'est pas un office des ténèbres qu'il entonne, c'est un hymne à la vie, une ode à la mémoire, cette machine à remonter le temps dont George, ancien réparateur d'horloges, fait tourner les rouages avec une infinie délicatesse. Superbe.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
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Les foudroyés

Un livre étonnant, dont l’auteur dévoile la trame dès les premières pages : les dernières heures d’un homme qui va mourir dans son lit. En contrepoint, la vie de son père épileptique et fantasque est racontée par l’auteur avec beaucoup de finesse,même si certaines scènes sont rudes. J’en connais qui ne vont pas aimer une histoire aussi ténue et intimiste !



Les souvenirs du mourant lui reviennent sans ordre aucun, le récit de la vie du père est une suite d’anecdotes et de rêveries onitiques, poétiques et cosmiques sur la rude nature du Maine et la nature humaine.



Je trouve ce court roman extrêmement bien écrit et plutôt attachant. Il est pour moi d’une grande tendresse envers des êtres humains ordinaires. Il se lit avec plaisir et gourmandise. La chute est tout à fait élégante et légère, réjouissante par sa sobriété et sa vraisemblance.



Le seul point faible à mon avis est l’exercice d'atelier d'écriture que s’est offert l’auteur avec son « petit traité de l’horloger » qui vient casser l’ambiance. Nobody is perfect.
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Les foudroyés

C'est typiquement un livre que la critique adore et même que je ne comprends pas pourquoi et que j'ai beaucoup aimé et je ne comprends pas non plus pourquoi.



C'est l'histoire d'un homme qui meurt et qu'on se dit que ça ne sert pas à grand chose la vie. Et puis il y a l'histoire de son père et là on se dit qu'il y a quand même des moments sympas dans une vie. Je n'ai pas forcément été sensible à tout mais j'ai bien aimé la structure : on part d'un futur mort puis on remonte à son père puis à son père tout en allant vers la mort.



Finalement ce livre est comme les vies qu'il décrit : des moments supers et puis le reste
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Les foudroyés

Je commencerai par saluer le traducteur qui a réussi le tour de force de traduire une écriture d'une telle richesse ! Paul Harding traduit ses impressions par des mots qui courent sur le papier, il ausculte la nature et les éléments et transcrit leur couleur et leur mouvement par des phrases somptueuses et parfois interminables.

C'est un roman totalement atypique qui commence, alors que George, le chef de famille, est en train de mourir d'insuffisance rénale dans son salon, entouré par ses enfants et petits-enfants, en proie à des instantanés de ses souvenirs et des hallucinations... Etrange et un peu abscons au début ...

Mais au fur et à mesure, George convoque ses souvenirs d'enfance auprès d'un père colporteur, imprévisible et bucolique, régulièrement frappé par des crises d'épilepsie et régulièrement aussi foudroyé par le spectacle de la nature dans sa splendeur... et le récit prend un tour très différent et passionnant.

Que restera-t-il de nous après notre mort, c'est la question qui taraude George et ponctue régulièrement ses réflexions.

Un livre étrange et beau, une rivière à l'écriture sublime par laquelle il faut se laisser emporter...
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Les foudroyés

Imaginez un homme qui se meurt entouré de sa femme, de ses enfants et petits-enfants. Cet homme Georges Grosby passionné d’horlogerie se remémore son père Howard. Howard et sa carriole remplie de bibelots qu’il vendait dans les campagnes du Maine. Ne cherchez pas une chronologie dans ce livre ou une histoire basée scrupuleusement sur l’ordre des générations de la famille Grosby, il n’y en a pas ! Mais il y a mieux, beaucoup mieux !



La suite sur :

http://fibromaman.blogspot.com/2011/09/paul-harding-les-foudroyes.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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Les foudroyés

J'ai été un peu déçu par ce livre. A la lecture des critiques, je m'attendais à quelque chose d'exceptionnel.

Les premières pages sont longues mais le récit prend une autre dimension lorsque apparait le personnage de Howard. On se laisse alors happer par la beauté de l'écriture.
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Les foudroyés

Les foudroyés est plein d’une imagination galopante qui échappe puis qu’on rattrape comme on se rétablit sur une barre. Elle est placée très haut, cette barre.
Lien : http://www.lesoir.be/culture..
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Les foudroyés

Critique de Augustin Trapenard pour le Magazine Littéraire



Singulière destinée que celle du premier roman de Paul Harding, d’abord rejeté partout et relégué au fond d’un tiroir avant d’être édité trois ans plus tard à quelques centaines d’exemplaires, repéré grâce au bouche-à-oreille et finalement récompensé contre toute attente par le prestigieux prix Pulitzer. Que dire de ce texte bouleversant, sinon qu’il déroule dans une langue somptueuse les visions hallucinées d’un vieillard sur son lit de mort ? Il s’appelle George Washington Crosby et il est horloger. À mesure qu’il s’affaiblit et qu’on se presse autour de lui, il convoque les fantômes de son père et de son grand-père, tissant tant bien que mal son roman familial pour donner - sait-on jamais ? - un sens à sa vie. C’est un livre de mémoire et de transmission, un « livre de mon père » qui retrace dans le désordre trois générations d’Américains moyens frappés par une malédiction. Au coeur des Foudroyés se distinguent pourtant les pérégrinations du père de George, un vendeur itinérant aux faux airs de poète qui trimballe dans sa carriole ses babillages et ses babioles. Un homme impénétrable, fantasque et fragile à la fois, victime de fréquentes crises d’épilepsie qui le pousseront à s’exiler pendant de longues années. Un père en pointillé dont le fils agonisant s’efforce de raviver les errances, les rêveries et les fulgurances à travers les paysages éblouissants de la Nouvelle-Angleterre.

« Où est mon père, pourquoi ne puis-je mettre fin à tout ce mouvement et observer les vastes agencements et trouver grâce aux contours et aux couleurs et aux qualités de la lumière où est mon père... » En bon horloger, George s’applique à saisir et à réparer le passé, animé par la conviction que toute existence a ses rouages et qu’il suffit d’imbriquer les souvenirs pour réassembler son destin. Toute la beauté du livre surgit pourtant d’enrayages, de failles et de dérèglements. Lorsque le jeu de Meccano se heurte aux mystères de l’être humain et aux caprices de la mémoire. Lorsqu’on doit soudain faire face à des actes ou à des mots qui échappent à la raison. Lorsqu’il faut se confronter, en somme, à l’expérience stupéfiante de l’étranger qui est en soi. Ainsi de ce père « éclairé par une lumière trop vive », insaisissable jusque dans ses crises d’épilepsie qui lui confèrent une aura surnaturelle et qui fonctionnent dans le texte comme autant d’épiphanies. Paul Harding excelle à décrire ces moments suspendus, lorsque l’horloge s’arrête et que les souvenirs se superposent. Au drame du temps qui passe et aux tristes transformations du paysage américain, il répond par la magie de ces foudroiements intimes qui touchent au sublime et à l’universel.

En patient horloger, l’auteur s’offre le temps de construire chacun de ces instants. À ce titre, son écriture méditative et poétique se lit d’abord comme un acte de résistance contre les règles et les artifices d’une certaine fiction américaine. À la tyrannie du genre, il impose un style hybride, passant du flux de conscience à la pure pastorale, glissant ici et là des entrées de journal aux faux airs d’encyclopédie ou de savoureux extraits d’un vieux manuel d’horlogerie. Contre la linéarité de l’intrigue, il choisit d’avancer au gré d’impressions, d’images ou d’idées, procédant par télescopages (parfois au sein d’un même paragraphe), d’un personnage, d’un point de vue ou d’une époque à l’autre. À l’urgence de l’action, il préfère enfin la contemplation, laissant libre cours à son imagination et procédant, en quelque sorte, par illuminations. C’est un fauteuil, une table ou un tapis élimé qui s’anime soudain dans l’esprit délirant d’un homme agonisant. C’est un vieil Indien qui apparaît « chaque fois que les feuilles dorées, rouges et brunes balaient les chemins et s’enroulent dans les vrilles du vent ». C’est l’image de ce père, surtout, quelque part entre le fantôme, le fugitif et le fou - admirable figure du poète qui « sait l’essence véritable, la recette secrète de la forêt, de la lumière et de l’obscurité ». Si ce roman a des airs d’élégie, c’est qu’il sonne le glas et s’enivre tout à la fois de cette Amérique originelle dont s’émerveillaient Emerson ou Thoreau. Une Amérique de nature et de spiritualité - celle-là même que ressuscitent avec tant de grâce les romans de Marilynne Robinson, dont Paul Harding a suivi les ateliers d’écriture à l’université de l’Iowa.
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