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Citations de Paul Saint Bris (166)


La culture était une affaire sérieuse en France. Maintenant que la restauration était formellement décidée, le rouleau compresseur de la machine administrative allait prendre le relais. Il faudrait rédiger quantité de rapports et de comptes rendus. Voilà qui allait encore détourner Aurélien de sa passion : voir, lire et penser la peinture. Les bras lui en tombaient déjà.
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Sans doute, la fin du monde adviendrait dans un torrent de laideur par la perte du sens commun et de la valeur esthétique des choses.
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Il était absolument seul, mais ne le faisait jamais subir aux autres. Ni en les fuyant comme un animal sauvage, ni en leur imposant une proximité embarrassante. Il était là, égal à lui-même, enthousiaste et pudique à la fois, s'effaçant dès qu'il sentait son existence peser sur celle d'autrui.
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Aurélien regagna son bureau avec une certaine lassitude tandis qu’une foule désordonnée et bruyante reprenait possession du Louvre. Il songea que les chefs-d’œuvre n’avaient pas été conçus pour être observés dans les conditions du monde actuel : quelque part, il devait admettre que le concept même de musée, en les offrant à la vue de tous, avait dénaturé la relation aux œuvres. A la Renaissance, les toiles ou panneaux peints dans l’intimité des ateliers étaient destinés à des endroits tout aussi confidentiels, pour la plupart réservés à de rares privilégiés : l’appartement d’un prince ou le réfectoire d’un couvent interdit aux laïcs. Et quand ils étaient disposés dans des lieux accessibles au commun des mortels, les fresques et les retables se donnaient dans le secret des flammes vacillantes des cierges, à la lueur faiblarde des vitraux, dans la ferveur et le mystère. Certainement, il y avait une incongruité à ce qu’aujourd’hui les œuvres se retrouvent scrutées sous toutes les coutures, détachées de tout contexte, diffusées à si grande échelle, déplia t leur vérité crue sous des flots de lumens ou sur des millions de pixels rétroéclairés.
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Ils n'étaient plus ensemble, ou plutôt ils n'avançaient plus ensemble, ce qui est encore différent. Ils habitaient le même toit, partageaient leurs repas, leurs amis et même leur lit. Mais leurs routes avaient pris des chemins divergents . Et ce n'étaient pas tant les directions de leur chemin qui divergeaient - à la moitié de la vie, on a une idée plus précise de là où elle finit - que de leur topologie. Claire cherchait tous les moyens de tromper l'ennui, Aurélien ne se sentait heureux que dans le silence du musée et la bienveillante compagnie des oeuvres.
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Sans doute craignez-vous que toucher au symbole de l'art occidental entraîne des répercussions planétaires ? Pourtant, c'est exactement ce que vous devriez faire.
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Il a réduit la peinture à sa stricte matière, à sa quintessence, à ses deux dimensions : un mince film coloré aussi fragile que l’aile d’un papillon, un agglutinat de pigments et de liants fin comme une peau humaine, si fin qu’il a pu admirer le dessin au travers.
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Il avait fallu du temps à l'histoire de l'art pour comprendre Pontormo. La restauration de la chapelle Sixtine dans les années quatre-vingt-dix, en révélant les couleurs étonnamment provocantes du Jugement dernier, avait obligé à reconsidérer Michel-Ange, qui avait perdu son surnom de " terrible souverain des ombres". On s'était aperçu alors que c'était de lui que Pontormo tirait l'acide vivacité de sa palette et la luminosité surnaturelle de ses figures.
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(…) le chef d’oeuvre de Léonard, comme quantité de tableaux, avait fait l’objet de nombreux revernissages au gré des époques. Souvent effectuée à la demande de copistes désireux de mieux discerner les détails de leurs modèles, l’application d’une nouvelle pellicule de vernis sur des vernis anciens avait l’avantage de leur rendre pour un temps leur transparence. On appelait ce procédé « régénération » - ce qui faisait davantage penser à une crème de L’Oréal qu’au Titien. Mais inéluctablement la nouvelle couche s’oxydait pour devenir elle-même un film opaque et jaune, réclamant un autre revernissage. C’est ainsi que s’empilaient sur La Joconde de multiples couches de vernis, de formulations variées, gomme-laque, résine, qui la plongeaient dans une brume obscure et dénaturaient ses couleurs.
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Il a réduit la peinture à sa stricte matière, à sa quintessence, à ses deux dimensions : un mince film coloré aussi fragile que l’aile d’un papillon, un agglutinat de pigments et de liants fin comme une peau humaine, si fin qu’il a pu admirer le dessin au travers. Cette membrane gigantesque, il l’a séparée du panneau de bois pulvérulent qui lui servait de support, au prix d’une patience infinie, puis il l’a marouflée sur un châssis entoilé d’un coutil au point serré. Il aimerait qu’on fasse ainsi de son âme, qu’on la détache de sa vieille carcasse fatiguée pour l’arrimer à un corps neuf et vaillant. Qu’on lui donne la vie éternelle.
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p. 76 Lâcher la rampe. Il y a un moment – et il vient assez vite – où vous ne savez pas qui est le groupe qui s’affiche en lettres rouges sur le fronton de l’Olympia. Vous n’en n’avez jamais entendu parler et vous vous en foutez royalement. Il y a un moment où le visage de l’égérie de Chanel en quatre par trois dans le métro ne provoque aucun stimulus dans votre cerveau si ce n’est de l’admiration distraire pour la géométrie de ses traits. Vous ne le reconnaissez pas. Néant. Il y a un moment où des pans entiers du langage vous échappent. Il y a un moment encore où les jeunes générations vous semblent déguisées dans la rue. Vous les regardez, amusée, comme un sujet exotique, plaisant et lointain.
Arrive ce moment où vous vous rendez compte que vous vous êtes lentement extrait du bruit du monde. Que vous vivez dans le confort d’une réalité parallèle, votre propre réalité, figée, façonnée selon vos goûts et vos envies, mais hermétique aux pulsions de la société. C’est en général à partir de ce moment-là que vous commencez à parler d’avant. Vous développez une empathie inédite pour des choses que vous n’aviez jusque-là pas remarquées. Vous portez sur votre entourage une regard empreint de nostalgie, comme si celui-ci était menacé d’une destruction prochaine. Avant pourtant reste votre présent, mais vous pressentez qu’il appartient déjà au passé, car vous-même avez subtilement glissé. Et si vous parlez d’avant vous parlez aussi de maintenant come si ce n’était pas de votre temps qu’il d’agissait, comme si maintenant était étranger, allogène, comme si maintenant n’était pas un bien commun à tous les vivants mais un privilège réservé à d’autres que vous ne comprenez plus.
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Il avait fallu du temps à l’histoire de l’art pour comprendre Pontormo. La restauration de la chapelle Sixtine dans les années quatre-vingt-dix, en révélant les couleurs étonnamment provocantes du Jugement dernier, avait obligé à reconsidérer Michel-Ange, qui y avait perdu son surnom de « terrible souverain des ombres ». On s’était aperçu alors que c’était de lui que Pontormo tirait l’acide vivacité de sa palette et la luminosité surnaturelle de ses figures.
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Cette rencontre l'avait titillée, et ces choses qui vous titillent, on sait bien que le destin prend un malin plaisir à vous les renvoyer dans les pattes.
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Il enfila un pyjama. C’était de plus en plus difficile d’en trouver, mais il aimait à dormir avec de la tenue. Claire voyait en cette habitude le signe qu’au fond, Aurélien était de droite. Ils avaient parfois ce débat et Claire qui se considérait de gauche, cela ne faisait aucun doute pour elle, avait une idée très nette de ce qui était de droite et de ce qui était de gauche. Le pyjama pour les hommes était un marqueur incontestable d’appartenir aux valeurs de la droite.
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La jovialité originelle et l’innocence juvénile de ses traits s’estompaient chaque année, et il ne pouvait dire si cette déchéance physique avait influencé son caractère devenu plus maussade, ou si c’était l’altération de son humeur qui était à l’origine de son vieillissement.
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Il pensa qu’une des exigences de sa pratique était de rendre intelligibles des propos compliqués [...]
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Voilà ce qu'elle n'avait cessé de faire et de préconiser: il fallait désencombrer le musée du lourd poids du savoir, l'ouvrir à tous les sens, à tous les vents du monde, à toutes les âmes.[...] Chaque jour, grâce à elle, des foules toujours plus nombreuses vibraient d'motion, et peut-être que certains venaient jusqu'ici, dans la salle 809 de la peinture allemande, attirés par leur soif de découverte, guidés par leur désir de rencontre, car c'était bien de quoi il s'agissait, de rencontre; rencontrer n'est pas une histoire de connaissance mais d'expérience.
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Arrive ce moment où vous vous rendez compte que vous vous êtes lentement extrait du bruit du monde. Que vous vivez dans le confort d’une réalité parallèle, votre propre réalité, figée, façonnée selon vos goûts et vos envie, mais hermétique aux pulsions de la société. C’est en général à partir de ce moment-là que vous commencez à parler d’ « avant ».
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(Les premières pages du livre)
Prologue
Mue prodigieuse
Il a réduit la peinture à sa stricte matière, à sa quintessence, à ses deux dimensions : un mince film coloré aussi fragile que l’aile d’un papillon, un agglutinat de pigments et de liants fin comme une peau humaine, si fin qu’il a pu admirer le dessin au travers. Cette membrane gigantesque, il l’a séparée du panneau de bois pulvérulent qui lui servait de support, au prix d’une patience infinie, puis il l’a marouflée sur un châssis entoilé d’un coutil au point serré. Il aimerait qu’on fasse ainsi de son âme, qu’on la détache de sa vieille carcasse fatiguée pour l’arrimer à un corps neuf et vaillant. Qu’on lui donne la vie éternelle.
Le fils l’a aidé à installer la peinture sur le chevalet. Il a demandé que l’œuvre lui soit présentée sur son revers ; il a bien assez contemplé le saint en lévitation sur son rapace, c’est le dos du tableau qui l’intéresse désormais. Dans l’atmosphère enfumée de vapeurs nitreuses, ses mains douloureuses, cloquées et desséchées, ses mains attaquées par l’acide, déformées par de grotesques bubons, ses mains pourtant divines d’habileté, ses mains qui sont sa peine et sa fierté fouillent les étagères. Elles palpent, fébriles, les flacons aux formes variées, toute une pharmacopée fumante, et parmi les fioles, elles trouvent une plume et un encrier.
Alors il grimpe sur un haut tabouret avec les précautions dues à son âge, et là, une fois calé sur l’assise, la plume dans une main et l’encrier dans l’autre, il s’immobilise. Le regard égaré dans la monotonie du tissu, il pense aux premières fois, aux expérimentations ratées, aux menaces et critiques assassines. Il pense à la foule bruissante du Luxembourg venue admirer sa Charité, à l’extase des bourgeois, aux compliments du roi. Il pense aux honneurs reçus, au logement à Versailles, à la fabuleuse pension. Surtout, il pense aux génies qu’il a côtoyés dans la chair de la matière, aux prodiges qu’il a fréquentés dans l’intimité de la peinture, réunis par-delà les espaces et le temps, valeureux compagnons de la beauté.
Ainsi, les doutes et la suspicion ont fait place à l’étonnement et à l’émerveillement. De fabulateur, il est devenu alchimiste, puis magicien, puis Dieu. Comme toute bonne chose, cela n’a pas duré. Malgré la pression, il s’est gardé de livrer son secret, croyant s’assurer par là qu’on ne pourrait se passer de lui. On s’en est passé. L’humanité se passe parfois de Dieu. On l’a écarté, rejeté. D’autres sont venus avec des techniques plus performantes et des prix plus avantageux. Il n’en conçoit plus d’amertume. C’est le destin des hommes. Rien d’autre que le destin des hommes. Au moins, il a connu la Gloire.
La plume plonge dans l’encrier et vient gratter la toile avec un crissement aigre. L’émotion qui l’envahit, brûlante, est légitime : il met ici un terme au travail de toute une vie. C’est sa dernière œuvre. Son chant du cygne.
D’une calligraphie prudente, appliquée, de celui qui a appris sur le tard, il écrit :
En 1510, peint sur bois par Raphaël d’Urbin. En 1773, la peinture a été séparée de l’impression restant sur le bois et adaptée sur cette toile par Picault.
Il prend un moment pour se relire à voix basse, plusieurs fois, comme s’il marmonnait une prière. Il éprouve un sentiment d’incomplétude. Non, ce n’est pas ça, ce n’est pas tout à fait ça. Ce n’est pas assez ça. Il incline la tête et soulève de nouveau la main. Suspendue en l’air, la plume hésite un temps avant de retourner au contact de la toile grise, à l’endroit exact du point final. D’un mouvement sec et nerveux, il transforme le point en virgule, puis avec application il complète la phrase. Il la complète avec le seul qualificatif qui lui revient, par-delà la technique et la profession, par-delà le savoir, le geste et le métier, le seul qualificatif qui convient à son talent, celui qui unit le peintre et le restaurateur dans un même élan de création, qui met sur un plan d’égalité Raphaël Sanzio d’Urbin et Robert Picault de Paris. Le seul qualificatif à sa divine mesure :
… et adaptée sur cette toile par Picault, artiste.

Première partie
Sweetie
Look at me like a Leonardo’s paintin’
Look at me but don’t touch me
I’m sexy like a Leonardo’s paintin’
Just want me but don’t touch me

« C’est une star planétaire. Tu connais, c’est obligé ! » avait dit Zoé en lui glissant un de ses AirPods dans l’oreille. Aurélien avait balancé la tête au rythme de la chanson. La musique ne lui évoquait rien, pas plus que son interprète, mais elle avait le mérite d’être entraînante et, en tant que conservateur, il était plutôt en phase avec les paroles.
Daphné aussi s’était étonnée de son ignorance. D’un ton caustique, la présidente qui aimait les chiffres lui avait rappelé quelques fondamentaux pour rafraîchir sa mémoire : six Grammy, un milliard d’écoutes cumulées, une ligne de streetwear et des contrats d’égérie avec les marques les plus en vue du moment. Passer à côté de sa popularité, c’était vraiment ne pas vouloir faire partie du monde. Oui, s’était excusé Aurélien, maintenant qu’elle en parlait, ça lui disait peut-être quelque chose.
Après un divorce difficile qui l’avait éloignée de son public, la star opérait un retour aux sources et au RnB de ses débuts. À peine dévoilé, l’étendard féministe Leonardo’s Paintin’ s’était imposé en tête du hit-parade. Dans le cadre de sa tournée promotionnelle, l’artiste de passage à Paris avait tenu à se rendre au Louvre et avait explicitement demandé la présence du directeur du département des Peintures à ses côtés. S’il avait un peu rechigné, Daphné lui avait fait comprendre que certaines occasions de communication ne se refusent pas.

Quand Aurélien rejoignit le petit groupe au pied de la Victoire de Samothrace, Daphné était déjà là avec la directrice des relations extérieures ainsi que la chanteuse et la demi-douzaine de femmes qui constituait son entourage. Un caméraman filmait, légèrement en retrait. L’artiste arborait une longue crinière rose, une combinaison aux reflets irisés et des chaussures effilées comme des poulaines. Blotti contre son sein, un animal au pelage clair qu’Aurélien reconnut être une hermine ou un petit furet – le même que Vinci avait représenté dans les bras de Cecilia Gallerani – le regardait d’un air cruel en passant à intervalles réguliers sa minuscule langue sur ses canines pointues. La jeune femme lui caressait nonchalamment la tête de ses ongles immenses. « She doesn’t like men, my sweetie! » Aurélien recula d’un pas.
« Let’s go ! » envoya la chanteuse avec autorité. Le conservateur guida le groupe dans l’aile Denon déserte. On avait retardé son ouverture pour éviter des bousculades et permettre à l’artiste de profiter des œuvres sans être importunée. Les gardiens se tenaient à distance, dans les oreillettes les consignes étaient claires, pas de demande d’autographes ou de selfies pour le personnel.
Arrivé dans le Salon carré où siègent les primitifs italiens, Aurélien montra Saint François d’Assise recevant les stigmates du précurseur Giotto. C’était une bonne entrée en matière. Sur un fond d’or hérité de la tradition byzantine, saint François, genou en terre, paumes ouvertes, surpris, ébloui et peut-être même inquiet, recevait du Christ représenté en étrange séraphin les marques du supplice de la croix. Pour figurer l’opération, Giotto avait dessiné des rayons dorés reliant les mains et les pieds de Jésus à ceux du saint.
« Lasers. It looks like fucking lasers ! » lâcha la chanteuse avant de tourner le dos au tableau. Aurélien hocha la tête. C’était une manière de voir les choses.
Si la star lui en avait laissé le temps, il aurait attiré son regard sur la composition en diagonale opposant le monde des hommes et la sphère céleste. Il aurait fait remarquer la posture expressive inédite du saint auquel tout un chacun pouvait s’identifier. Il aurait expliqué que dans cette volonté de rendre accessible le sacré, dans cette recherche du réel au détriment de l’idéalisation, il y avait là les germes vivaces de la révolution humaniste. Et si l’on y ajoutait les intuitions du maître en matière de perspective, toutes ces caractéristiques, aurait-il conclu, faisaient de Giotto un pionnier et certainement le père de la Renaissance italienne.

Il ne dit rien de tout cela ; le groupe s’était désintégré et déambulait dans la Grande Galerie, puis disparut subitement dans la salle des États. Aurélien, un peu vexé, les retrouva sans se presser. La chanteuse se tenait face à La Joconde. De part et d’autre, les six amazones s’étaient réparties en arc de cercle le long de la rambarde de protection. Il hésita à se lancer dans un commentaire du tableau, mais l’Américaine posa son index sur ses lèvres violettes.
Ils restèrent là un moment sans rien dire quand elle imprima à sa colonne vertébrale une ondulation subtile, un frémissement qui naissait quelque part dans ses cuisses et se propageait vers sa nuque comme une brise sur un champ de blé. Les yeux dans la peinture, le corps parcouru d’une houle à l’amplitude croissante, l’artiste descendit lentement sur ses talons jusqu’à s’accroupir complètement, avant de se redresser dans une oscillation serpentine dont la fluidité était interrompue d’à-coups et de tremblements, comme si cette généreuse enveloppe de chair abritait une armature mécanique. La tête, mobile au bout de son cou, dodelinait de droite à gauche. Ses longs doigts déployés en éventail caressaient l’air d’une gestuelle nécromancienne. Autour, les jeunes femmes se balançaient comme un chœur gospel. Certaines envoyèrent quelques vocalises. L’hermine juchée sur l’épaule de sa maîtresse accompagnait le rythme de mouvements de sa queue à l’extrémité charbonneuse. Elle tournait de temps en temps vers Aurélien un faciès haineux.
Prise entre l’œil avide d’un iPhone et celui bienveillant de La Joconde, l’Américaine poursuivait une chorégraphie à la sensualité robotique, vaguement obscène si l’intention n’apparaissait pas si pure ; dans l’é
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Aurélien fut tiré de ses pensées par une grande claque dans le dos. Bertrand avait écrasé sa large paume entre ses omoplates.
" ça va aller, mon vieux, dit-il avec un clin d'oeil appuyé. Au pire tu finis à Abu Dhabi!" Il s'éloignant en riant.
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